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Vu de la place Victor-Hugo - Page 803

  • Allons nous vers un gouvernement d’union nationale en France ?

    Allons nous vers un gouvernement d’union nationale en France ?

     

    La question se pose effectivement puisque les deux candidats qui seront présents au second tour s’intéressent tout particulièrement à un troisième homme, au point de lui proposer même le poste de futur Premier Ministre ! Tout le monde aura compris qu’il s’agit de François Bayrou, l’homme qui rêve de devenir un jour président et qui, pour faire monter les enchères ( ?) décoche des flèches aérées tous azimuts.

    Je me demande sérieusement où va le pays… Certes, avec tout le respect et la considération pour le candidat du PS, il me semble que Nicolas Sarkozy est plus aguerri en raison des crises déjà affrontées et de l’expérience acquise au cours de ces dernières années. Mais une chose continue de m’étonner et de m’inquiéter : pourquoi cette incroyable dureté des uns envers les autres, cette virulence qui nous présente la politique comme un véritable jeu du stade où il y a forcément un vainqueur, mais à l’arraché, à la mode barbare, et où le candidat moins heureux gît inanimé à terre, les moustaches en croix ?

    D’aucuns s’étonneront de mon propre étonnement. Pourtant, l’une des raisons qui conduit les meilleurs parmi nous à refuser de s’engager politiquement tout en remplissant leurs devoirs de citoyens touche précisément à cette incroyable cruauté.

    Evidemment, je ne suis pas un naïf, les enjeux sont colossaux, tant au plan personnel que national. Mais tout de même ! Je viens d’écouter J-L Mélenchon chez J-J- Bourdin et l’empoignade était telle que j’ai préféré me lever… Et je ne parle même pas des déclarations incroyablement agressives de la candidate écologiste qui entend, en serrant les dents, chasser Nicolas Sarkozy de l’Elysée… A l’entendre, on en oublierait presque que NS a été élu régulièrement et avec une confortable avance sur sa concurrente ; On penserait que c’est un usurpateur qui nous gouverne depuis cinq ans !

    Alors, pourquoi donc François Bayrou, qui n’est pas en reste, s’acharne-t-il à attaquer ceux avec lesquels il a gouverné, il n’y a pas si longtemps ? Veut-il, par frustration, faire perdre son camp ? Là encore, c’est la dureté du jeu politique qui est en cause. Les hommes politiques sont trop cyniques. Si je leur disais la phrase suivante : il y a des victoires qui discréditent ceux qui les remportent et des défaites qui honorent (malgré tout) ceux qui les subissent… Ils ne me riraient pas au nez, mais me conseilleraient vivement de consulter un bon psychiatre.

    Il faut que cela change. Et si cette mentalité évoluait, plus d’hommes et de femmes s’engageraient en politique et il y aurait moins d’abstention. Mais c’est une utopie !

    Un vieux prophétique hébraïque du VIIIe siècle avant JC déplorait, en termes particulièrement amers, l’absence de vérité (wé-ha-émét né’édérét). On en est au même point.

    Je crains fort que quel que soit le futur élu on soit conduit à pratiquer une politique médiane, du juste milieu. Une sorte de consensus politique national.

    Et au fond, même sur un plan éthique, c’est la voie médiane, le juste milieu qui sont recommandés tant par Aristote que par ses commentateurs médiévaux.

    Mais donnez moi le nom de l’homme politique qui se préoccupe de morale…

  • Le coup de maître des généraux égyptiens : la candidature du général Omar Souleymane

    Le coup de maître des généraux égyptiens : la candidature du général Omar Souleymane

     

    Depuis quelques semaines, tous les observateurs attentifs de la situation égyptienne, qui tarde à se stabiliser, se demandaient si les militaires, actuellement au pouvoir, allaient perdre la main au profit des Frères musulmans et des Salafistes qui ont obtenu les suffrages du peuple. On se demandait vraiment ce qui allait se passer et voici que quelques événements inattendus ont fait basculer le rapport de forces : d’une part , le candidat des Frères musulmans a été disqualifié parce qu’il ne remplissait pas certaines conditions et enfin, le plus important, l’homme de confiance du président Hosni Moubarak, le général Omar Souleymane, chef des services secrets, a présenté sa candidature à la présidence. Certes, cette candidature a été refusé par le comité électoral mais il existe une procédure d’appel et le général s’en saisira certainement.

     

    J’ai toujours pensé que l’Egypte constituait une heureuse exception au sein des pays islamiques et que ce pays comprend une classe d’intellectuels et d’hommes de culture qui tranche par rapport aux autres pays de la nation musulmane. D’ailleurs, la presse égyptienne ne souhaite pas qu’on considère les Egyptiens comme des Arabes. A un moment donné, lorsque l’Egypte avait été mise au banc des pays d’islam en raison de son traité de paix avec Israël, la presse stigmatisait les Palestiniens et les Arabes en général, leur reprochant d’avoir précipité le pays dans un conflit qui n’était pas le sien.

     

    Le corps d’Etat le plus organisé, le mieux préparé, le plus avancé dans la société égyptienne n’est autre que l’armée qui a toujours été le facteur économique le plus puissant et le mieux représenté dans tout le pays. Une blague a longtemps amusé les Egyptiens : quel rapport existe-il entre la chemise que vous portez, la voiture que vous conduisez et la télévision que vous regardez ? Les trois sont fabriquées, assemblées ou dirigées par… l’armée ! Dès lors, il est inconcevable que le futur élu ne soit pas issu de ses rangs ou, à tout le moins, ne soit pas d’accord avec elle.

     

    Le général Souleymane présente de nombreux atouts : c’est un homme éduqué et modéré, il a la confiance des USA et d’Israël, il sait tout sur tous car il fut le chef des services secrets, il inspire confiance aux régimes arabes modérés, allies traditionnels de l’Egypte, et surtout il est issu des forces armées. Or qui tien l’Egypte depuis plus de 50 ans ?

     

    Son unique point faible, mais il est considérable, c’est qu’il fut l’éphémère vice-président de Hosni Moubarak. Ce qui le déconsidère aux yeux d’une partie de la population. L’armée va-t-elle l’aider ? C’est probable ? Mais les généraux sont subtils, ils doivent avoir d’autres ressources dans leur gibecière. Ils ne lâcheront sûrement pas la proie pour l’ombre.

     

  • GÜNTER GRASS : Le délire d’un vieillard ou l’impuissance devant le verdict de l’histoire ?

    GÜNTER GRASS :

    Le délire d’un vieillard ou l’impuissance devant le verdict de l’histoire ?

    C’est mon ami, l’ambassadeur allemand à Genève auprès de la conférence pour le désarmement (Abrüstungskonferenz) qui a, le premier, attiré mon attention sur le fameux texte de Günter Grass (Grassens Gedicht, avec le génitif) que la Süddeutsche Zeitung de Munich a finit par publier il y a quelques semaines et qui a suscité une vive émotion en Allemagne.

    Le prix Nobel de littérature y stigmatise le coupable silence de son pays et de l’Occident au sujet de l’armement nucléaire d’Israël et redoute que la livraison à ce pays d’un sous marin allemand lanceur d’engin ne fasse de l’Allemagne la complice d’une catastrophe.

    J’ai traduit ce texte ce matin même, mais cette traduction devra être affinée par moi-même dès que je cesserai d’être distrait par d’autres occupations. Ce texte prouve que son auteur a agi sous l’emprise de l’émotion, incapable de dominer l’histoire récente de son pays et à laquelle il a, en personne, vu son âge, pris part. Les Allemands nomment cela die Vergangenheitsüberwältigung, la maîtrise du passé, de la Shoah et du fait que l’Allemagne hitlérienne a mis le feu au monde.

    Pourtant, je ne condamnerai pas sans appel l’octogénaire auteur de si grands livres, tout en déplorant qu’il mette sur un même plan l’Iran des Mollahs dont le président actuel évoque publiquement la destruction de l’Etat d’Israël et ce dernier, l’unique démocratie du Proche Orient. Il n’est pas anormal que cet Etat, menacé de toutes parts par des voisins implacables qui se sont juré sa mort depuis sa création, se prémunisse contre les attaques.

    Mais fidèle à mes habitudes et respectueux de ma formation à la fois traditionnelle et philosophique, je chercherai, comme Spinoza, à comprendre plutôt qu’à m’indigner.

    Je pense que trois éléments principaux forment la trame de ce texte de Günter Grass : l’insupportable fardeau de la Shoah, l’amour-répulsion d’Israël (en allemand Haßliebe) et l’irrépressible désir de faire encore un peu parler de soi… Mais j’insiste surtout sur l’événement vécu, insupportable, dévastateur, avec lequel un homme normalement constitué ne peut pas vivre en toute sérénité.

    Et justement l’événement vécu, au sens d’événement majeur et marquant qui s’imprègne à notre mémoire de façon indélébile, se dit en allemand Erlebnis. Ce terme est intraduisible tant il recouvre de notions psychologiques difficiles à cerner. Mais l’essentiel est de pouvoir vivre chaque jour avec ces traces et cette mémoire. Soulager sa conscience d’un insupportable fardeau : c’est probablement ce qui expliquait déjà les «révélations» du prix Nobel allemand de 1999, Gûnter Grass, à la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

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