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Vu de la place Victor-Hugo - Page 684

  • Les élections présidentielles en Iran

    Les

     élections présidentielles en Iran

    Une remarque préliminaire s’impose : ce n’est pas fini, une hirondelle ne fait pas le printemps. Les autorités de ce pays en marge et au ban des nations sont capables de fausser les résultats et de déclarer élu celui des candidats qui leur inspire confiance. Elles l’ont déjà pour le président sortant, elles n’hésiteront pas, si leurs intérêts sont menacés, à la faire une nouvelle fois. Partant, il ne faut pas crier victoire, et même si le candidat prétendument modéré et réformateur devait l’emporter, cela ne changerait pas grand’ chose car, ainsi que nous le verrons tous, son premier geste sera d’aller faire allégeance auprès du Guide de la révolution et de lui baiser sentencieusement la main.

    Cela posé, venons en aux faits. Contrairement à ce que prétendent maints observateurs un peu superficiels, les sanctions, notamment bancaires et pétrolières, ont atteint le cœur du système économique iranien ; certes, quelques petites choses passent à travers les mailles du filet mais pour l’essentiel la situation est horriblement difficile. La monnaie nationale a perdu 80% de sa valeur, l’inflation est galopante et les gens ont été obligés de puiser largement dans leurs économies –au point même de vendre les bijoux de famille- pour survivre. Ce qui explique que l’économie et le rapprochement des autres nations soient au cœur du programme de M. Rohani qui a su rassembler autour de lui les mécontents et répondre aux aspirations des gens. LA haine de l’Amérique et d’Israël ne peut pas tenir lieu de politique étrangère éternellement. Un jour ou l’autre, on cesse d’exister par le rejet de l’autre. Il faut exister par soi-même. Et l’Iran des Mollahs butte contre ses propres limites. Dire que le vrai, l’unique problème de l’Iran, c’est l’Amérique, ne suffit plus.

    Faisons un bilan des années Ahmaninedjad : il est catastrophique. Cet homme, issu des cadres des gardiens de la révolution, a ruiné la réputation de son pays, l’a gravement isolé sur la scène internationale, et a même provoqué sa banqueroute. L’Iran mettra des décennies avant de remonter la pente, retrouver la confiance et l’estime de ses partenaires et ne pourra plus être prise au sérieux en raison de la nature même de son régime. Et ce président sortant n’a pas réussi à focaliser l’attention de ses compatriotes sur la politique étrangère, notamment le Moyen Orient et la haine contre les juifs et Israël.

    En apparence, le régime tient bon et ses phalanges armées lui assurent une certaine sécurité. Mais ces apparences ont trompeuses : près de 70% de la population iranienne n’a pas quarante ans, toute cette jeunesse adore le mode vie des USA, veut écouter de la bonne musique, voyager à l’étranger et se rapprocher de l’Occident. Si M. Rohani était vraiment élu, cette jeunesse reprendrait espoir et ferait bouger les lignes. Ce n’est pas gagné d’avance, mais avec un autre président, les choses ne pourront plus être d’un monolithisme granitique .

    Reste la question majeure : comment faire subsister un zeste de démocratie dans un régime que même le candidat dit modéré, M. Rohani,  a qualifié respectueusement de théocratique ? La seule modification qu’il propose est qu’elle devienne un peu participative.… Mais comment participer à un régime qui s’estime le représentant de Dieu sur terre ? Comment contester des gens qui pensent prendre le thé avec D-ieu chaque jour que celui-ci crée ?

    Mais sur ce point, j’avoue que le pays peut nous réserver des surprises : la pensée iranienne, héritière de la civilisation perse, a, au cours de son histoire, déployé des trésors d’ingéniosité exégétique. Ses adeptes peuvent démontrer une chose et son contraire, ce que nous, en Occident, nous appelons tomber dans les travers de l’exégèse… Mais eux n’en sont guère gênés. La pensée cartésienne, teintée de judéo-christianisme n’a pas pris racine dans ce pays. Les principes de l’identité et de la contradiction, mis à l’honneur par Aristote, ne sont pas valides sous de tels cieux. Ni les injonctions de Saint Matthieu qui recommande à ses lecteurs ceci : que votre oui soit un oui et votre non un non… Souvenez vous des démarches des négociateurs iraniens concernant le nucléaires : elles durent depuis plus de dix ans et on n’a pas avancé d’un pouce.……

    Quoiqu’il arrive, le pays ne pourra pas continuer ainsi, seul contre tous. Et eu égard à la plasticité de leur esprit, le haut clergé iranien a peut être compris qu’il pouvait instrumentaliser la volonté populaire de changement : la situation socio-économique est si explosive que l’on peut adopter une neutralité apparente afin de faire office de soupape de sécurité. Ce qui empêchera l’implosion du régime et assurera, d’une certaine façon, sa survie. En soldant les années Ahmaninedjad et en lui imputant tout ce qui n’allait pas auparavant.

    Ainsi, sans jeu de mots, Mahmoud Ahamaninedjad se retrouverait chargé de tous les péchés d’Israël. Quelle ironie de l’Histoire.

  • Grèce, l'arrêt de la télévision d'état

    Grèce : l’arrêt de la télévision d’état… Contrairement à l’ambiance générale qui condamne cette mesure, le gouvernement grec a peut-être été très bien inspiré de fermer à une institution réputée pour sa gabegie et dont le prix de revient était cinq fois plus élevé que celui des circuits privés, soumis à la dure loi de la concurrence. Certes, la mesure aurait gagné à être moins brutale, mais si ce gouvernement avait choisi la voie de la concertation, il aurait été floué par ses partenaires et aurait perdu un temps précieux. Il est une chose que l’on ne réussit pas à se représenter dans de très larges milieux grecs et étrangers : la Grèce n’est pas seulement en faillite, elle est à la ramasse, elle a déjà englouti des milliards d’aide, elle a bénéficié d’abandon de créances tant de ses créanciers privés que publics. Mais cela ne suffit toujours pas puisque l’Etat ne peut pas percevoir d’impôts ni contrôler ses dépenses qui vont crescendo. Donc, une telle mesure comme la cessation de transmettre qui touche le secteur audiovisuel public était inévitable. Certes, il ne faut rester insensible à la misère des gens, au chômage qui touche autant les jeunes que les vieux, aux étudiants qui quittent leur pays pour aller chercher ailleurs un avenir meilleur et d’autres situations tout aussi poignantes. Mais la Grèce n’a jamais pris de mesures sérieuses, ses précédents gouvernements ont même stipendiés des banques d’affaires et d’investissements pour fausser les comptes de la nation et vivre ainsi à la remorque de l’Europe, laquelle ne peut plus faire face. L’alternative devenait alors celle-ci : prendre des mesures enfin drastiques ou disparaître. Dans l’espoir d’un hypothétique renouveau. Ou alors, quitter la zone Euro, ce qui reste la seule bonne solution pour ce pays. Mais alors, la situation ne sera pas pire, elle sera désespérée.

  • Que va t il se passer en Turquie?

    Que va t il se passer en Turquie ? Le ciel politique continue d’être chargé en Turquie. Comme on pouvait s’ y attendre, l’actuel Premier Ministre a choisi la manière forte alors que d’autres solutions s’offraient à lui. Il n’a pas écouté les conseils de modération du président Abdullah Gull qui, en diplomate très expérimenté, prônait la modération. M. Erdogan pouvait lancer une série de consultations ou de négociations avec les uns et les autres, laisser pourrir le mouvement, le vider de son contenu révolutionnaire, etc… Non, il a préféré envoyer les unités anti-émeutes de la police ! Imaginez l’humeur des contestations réveilles par les assaut policiers d’une rare violence ! En fait, que demande M. Erdogan ? Il demande aux mécontents de rentrer chez eux comme si de rien n’était, comme leurs revendications étaient absolument infondées. C’est une grave erreur d’appréciation. Le problème est que les islamistes n’ont pas vraiment de culture démocratique. La meilleure preuve nous en est donnée par l’actuel Premier Ministre en personne : il a osé dire à ses partisans d’aller donner une leçon aux contestataires… Mais c’est dresser une partie de la Turquie contre une autre. C’est-à-dire cultiver les ferments de la discorde et aboutir à la guerre civile. Le problème est que la Turquie est nécessaire à l’équilibre régional et si les troubles ne sont pas jugulés intelligemment, cela risque de changer beaucoup de choses, notamment dans la gestion du conflit syrien où le part de Bachar semble reprendre la main.