Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 681

  • Quel sens donner au meirtre sauvage d'un soldat britannique à Londres?

    Quel sens donner au meurtre sauvage d’un soldat britannique à Londres ?

    Comme des millions de téléspectateurs, je revois encore devant mes amis ces deux meurtriers, si jeunes, baignant leurs mains dans le sang de leur victime innocente, représentant à leurs yeux de meurtriers un symbole à abattre, un soldat de l’armée britannique, coupable, dans son ensemble, de se battre contre l’islamisme en Afghanistan et prêtant la main aux armées françaises au Mali ?

    Nous vivons une résurgence de la barbarie et nous  nous faisons aucun doute sur ses origines ni sur sa provenance.  Comment choisir à l’aveuglette un homme, jeune et père de deux enfants, pour le mettre à mort à coups de machette et de poignard dans une rue de Londres, sous les yeux de tant de passants ? Le Premier Ministre britannique a trouvé les mots justes : c’est un acte terroriste et l’islam dont se réclament les meurtriers, n’a jamais recommandé d’agir de la sorte. Certes, on peut trouver de ci de là certains ambigus mais que les radicaux arrachent à leur contexte pour les instrumentaliser et les utiliser, à tort, au service de leur cause.

    Le problème est que cette attitude à la fois modérée et responsable, qui consiste à accuser un musulman en exonérant l’islam dans son ensemble, sera bientôt dépassée et jugée irrelevant outre-Manche… Des passants interrogés par les télévisions ont insisté sur la nécessité de voir les autorités musulmanes d’Angleterre et du monde condamner formellement de tels actes. Il n’est pas certain que cela aura lieu, et ce pour différentes raisons : je laisse de côté le cas de ceux qui se réjouissent en secret de cette lutte contre l’Occident et ses valeurs, je ne retiens que la crainte légitime en soi de ceux qui redoutent que leur vie soit menacée par des intégristes.

    En fait, après les attentats de Londres d’il y a quelques années, la Grande Bretagne vient de vivre une réplique de l’affaire Merah Et ceci est très grave car cela signifie que des hommes isolés, sans réseaux, prennent tout seuls des initiatives contre le pays qui les accueillent, voire où ils sont nés.

    Certains pensent que nous sommes partis pour une guerre de cent ans qui ne dit pas son nom et qui oppose l’Occident à l’islamisme. Alors que l’Europe peut être une chance pour cette troisième religion monothéiste.

  • Pour ceux qui n'aiment pas l'Allemagne de Philippe Olivier (Editions Hermann, 2013)

    Philippe Olivier et son dernier livre intitulé Pour ceux qui n’aiment pas l’Allemagne (Editions Hermann)

    Voici un bel ouvrage, très documenté, écrit avec cœur et qui, pour ces deux raisons, ne laissera personne indifférent. Son auteur, germaniste distingué et musicologue averti, est un Français  sensible aux mérites de notre voisin d’outre-Rhin, sans jamais fermer les yeux sur d’éventuels manquements ou défauts.

    A parcourir cet ouvrage attentivement, on apprend tant de choses : son auteur a rassemblé une impressionnante documentation, lisant et analysant tout ce qui se rapporte à son propos. Si l’on veut avoir une vue d’ensemble, le principe architectonique de cet ouvrage, c’est en page 295 qu’il faut aller le chercher :

    La construction de cet ouvrage aura permis à ses lecteurs de s’associer à des réflexions consacrées à la culture, à la jeunesse et à la communauté homosexuelle, en Allemagne et en France. Tout comme à l’islam et au judaïsme dans les deux pays ainsi qu’aux conséquences de l’absorption de la RDA

    Vaste programme que l’auteur mène à bien. Je suis impressionné par cette vaste documentation qu’il met à profit pour étayer ses analyses sur la situation comparative des deux pays fondateurs de l’Europe, l’Allemagne et la France avec leurs dissemblances et leurs ressemblances. Dans la première partie on a plutôt l’impression que l’auteur instruit à charge lorsqu’il évoque le retard accumulé par la France et l’incompréhension dont est souvent victime le pays voisin. Et notamment, la baisse de l’enseignement de l’allemand dans les lycées et collèges.

    Au fil de notre progression, nous relevons que les acteurs politiques, économiques et culturels allemands passent aussi sous les fourches caudines de l’auteur. Mais au fond, les problèmes sont partout les mêmes, sans provoquer les mêmes réactions car l’identité nationale et l’histoire politique des deux pays diffèrent grandement. Pays profondément marqué par la religion évangélique et son fondateur, le grand réformateur, l’Allemagne n’a jamais connu le centralisme jacobin et a toujours favorisé une sorte de réalité multipolaire, propice au fédéralisme. Par ailleurs, sa relation au passé n’est pas la même qu’en France.

    Philippe Olivier dresse une comparaison entre l’attitude des Français et des Allemands face aux immigrés et à leur religion majoritaire, l’islam. On lit alors des informations proprement stupéfiantes. En Allemagne, il s’agit principalement de Turcs, donc d’un peuple qui ne fut jamais colonisé par le pays alors qu’en France la situation se présente autrement : la quasi-totalité des étrangers présents sur le territoire proviennent de pays jadis colonisés par la métropole.

    Autre différence de taille entre les deux pays, l’attitude face au judaïsme et aux juifs : le pétainisme n’a pas causé autant de drames ni de tragédies que l’hitlérisme, ce qui explique sue la politique tant étrangère qu’intérieure de la RFA fasse preuve d’une très grande prudence sur ces deux points. Depuis les premières années suivant immédiatement la réunification et l’effondrement des pays communistes, les autorités allemandes ont dit haut et fort leur volonté de reconstituer la population juive à un niveau équivalent à ce qu’elle était avec le génocide hitlérien, près d’un demi million d’âmes… On y arrive graduellement, grâce à l’apport des juifs de l’ex URSS qui  préfèrent rester en Allemagne au lieu de s’envoler vers Israël où les conditions d’existence sont plus difficiles. Mais le plus intéressant dans cette situation, c’est la présence d’une forte communauté israélienne, très entreprenante et très dynamique, qui se fixe notamment à Berlin et participe activement à la vie culturelle et artistique du pays.

    Les résultats de certaines enquêtes sur les Turcs d’Allemagne m’inquiètent car la plupart n’ont pas encore assimilé les valeurs fondamentales de l’Occident judéo-chrétien. Et dans ce domaine aussi, le livre de Philippe Olivier n’hésite pas dire les choses telles qu’elles sont. Il n’hésite pas dénoncer ce racisme à rebours, c’est-à-dire où les immigrés ne plus victimes mais promoteurs d’un racisme anti-chrétien et anti-juif.

    Il faut féliciter Philippe Olivier d’avoir écrit ce livre qui, comme les précédents*, nous apporte tant. Cet ouvrage, par certains de ses aspects, sera un ouvrage de référence sur les points communs mais aussi les différences entre ces deux puissances dont l’entente ou hélas la mésentente a toujours lourdement pesé sur l’avenir de notre continent.

    * Voir aussi la réédition de son ouvrage, Wagner. Manuel pratique à l’usage des mélomanes. Hermann, 2013.

  • A la découverte d'excellents vins allemands, à Paris

    A la découverte d’excellents vins allemands à Paris :les plaisirs de l’œnologie d’outre-Rhin

    Hier ma soirée fut intégralement allemande. Comme vous avez pu en prendre connaissance dans ces mêmes colonnes , j’ai consacré ma conférence mensuelle à la mairie du XVIe arrondissement au livre de Thomas Mann (1875-1955), Joseph et ses frères (1933-1943) : cette tétralogie est magnifique et est disponible en traduction française chez Gallimard. Je vous en recommande la lecture, à la fois patiente et attentive, car cela couvre près de 1500 pages ! Immédiatement après, nous avons mis le cap sur l’autre rive de l’arrondissement car, chez Monsieur le Ministre plénipotentiaire près l’ambassade d’Allemagne, avait lieu une soirée découverte d’excellents vins allemands. Ce fut une rencontre très soignée, avec peu de gens, ce qui fait que nous avons pu nous parler les uns les autres et échanger nos impressions. Cette dégustation suivait un ordre très germanique, indiquée dans le carton remis aux invités : on a commencé avec un riesling brut de Moselle pour finir avec du riesling edelsüss de Franconie. J’ai bien apprécie le raffinement et la distinction de cette rencontre, wo das Vergnügen für den Magen mit ausgezeichneten Erklärungen über Speise und Trank Hand in Hand ging ( Je vous rassure en sortant je ne conduisait pas, mais les quantités servies étaient si étudiées qu’il n y eut aucun problème. Cette dégustation était accompagnée de merveilleux canapés et tartines dignes des grands gastronomes parisiens. Mais ce qu’il y avait d’irremplaçable, c’était l’intervention, à la fois éclairée et éclairant, de M. Steffen Schindler du Deutsches Weininstitut. Il avait une carte des différents vignobles allemands et nous a commenté les très bons vins rouges produits dans son pays. Le vin, nous disait le regretté Pierre-Christian Taittinger, fait partie de la culture. Et pour ce qui est de l’Allemagne, c’est peut-être aussi important de savourer du Monzinger Halenberg, du Laufener Altenberg et du Müllheimer Sonnhalde que bien lire Goethe et Thomas Mann. Ces vins allemands devraient être mieux connus en Suisse et en France. Et partout ailleurs Maurice-Ruben HAYOUN In Tribune de Genève du 23 mai 2013