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Vu de la place Victor-Hugo - Page 802

  • Le premier tour des élections présidentielles en France

    Le premier tour des élections présidentielles en France

     

    C’est assez incroyable ! Alors que la campagne a été d’une violence verbale inouïe, on se focaliser aujourd’hui sur tout autre chose : les réseaux sociaux vont ils divulguer les résultats du premier tour avant 20 heures et fausser ainsi le déroulement de l’expression des suffrages ? Pourra-t-on engager des poursuites contre les contrevenants ? Le comité électoral ira-t-il jusqu’à annuler les scrutin en cas de non respect de la loi ?

     

    On croit rêver, on se frotte les yeux pour y croire. A présent, parlons des sondages sur la validité et la fiabilité desquels circulent les rumeurs les plus contradictoires. Aujourd’hui, quelques grands titres nationaux vont jusqu’à parler de surpris, sans dire laquelle. Certains disent que le camp de François Hollande n’est plus si sûr de l’emporter et commence à flancher. D’autres affirment que la surprise viendra de Marine Le Pen et qu’ o’n risque de la retrouver au second tour. Sans dire au détriment de qui. D’autres, enfin, la créditent d’un score plus élevé encore en arguant de l’échec de Nicolas Sarkozy à regagner les lecteurs qu’il avait pris à ce parti en 2007.

     

    Bref, une chatte n’y reconnaîtrait plus ses petits. Alors que faire. Aller voter tranquillement sans se préoccuper de ce qui se dit. Et respecter l’expression démocratique des suffrages.

     

  • Intermède sanglant en Syrie

    Intermède sanglant en Syrie

    Dans quelques décennies, nous ne serons plus là et les historiens diront que le peuple syrien, dans sa lutté héroïque pour se débarrasser du clan des Assad, a subi une très sanglante répression, au motif que deux puissances, siégeant au conseil de sécurité de l’ONU ont décidé de soutenir leur bourreau… C’est cela la vérité, rien d’autre.

     

    Comme chaque jour, j’ai suivi sur al-jazeera et al-arabiya les vidéos filmés dans les rues et les marchés de Damas et des autres villes. J’y ai vu le couple Assad jouant les belles âmes, offrant des paquets à des gens qui les embrassent et les prennent dans leurs bras. Une scène idyllique mais que les télévisions satellitaires arabes font suivre des vrais faits : les bombardements des villes, les incendies des maisons et la mort d’enfants, de femmes et de vieillards.

     

    On explique ce regain de tension par de nouvelles et nombreuses désertions de soldats qui retournent leurs armes contre leurs compagnons d’hier : on a donc affaire à une sérieuse partition de l’armée nationale où deux camps s’affrontent, les armes à la main.

     

    Les ministres arabes des affaires étrangères se sont réunis mais le Qatar n’est pas d’accord et n’accorde que 3% de chance de succès à l’envoi d’observateurs. Il menace d’aider le peuple syrien à se défendre : en clair, de fournir armes et munitions aux insurgés. Si cela arrivait, ce serait un véritable tournant dans la guerre. Et les jours des Assad seraient comptés.

     

    Que va-t-il se passer ? Nul ne le sait mais les espoirs d’un retour au calme s’amenuisent. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que les insurgés finiront par l’emporter, mais quand et à quel prix ? Le pays est ruiné, exsangue, je me demande même comment on paie les fonctionnaires…

     

    Attendons et voyons. Mais jamais le gouvernement de ce pays ne respectera le cessez le feu…

  • le mur de séparation entre Israël et les Palestiniens

    le mur de séparation entre Israël et les Palestiniens

     

    Hier ou avant-hier, je crois, cela faisait dix ans que l’Etat d’Israël, pour se protéger des attentats, a décidé d’ériger un mur de séparation entre lui et ses voisins. Cela paraît effectivement assez désolant, voire même contraire à la vocation universaliste du message spirituel dont Israël se veut le porteur. Mais nécessité faisant loi, il fallut se résoudre à ce pis aller. Depuis l’érection de cette barrière de sécurité, les attentats ont, selon les experts, considérablement baissé au point de se situer à un niveau résiduel.

     

    Comment juger cette situation après une décennie ? Le mur ou la barrière, appelez cette séparation comme vous voudrez, signifie un peu un constat d’échec. Que l’on me comprenne bien : il n y a pas l’ombre d’un doute sur la légitimité des juifs à vivre dans leur patrie ancestrale. Et ce n’est pas la longueur de l’exil (deux interminables millénaires) qui pourra remettre en cause cette légitimité. Mais il faut adopter une attitude moins dogmatique de part et d’autre pour aboutir enfin à un règlement. Chaque partie doit traduire en termes rationnels sa propre mythologie, notamment d’essence religieuse, afin de dégager l’horizon. Envisager l’avenir sans s’en référer constamment au passé

     

    Mais imaginer un Etat juif entouré d’implacables ennemis et devant se replier sur lui-même pour ne pas être détruit, voilà une situation qui conduit à s’interroger non pas sur l’essence du sionisme mais sur la culture des pays environnants qui n’ont pas vraiment renoncé à leur projet initial : ne jamais accepter une entité politique autre qu’arabo-musulmane dans cette région du monde. L’exemple tragique des chrétiens d’Orient est hélas très instructif à cet égard.

     

    Rendez vous compte : les secousses qui ont balayé une bonne partie des régimes arabes, depuis Saddam Hussein (pour d’autres raisons) jusqu’à Ben Ali, n’ont pas vraiment donné lieu à un printemps, symbole d’une nature en pleine floraison et en paix avec elle-même. Ces secousses ont, au contraire, précipité tous ces pays dans l’incertitude la plus préoccupante. Et concernant le mur, la situation de l’Egypte conduit Israël a instaurer une nouvelle barrière, longue de plus de 200 km pour interdire les infiltrations à partir de la péninsule du Sinaï.

     

    Est ce que cette situation peut perdurer ? Evidemment, elle perdurera aussi longtemps qu’il faudra, mais elle met à mal les idéaux les plus sacrés d’Israël, la nature universaliste de son message éthique, la voix puissante des prophètes bibliques qui envoyaient leurs oracles jusqu’aux confins de la terre, eux qui inventèrent l’humanité historique, mettant à bas toutes les barrières (j’ai bien dit toutes les barrières)… Et voilà que leurs descendants, pour se protéger et survivre, doivent se couper , non pas du reste du monde, mais de leurs voisins immédiats, mus par une haine recuite qui paraît inexpiable….

     

    Alors, devons nous dire que la sécurité d’Israël, condition de sa survie, est devenue incompatible avec la vocation bimillénaire de ce même état d’Israël ? Ce serait terrible car cela signifierait que, pour exister, Israël doit renier les valeurs justifiant sa venue au monde et sa persistance dans l’Histoire. Dans son Histoire d’Israël Renan attirait déjà l’attention sur ce douloureux dilemme : quand on a été choisi pour écrire l’humanité dans son ensemble, on doit se sacrifier soi-même. C’est peut-être un peu excessif mais c’est bien vu…

     

    Relisez les premiers chapitres du livre d’Isaïe (VIIIe siècle avant JC), mon prophète préféré, et vous serez saisi par son humanisme illimité (le contraire des barrières), sa foi en D- et en l’homme et son enthousiasme débordant… Ce même Isaïe qui rêvait d’une montagne de Sion, où afflueraient les peuples, épris de paix et désireux de rendre hommage au Créateur dans la concorde et la fraternité.

     

    Sans vouloir le moins du monde critiquer nos amis israéliens, il faut bien dire que sur ces points précis, le sionisme trouve ici ses limites. Est ce la faute d’Israël ? Non point. C’est surtout l’héritage pluriséculaire d’un enseignement injuste, de siècles de haine religieuse.

     

    Si je traduisais le message d’Isaïe en langage de notre temps, je dirais qu’Israël est une chance, un espoir pour les pays arabes qui l’entourent. L’hébreu est une langue sœur de l’arabe, deux idiomes majeurs du groupe sémitique nord… La religion musulmane doit beaucoup à la révélation du Sinaï. Quant au développement économique et culturel à la fois, Israël a fait ses preuves, même loin de ses frontières, notamment en Afrique et en Amérique du sud. Pourquoi ne pas faire profiter les Arabes de la technologie israélienne ? Dessaler l’eau de mer, lutter contre la maladie, l’ignorance et la misère. Faire refleurir le désert, irriguer les cultures, former les jeunes aux métiers d’avenir au lieu de dépenser des sommes colossales dans un armement nécessaire à la survie…

     

    C’est ce même prophète Isaïe (dont Renan disait qu’il avait inventé le christianisme huit siècles avant Jésus) qui affirmait que, pour Israël, rien ne vaut la paix.

     

    Mais un autre prophète lui répondra, comme en écho, la phrase suivante : la paix, la paix, oui, mais elle n’est pas au rendez vous… (shalom, shalom we-eyn shalom)