COMMENT ET QUAND PRENDRE SA RETRAITE ?
Tant d’éléments concourent à changer les éléments qui déterminent le départ à la retraite : la longévité (dont il faut se féliciter), les changements inhérents aux familles, découlant des divorces, des remariages et des engendrements d’enfants à des âges plus avancés, l’incertitude des ressources économiques, la précarité des systèmes de retraite, et, pour finir, cette crise qui semble vouloir tout emporter sur son passage.
On a suivi la dernière démarche du gouvernement français, depuis lors validée par le Conseil Constitutionnel : pouvoir, si on le désire, travailler jusqu’à 70 ans. Cette mesure a provoqué l’ire grandissante de la gauche, qui y voit une forme inacceptable de régression sociale.
Pouvons nous y voir clair et séparer l’idéologie d’un examen objectif des réalités socio-économiques ?
Le départ en retraite est l’une des conquêtes sociales les plus importantes des salariés dans le monde entier. C’est la marque la plus concrète de la solidarité entre les générations. Jusqu’à présent, il 37,5 années de travail pour aboutir une retraite pleine. Or, chacun sait qu’aujourd’hui, un homme de 65 ans est encore en bonne forme (c’est ce qu’on se souhaite à tous !) et peut encore se rendre utile à la collectivité et à lui-même. Il y a donc un problème d’occupation de son temps et de ses loisirs, mais pour cela il faut (hélas !) de plus en plus d’argent. Donc, travailler plus, et plus longtemps.
Je comprends que certains poussent de hauts dès qu’ils entendent cette phrase. Au terme d’une vie de travail et d’efforts, voire même de privations, on aspire à une vie plus souple et plus heureuse. C’est vrai. Mais qui nous en donnera les moyens ? Aujourd’hui, les caisses de retraites marchent, pour ainsi dire, sur la tête, c’est-à-dire que la pyramide repose sur son sommet tant sa base s’est réduite : plus de gens qui cessent de travailler pour de moins en moins de gens qui continuent d’œuvrer.
Pourtant, des possibilités existent, si l’on veut bien sortir du carcan de règlements d’un autre âge. Certains vieux pays d’Europe n’ont pas bien compris que les choses changent et que des dispositions bonnes il y a un siècle ne le sont plus aujourd’hui. Là aussi, le monde d’hier est chassé par le monde demain.
Nous n’avons pas encore trouvé cette réflexion éthico-sociale qui devrait accompagner toutes ces mutations qui s’abattent sur nous. Songez par exemple que des personnes âgées et fortunées, ayant des revenus considérables, sont parfois conduites à quitter leur habitation principale pour emménager dans un ensemble plus petit car un veuvage, des charges excessives ou des enfants pressés d’hériter, les contraignent à le faire. Il existe aussi tant d’autres cas où des changements déchirants s’imposent. Nos sociétés, pourtant si développées, n’ont pas encore mis sur pied un tel processus de réflexion qui rendrait ces bouleversements compréhensibles. Et plus acceptables.