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Vu de la place Victor-Hugo - Page 793

  • A Berlin la montagne a accouché d’une souris ?

     

     

    A Berlin la montagne a accouché d’une souris ?

     

    C’est probablement le meilleur avis à porter sur cette rencontre tant attendue du nouveau président français à Berlin. Visiblement, ces deux dirigeants de pays voisins et intimement liés ont besoin de mieux se connaître. De plus, la chancelière avait évité de recevoir le candidat François Hollande lors de la campagne et avait même largement soutenu Nicolas Sarkozy. Au fond, on a assisté à une simple prise de contact qui équivaut à un étalage de divergences. Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’on n’est pas allé au clash, les deux dirigeants promettant de tout faire pour travailler harmonieusement.

     

    Mais la presse français, contrairement à la presse allemande, n’a pas bien expliqué ce que l’on entend par la croissance de ce côté ci du Rhin. Les Allemands entendent tout autre chose. Ils ont de la mentalité française une conception qui correspond parfois à ce qu’elle est vraiment, et se méfient d’un processus qui nous ramènerait au début de la crise, c’est-à-dire à un moment où les dettes vous tiennent chaud, où vous vivez avec et où vous vous y installez. Les Allemands ont une approche radicalement différente.

     

    Mais les déclarations du président français qui n’a pas encore l’habitude des négociations internationales et nourrissait quelques appréhensions lors de ce premier voyage à Berlin, ne sont pas entièrement infondées ; il a dit clairement que sans un minimum de relance, la France ne pourrait pas respecter les engagements pris, à savoir les 3% du déficit. Il est sincère et honnête, qui pourrait le lui reprocher ? Ses adversaires répondent alors que son programme économique ne correspond pas à la réalité et les Allemands diraient qu’il est unausführbar, impossible à traduire dans les faits ( in die Tat umzusetzen). Voilà où nous en sommes.

     

    En fait, voici ce qui va se passer : après cette première prise de contact, les deux gouvernements vont mieux cerner leurs projets respectifs et rapprocher leurs positions. Certains avancent in petto que François Hollande va trouver un habillage politique adroit pour la consommation intérieure et qu’il poursuivra les mesures d’austérité en les répartissant mieux, c’est-à-dire en levant de nouveaux impôts. Nous verrons cela lors de la prochaine loi rectificative du budget.

     

    Une chose est sûre, les Allemands observent le nouveau dirigeant français comme une ménagère surveille le lait sur le feu. Il ne faut pas oublier une chose : Angela Merkel est une fille de pasteur et en Allemagne on aime la clarté : les Allemands nomment cela kristallklar ou sonnenklar… Et Angela qui a grandi sur les genoux des Evangiles doit se souvenir de l’injonction contenue dans l’Evangile de Saint Matthieu : que votre oui soit un oui, et votre non, un non…

  • Que va devenir Nicolas Sarkozy ?

    Que va devenir Nicolas Sarkozy ?

     

    La question peut se poser. Le président qui n’a pas été reconduit dans ses fonctions avait prévenu : en cas de défaite, il quittera la vie politique. Mais au soir du second tour, lorsqu’il reconnut sa défaite, il fut plus évasif, évitant d’être trop catégorique, laissant planer un petit doute sur son avenir politique. Du coup, les commentateurs s’en sont servis pour élaborer des théories qui ne sont pas toutes fausses, loin de là…

     

    Les hommes politiques ont besoin d’être au pouvoir comme nous, hommes normaux, avons besoin d’air pour respirer. Donc, Nicolas Sarkozy va probablement régler sa nouvelle vie, assez loin, mais jamais trop de la politique, et observer avec l’intelligence du grand fauve la scène. Si aucune personnalité ne s’imposer par son charisme et son intelligence politique, il se montrera et affichera sa disponibilité.

     

    Mais il serait vraiment naïf d’imaginer que ses amis d’hier vont sagement attendre qu’il se remette en selle avant d’agir : connaissant un peu l’engeance politique il ne m’étonnerait guère de découvrir que certains fourbissent déjà leurs armes pour occuper les premières loges. En soi, c’est naturel, mais le modus operandi des hommes politiques m’a toujours semblé répugnant. Je demande pardon pour la dureté du terme. Car au fond, qu’est ce qui distingue l’univers des humains du monde animal ? C’est la civilisation, c’est la culture. Or, dans le monde politique, il n y a ni amitié ni pitié. Ne prévaut que la volonté de vaincre, laquelle présuppose une véritable mise à mort (spiritualiter, s’entend) du rival ou du concurrent…

     

    Je prendrai deux cas d’une gravité variable : vous vous souvenez de Jean Tibéri, maire de Paris, dénoncé, vilipendé par les siens, accusé de tous les maux et voyant que son épouse était, elle aussi, la cible de ses adversaires. L’affaire avait été conduite par des amis politiques qui rêvaient de prendre sa place. Le résultat est connu, c’est Bertrand Delanoë qui a été élu.

     

    Le second exemple est plus récent et n’a pas du tout la même gravité. Certains membres influents du PS ont tenté de remettre sur la table une vieille affaire autour de Jean-Marc Ayrault, une affaire qui remonte à très longtemps et qui n’a pas remis en cause la probité de l’homme…

     

    Vous voyez, les hommes politiques entre eux n’hésitent pas à s’entredéchirer. Je voudrais conclure cet article par une note amusante où j’opposerai l’homme politique, de tout bord, prêt à tout, ne reculant devant rien, pour accéder au pouvoir, au philosophe, au penseur, dévoué à sa spéculation qui n’est ni boursière ni immobilière. C’est un éminent collègue arabisant d’Aix en Provence, le professeur Claude Gilliot qui a attiré mon attention sur cette citation que voici :

     

    Abu Nasr al-Farabi,, grand philosophe du Xe siècle, appelé le second maître par les Arabes (le premier étant Aristote) a écrit ceci :

     

    Deux bouteilles m’ont accompagné, ma vie durant. Et c’est grâce à elles que j’ai pu tenir. L’une, remplie d’encre et l’autre, de vin. Grâce à la première j’ai enseigné la sagesse et diffusé le savoir, et avec la seconde, de mon cœur, j’ai éloigné tous les chagrins de la vie…

    Je pense vraiment qu’aussi bien l’entrant que le sortant devraient méditer cette perle de la sagesse.

  • La gauche en Allemagne, allemande avant d’être de gauche…

     

    La gauche en Allemagne, allemande avant d’être de gauche…

     

    Certains commentateurs politiques français semblent pendre leurs désirs pour des réalités, oubliant allégrement ce que nos voisins d’Outre-Rhin nomment das Realitätsprinzip : ces hommes et ces femmes qui inondent les ondes de nouvelles approximatives veulent faire croire que les résultats de l’élection régionale en Rhénanie-Westphalie affaiblissent la chancelière au point de la faire dévier de sa trajectoire qui est de maintenir la rigueur… Certes, Madame Merkel n’a pas gagné les élections de ce land qui est très important, mais son parti allié, les FDP a bien réussi et c’est précisément lui qui, au sein de la coalition gouvernementale, opte foncièrement pour une rigueur accrue. Il y a donc une problème d’interprétation au sein des deux pays qui constituent l’épine dorsale de l’Europe.

    Les cultures politiques de ces deux pays sont nettement différentes l’une de l’autre. Les Allemands ne parviennent pas à comprendre la mentalité française qui consiste à bien vivre, à prendre du bon temps et à cacher la poussière sous le tapis. Ce que tous les gouvernements de ce côté ci du Rhin ont fait avec persévérance depuis plus de trente ans. Un Raymond Barre avait une mentalité germanique et l’on se souvient comment les Français l’on traité !

    Ce qui hérisse les plus les Allemands, tant ceux qui ont voté pour le parti de Madame Merkel que les autres, c’est le désir des Français de mutualiser les dettes, en d’autre termes de faire payer les Allemands. C’est une idée qui les fait bondir et on les comprend, eux qui affirment depuis des années qu’ils sont les meilleurs payeurs (die besten Zahler in Europa) du continent.

    Comment va se passer le dîner de travail entre les deux dirigeants ? Aucune décision finale ne sera prise ce soir là, c’est-à-dire mardi soir, en revanche, la chancelière fera sûrement une explication de texte au nouveau président mais elle le fera avec des fleurs, durch die Blume Toute la manœuvre consistera à laisser croire que le nouveau président français aura obtenu gain de cause, même si, en réalité, les choses n’auront pas changé.

    Le land qui vient de donner une nette victoire à la SPD est fortement attaché à la rigueur et refuse lui aussi de stimuler la croissance (Ankurbelung des Wachstums) à fonds perdus, c’est-à-dire en injectant de l’argent mécaniquement…

    Je me souviens d’un événement que j’avais vécu à Berlin au début des années 80, alors que j’étais directeur par intérim de l’Institut für Judaistik. La FU (Freie Universität) avait exigé un train d’économie drastique. Les autorités universitaires ont si bien appliqué les mesures qu’au bout de quelques moins, nous reçûmes une note du président pour dire qu’il fallait cesser et que les objectifs avaient été atteints.

    Incroyable, inimaginable en France… C’est là tout le problème.