A Berlin la montagne a accouché d’une souris ?
C’est probablement le meilleur avis à porter sur cette rencontre tant attendue du nouveau président français à Berlin. Visiblement, ces deux dirigeants de pays voisins et intimement liés ont besoin de mieux se connaître. De plus, la chancelière avait évité de recevoir le candidat François Hollande lors de la campagne et avait même largement soutenu Nicolas Sarkozy. Au fond, on a assisté à une simple prise de contact qui équivaut à un étalage de divergences. Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’on n’est pas allé au clash, les deux dirigeants promettant de tout faire pour travailler harmonieusement.
Mais la presse français, contrairement à la presse allemande, n’a pas bien expliqué ce que l’on entend par la croissance de ce côté ci du Rhin. Les Allemands entendent tout autre chose. Ils ont de la mentalité française une conception qui correspond parfois à ce qu’elle est vraiment, et se méfient d’un processus qui nous ramènerait au début de la crise, c’est-à-dire à un moment où les dettes vous tiennent chaud, où vous vivez avec et où vous vous y installez. Les Allemands ont une approche radicalement différente.
Mais les déclarations du président français qui n’a pas encore l’habitude des négociations internationales et nourrissait quelques appréhensions lors de ce premier voyage à Berlin, ne sont pas entièrement infondées ; il a dit clairement que sans un minimum de relance, la France ne pourrait pas respecter les engagements pris, à savoir les 3% du déficit. Il est sincère et honnête, qui pourrait le lui reprocher ? Ses adversaires répondent alors que son programme économique ne correspond pas à la réalité et les Allemands diraient qu’il est unausführbar, impossible à traduire dans les faits ( in die Tat umzusetzen). Voilà où nous en sommes.
En fait, voici ce qui va se passer : après cette première prise de contact, les deux gouvernements vont mieux cerner leurs projets respectifs et rapprocher leurs positions. Certains avancent in petto que François Hollande va trouver un habillage politique adroit pour la consommation intérieure et qu’il poursuivra les mesures d’austérité en les répartissant mieux, c’est-à-dire en levant de nouveaux impôts. Nous verrons cela lors de la prochaine loi rectificative du budget.
Une chose est sûre, les Allemands observent le nouveau dirigeant français comme une ménagère surveille le lait sur le feu. Il ne faut pas oublier une chose : Angela Merkel est une fille de pasteur et en Allemagne on aime la clarté : les Allemands nomment cela kristallklar ou sonnenklar… Et Angela qui a grandi sur les genoux des Evangiles doit se souvenir de l’injonction contenue dans l’Evangile de Saint Matthieu : que votre oui soit un oui, et votre non, un non…