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Vu de la place Victor-Hugo - Page 819

  • Israël pourra-t-il frapper seul l’Iran ?

    Israël pourra-t-il frapper seul l’Iran ?

    C’est peu probable. Alors à quoi riment toute cette batterie de petites phrases, de menaces à peine voilées, de part et d’autre, de tergiversations apparentes entre alliés, notamment ces alliés indéfectibles que sont les USA et Israël ? La question mérite d’être posée. Car on assiste depuis plusieurs semaines à une sorte de guerre à fleurets mouchetés entre ces puissances qui ne peuvent guère diverger sur un point essentiel qu’est l’évolution dangereuse du régime islamiste de Téhéran.

    Lors de son discours historique à l’université du Caire, du temps où M. Obama donnait l’accolade à son collègue égyptien Hosni Moubarak, le président US avait dit devant tous ces Arabes réunis chez eux que le lien avec Israël est incassable (The link with Israel is unbreakable). Il avait donc proclamé haut et fort, et sans ambiguïté possible, l’alliance indéfectible avec l’Etat d’Israël… Bien que la tenue de ce discours fût une erreur (et j’en veux pour preuve les révolutions arabes, peu après, qui n’épargnèrent pas l’équipe dirigeante égyptienne), il eut au moins le mérite de dire les choses clairement.

    Alors si tel est le cas, si les USA et Israël sont intimement liés, encore plus que les doigts de la main, pourquoi ces divergences étalées au grand jour ? Il semble que nous soyons en présence d’une stratégie visant à tromper l’Iran et à endormir sa vigilance. J’ai presque envie de recourir à un terme qui semble être très affectionné lors de cette campagne présidentielle en France, l’enfumage ou enfumer l’adversaire.

    La visite de Benjamin Netanyahou d’abord au Canada où le premier ministre Harper est un allié inconditionnel de l’Etat juif et ensuite aux USA insinuent dans ce même sens : les alliés en question vont sûrement préparer un plan pour priver l’Iran de sa bombe atomique et par là même changer le régime politique de ce pays.

    Les commentaires et analyses de la presse internationale, ceux des USA exceptés, ne font pas assez le départ entre ces deux choses : le maintien du régime en place, d’une part, et l’acquisition de l’arme nucléaire d’autre part. Les Mollahs, eux, ont bien compris, qu’ils seraient indélogeables s’ils avaient la bombe. Or, les puissances occidentales cherchent, volontairement ou involontairement, à faire tomber le régime puisqu’ils veulent le priver de son arme fatale…

    On imagine toujours que la prise à partie de l’Iran se fera par des chasseurs bombardiers intervenant en pleine nuit, c’est-à-dire au vu et au su de tous. Je doute qu’il en soit ainsi. Je pense plutôt à une guerre informatique souterraine, à des actes de sabotage à l’intérieur même de l’armée des gardiens de la révolution et en exploitant au mieux les frustrations, les dissensions au sein même du régime.

    L’Iran, déjà très stressé par les sanctions économiques, ne pourra pas éviter des troubles intérieurs et pourrait, se sentant acculé, se livrer à des provocations qui déclencheraient une véritable confrontation. Et dans ce cas, ce ne seront plus seulement Israéliens et Américains qui agiraient, surtout que l’Iran n’hésiterait pas à s’en prendre au détroit d’Ormuz…

    Imagine-t-on un Iran dépourvu d’armes réellement sophistiquées (avions de chasse, bombardiers) et qui a subi de graves actes de sabotage contre ses bases de missiles balistique) réagir puissamment contre cette formidable armada que sont les USA, Israël, l’Allemagne, la Grande Bretagne, toute l’Europe, et même les monarchies du Golfe, qui sont, elles directement menacées ?

    A moins que l’Iran, comme je l’expliquais hier, ne suive l’exemple de la Corée du Nord et abandonne son programme nucléaire. Mais subsisterait le problème du régime.

    Attendons de voir ce que diront les diplomates professionnels.

  • ’Iran serait bien inspiré d’imiter la Corée du Nord

    L’Iran serait bien inspiré d’imiter la Corée du Nord

    Oui, la Corée du nord vient de nous surprendre, à moins que tout ne trompe. Mais je ne le pense pas. Je crois assurément que les mesures de rétorsion, le blocus économique et surtout, la famine de tout un peuple, ont fini par avoir raison de l’opiniâtreté d’un seul homme, Kim Il Sung dont la disparation a entrainé de grands changements dans la direction du parti communiste de la Corée du Nord.

    Il n’aura fallu que quelques mois pour que ce changement éclate au grand jour. Certes, la Chine, l’alliée inconditionnelle de cette Corée, a joué un rôle non négligeable et l’affaire syrienne n’est peut-être pas étrangère à cette démarche : au plan international, la Chine ne pouvait plus se permettre de s’afficher impunément aux côtés des terroristes et des assassins de leur peuple de toute la planète…

    Le rapprochement avec l’Iran est tentant, même si leurs fanatismes respectifs se valent et même si les maîtres actuels de Téhéran iraient bien plus loin que leurs acolytes nord coréens. Il semble que les mesures économiques aient fini par porter : de manière assez honteuse, la Corée du Nord cesse ses activités nucléaires en échange de que deux cent mille tonnes de nourriture !…

    Pouvons nous espérer une telle démarche de la part des Iraniens ? C’est peu probable. Ce qu’il faudrait, c’est aider en sous main l’opposition dans ce pays, laquelle, sans violence aucune, mettrait à mal le pouvoir en place.

    On dit que la tenue en ce jour même d’élections n’a guère d’importance, ce n’est pas si sûr. Même si le pouvoir en place risque de se scinder en deux camps opposés, les résultats seront les mêmes : nous avons affaire à des faucons et à des super faucons… Ces hommes communiquent ou croient communiquer avec D-, ils ne reconnaissaient que leur autorité qu’ils déclarent tirer du Ciel…

    Comment voulez vous négocier avec des gens qui prétendent prendre le thé à la menthe chaque après-midi avec le Seigneur ?

  • De la Métaphysique à la métapolitique : Réflexions (désabusées) sur une campagne électorale

    De la Métaphysique à la métapolitique :

    Réflexions (désabusées) sur une campagne électorale

    Enfin rentré d’Espagne dont le soleil et le chaleur humaine me manquent déjà cruellement sous la brume parisienne, je jette un coup d’œil inquiet sur la pile de journaux qui m’attendent. J’écoute aussi la radio, même si à Salamanque j’ai écouté sur l’I phone l’interview de N.S. sur RTL, comme si j’y étais. Mais pour le reste, j’en étais réduit aux bulletins de France 24.

    Je dois dire d’emblée que le repos et la distance par rapport au débat politique m’ont permis de jeter un regard nouveau sur ce qui se passe, et en particulier les débats, les confrontations et les promesses des uns et des autres à l’intention des électeurs. Cette distance m’a quelque peu dégrisé, même si ceux qui me lisent régulièrement savent de quel côté penche mon cœur… Eh bien, aujourd’hui, même sur ce point je suis un peu désabusé, même si je ne donnerai pas mon suffrage à des candidats qui promettent monts et merveilles.

    Gravement déçu par le niveau des débats, toutes ces promesses qui virevoltent sous nos yeux, ces candidats qui se contredisent matin et soir, qui ne disent pas la vérité sur l’état réel des finances publiques (à l’exception de François Fillon qui avait eu le courage de dire publiquement qu’il était à la tête d’un Etat en faillite), j’ai tenté de mobiliser ce que j’ai appris de l’histoire des systèmes politiques et la direction des affaires publiques depuis l’Antiquité. Dans le seul but de m’orienter théoriquement.

    Platon et Aristote ont, à des degrés divers, enseigné que la cité devait être régie par des hommes de qualité, honnêtes et dévoués à l’intérêt général. Platon, notamment, qui constitue le fondement indispensable à toute notre histoire politique, enseigne que ces dirigeants doivent former des disciples apes à prendre la relève afin que la cité ne soit pas livrée à elle-même, sans loi ni règle. C’est seulement après avoir assumé leur tâche jusqu’au bout qu’ils partent, à la rame, vers les îles des bienheureux où ils finiront leur vie dans la méditation et la préparation à la vie éternelle.

    Quel idéalisme platonicien, tempéré par le pragmatisme d’un Aristote qui, ayant été le précepteur d’Alexandre le grand, avait une meilleure intelligence des voies de ce monde et de la réelle nature humaine.

    Les Grecs avaient établi une relation indispensable entre la Métaphysique et la Politique : ils considéraient que l’art de gouverner les hommes, la manière d’organiser la vie en société, devaient s’appuyer sur des connaissances qui dépassent les chemins du monde physique : en somme, que les hautes spéculations ne devaient pas être coupées de notre existence quotidienne. Et que la société était une sorte de débouché pour la Métaphysique. C’est pour cela qu’ils parlèrent du macrocosme (l’univers) et du microcosme (homme, univers en miniature). Ils érigèrent même comme modèle souhaitable pour l’homme parfait, la macroanthropos, l’homme complet, parachevé…

    On peut dire que l’authentique vocation de la politique consiste à ne pas mentir, à penser le vrai et à faire le bien au bénéfice de tous. Face à la Métaphysique, les Grecs ont donc aussi inventé la Métapolitique, une science aux visées élevées, même si Athènes elle-même n’a pas toujours suivi ce chemin vertueux.

    Mais aujourd’hui que voyons nous, qu’entendons nous ? Tel candidat se contredit matin et soir, tel autre dit avoir concrétisé toutes ses promesses, telle autre se plaint de ne pas avoir toutes les signatures pour avaliser sa candidature…

    Tel débat télévisé (que j’ai entrevu à Madrid) tourne à la mascarade devant quelques millions de téléspectateurs, et chaque matin que D- fait donne l’occasion aux uns et aux autres de dire un certain nombre de choses censées entretenir artificiellement un débat dépourvu d’une réelle consistance.

    Une chose demeure sûre et certaine : quel que soit l’heureux élu (et nous pensons bien que ce sera celui qui a le plus d’expérience du pouvoir, quoiqu’en disent les sondages actuellement), la tâche sera ardue. Et, en toute honnêteté, le challenger de gauche n’est pas vraiment prêt.

    Hier à Madrid, ville joyeuse et à l’atmosphère toujours festive, j’ai entendu le président du conseil espagnol dire que la situation était préoccupante…

    C’est aussi cela, l’art de la politique, utiliser des épithètes que chacun peut comprendre et interpréter à sa façon. Mais c’est aussi un risque grave que Fr Schiller dénonçait déjà dans sa célèbre pièce de théâtre, Die Räuber, les brigands en écrivant : Die Nichstwürdigen werden mit List regieren…

    La ruse est devenue un mode de gouvernement.

    Maurice-Ruben HAYOUN

    TDG du 1er mars