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Vu de la place Victor-Hugo - Page 735

  • Le président Mohammed Morsi et la séparation des pouvoirs

    Le président Mohammed Morsi et la séparation des pouvoirs

     

    Quel dommage que l’esprit de Descartes n’ait pas atteitnt les confins de l’univers. Alors q ‘uil vient de promulguer un décret contraire en tout point aux règles démocratiques les plus élémentaires, le nouveau président égyptien a protesté publiquement de sa bonne foi, de son amitié pour ses  frères de l’opposition, bref un discours bien rôdé de la confrérie qui énonce le contraire de ce que l’on pense et fait généralement.

     

    La réaction ne s’est pas fait attendre : l’institution judicaire la plus haute du pays s’est dressé contre l’infâme décret et a appelé le corps judiciaire égyptien à la grève générale. Les nostalgiques du président Hosni Moubarak se réveillent, et ils ne sont pas les seuls. L’Egypte souffre de maintes maladies, mais elle a une classe très forte de gens éduqués et formés qui ne badinent pas avec les principes. On pensait que le pr Morsi avait déjà compris la leçon lorsqu’il tenta, d’autorité, de chasser de son poste, le procureur général du pays… Et voici qu’il récidive.

     

    D’où la lancinante question qui se pose : les Frères musulmans dont ce président est issu, ont ils une notion claire de la démocratie, de la séparation des pouvoirs et de tout ce qui va avec ? Ce n’est pas certain. Comme ils ont gagné le poste de la magistrature suprême, ils font tout pour s’y installer durablement et entendent changer les institution dans un esprit qui s’accorde le mieux avec leurs principes.

     

    Mais il faut faire attention. Car les corps intermédiaires pourraient très bien rejeter ce régime comme ils avaient rejeté le précédent. Et la grande inconnue demeure l’armée que le Pr Morsi a cru neutraliser en limogeant son chef le maréchal Tantaoui, l’inamovible ministre de la défense du temps du Pr Moubarak.. Il n’est pas sûr qu’elle reste confinée dans ses casernes si le mécontentement gagne. D’ailleurs le conseil suprême des forces armées n’a jamais été formellement dissous, ses prérogatives restent entières, d’un point de vue juridique. A moins, que les conseillers de M. Morsi ne le poussent à commettre une nouvelle erreur qui lui serait fatale…

     

    Un détail qui est de taille : même les USA et l’UE ont fait connaître leur mécontentement. Il faut donc annuler ce décret, car l’avenir de l’Egypte en dépend.

  • La crise à l’UMP : et si Marine Le Pen avait vu juste ?

    La crise à l’UMP : et si Marine Le Pen avait vu juste ?

     

    Les récents développements au sein de l’UMP ne laissent rien présager rien de bon pour ce grand parti d’opposition. Chaque jour que Dieu fait apporte son lot de désaccords, de frictions et d’oppositions entre les deux ténors. On parle de plus en plus de scission, de schisme et de création de deux groupes parlementaires à l’Assemblée. Si cela devait aller jusqu’au bout, ce serait la fin de l’UMP.

     

    Souvenons nous, c’était justement ce que prévoyait la nouvelle présidente du FN lors de la dernière campagne présidentielle. Elle supputait que le noyau central de l’opposition ne serait autre que son propre parti et que l’UMP serait entamée par les deux bouts. Les modérés allant vers le centre et les radicaux rejoignant le FN. C’est un peu à l’image du programme des deux candidats..

     

    Si les deux candidats ne se sacrifient pas pour la survie de leur parti en se retirant, l’UMP disparaitra en tant que telle.

     

    Il faudrait confier les rênes du parti à Alain Juppé ou, à défaut, à Jean-Pierre Raffarin. Avec la condition suivante : remettre l’UMP sur pied et ne pas pouvoir briguer une candidature à l’élection présidentielle. Les deux candidats malheureux pourraient alors, de leur propre chef, candidater pour 2017. Je ne vois pas que l’un des deux candidats se désiste en faveur de l’autre. L’affrontement a été trop dur et les entourages, avides d’occuper de se servir et d’occuper des postes, pousse à l’affrontement.

     

    C’est soit Alain Juppé soit le chaos. Ou le renforcement du FN.

  • La ville d’Ulm rend hommage et justice à la mémoire blessée de ses compatriotes juifs…

    La ville d’Ulm rend hommage et justice à la mémoire blessée de ses compatriotes juifs…

     

    C’est avec une réelle émotion que j’ai pris connaissance de la décision du conseil municipal de la ville d’Ulm, une jolie petite ville de l’Allemagne méridionale, dans le land du Bade-Wurtemberg, de reconstruire la belle synagogue de l’ancienne communauté juive locale, détruite comme toutes les autres au cours de la nuit de cristal.

     

    Le conseil municipal a prévu d’inaugurer ce nouveau lieu de culte juif au cours du premier week end du mois de décembre 2012. Mais cette initiative se distingue de toutes les autres que l’on peut assimiler à des réparations (Wiedergutmachung, un mot que je n’aime pas, car comment pouvez vous ressusciter les morts ?).

     

    Comment ? Eh bien, parce que le maire régnant de la ville et ses conseillers municipaux ont bien voulu inviter les descendants de leurs anciens compatriotes juifs, chassés ou exterminés par le gouvernement national-socialiste, à assister à Ulm à l’inauguration de la nouvelle synagogue, ancien centre de la vie communautaire.

     

    C’est ainsi que les familles MOOS d’Annecy, apparentée à la famille d’Albert Einstein, mais de bien d’autres villes en Europe et aux USA ont été généreusement invitées à honorer cette inauguration historique de leur présence. En agissant ainsi, la ville d’Ulm renoue symboliquement avec un passé douloureux, soixante-sept ans après la fin de la guerre. La quasi-totalité des victimes n’est plus, mais leurs descendants que la ville s’est donné la peine de rechercher et de retrouver seront sur place.

     

    Une telle cérémonie qui se déroulera en plusieurs phases revêt une nature particulière. Presque religieuse, car il s’agit bien d’une synagogue.

     

    Je rappellerai qu’il y a quelques semaines, le ministre allemand des affaires étrangères, M. Guido Westerwelle, avait prononcé un beau discours lors de l’ordination de jeunes rabbins à Cologne. Dans son allocution, le ministre soulignait que les juifs allemands ne sont pas une minorité protégée mais des Allemands à part entière et qu’il souhaitait les voir au centre de la société (wir wollen sie in der Mitte unserer Gesellschaft).

     

    L’initiative du maire d’Ulm rejoint donc la préoccupation du ministre fédéral. Nul ne contestera la grande difficulté qu’il y a à combler un tel fossé qu’on nomme la Shoah.. Mais c’est vraiment à l’honneur de la ville d’avoir pris cette initiative, même si ce ne sont plus que les enfants et les petits enfants des victimes et des expatriés qui reviennent pour assister à cette heure solennelle (Stunde der Andacht)

     

    Der Stadt Ulm gereicht es zur Ehre, diese heilvolle Initiative ergriffen zu haben, um die Wunden einer unvergeßlichen Vergangenheit zu narben.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 23 novembre 2012