Israël pourra-t-il frapper seul l’Iran ?
C’est peu probable. Alors à quoi riment toute cette batterie de petites phrases, de menaces à peine voilées, de part et d’autre, de tergiversations apparentes entre alliés, notamment ces alliés indéfectibles que sont les USA et Israël ? La question mérite d’être posée. Car on assiste depuis plusieurs semaines à une sorte de guerre à fleurets mouchetés entre ces puissances qui ne peuvent guère diverger sur un point essentiel qu’est l’évolution dangereuse du régime islamiste de Téhéran.
Lors de son discours historique à l’université du Caire, du temps où M. Obama donnait l’accolade à son collègue égyptien Hosni Moubarak, le président US avait dit devant tous ces Arabes réunis chez eux que le lien avec Israël est incassable (The link with Israel is unbreakable). Il avait donc proclamé haut et fort, et sans ambiguïté possible, l’alliance indéfectible avec l’Etat d’Israël… Bien que la tenue de ce discours fût une erreur (et j’en veux pour preuve les révolutions arabes, peu après, qui n’épargnèrent pas l’équipe dirigeante égyptienne), il eut au moins le mérite de dire les choses clairement.
Alors si tel est le cas, si les USA et Israël sont intimement liés, encore plus que les doigts de la main, pourquoi ces divergences étalées au grand jour ? Il semble que nous soyons en présence d’une stratégie visant à tromper l’Iran et à endormir sa vigilance. J’ai presque envie de recourir à un terme qui semble être très affectionné lors de cette campagne présidentielle en France, l’enfumage ou enfumer l’adversaire.
La visite de Benjamin Netanyahou d’abord au Canada où le premier ministre Harper est un allié inconditionnel de l’Etat juif et ensuite aux USA insinuent dans ce même sens : les alliés en question vont sûrement préparer un plan pour priver l’Iran de sa bombe atomique et par là même changer le régime politique de ce pays.
Les commentaires et analyses de la presse internationale, ceux des USA exceptés, ne font pas assez le départ entre ces deux choses : le maintien du régime en place, d’une part, et l’acquisition de l’arme nucléaire d’autre part. Les Mollahs, eux, ont bien compris, qu’ils seraient indélogeables s’ils avaient la bombe. Or, les puissances occidentales cherchent, volontairement ou involontairement, à faire tomber le régime puisqu’ils veulent le priver de son arme fatale…
On imagine toujours que la prise à partie de l’Iran se fera par des chasseurs bombardiers intervenant en pleine nuit, c’est-à-dire au vu et au su de tous. Je doute qu’il en soit ainsi. Je pense plutôt à une guerre informatique souterraine, à des actes de sabotage à l’intérieur même de l’armée des gardiens de la révolution et en exploitant au mieux les frustrations, les dissensions au sein même du régime.
L’Iran, déjà très stressé par les sanctions économiques, ne pourra pas éviter des troubles intérieurs et pourrait, se sentant acculé, se livrer à des provocations qui déclencheraient une véritable confrontation. Et dans ce cas, ce ne seront plus seulement Israéliens et Américains qui agiraient, surtout que l’Iran n’hésiterait pas à s’en prendre au détroit d’Ormuz…
Imagine-t-on un Iran dépourvu d’armes réellement sophistiquées (avions de chasse, bombardiers) et qui a subi de graves actes de sabotage contre ses bases de missiles balistique) réagir puissamment contre cette formidable armada que sont les USA, Israël, l’Allemagne, la Grande Bretagne, toute l’Europe, et même les monarchies du Golfe, qui sont, elles directement menacées ?
A moins que l’Iran, comme je l’expliquais hier, ne suive l’exemple de la Corée du Nord et abandonne son programme nucléaire. Mais subsisterait le problème du régime.
Attendons de voir ce que diront les diplomates professionnels.