Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 678

  • La persistance du malaise social en Turquie

    La persistance du mouvement de contestation en Turquie

    Il ne faut jamais se mettre la jeunesse à dos : voici une leçon que nous avons apprise depuis mai 1968 et que les soi-disant printemps arabes nous ont remis en mémoire. Mais apparemment l’actuel Premier Ministre turc ne veut pas en tenir compte. Pire, cédant à sa nature belliqueuse, il excite les manifestants en les menaçant de susciter des contre manifestants. Et cela a déjà produit des suites sanglantes et éminemment regrettables puisque on déplore déjà deux morts.

    Comment en est on arrivé là ? C’est que les régimes islamistes ne peuvent pas, ne savent pas se modérer et interviennent brutalement dans la vie quotidienne des gens au nom de principes qui ne sont pas universels. Soi dit en passant, ils confondent l’essence de l’islam, sa nature profonde, qui est d’être une spiritualité comme les autres, avec des pratiques qui n’en forment que l’architecture extérieur. Ce qu’il faut, c’est spiritualiser sa nature, la transcender afin de ressembler aux anges, si je puis m’exprimer ainsi.

    Enfin, comme en Tunisie et en Egypte où le chaos s’installe chaque jour un peu plus, le régime turc actuel mêle la religion à la politique. Depuis le XVIIIe siècle, depuis nos grands encyclopédistes, sans même parler de Voltaire à Paris et à Berlin (Berlin où vivant le grand philosophe Moïse Mendelssohn) on sait que politique et religion sont un mélange détonnant. Reportez vous à sa Jérusalem ou pouvoir religieux et judaïsme (Berlin, 1783) où l’auteur mettait en garde contre de tels empiétements. Malheureusement, le Premier Ministre turc n’a pas de telles lectures.

    Mais la situation n’est pas désespérée pour autant. J’ai écouté le président Gull à la télévision hier soir et si le traducteur a bien rendu ses propos (je ne sais pas le turc) eh bien cet homme, ancien diplomate de grande classe, a déploré que le Premier Ministre agisse de la sorte et emploie la manière forte… Sera-ce suffisant ? J’en doute, mais c’est un bon signe.

    Je vois mal comment on pourrait poursuivre les négociations pour l’adhésion de la Turquie à l’Europe, même de manière purement formelle, dans de telles conditions. Le Premier Ministre turc doit apprendre à se modérer, lui qui se voyait déjà à la tête d’une flottille ottomane brisant le blocus de Gaza alors que sa position privilégiée aurait dû lui permettre de jouer un rôle pacificateur.

  • Fin de partie pour M. Erdogan en Turquie?

    Fin de partie pour M. Erdogan en Turquie ? Ce qui est en train de se passer en Turquie était largement prévisible et même prévu par le monde entier. A une exception près, l’actuel premier ministre islamiste, l’ancien ami de la Syrie qu’il rejette aujourd’hui violemment et l’ancien ami d’Israël qu’il rejette après l’avoir accepté et adulé, de concert avec l’allié américain. On rit cordialement quand on s’entend dire que M. Erdogan est un islamiste modéré et on pense à cette ministre soviétique de la culture, devenue célèbre par sa sagace remarque : une femme n’est pas un peu enceinte, elle l’est ou ne l’est pas. M. Erdogan qui pourrait être un grand homme d’Etat s’il ne s’emportait rapidement, s’il n’était aussi impulsif et aussi imprévisible. S’il avait pris le temps de la réflexion, il n’aurait pas mobilisé contre lui et sa politique à courte vue tant de jeunes et de moins jeunes. Et le pire est que la contagion s’est étendue d'Istanbul à Ankara et à Izmir. Quelle idée d’aller à l’encontre des lois laïques d’Ata turc,, le père de la Turquie moderne ? S’il écoutait ses conseillers ou simplement le président de la république. M. Gull ; grand diplomate des années passées, cela lui aurait évité de se retrouver dans des difficultés qui vont aller croissant ; plus d’une décennie au pouvoir, M. Erdogan s’est cru assez fort pour supplanter les conquêtes du Père des Turcs. Il en paie aujourd’hui les conséquences. Mais comment un homme d’Etat se permet il de telles ingérences grossières dans la vie privée de ses concitoyens ? Ne pas s’embrasser en public, ne pas boire de boissons alcoolisées… Qu’est ce cette police des mœurs d’un autre âge ? Et ce matin on apprend que les émeutes ont repris, qu’elles se son étendues à tout le pays et que le Premier Ministre refuse de reporter son voyage au Maghreb… ce qui a pour effet d’animer encore plus les manifestants. La Turquie va connaître de grands troubles dans les semaines et les mois à venir car au lieu d’assouplir sa politique et d’aller vers la population, l’actuel Premier Ministre pratique une politique d’une autre âge. Or, la Turquie est une grande nation, les islamistes devraient s’en souvenir. Il y a des gens qui ne comprennent pas qu’ils ne sont pas encore de notre temps.

  • L'intérêt bien compris de la France: vers une relation apaisée avec l'Allemagne

    L’intérêt bien compris de la France :Vers une relation apaisée avec l’Allemagne… Les observateurs les plus attentifs de ce que l’on nommait jadis, en des temps meilleurs, le couple ou le moteur franco-allemand, respirent et reprennent confiance. Et ce changement positif, bénéfique pour les deux pays, est à porter au crédit d’un homme, plutôt discret mais persévérant et efficace, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault. Une brève rétrospective s’impose pour situer le contexte. Il faut noter un élément qui fait figure de préhistoire : depuis quelques années, la situation socio-économique de la France qui n’a pas voulu ni pu engager des réformes structurelles à l’instar de son voisin, a tenté de changer d’alliance ou de camp, à mettre en sourdine la relation franco-allemande, pour y revenir par la suite, en prenant enfin conscience de l’intérêt bien compris du pays. Même Nicolas Sarkozy n’y a pas échappé, tant et si bien que par la suite, on a parlé du fameux Merkozy et que l’ancien chef de l’Etat a érigé publiquement l’Allemagne en modèle à suivre. Pourtant, je me souviens avoir été jadis reçu à Bercy par un très important personnage, lorsque Nicolas Sarkozy y était : je me suis entendu dire que la relation franco-britannique pourrait avantageusement remplacer la relation franco-allemande. Cela me parut assez saugrenu mais parfaitement envisageable en raison de l’aplomb de mon interlocuteur. Mais après avoir élu à la présidence de la République, le même Nicolas Sarkozy finit par revenir dans le giron de la relation privilégiée avec l’Allemagne. On a de dire que le président François Hollande a connu la même tentation, parcouru le même itinéraire pour s’en remettre enfin à la même alliance avec notre voisin, la seule voie porteuse d’avenir. Et c’est à un homme peu médiatisé mais travailleur et efficace que nous le devons, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault. Il a fini par imposer contre vents et marées la solution la plus sage, montrant ainsi qu’il était animé d’une vision et porteur d’un projet. Qui ne se souvient des attaques absolument imprévisibles et tout aussi infondées contre l’Allemagne, voire contre la chancelière elle-même ? Qui ne se souvient des appels à la confrontation, lancés par des leaders politiques que l’on aurait imaginés plus sages et mieux informés ? Depuis hier, le Président Hollande a ramené tout ce petit monde dans le droit chemin en accueillant la chancelière fédérale à Paris et en remettant la coopération entre les deux pays à l’ordre du jour. Certes, ce n’est qu’une bonne intelligence des situations, ce ne sont plus les débordements d’amitié, ce n’est plus la complicité d’antan, en tout cas pas ce que j’ai constaté avant-hier à l’Hôtel de Beauharnais entre VGE et l’ancien chancelier Helmut Schmidt. Mais cela reviendra et le Premier Ministre s’y emploiera sûrement. Sans tintamarre médiatique ni postures exagérées, Jean-Marc Ayrault a fini par convaincre le président de la justesse de ses vues. On ne peut pas incriminer notre voisin ni s’en prendre à lui au motif qu’il se trouve dans une bien meilleure position que nous. Certes, le gouvernement de Madame Merkel a adopté des mesures qui ne sont pas transférables en France Vous ne pourrez jamais payer un ouvrier français à quelques Euros de l’heure. Mais de l’autre côté du Rhin on a pris conscience qu’il valait mieux avoir un emploi, médiocrement rémunéré que pas d’emploi du tout… Il y a un peu plus de dix ans, l’Allemagne était l’homme malade de l’Europe (quand je pense qu’on parlait ainsi de la Turquie avant la première guerre mondiale…) et elle a eu l’intelligence de s’infliger l’amère potion du docteur Schröder. Et aujourd’hui, les résultats sont là. Je me souviens d’il y a quelques années lorsque j’étais professeur associé à la FU de Berlin, avant la réunification. Les autorités de l’université avaient demandé de faire des économies. Et la FU avait tellement bien appliqué (konsequent durchgeführt) les mesures d’économie (Sparsamkeitmaßnahmen) qu’il fallut dire, en peu de mois, que les objectifs avaient été atteints et reprendre un fonctionnement normal… Ce n’est pas en France qu’une telle chose arriverait ! La chancelière va très probablement gagner les élections de septembre et ne changera pas de politique, c’est ce qu’elle a dit clairement hier lors de la conférence de presse à l’Elysée. Il faut savoir gré à Jean-Marc Ayrault d’avoir su raison garder et de ne pas s’être rallié à ceux qui criaient haut et fort qu’il fallait fausser compagnie à l’Allemagne….