Que va faire, que peut faire François Hollande ?
C’est la question que tout le monde se pose. Que va-t-il faire ? Son programme économique va désormais se heurter à l’épreuve des faits. Les promesses faites aux Français tranchaient par rapport au réalisme affiché par l’ancien président qui n’a pas su répondre aux attentes de la population. Son heureux rival a su aller au devant des gens et plaider en faveur de retour de la croissance, si modeste soit-elle. Pourtant on voit se dresser devant lui, le principe de réalité, le fameux Realitätsprinzip, si chère à Madame Merkel. Or, c’est bien elle qui tient les cordons de la bourse et sans elle rien ne sera possible. C’est bien pour cette raison que dès son investiture acquise, le nouveau président s’envolera vers Berlin afin de tenter de convaincre la chancelière. Celle-ci doit, en principe, lui expliquer que le pacte de stabilité n’est pas négociable. Petit point à signaler : ces deux termes réalité et stabilité sont des constantes du caractère germanique et de la langue allemande. On en parle peu, généralement, du côté français.
Alors que va faire François Hollande ?Il est légitime qu’il cherche à appliquer son programme économique et social. Il est souhaitable qu’il cherche à le faire de la manière la plus astucieuse, la plus adroite afin de ne pas compromettre l’équilibre des finances publiques et la réduction progressive de la dette du pays. Alors, concrètement, que va-t-il faire ?
Depuis deux jours, il consulte à la fois ses conseillers et les décideurs de la zone Euro. Il est vraisemblable qu’il va ménager la chèvre et le chou, décrétant des mesures destinées à frapper l’imagination et à mobiliser ses partisans pour les élections législatives qu’il souhaite ardemment gagner afin d’avoir les coudées franches. Il a certainement réduire les salaires des grands patrons du Cac 40. Il ne faut pas sous-estimer l’impact d’une telle mesure dans un pays où l’égalité est souvent confondu avec l’égalitarisme et où la réussite est si mal vue, alors qu’on en aurait tant besoin. Il va aussi chercher à réduire les plans sociaux qui ont été mis sous le boisseau dans l’attente des résultats de cette élection dont il est sorti vainqueur. François Hollande va aussi accorder la retraite à 60 ans à tous ceux qui ont commencé à travailler à 14-15 ans.
Mais, sur un plan structurel, c’es-à-dire pour ce qui est des grandes masses, des tendances lourdes, que pourrait-il faire ? Sans vouloir être pessimiste ni irrespectueux, il lui faudra attendre sa rencontre avec Me Merkel pour décider de la suite. La chancelière trouve qu’il envoie un bien mauvais signal à la Grèce en optant pour une renégociation du pacte. C’est tout l’avenir de la zone Euro qui est en jeu.
Mais le nouveau président pourrait aussi nous étonner en se convertissant à la rigueur et à la stabilité, mais accompagnées d’une dose significative de mesures sociales destinées aux plus défavorisées du genre aide accrue aux familles, aux mal logées, aux chômeurs, à la formation professionnelle, à l’aide médicale, aux retraites, à la prise en charge des personnes âgées, etc…
Mais, je le répète, ce n’est pas une tendance lourde, ce qu’il faut, c’est une nouvelle orientation économique du pays. Mais le cadre européen actuel, cela semble très difficile. C’est tout le pari de la démarche. Je le redis en guise de conclusion : l’austérité mieux répartie, des sacrifices plus équitables seront mieux acceptés par la population.
N’oubliez jamais qu’on est en France…