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Vu de la place Victor-Hugo - Page 679

  • Soirée-débat au Palais Beauharnais, VGE et Helmut Schmidt

    Soirée débat à l’hôtel de Beauharnais Valérie Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt : A quoi ressemblera l’Europe en 2030 ? Ce fut hier, à l’Hôtel de Beauharnais, une très belle soirée-débat comme seuls les ambassadeurs d’Allemagne à Paris savent les organiser : et S. E. Madame l’ambassadeur n’a pas fait exception à cette règle bien établie. Un public trié sur le volet, composé de hauts personnages, anciens ou actuels, de l’Etat, grands acteurs de l’amitié et de la coopération franco-allemande, d’innombrables journalistes, une télévision allemande, se pressaient dans la belle salle de réunion du rez-de -chaussée. Madame Wasum-Rainer avait choisi un excellent journaliste allemand, parfaitement bilingue pour assumer le rôle de modérateur, lequel s’est merveilleusement bien acquitté de sa tâche. Je dois dire, avant d’entrer dans le vif du sujet, que la présence conjointe de ces deux hommes qui avaient tenu, il y a près de quatre décennies, le sort de leurs nations respectives entre leurs mains, était empreinte d’une gravité certaine. On pouvait alors s’abandonner à des réflexions un peu désabusées et sur la fugacité de vie humaine , en général, et sur la vanité du pouvoir. Surtout lorsque l’ancien Chancelier, dont la présence d’esprit et la vivacité constituent un défi aux lois de la nature humaine (il a 94 ans !) a dit que cette visite à Paris était la dernière, une visite d’adieu à notre capitale (Abschiedsbesuch). Quant à VGE on aurait dit qu’il était encore président de la République, sémillant d’intelligence, maniant l’humour avec brio, taquinant un peu Jean-Pierre Chevènement (qu’il avait jadis cherché à exiler en Afrique du sud, il y a presque quatre décennies), relevant, lors de la séance des questions-réponses, que la parité n’avait pas été respectée et qu’il exigeait des questions posées par des femmes, ce qui ne manqua d’arriver dans la minute. Et quand je suis allé le féliciter pour cette belle performance, en présence de Madame l’Ambassadeur, il m’a dit, l’air sérieux : Me féliciter ? Mais de quoi… Bref, un homme heureux de vivre, d’être là au contact avec d’autres gens s’intéressant à ce qu’il dit et fait. Le débat devait porter sur l’Europe en 2030 et pourtant l’ancien chancelier a commencé par parler de la Syrie en disant que l’Europe y brillait par son absence. VGE a répondu que le problème était insoluble, déplorant au passage l’abominable conduite des combattants des deux bords. Mais voici les grands point abordés dans le cadre de l’Europe : a) la question des institutions b) la nécessité d’un gouvernance économique c) la nomination d’un secrétaire général de la commission européenne d) plus d’intégration européenne e) le statut de l’Euro, f) la crise de la démographie européenne ainsi que certains points moins de détail que j’évoquerai plus bas. Selon VGE et H. S. il n y a pas de crise de l’Euro qui jouit d’une certaine stabilité que d’autres monnaies, réputées fortes, seraient en droit de lui envier. Ce qui fait défaut, c’est l’intention politique, l’objectif que les Européens ne voient pas parce que les gouvernants n’en ont pas. VGE, émoulu de l’ENA, mais aussi polytechnicien, nous a gratifiés de véritables exposés ex cathedra dont les Français sont si friands. Il a nettement insisté sur «l’ingouvernabilité» croissante de la commission européenne et même du Parlement de Strasbourg, plaidant pour qu’y siègent les députés nationaux car ceux-ci, au moins, sont au courant des problèmes concrets et n’iront pas, ajouta-t-il avec humour, s’occuper de bouteilles d’huile d’olive dans les restaurants. Il a aussi procédé à une sorte de sélection de pays aptes à demeurer dans l’Union européenne, parlant toujours de l’Italie du nord (sic) et jamais de l’Italie tout court. Tant VGE que H.S. ont émis des réserves sur la volonté britannique de perdurer dans le cadre européen. Les intérêts de la Grande Bretagne semblent être orientés différemment. Un point important soulevé par l’ancien chancelier, un véritable point noir, la décroissance démographique de notre continent. Il a rappelé que dans quelques années il y aura plus de 9 milliards d’êtres humains sur cette terre et l’Europe ne représentera même pas 1% de l’ensemble. Cette façon de tirer la sonnette d’alarme m’a profondément iniquité. Le chancelier a même ajouté que nous risquions d’être satellisés par des nations comme la Chine, mais pire encore, comme l’Inde et le Brésil… Sombres présages. VGE a aussi signalé que le monde musulman qui semble tourner de plus en plus le dos à nos valeurs, allait compter plus d’un milliard d’adeptes. C’est un problème dont peu sont vraiment conscients. On a aussi parlé de la Pologne au sujet de laquelle l’ancien chancelier a marqué une grande compréhension : son histoire l’a placée entre deux écueils, d’un côté, l’Allemagne (non pas celle d’aujourd’hui, mais surtout le militarisme prussien de jadis) et l’URSS d’avant 1989. Ceci a donné naissance à un violent nationalisme que l’on pourrait considérer comme légitime s’il n’aboutissait parfois à un antisémitisme de mauvais aloi.. Je finirai en évoquant les souvenirs personnels des deux hommes : quand se sont ils vus pour la première fois ? Il y a plusieurs décennies, VGE était un jeune député et on l’avait invité à une petite causerie chez un important personnage vivant avenue Foch. VGE se fait présenter les présents et il découvre, tapi dans un coin de la pièce, sous d’impénétrables volutes de fumée, H.S. Ce dernier raconte à son tour une rencontre tout aussi ancienne avec VGE, lors d’une réunion des chefs de gouvernements, des ministres des affaires étrangères et des finances. Il note alors que rien ne doit se décider en Allemagne sans l’avis de la France et rien en France sans l’avis de l’Allemagne… Le chancelier m’a alors vivement ému en prononçant de telles paroles, surtout que son allemand, une excellente langue allemande du nord, était parfaitement articulée (malgré l’inextinguible cigarette !), klar und deutlich ! VGE a stigmatisé ceux qui en France critiquent l’égoïsme de l’Allemagne : nous ne pouvons, dit-il, nous en prendre qu’à nous mêmes : et, de son côté, l’ancien chancelier s’est dit indigné par certaines caricatures, notamment en Grèce, affublant la chancelière fédérale Angela Merkel d’une croix gammée Une seule petite critique : la longueur du débat. Mais cela ne met pas en cause la maestria du modérateur, l’un des meilleurs journalistes d’une chaîne de télévision allemande… … Goethe disait : in der Kürze liegt die Würze ! Mais cela n’entame en rien une soirée si agréable et si riche, au cours j’ai pu parler longuement avec l’ambassadeur Jean-David Levitte dont j’ai très bien connu le père A Messieurs Helmut Schmidt et Valérie Giscard d’Estaing, ces deux grand old men nous souhaitons tout le bonheur possible et une bonne santé. Et la réalisation de leurs vœux pour l’avenir d’une Europe unie et en paix.

  • Soirée-débat au Palais Beauharnais, VGE et Helmut Schmidt

    Soirée débat à l’hôtel de Beauharnais Valérie Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt : A quoi ressemblera l’Europe en 2030 ? Ce fut hier, à l’Hôtel de Beauharnais, une très belle soirée-débat comme seuls les ambassadeurs d’Allemagne à Paris savent les organiser : et S. E. Madame l’ambassadeur n’a pas fait exception à cette règle bien établie. Un public trié sur le volet, composé de hauts personnages, anciens ou actuels, de l’Etat, grands acteurs de l’amitié et de la coopération franco-allemande, d’innombrables journalistes, une télévision allemande, se pressaient dans la belle salle de réunion du rez-de -chaussée. Madame Wasum-Rainer avait choisi un excellent journaliste allemand, parfaitement bilingue pour assumer le rôle de modérateur, lequel s’est merveilleusement bien acquitté de sa tâche. Je dois dire, avant d’entrer dans le vif du sujet, que la présence conjointe de ces deux hommes qui avaient tenu, il y a près de quatre décennies, le sort de leurs nations respectives entre leurs mains, était empreinte d’une gravité certaine. On pouvait alors s’abandonner à des réflexions un peu désabusées et sur la fugacité de vie humaine , en général, et sur la vanité du pouvoir. Surtout lorsque l’ancien Chancelier, dont la présence d’esprit et la vivacité constituent un défi aux lois de la nature humaine (il a 94 ans !) a dit que cette visite à Paris était la dernière, une visite d’adieu à notre capitale (Abschiedsbesuch). Quant à VGE on aurait dit qu’il était encore président de la République, sémillant d’intelligence, maniant l’humour avec brio, taquinant un peu Jean-Pierre Chevènement (qu’il avait jadis cherché à exiler en Afrique du sud, il y a presque quatre décennies), relevant, lors de la séance des questions-réponses, que la parité n’avait pas été respectée et qu’il exigeait des questions posées par des femmes, ce qui ne manqua d’arriver dans la minute. Et quand je suis allé le féliciter pour cette belle performance, en présence de Madame l’Ambassadeur, il m’a dit, l’air sérieux : Me féliciter ? Mais de quoi… Bref, un homme heureux de vivre, d’être là au contact avec d’autres gens s’intéressant à ce qu’il dit et fait. Le débat devait porter sur l’Europe en 2030 et pourtant l’ancien chancelier a commencé par parler de la Syrie en disant que l’Europe y brillait par son absence. VGE a répondu que le problème était insoluble, déplorant au passage l’abominable conduite des combattants des deux bords. Mais voici les grands point abordés dans le cadre de l’Europe : a) la question des institutions b) la nécessité d’un gouvernance économique c) la nomination d’un secrétaire général de la commission européenne d) plus d’intégration européenne e) le statut de l’Euro, f) la crise de la démographie européenne ainsi que certains points moins de détail que j’évoquerai plus bas. Selon VGE et H. S. il n y a pas de crise de l’Euro qui jouit d’une certaine stabilité que d’autres monnaies, réputées fortes, seraient en droit de lui envier. Ce qui fait défaut, c’est l’intention politique, l’objectif que les Européens ne voient pas parce que les gouvernants n’en ont pas. VGE, émoulu de l’ENA, mais aussi polytechnicien, nous a gratifiés de véritables exposés ex cathedra dont les Français sont si friands. Il a nettement insisté sur «l’ingouvernabilité» croissante de la commission européenne et même du Parlement de Strasbourg, plaidant pour qu’y siègent les députés nationaux car ceux-ci, au moins, sont au courant des problèmes concrets et n’iront pas, ajouta-t-il avec humour, s’occuper de bouteilles d’huile d’olive dans les restaurants. Il a aussi procédé à une sorte de sélection de pays aptes à demeurer dans l’Union européenne, parlant toujours de l’Italie du nord (sic) et jamais de l’Italie tout court. Tant VGE que H.S. ont émis des réserves sur la volonté britannique de perdurer dans le cadre européen. Les intérêts de la Grande Bretagne semblent être orientés différemment. Un point important soulevé par l’ancien chancelier, un véritable point noir, la décroissance démographique de notre continent. Il a rappelé que dans quelques années il y aura plus de 9 milliards d’êtres humains sur cette terre et l’Europe ne représentera même pas 1% de l’ensemble. Cette façon de tirer la sonnette d’alarme m’a profondément iniquité. Le chancelier a même ajouté que nous risquions d’être satellisés par des nations comme la Chine, mais pire encore, comme l’Inde et le Brésil… Sombres présages. VGE a aussi signalé que le monde musulman qui semble tourner de plus en plus le dos à nos valeurs, allait compter plus d’un milliard d’adeptes. C’est un problème dont peu sont vraiment conscients. On a aussi parlé de la Pologne au sujet de laquelle l’ancien chancelier a marqué une grande compréhension : son histoire l’a placée entre deux écueils, d’un côté, l’Allemagne (non pas celle d’aujourd’hui, mais surtout le militarisme prussien de jadis) et l’URSS d’avant 1989. Ceci a donné naissance à un violent nationalisme que l’on pourrait considérer comme légitime s’il n’aboutissait parfois à un antisémitisme de mauvais aloi.. Je finirai en évoquant les souvenirs personnels des deux hommes : quand se sont ils vus pour la première fois ? Il y a plusieurs décennies, VGE était un jeune député et on l’avait invité à une petite causerie chez un important personnage vivant avenue Foch. VGE se fait présenter les présents et il découvre, tapi dans un coin de la pièce, sous d’impénétrables volutes de fumée, H.S. Ce dernier raconte à son tour une rencontre tout aussi ancienne avec VGE, lors d’une réunion des chefs de gouvernements, des ministres des affaires étrangères et des finances. Il note alors que rien ne doit se décider en Allemagne sans l’avis de la France et rien en France sans l’avis de l’Allemagne… Le chancelier m’a alors vivement ému en prononçant de telles paroles, surtout que son allemand, une excellente langue allemande du nord, était parfaitement articulée (malgré l’inextinguible cigarette !), klar und deutlich ! VGE a stigmatisé ceux qui en France critiquent l’égoïsme de l’Allemagne : nous ne pouvons, dit-il, nous en prendre qu’à nous mêmes : et, de son côté, l’ancien chancelier s’est dit indigné par certaines caricatures, notamment en Grèce, affublant la chancelière fédérale Angela Merkel d’une croix gammée Une seule petite critique : la longueur du débat. Mais cela ne met pas en cause la maestria du modérateur, l’un des meilleurs journalistes d’une chaîne de télévision allemande… … Goethe disait : in der Kürze liegt die Würze ! Mais cela n’entame en rien une soirée si agréable et si riche, au cours j’ai pu parler longuement avec l’ambassadeur Jean-David Levitte dont j’ai très bien connu le père A Messieurs Helmut Schmidt et Valérie Giscard d’Estaing, ces deux grand old men nous souhaitons tout le bonheur possible et une bonne santé. Et la réalisation de leurs vœux pour l’avenir d’une Europe unie et en paix.

  • Le bicentenaire de Charles-Valentin Alkan à l'Ulif, hier soir

    Le bicentenaire de la naissance de Charles-Valentin ALKAN (1813-1888) à l’ULIF

    En raison de la grande manifestation, ce fut très dur d’arriver presque à l’heure hier à la synagogue rue Copernic où le vice-Président de l’Ulif, M. Bruno Freitag, a organisé un magnifique concert en l’honneur du grand pianiste Alkan. Mais un tel concert dans ce culte de culte est une véritable bénédiction. Et tous les présents furent vraiment récompensés de leurs efforts car les prestations étaient de très grande qualité.

    Je ne connaissais Alkan que de nom et ignorais tout de sa vie. Grâce au petit programme très bien présenté sur sa vie et son œuvre, et aux introductions très instructives et sobres de Bruno Freitag, cette lacune peut être considérée comme comblée. Je note, en passant, que Alkan a quitté cette terre la même année (1888) qu’un autre grand juif d’Allemagne, un homme avec lequel il ne se serait sûrement pas entendu, Samson-Raphaël Hirsch, le chantre de lé néo orthodoxie de Francfort sur le Main, lequel était contre l’introduction de l’orgue et de la musique dans nos lieux de culte, au motif que c’était une imitation des pratiques protestantes et donc susceptibles de provoquer une assimilation rampante. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Francfort de Paris.

    Comment parler de musique quand on est soi-même un grand ignorant ? Il suffit, peut-être, de dire que ces morceaux exécutés avec une parfaite maestria vous font planer : vous fermez les yeux et vous vous souvenez des Psaumes du roi David ou des descriptions fournies par le premier livre des Chroniques qui prêtent à ce grand roi l’organisation musicale de la liturgie du temple de Jérusalem… Ou vous pensez à la phrase de Schopenhauer, le monde a besoin de la musique mais la musique n’a pas besoin du monde.

    En effet, il existe ce que les philosophes médiévaux appellent la hiérarchie des sens et l’ouïe figure en toute première place. C’est bien pour cela, nous dit la Bible, que la Révélation fut un phénomène acoustique et non point visuel, ce dernier sens impliquant un contact matériel entre celui qui voit et ce qui est vu… Or la divinité transcende la corporéité.

    Donc la musique a un rapport avec le divin. Et le concert d’hier s’en rapproche. Félicitations à Bruno Freitag pour cette belle réalisation ainsi qu’à tous ceux qui nous ont enchantés