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Vu de la place Victor-Hugo - Page 791

  • les larmes de Ségolène Royal couleront-elles une nouvelle fois ?

    les larmes de Ségolène Royal couleront-elles une nouvelle fois ?

     

    Dire que la politique est un jeu cruel qui se termine toujours par au moins une dépouillé gisant sans vie (élective) à terre, serait d’une affligeante banalité. Mais cette c figure théorique prend des couleurs et même un nom lorsqu’on le vit de près ou de loin.

     

    Vous avez tous compris que je fais allusion à la cuisante défaite de M. Royal à La Rochelle où un candidat PS dissident, sournoisement aidé depuis les pièces les plus intimes du pouvoir, a ravi à la candidate officielle de son parti le poste de député. Madame Royal avait agi avec un bon sentiment puisqu’elle avait laissé sa circonscription sans risque à sa suppléante qui fut élue haut la main, et est partie à La Rochelle où l’attendait un militant local solidement implanté. Vous connaissez la suite : l’autre candidat est élu et Me Royal qui ne fait rien comme les autres, a commencé à parler de sa défait six bonnes minutes avant vingt heures, ce qui interdit sous peine de fortes amendes…

     

    La candidate malheureuse n’a pas pleuré cette fois-ci, bien qu’elle soit contrainte de faire son deuil du perchoir, la présidence de l’Assemblée Nationale

     

    Sur la route me ramenant de Normandie à Paris, j’ai entendu des poids lourds du PS critiquer avec virulence l’attitude de S/R qui se croirait tout permis, allant jusqu’à dire que sa déconvenue électorale n’a pas de portée nationale et que sa manière de truster la présidence de l’assemblée était inélégante et maladroite… Ah ces chers camarades…

     

    Il faut tout de même avoir une pensée pour cette femme qui a perdu bien des choses en un laps de temps assez bref : la présidentielle, la tête du PS, son siège de député et dans son sillage la présidence de l’Assemblée. Mais le plus dur c’est le départ de son compagnon, l’actuel président de la République, parti avec une autre femme qui a récemment fait à S/R une très mauvaise manière.

     

    Je rappelle que S/R a donné à son compagnon quatre enfants !

     

    Mais il existe peut-être une solution de repêchage : si l’ancienne suppléante de S/R démissionnait demain, on organiserait une élection législative partielle dans sa circonscription d’origine où elle serait élue haut la main et l’assemblée retarderait opportunément sa première réunion, au cours de laquelle l’on élit un candidat à la présidence.

     

    Franchement, c’est très dur , la politique.

  • LE POUVOIR, SES ILLUSIONS ET SES TOURMENTS

    LE POUVOIR, SES ILLUSIONS ET SES TOURMENTS
    En ces temps de grands changements, de profonds remaniements et de constantes remises en question, il est légitime de s’interroger sur le pouvoir, sa nature et l’essence de ceux qui aspirent à l’exercer. Je ne ferai allusion à aucun événement politique marquant qui serait en train de se dérouler sous yeux, que ce soit en Europe ou dans une autre partie du monde. Il s’agit tout simplement d’exhumer une métaphore filée, ou plutôt une belle allégorie biblique qui se trouve dans le livre des Juges, un livre plus bâti sur une idéologie religieuse (largement deutéronomique) que sur une relation fondée à l’Histoire. Mais c’est souvent ainsi dans la littérature religieuse ou sapientielle de l’Orient ancien.

    Qu’est ce le livre des Juges ? Après le Pentateuque, les cinq livres de Moïse dont la mosaïcité est loin d’être avérée, on lit le livre de Josué, son successeur. Ce livre retrace la conquête, réelle ou supposée, de la terre de Canaan par les Hébreux délivrés de la captivité d’Egypte. Immédiatement après Josué on trouve justement ces juges qui étaient des guerriers ou des hommes ordinaires, issus des différentes tribus qui n’avaient pas encore réalisé leur unité pour donner, au moins deux siècles plus tard, cette fameuse monarchie davidique unifiée que les historiens suspectent de n’avoir jamais existé. Mais ce n’est notre sujet présentement.

    Dans ce livre des Juges, plusieurs personnalités se détachent dont le cycle est proprement extraordinaire. Il y a Ehoud, Yaïr, Samson et Gédéon, aussi connu sous le nom de Yeroubaal, ce qui signifie= que le Baal s’en prenne à lui (car ce héros avait renversé son autel). Ce qui m’intéresse ici, c’est bien ce Gédéon dont le nom en hébreu veut tailler, casser.

    Un dernier mot sur l’idéologie de ce livre : il s’agit de montrer le bien-fondé d’un principe deutéronomiste. C’est de Dieu que proviennent le salut et la quiétude de son peuple Israël. La structure profonde du livre se nomme le pragmatisme à quatre termes qui sont les suivants :

    a)    Israël fait preuve d’infidélité à l’égard de Dieu
    b)    Dieu envoie un oppresseur qui persécute et asservit Israël
    c)     Israël se repent et opère un retour vers Dieu
    d)     Dieu suscite un sauveur / juge  qui le sauve de la main de son persécuteur.

    Telle est la loi fondamentale, pourrait-on dire, de ce livre des Juges.

    Je me rapproche de mon sujet en notant que ce livre brille par quelques couplets anti-monarchiques puisqu’il souligne bien «qu’en ce temps là, aucun roi ne régnait encore sur Israël, chacun faisait ce qu’il voulait…» Cette indication, apparemment anodine, comporte peut-être un intéressant indice sur la datation de ce texte.

    Après bien des péripéties, ce Gédéon, d’abord rejeté par les siens en raison de sa médiocre extraction,, se voit par la suite courtisé et adulé par les dirigeants de sa ville qui lui demandent de prendre la tête d’un soulèvement contre les occupants oppresseurs. Gédéon remplit sa mission avec succès et règne un certain nombre d’années, laissant derrière une très nombreuse progéniture car, dit la Bible, il avait un grand nombre de femmes et de concubines. A sa disparition se posa le problème de la succession car il avait 70 descendants.

    L’un d’entre eux, Abimélech, fils d’une simple servante, s’arrange pour tuer tous ses frères et va conspirer auprès des maîtres de la ville de Sichem dont sa mère était originaire. Il réussit à les circonvenir et se fait élire roi. L’unique survivant du massacre, son demi-frère Yotam, apprend la nouvelle et tient, juché sur une colline aux environs de Sichem (un peu comme Jésus sur la montagne, ou même Moïse), un discours parabolique parmi les plus beaux et les plus sensés de la Bible hébraïque.

    Yotam adresse ce discours aux maîtres de Sichem pour leur montrer  leur légèreté et l’inanité de leur choix.

    Les arbres de la forêt se cherchent un roi destiné à régner sur eux. Ils s’adressent à l’olivier qui refuse sèchement tout en motivant sa décision : pourquoi renoncerait-il à son huile qui réjouit Dieu et les hommes afin de se balancer au-dessus des arbres (verbatim) ? Les arbres vont voir le figuier, autre plantation si importante en Orient et reçoivent la même réponse négative : pas question de renoncer à son fruit si doux et si délicieux pour se balancer au-dessus des arbres. Ne se décourageant guère, les arbres se présentent devant la vigne qui refuse d’abandonner son fruit dont on fabrique le vin pour aller faire le zouave au-dessus des arbres… De guerre lasse, les arbres s’adressent au buisson d’épines (allusion à Abiméléech, le meurtrier de ses frères) qui est le seul à accepter. Et qui se fait même menaçant puisqu’il pourrait émettre un feu qui brumerait tout…

    La morale de l’histoire est limpide : seul le bois, tout juste bon à brûler, accepte la fonction royale. La fécondité et la productivité des oliviers, figueirs et de la vigne, s’opposent à la stérilité du buisson. Lequel est prêt à tout pour accéder au pouvoir. J’ai déjà signalé supra que ce couplet était violemment anti-monarchique, mais il pointe aussi, je pense, l’inanité et les tourments de tout leadership politique, qu’il fût tribal, royal ou même républicain.

    Mais il existe tout de même une justice immanente puisque le meurtrier usurpateur finit très mal… Cet homme aura une fin tragique, cependant : ayant assiégé une tour, il reçoit sur le crâne une meule jetée par une femme. Agonisant, il prie son écuyer de l’achever car il ne veut laisser le souvenir d’un roi tué par une.. femme

    Les leçons à tirer sont multiples : pour parvenir au pouvoir, on est parfois conduit à utiliser des moyens pas très cachers. Ceux qui opèrent le choix de cette élection se trompent souvent et ne sont pas assez regardants sur la moralité de leur protégé. Enfin l’exercice du pouvoir n’est jamais vraiment innocent ou éthique. La nature humaine est ainsi faite et ne changera jamais.

    Ce discours parabolique a dû être couché sur le parchemin il y a au moins deux millénaires, même si des réviseurs l’ont revu et corrigé selon l’idéologie deutéronomique. Est-ce que les choses ont changé depuis ? Est-ce que l’humanité dans son ensemble est  mieux dirigée, mieux gérée ?

    Aux experts de décider. Mais avouez que la lecture attentive des Ecritures est toujours très instructive.

  • Inqilab askari : Un coup d’Etat militaro-judiciare en Egypte ?

    Inqilab askari : Un coup d’Etat militaro-judiciare en Egypte ?

    C’était prévisible et nous l’avions souligné maintes fois ici même. Les militaires égyptiens sont des soldats subtils, rompus à l’art de la dialectique politique. Ils ont observé le silence, ont laissé les Frères musulmans se fourvoyer lors des élections législatives et au moment de passer aux choses sérieuses, c’est-à-dire l’élection présidentielle, ils ont soulevé ce qu’on nomme sous nos latitudes la question préalable de constitutionnalité… C’était magnifiquement joué. Ces pauvres Frères musulmans dont j’ai entendu le candidat vociférer hier soir sur la chaîne al-jazeera, a été pris à son propre piège : il a protesté de sa bonne foi et de son respect pour une décision de justice, pour donner le change et faire croire qu’il s’est converti à la démocratie, alors qu’au fond de lui-même il rejette cette décision du Conseil constitutionnel de son pays.

    Les militaires qui sont effectivement derrière tout cela ont fait d’une pierre deux coups : ils mettent à nu l’impéritie des islamistes dont aucun juriste n’a flairé le piège et prouvent aux yeux de tous qu’ils n’ont aucune culture de gouvernement. Les députés irrégulièrement élus et qui s’ébattaient joyeusement au parlement devant les caméras de télévision voient soudain les militaires siffler la fin de la récréation. C’est une situation inédite qui prévaut désormais sur les bords du Nil.

    Voici ce qui va se passer : M. Ahmed Chafik va être élu dans les tout prochains jours et l’assemblée des députés va être éreintée puisqu’un tiers de ses membres a été invalidé. Des élections législatives suivront qui confirmeront très probablement le choix présidentiel. Et ainsi à l’aide d’un bel argument juridique, les militaires ont renversé la situation à leur net avantage… Sans tirer un seul coup de feu, pour le moment.

    Mais que va faire la rue lorsqu’elle se rendra compte qu’on lui a confisqué ce qu’elle avait gagné de haute lutte ? Je pense que l’armée, cette fois-ci, prendra les devants et arguera de son rôle de gardienne de la loi et de la constitution pour rétablir l’ordre. Si les Frères sont intelligents, ils attendront patiemment leur revanche, mais s’ils ne le sont, ils fomenteront des troubles que l’armée réprimera . La conséquence sera l’interdiction des Frères en tant que parti politique.

    Nul ne sait ce que sera leur réaction. Mais s’ils sont intelligents, ils ne réagiront pas de façon cutanée. La politique est un art subtil et on n’efface pas trente ans de règne en quelques semaines…