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Vu de la place Victor-Hugo - Page 919

  • La fête de chavouaoth, la Pentecôte juive.

    La fête de chavouaoth, la Pentecôte juive.

     

    Les juifs du monde entier fêtent depuis hier et aujourd’hui encore (hormis Israël où l’on ne commémore qu’une seule journée) la fête de chavouoth. Ce terme hébraïque, utilisé au pluriel, signifie les semaines, en référence au sept semaines, 49 jours qui nous séparent de Pessah, la sortie d’Egypte. Le cinquantième jour, c’est la Pentecôte.

    Pour la tradition juive, c’est le jour de la remise des tables de la Loi à Moïse, donc du don de la Tora. Dans le rite synagogal on récite les passages de l’Exode (chapitre XX) parlant de la Révélation, donc du Décalogue. L’exégèse midrachique établit une nette différence entre la sortie d’Egypte et le don de la Tora. Le premier événement fondateur établit une libération tandis que le second marque la liberté. Pour la tradition juive, la Loi donne à l’homme la possibilité d’être libre, donc de ne pas être le jouet de ses sens. De s’élever. Pour vivre libre, il faut obéir à une loi divine qui vous fait sortir de l’animalité pour vous élever vers l’humanité. Se donner à une loi à soi-même et vivre en conformité avec elle, c’est presque imiter le fonction divine. En devenant son propre législateur, l’homme, obéissant à la loi de Dieu, transcende sa condition humaine. C’est ce que nous enseigne le grand philosophe juif néo-kantien, Hermann Cohen (ob. 1918).

    La Tora est censée nous aider à établir un ordre éthique sur terre. Pour cela, il fallut aider l’homme à se gouverner lui-même. A cet effet, l’assistance divine était indispensable. Mais qu’en est-il aujourd’hui, où les lois civiles régissent toutes les sociétés du monde civilisé et où la notion même de fait religieux est contestée ?

    La croyance a droit à notre respect, mais on peut dire aussi que la foi religieuse correspondait à un degré de connaissance de l’humanité. D’ailleurs, le juriste allemand du début du XXe siècle, Carl Schmitt avait expliqué dans son ouvrage Politische Theologie que tous les idéaux des sociétés laïques dérivaient de thèmes théologiques sécularisés. Cet éminent juriste qui avait flirté au début de sa carrière avec les Nazis était un partisan de la révolution conservatrice. Mais on oublie deux petites choses qui montrent que les choses ne sont pas toujours si évidentes : c’est ce même Carl Schmitt qui remarqua le jeune Léo Strauss, brillantissime philosophe juif allemand qu’il recommanda pour une bourse d’études au Royaume Uni, lui évitant ainsi une mort certaine en déportation s’il avait dû revenir dans l’Allemagne national-socialiste… Lorsque l’Etat d’Israël fut fondé, il y eut une certaine effervescence dans les bibliothèques universitaires spécalisées : on cherchait désespérément un exemplaire d’un livre du juriste Carl Schmitt (Théorie de la constitution, 1928) pour s’en inspirer dans l’écriture de la loi fondamentale du jeune Etat…

  • Pour ou contre l’assistanat social : RSA ou RMI ?

    Pour ou contre l’assistanat social : RSA ou RMI ?

     

    L’approche des élections présidentielles en France provoque un certain nombre de débats salutaires. Vu la persistance, pour ne pas dire la pérennité de la crise, on en vient à se poser des questions sur la notion même de solidarité sociale, l’entre aide que les membres d’un même groupe social sont tenus, moralement, de se porter les uns aux autres. tous les Etats démocratiques ont adopté le système de l’aide sociale : l’assurance-maladie, l’assurance-chômage, l’assurance-vieillesse. Si vous perdez votre travail, si vous tombez malade et si vous êtes trop vieux pour continuer à avoir une activité professionnelle, vous devez avoir droit à un soutien émanant de la société dans son ensemble. C’est la charte même d’une humanité civilisée et cela s’appelle l’éthique sociale.

    Depuis quelque temps, l’UMP préconise que ceux qui, au titre du RSA, reçoivent une aide de la société, s’engagent à donner quelques heures de leur temps par semaine, en compensation de ce qui leur est offert. Par exemple, des travaux d’intérêt général. Est-ce une mauvaise chose ? Je ne le crois pas. Après tout, cela permet, sans déclassement ni humiliation, de réintégrer le circuit de l’emploi et de retrouver une certaine dignité à ses propres yeux. Certes, nul n’est dans le besoin de manière joyeuse, nul ne se réjouit d’être au chômage ou en arrêt-maladie… Mais la situation est devenue telle qu’il faut réagir.

    Sait-on que la France consacre 30% de son produit intérieur brut à des redistributions sociales ? Je trouve que nous devons être solidaires les uns des autres, ne laisser personne sur le bord de la route ni dépourvu de soins, mais dans la mesure où l’on est en situation d’offrir une contre-partie à la société dans laquelle on vit, il faut le faire.

    Le problème est qu’en France on ne peut jamais aborder sereinement ces problèmes qui sont pourtant d’un intérêt vital. Car il saute aux yeux que nous pourrons plus continuer sur cette lancée, en raison de la raréfaction des richesses, de la montée du chômage et du creusement des déficits sociaux.

    Que faire d’autre ? Je me le demande…

  • La Syrie, la fin du monolithisme granitique

    La Syrie, la fin du monolithisme granitique

    Les incidents gravissimes qui se sont produits dans une petite localité du sud ouest de Syrie marquent un tournant dans les troubles qui secouent le pays. Le pouvoir en place déplore, nous dit-on, la mort de plus de cent membres des forces armées et des services de sécurité… Signe qu’il ne s’agit plus de simples émeutes mais d’une confrontation digne de ce nom entre des groupes armés, en mesure de mener des actions de guerre. C’est donc une mutinerie de certains régiments, voire de brigades entières, passées avec armes et bagages du côté des insurgés.

    C’est probablement le début de la fin et il n’est pas sûr que la Syrie continue d’ici le mois de juillet, à terroriser son petit voisin libanais ni à servir de tête de pont à son allié iranien dans la région. Le pouvoir a franchi le Rubicon, il ne peut plus engager de dialogue national avec l’opposition car cette dernière n’osera jamais engager des pourparlers avec des hommes aux mains maculées de sang. Cela prouve, si besoin est, que le régime d’el-Assad est vraiment unique en son genre dans cette région du monde : un gang de malfaiteurs qui ont pu s’emparer des services de sécurité (omniprésents) et des forces armées. Cette définition a été donnée par des membres de l’opposition.

    L’assurance-vie de ce régime se renforce dans sa capacité de nuisance au niveau régional, mais aujourd’hui trop, c’est trop ! Signe qui ne trompe pas, Alain Juppé et la France ont enfin demandé le départ de Bachar el-Assad et le changement de régime. Déjà, certains alliés terroristes de la Syrie commencent à migrer vers d’autres cieux. Hier, sur al-Arabiya, j’ai suivi une longue interview d’un membre du Hamas, Moussi Abou Marzoug, qui se trouvait au Caire. La journaliste lui a perfidement demandé si’l cherchait déjà un nouveau point de chute à son chef Khaled Mescha’al, car à Damas les choses ne sont plus comme avant… Ce n’est pas à exclure ! Reste le Hezbollah qui a du souci à se faire car après ce qui se passe à Damas, ce sera le tour de l’Iran d’entrer dans de grandes zones de turbulence. Il risque alors de se retrouver, seul et isolé, dans un douloureux tête à tête avec son puissant voisin israélien…

    Reste que cette soudaine flambée de la contestation en Syrie est entourée de mystère : comment un tel pays policier, foulant aux pieds les libertés démocratiques, ne reculant devant rien, aucun crime, aucune répression a-t-il pu laisser des groupes armés s’infiltrer en son sein et commencer un véritable travail de sape ? Mystère…

    Mais une chose est sûre : en Syrie, c’est fini pour la dictature et le monde arabe dans son ensemble n’est pas sorti de l’auberge. Quand donc la sagesse l’emportera-t-elle dans ces pays ?

    Les incidents gravissimes qui se sont produits dans une petite localité du sud ouest de Syrie marquent un tournant dans les troubles qui secouent le pays. Le pouvoir en place déplore, nous dit-on, la mort de plus de cent membres des forces armées et des services de sécurité… Signe qu’il ne s’agit plus de simples émeutes mais d’une confrontation digne de ce nom entre des groupes armés, en mesure de mener des actions de guerre. C’est donc une mutinerie de certains régiments, voire de brigades entières, passées avec armes et bagages du côté des insurgés.

    C’est probablement le début de la fin et il n’est pas sûr que la Syrie continue d’ici le mois de juillet, à terroriser son petit voisin libanais ni à servir de tête de pont à son allié iranien dans la région. Le pouvoir a franchi le Rubicon, il ne peut plus engager de dialogue national avec l’opposition car cette dernière n’osera jamais engager des pourparlers avec des hommes aux mains maculées de sang. Cela prouve, si besoin est, que le régime d’el-Assad est vraiment unique en son genre dans cette région du monde : un gang de malfaiteurs qui ont pu s’emparer des services de sécurité (omniprésents) et des forces armées. Cette définition a été donnée par des membres de l’opposition.

    L’assurance-vie de ce régime se renforce dans sa capacité de nuisance au niveau régional, mais aujourd’hui trop, c’est trop ! Signe qui ne trompe pas, Alain Juppé et la France ont enfin demandé le départ de Bachar el-Assad et le changement de régime. Déjà, certains alliés terroristes de la Syrie commencent à migrer vers d’autres cieux. Hier, sur al-Arabiya, j’ai suivi une longue interview d’un membre du Hamas, Moussi Abou Marzoug, qui se trouvait au Caire. La journaliste lui a perfidement demandé si’l cherchait déjà un nouveau point de chute à son chef Khaled Mescha’al, car à Damas les choses ne sont plus comme avant… Ce n’est pas à exclure ! Reste le Hezbollah qui a du souci à se faire car après ce qui se passe à Damas, ce sera le tour de l’Iran d’entrer dans de grandes zones de turbulence. Il risque alors de se retrouver, seul et isolé, dans un douloureux tête à tête avec son puissant voisin israélien…

    Reste que cette soudaine flambée de la contestation en Syrie est entourée de mystère : comment un tel pays policier, foulant aux pieds les libertés démocratiques, ne reculant devant rien, aucun crime, aucune répression a-t-il pu laisser des groupes armés s’infiltrer en son sein et commencer un véritable travail de sape ? Mystère…

    Mais une chose est sûre : en Syrie, c’est fini pour la dictature et le monde arabe dans son ensemble n’est pas sorti de l’auberge. Quand donc la sagesse l’emportera-t-elle dans ces pays ?