Le président Mohammed Morsi et la séparation des pouvoirs
Quel dommage que l’esprit de Descartes n’ait pas atteitnt les confins de l’univers. Alors q ‘uil vient de promulguer un décret contraire en tout point aux règles démocratiques les plus élémentaires, le nouveau président égyptien a protesté publiquement de sa bonne foi, de son amitié pour ses frères de l’opposition, bref un discours bien rôdé de la confrérie qui énonce le contraire de ce que l’on pense et fait généralement.
La réaction ne s’est pas fait attendre : l’institution judicaire la plus haute du pays s’est dressé contre l’infâme décret et a appelé le corps judiciaire égyptien à la grève générale. Les nostalgiques du président Hosni Moubarak se réveillent, et ils ne sont pas les seuls. L’Egypte souffre de maintes maladies, mais elle a une classe très forte de gens éduqués et formés qui ne badinent pas avec les principes. On pensait que le pr Morsi avait déjà compris la leçon lorsqu’il tenta, d’autorité, de chasser de son poste, le procureur général du pays… Et voici qu’il récidive.
D’où la lancinante question qui se pose : les Frères musulmans dont ce président est issu, ont ils une notion claire de la démocratie, de la séparation des pouvoirs et de tout ce qui va avec ? Ce n’est pas certain. Comme ils ont gagné le poste de la magistrature suprême, ils font tout pour s’y installer durablement et entendent changer les institution dans un esprit qui s’accorde le mieux avec leurs principes.
Mais il faut faire attention. Car les corps intermédiaires pourraient très bien rejeter ce régime comme ils avaient rejeté le précédent. Et la grande inconnue demeure l’armée que le Pr Morsi a cru neutraliser en limogeant son chef le maréchal Tantaoui, l’inamovible ministre de la défense du temps du Pr Moubarak.. Il n’est pas sûr qu’elle reste confinée dans ses casernes si le mécontentement gagne. D’ailleurs le conseil suprême des forces armées n’a jamais été formellement dissous, ses prérogatives restent entières, d’un point de vue juridique. A moins, que les conseillers de M. Morsi ne le poussent à commettre une nouvelle erreur qui lui serait fatale…
Un détail qui est de taille : même les USA et l’UE ont fait connaître leur mécontentement. Il faut donc annuler ce décret, car l’avenir de l’Egypte en dépend.