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Vu de la place Victor-Hugo - Page 806

  • L’islam et la République

    L’islam et la République

     

    Après l’attentat de Toulouse, les choses pour les musulmans de France ne se présentent plus de la même manière qu’avant. Certes, quelques milieux ont une attitude ambivalente, voire ambiguë, mais il serait exagéré et injuste d’assimiler tous les musulmans à des terroristes. C’est pourtant ce qui se passe dans certains secteurs de la société française, horrifiée par des actesinhumains et proprement barbares. En fait, il ne faut pas parler de l’islam, mais des musulmans et considérer cette appartenance éthique et religieuse comme un simple fait culturel. Une attache confessionnelle.

     

    Aujourd’hui, alors que les musulmans de France ou une bonne partie d’entre eux se rassemblent au Bourget pour suivre le mot d’ordre de l’UOIF, un certain nombre de voix se sont fait entendre pour rappeler quelques principes républicains de base : pas d’appel à la haine religieuse, pas d’incitation au combat des autres religions ou tout autre motif de trouble à l’ordre public. Cette mise en garde, venue du plus haut niveau de l’Etat, a un peu choqué certains musulmans qui se sont plaints d’un éventuel amalgame.

     

    J’ai entendu ce matin à la radio, en me rendant au culte pour la fête de Pessah, des jeunes filles se plaindre d’être rejetées des deux côtés/. Lorsqu’elles se rendent dans leur pays d’origine, les autochtones les traitent de françaises avec dédain et, ici, on les traite d’Arabes, donc de non-françaises. J’ai été sensible à cette plainte mais je dois tout de même dire que pour être admis totalement en France, il faut s’intégrer. Et s’intégrer, ce n’est pas rappeler par sa mise vestimentaire ou des signes religieux ostentatoires, qu’on est autre. On peut veiller à l’altérité, si chère au philosophe français Lévinas, mais cette altérité se passe au fond, dans le cœur de l’invité, dans son moi profond, elle n’a guère besoin de s’afficher comme certains le font. Faute de quoi, cette expression de la différence devient de la provocation. Ce qui suscite les réactions que l’on connaît.

     

    Aujourd’hui, Juifs et Chrétiens, unis par les liens d’une ancienne religion commune à l’origine, fêtent séparément et différemment la Pâque : pour les premiers, il s’agit de commémorer la sortie d’Egypte, l’Exode, considéré comme le premier événement nationale du peuple hébreu en tant que peuple. Il n’en n’existe pas d’autre, si ce n’est le rappel de l’adventicité de l’univers suite à l’œuvre divine de la Genèse. Pour les autres, il s’agit de la Résurrection, un acte majeur sans lequel tout le catholicisme s’effondre : il faut que Jésus ait triomphé de la mort, faute de quoi tout l’édifice construit sur lui s’écroule…

     

    Ces deux religions vivent dans l’attente d’un Sauveur, rédempteur d’une humanité à la fois pécheresse et souffrante, bref elle sont en gésine d’un libérateur. Ne retenons pas nécessairement l’idée d’un péché originel, pourtant marquée dans les premiers versets du Psaume LI (Dans la faute est mon origine, dans le péché ma mère m’a conçu…), gardons plutôt en mémoire l’idée que la nature humaine dépend grandement d’une force qui l’a mis au monde et qui lui est nettement supérieure. Cela s’appelle l’espérance eschatologique laquelle bannit la guerre, la domination, le crime, le sang versé et la barbarie pour faire place au royaume de la paix infinie… Le temps historique s’est figé en éternité. L’humanité est parvenue au stade ultime de son accomplissement.

     

    Comment les autres nationalités ou les vagues d’immigration se sont-elles intégrées harmonieusement en France ? Certes, les peuples d’extraction chrétienne n’ont eu aucune difficulté à se fondre, à cohabiter et à s’identifier avec ce qui les entoure ainsi qu’avec l’histoire du puys où ils vivent.

     

    Je dis bien vivent et non pas seulement habitent, c’est toute la différence.

     

    Mais alors les Juifs, comment ont-ils réussi leur intégration au point que peu de décennies après la Révolution ils ont été (certes, avec quelques inévitables aléas, e.g. l’affaire Dreyfus) intégrés dans la socio-culture française. Quand j’étais jeune étudiant, j’ai souvent écouté la blague juive suivante : qu’est-ce qui sépare un marchand ambulant juif d’un polytechnicien de même confession ? Réponse : une génération !! Comme tous les mots d’esprit juifs (e.g. Sigmund Freud), celui-ci est d’une grande densité.

     

    Il est un point qui est loin d’être un détail et qui pourrait , si on le réglait, grandement faciliter l’intégration de tous les ressortissants musulmans en France : il faut se considérer comme une communauté religieuse, une simple religion, et non une communauté nationale, un peuple. Faute de quoi, c’est un peuple au sein d’un autre, ou en latin, un status in statu, un Etat dans l’Etat. C’est d’ailleurs ce à quoi appellent les gouvernants lorsqu’ils parlent d’une appartenance pleine et entière à la communauté nationale, reléguant la religion dans la sphère privée.

     

    Jean-Pierre Chevènement que j’ai bien connu quand il était Place Beauvau m’avait dit lors d’un déjeuner que ses interlocuteurs musulmans lui opposaient la oumma, la nation musulmane, lorsqu’il leur tenaient le discours intégrationniste que je viens de résumer.

     

    Et c’est là tout le problème.

  • Pessah

    Pessah et Pâques chrétiennes…

    Il n’est pas inutile, dans le présent contexte, de dire un mot de la divergence d’interprétation de cette fête chez les juifs et chez les chrétiens. Le récit vétéro-testamentaire de l’Exode est univoque mais les adeptes de l’Eglise primitive, tout juifs qu’ils étaient, l’ont interprété dans un autre sens, celui de la Résurrection tout en s’appuyant sur des versets prophétiques. Donc en restant dans le cadre juif, quoique non rabbinique.

    L’Exode, d’une part, tel que le relate la Bible hébraïque, et la Résurrection de Jésus, telle qu’elle se lit dans les Evangiles, d’autre part, sont des événements majeurs de l’Histoire sainte. En termes de sociologie religieuse, on pourrait parler de «mythes fondateurs» qui gisent à la base même de la foi. Comme le recommandait Ernest Renan dans son Histoire des origines du christianisme, il ne sert à rien de bannir la légende puisqu’elle est la forme que revêt nécessairement la foi de l’humanité.

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  • Le Mali, nouvel Afghanistan d’Al-Quaida en Afrique ?

    Le Mali, nouvel Afghanistan d’Al-Quaida en Afrique ?

     

    Serait-ce l’hydre à dix têtes qui repoussent chaque fois qu’on en coupe une ? Al-Qaida rejaillit là où on l’attendait, mais pas aussi vite ! Comment est- ce possible ? Le problème, c’est la constitution même des Etats africains, partis pour l’indépendance, sans jamais l’avoir préparée sérieusement. Comment voulez vous exercer une authentique souveraineté, un vrai gouvernement, bref une vie étatique digne de ce nom, quand vous n’avez pas d’argent, pas d’économie sérieuse, pas d’armée, pas de nourriture suffisante pour entretenir votre population ?

    Combien d’Africains ont assez à manger et de l’eau potable à boire ? Quand on voit dans le XVIe arrondissement le côté majestueux de leurs ambassades, les voitures de luxe de leurs diplomates, les banquets qu’ils offrent dans les relais et châteaux de Paris et les emplettes que leurs dirigeants font pour leurs dames dans les plus beaux magasins (où ils paient en espèces), on est ébahi…

    Ce qui arrive au Mail (dont 120.000 ressortissants vivent en France) n’est que l’illustration de ces dysfonctionnements criants. Voici un pays dont la superficie dépasse plusieurs fois celle de la France mais dont l’armée ne fait même pas le poids face à quelques poignées de rebelles Touaregs ou d’Al-Qaïda, lesquels ont déjà conquis une bonne partie du nord de ce pays…

    Jadis on critiquait la France et son rôle de gendarme de l’Afrique. Aujourd’hui, c’est ce quarteron d’officiers qui a pris le pouvoir sottement et sans réflexion qui appelle à l’aide… Pendant ce temps, les organisations africaines, pourtant menacées par l’avancée rapide d’Al-Qaïda, se livrent à d’interminables palabres. Alors qu’il faudrait agir vite.

    Si les Africains en faisaient enfin la demande, l’armée française réduirait en quelques heures ces rebelles, et ce par une simple intervention aérienne. Dans la région, le seul pays, en mesure de stopper l’avance des islamistes, est l’Algérie dont les finances lui permettent d’entretenir une flotte aérienne militaire digne de ce temps et des moyens de transports adéquats.

    L’Afrique n’a pas pris le bon départ. Elle doit réfléchir sur son orientation et son avenir. La mal gouvernance a déjà fait assez de mal.

    Il est grand temps d’en changer. Sinon Al-Qaïda va se tailler un nouvel Afghanistan de la taille de tout un continent, l’Afrique !