L’Iran, le pétrole et l’arme nucléaire…
Les démocraties occidentales ne comprennent pas les Orientaux et encore moins les Iraniens, descendants d’un ancien peuple, passé maître dans l’art des arguties juridiques et qui n’a pas son pareil pour concevoir, oserais-je dire, excogiter, des exégèses compliquées pour notre mentalité cartésienne.
Cette réflexion m’est dictée par les récentes réactions des gouvernements européens et américains aux propositions iraniennes de renouer le contact et de négocier au sujet du dossier nucléaire. Les commentateurs parlent de signaux contradictoires : d’un côté, Téhéran lance des communiqués triomphalistes à la télévision concernant ce même dossier nucléaire, affirmant que rien, absolument rien ne l’arrêtera, et envoie deux navires de guerre (d’un autre âge, comparés à la VIe flotte US) franchir le canal de Suez, et de l’autre, on écrit une lettre à Madame Ashton demandant de manière pressante la reprise rapide des négociations…
Le journaliste moyen, le commentateur indigent (et D- sait qu’il y en a) ne comprend pas, prisonnier de son cartésianisme et de sa culture évangélique qui se fonde sur la sincérité, le principe de l’identité et de la contradiction… Comment peut on dire ou faire une chose et son contraire ? C’est pourtant un fait culturel que même les Arabes connaissent sous le vocable de taqiya, l’art qui consiste à occulter par la parole le fonds véritable de sa pensée
Un bref regard jeté sur ces dix dernières années nous livre la grille de lecture de cette mentalité : depuis près de dix ans, l’Iran a mené ce que les médiévistes nomment le drapier des lanciers, une sorte de danse qui consiste à faire un pas en avant et trois pas en arrière… Les Iraniens se savent menacés et acculés, ils savent aussi que leur régime ne sera préservé que par l’acquisition de l’arme nucléaire, bref ils veulent devenir une sorte de Corée du nord en plein Proche Orient, seule assurance-vie ou garantie de survie de leur régime. Avec une touchante naïveté les Occidentaux leur ont tenu un discours cartésien dont les maîtres actuels de Téhéran se gaussent depuis longtemps : la bombe ou la survie du régime ? Mais ils veulent les deux car ils savent bien que les coups récemment portés à leur économie par les sanctions leur compliquent la tâche.
Les Israéliens qui se débattent dans ce maelström depuis leur existence savent à quoi s’en tenir, ils ne vont pas tarder à frapper les installations nucellaires iraniennes, persuadés que les monarchies pétrolières du Golfe ne supporteront jamais un Iran nucléarisé ! Imaginez alors ce que sera le marché du pétrole ou même l’OPEP avec un Iran doté de la bombe. Aucun pays n’osera s’opposer à la politique iranienne, je dis bien aucun !
Autre exemple de l’étonnante démarche iranienne et que nous qualifions, nous, de duplicité, alors que c’est, à leurs yeux, une façon de se comporter comme une autre : alors que l’Europe a déjà voté un embargo sur le pétrole iranien, ce gouvernement émet un communiqué interdisant la vente d’hydrocarbures à la France et à la Grande Bretagne ! Mais ce pays n’importe plus la moindre goutte d’hydrocarbure d’Iran et quant à la France ses achats se limitent à environ 3% !
Je m’interroge souvent sur le mode de formation de nos hommes politiques et de nos diplomates… L’idéologie même du régime des Mollahs est incompatible avec la paix dans la région. Le président Obama semble l’avoir compris, lui qui a envoyé son conseiller pour la sécurité nationale en mission en Israël. Lequel pays ne va pas tarder à s’en prendre à l’Iran mais pas nécessairement avec des escadrilles de chasseurs bombardiers.
Il ne faut pas oublier que le judaïsme avait déjà rencontré la religion perse durant l’Antiquité et qu’une bonne partie de la littérature talmudique est née à l’ombre de l’empire sassanide. Partant, les militaires israéliens connaissent bien, par tradition, la mentalité iranienne. Et un ancien chef d’Etat-major, devenu ministre de la défense de son pays, est né en… Iran.