Grèce : l’arrêt de la télévision d’état… Contrairement à l’ambiance générale qui condamne cette mesure, le gouvernement grec a peut-être été très bien inspiré de fermer à une institution réputée pour sa gabegie et dont le prix de revient était cinq fois plus élevé que celui des circuits privés, soumis à la dure loi de la concurrence. Certes, la mesure aurait gagné à être moins brutale, mais si ce gouvernement avait choisi la voie de la concertation, il aurait été floué par ses partenaires et aurait perdu un temps précieux. Il est une chose que l’on ne réussit pas à se représenter dans de très larges milieux grecs et étrangers : la Grèce n’est pas seulement en faillite, elle est à la ramasse, elle a déjà englouti des milliards d’aide, elle a bénéficié d’abandon de créances tant de ses créanciers privés que publics. Mais cela ne suffit toujours pas puisque l’Etat ne peut pas percevoir d’impôts ni contrôler ses dépenses qui vont crescendo. Donc, une telle mesure comme la cessation de transmettre qui touche le secteur audiovisuel public était inévitable. Certes, il ne faut rester insensible à la misère des gens, au chômage qui touche autant les jeunes que les vieux, aux étudiants qui quittent leur pays pour aller chercher ailleurs un avenir meilleur et d’autres situations tout aussi poignantes. Mais la Grèce n’a jamais pris de mesures sérieuses, ses précédents gouvernements ont même stipendiés des banques d’affaires et d’investissements pour fausser les comptes de la nation et vivre ainsi à la remorque de l’Europe, laquelle ne peut plus faire face. L’alternative devenait alors celle-ci : prendre des mesures enfin drastiques ou disparaître. Dans l’espoir d’un hypothétique renouveau. Ou alors, quitter la zone Euro, ce qui reste la seule bonne solution pour ce pays. Mais alors, la situation ne sera pas pire, elle sera désespérée.
Vu de la place Victor-Hugo - Page 676
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Grèce, l'arrêt de la télévision d'état
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Que va t il se passer en Turquie?
Que va t il se passer en Turquie ? Le ciel politique continue d’être chargé en Turquie. Comme on pouvait s’ y attendre, l’actuel Premier Ministre a choisi la manière forte alors que d’autres solutions s’offraient à lui. Il n’a pas écouté les conseils de modération du président Abdullah Gull qui, en diplomate très expérimenté, prônait la modération. M. Erdogan pouvait lancer une série de consultations ou de négociations avec les uns et les autres, laisser pourrir le mouvement, le vider de son contenu révolutionnaire, etc… Non, il a préféré envoyer les unités anti-émeutes de la police ! Imaginez l’humeur des contestations réveilles par les assaut policiers d’une rare violence ! En fait, que demande M. Erdogan ? Il demande aux mécontents de rentrer chez eux comme si de rien n’était, comme leurs revendications étaient absolument infondées. C’est une grave erreur d’appréciation. Le problème est que les islamistes n’ont pas vraiment de culture démocratique. La meilleure preuve nous en est donnée par l’actuel Premier Ministre en personne : il a osé dire à ses partisans d’aller donner une leçon aux contestataires… Mais c’est dresser une partie de la Turquie contre une autre. C’est-à-dire cultiver les ferments de la discorde et aboutir à la guerre civile. Le problème est que la Turquie est nécessaire à l’équilibre régional et si les troubles ne sont pas jugulés intelligemment, cela risque de changer beaucoup de choses, notamment dans la gestion du conflit syrien où le part de Bachar semble reprendre la main.
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La Turquie de M. Erdogan: le spectre de la guerre civile?
La Turquie de M. Erdogan : le spectre de la guerre civile ?
Ce n’est pas une supposition gratuite : devant la complication de la situation, la nature profonde d’un être se révèle de manière assez impétueuse, c’est ce qui arrive au Premier Ministre turc actuel qui s’est cru dans le rôle de Soliman le magnifique ou d’Ata Turc… Or, ce ne sont pas ses menaces ni ses rodomontades qui vont faire reculer la jeunesse et les ouvriers qui manifestent pour appeler de leurs vœux la poursuite d’une vie démocratique, dépourvu de directives autoritaires. Il faut changer de méthode et l’actuel chef du gouvernement n’en prend pas le chemin.
Sans s’en rendre compte, il a choisi de cliver, de diviser le pays en deux factions rivales puisqu’il somme ses partisans islamiques de donner une leçon aux manifestants et veut faire croire qu’il est le seul homme fort du pays. La ligne de fracture qui se dégage met à nu un divorce profond entre ces classes moyennes qui protestent et les masses affiliées à l’AKP.
Le malaise dans le pays est très profond, le plan de construction sur la place Taksim n’est que le révélateur, ce n’est nullement la cause de la crise. Celle-ci aurait pu survenir pour un tout autre prétexte. Et malheureusement, l’autoritarisme du premier ministre a fait le reste.
Mais un indice suscite bien des inquiétudes : de l’Iran à l’Afrique du nord en passant par tous les autres pays arabes et musulmans, un profonde zone d’instabilité s’installe. Jetons un coup d’œil du côté de l’Iran où les sanctions économiques ont rendent l’économie nationale moribonde. L’Egypte est au bord de la faillite et les Libyens lui ont offert un prêt de 2 milliards de dollars, alors qu’eux même se débattent dans des troubles (hier plus de 30 morts à Benghazi). La Syrie n’est plus à décrire tant l’horreur va crescendo. La Tunisie ne parvient pas à sortir du malstrom où les islamistes l’ont précipitée. L’Algérie est suspendue à l’état de santé de son président hospitalisé en France. En une phrase, on l’impression que ce tout ce petit monde, resté à l’écart du progrès et de l’évolution, ne réussit pas à tourner la page. Pourquoi ? Probablement le refus de vivre avec son temps et d’affronter la réalité nouvelle. Ni la religion, ni l’idéologie ne seront ici d’un grand secours.