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Vu de la place Victor-Hugo - Page 656

  • Que se passe-t-il en Turquie?

    Que se passe-t-il en Turquie ?

    Les régimes autoritaires pèchent tous de la même façon : ils se lancent dans des croisades à l’extérieur pour divertir l’attention de leurs administrés qui ont, eux, le regard fixé sur les problèmes de politique intérieure. C’est ce qui est arrivé à tous les pays arabes qui se sont servis d’Israël comme d’un abcès de fixation et aujourd’hui c’est la Turquie de M. Erdogan qui est rattrapée par ce même processus. Car au bout d’un certain laps de temps, l’évidence finit par s’imposer aux yeux de tous et les peuples réclament que l’on s’occupe aussi de leurs propres problèmes au lieu de caresser des rêves lointains. Les manifestations de plus en plus violentes reprennent en Turquie. Un jeune manifestant est mort, touché à la tête par une grenade lacrymogène. Et les troubles repartent de plus belle. Aujourd’hui, les manifestants réclament tous le départ de M. Erdogan qui, évidemment, n’en fera rien. Plus de dix ans de pouvoir quasi absolu a coupé le premier ministre islamiste de la réalité dans son pays, surtout depuis qu’il s’est mis à poursuivre un rêve de grande puissance régionale. Il ne faut pas oublier ce grand procès intenté à d’anciens généraux, dont l’ancien chef d’état major interarmes, accusé de comploter contre le régime. Les lourdes condamnations qui s’ensuivirent ne laisseront pas indifférente l’armée turque qui ne peut pas ne pas être choquée par l’incarcération de son ancien chef. Et M. Erdogan ferait mieux de méditer l’exemple égyptien… Aujourd’hui, l’incendie s’est déclaré en Syrie, aux portes de la Turquie et si les frappes occidentales devaient intervenir, la Turquie, ouvertement anti-Assad, subira inéluctablement des représailles. Or, ce pays est membre de l’OTAN… La Syrie, les troubles intérieurs, la question kurde, le refus de l’Europe d’admettre son pays, tous ces points devraient convaincre l’actuel Premier Ministre de mettre un peu de miel dans son thé à la menthe. L’avenir de la Turquie réside dans une approche plus détendue des questions et dans un exercice moins autoritaire du pouvoir.

  • Le fiasco de Barack Obama

    Le fiasco de Barack Obama

    Si rien ne change dans les tout prochains jours, Obama passera pour le plus incompétent des présidents US. Il est en passe de ruiner la crédibilité de son pays. On comprend bien que les USA veuillent se désengager de tout, du reste du monde, mais il faudrait battre en retrait en bon ordre et non pas capituler en rase campagne. Rendez vous compte du message désastreux envoyé à l’Iran et à la Corée du Nord, sans même parler des groupes terroristes qui sauront désormais que les USA ne sont rien d’autre qu’un tigre en papier.

    Obama a engagé ses alliés derrière lui et maintenant il les abandonne au milieu du gué, notamment la France qui a pris, c’est tout à son honneur, une position en flèche. Et qui, aujourd’hui, est abandonnée à son triste sort.

    Ce qu’il faut redouter ce sont les réactions d’Israël et des états arabes modérés qui sauront désormais que les USA ne veulent plus sortir de chez eux. Le discours de Barack Obama fut, révérence gardée, lamentable : alors que cet homme dispose d’une énorme force de frappe, alors que la constitution US lui donne le droit d’intervenir, il s’est volontairement pris les pieds dans le tapis à la face du monde entier.. Savez vous  combien de mois, voire d’années il faudra pour vérifier que Bachar a donné l’emplacement de tous les sites des armes chimiques et combien de temps il faudra pour les détruire ? Or, il n’existe pas en Syrie d’usines pour le faire : savez vous combien de temps il faudra pour les faire sortir de terre ? Et pendant ce temps le tyran syrien continuera de tuer son peuple. Les historiens apprécieront comment un président US a ruiné la crédibilité de son pays. Il fallait vraiment s’appeler Obama pour réussir cette performance.

  • L'inextricable bourbier syrien et la faiblesse des démocraties occidentales

    L’inextricable bourbier syrien et la faiblesse des democraties occidentales

    Nul ne peut souhaiter la survenue d’une guerre, nul ne peut aimer des bombardements, d’autant que cela pourrait causer des dégâts collatéraux mais nul ne peut supporter de telles reculades permettant à des tyrans sanguinaires de s’abriter derrière de vagues promesses. C’est pourtant ce qui risque d’arriver, suite à une bévue orale du secrétaire d’Etat John Kerry qui a manqué une rare occasion de se taire lorsqu’à Londres, une question lui fut posée, apparemment anodine, et à laquelle il a eu le malheur de répondre… ruinant les efforts désespérés de son président qui cherche à avoir l’aval du Congrès des USA.

     Cette réponse à laquelle personne n’a prêté attention a été saisie par la diplomatie russe, sur mobilisée ces derniers temps et lui a donné l’occasion d’organiser une riposte, d’allumer un contre feu, prolongeant l’impunité des autorités syriennes, pourtant coupables d’un recours interdit aux armes chimiques. Pourtant M. Kerry passait pour un homme intelligent et un diplomate hors pair. Voyez le résultat ! Même le Pr Obama a dû s’aligner et modifier ses plans !

    Si le monde civilisé n’avait pas à faire à des gens déterminés et ne respectant rien, comme par exemple l’Iran et la Corée du Nord, ce ne serait pas grave. Mais là, ces deux pays défiant la légalité internationale, vont se sentir pousser des ailes en relevant que l’hyperpuissance est un simple papillon dont les ailes sont collées à un morceau de papier.

    Ce qui frappe d’autant plus, c’est que le monde occidental s’attache à une simple idée, une parole en l’air, dont la formulation est fort imprécise, et cela sciemment, et qui n’a même pas été formulée officiellement par le principal intéressé, Bachar el Assad. Comment en sommes nous arrivés là ? Pourtant, John Kerry avait lui-même évoqué cet esprit munichois qui ne doit pas ressusciter… On connaît la suite.

    Une chose est particulièrement choquante : on a voulu punir Bachar pour les 1500 tués à l’arme chimique, mais que faire des 100 000 autres victimes de ce régime ? Et que faire de la résistance nationale syrienne ? Ces hommes qui espéraient tant en une intervention occidentale se sentent abandonnés, livrés presque pieds et poings liés au dictateur sanguinaire.

    Le dommage collatéral le plus grave se trouve du côtés des alliés des USA dans le monde qui savent aujourd’hui qu’on assiste à un désengagement tous azimuts des Américains. Pas seulement au Proche et au Moyen Orient  que les USA semblent traîner comme un boulet. Je pense aussi au Japon qui compte sur le parapluie nucléaire US… Je pense aussi aux Palestiniens modérés de Ramallah qui espèrent en l’Amérique. Je pense aussi aux monarchies pétrolières du Golfe, alliées traditionnelles des USA, et je n’oublie pas Israël qui va finir par se décider à intervenir militairement contre les installations nucléaires iraniennes…

    En d’autres termes, si le Pr Obama ne trouve pas un moyen d’intervenir d’une manière ou d’une autre, sa présidence sera gâchée et il aura gravement compromis la force de dissuasion de son pays. La liste de ses impairs est longue, mais la pire des fautes est son indécision, ses doutes, son irrésolution face à des adversaires déterminés et sans scrupules.

    Certes, il faut aimer et poursuivre la paix. La guerre est horrible, mais le peuple syrien la vit au quotidien depuis plus de deux ans et demi.