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  • L’allocution télévisée de Nicolas Sarkozy ou comment réconcilier la France avec elle-même

    L’allocution télévisée de Nicolas Sarkozy

    ou comment réconcilier la France avec elle-même

     

    J’ai écouté le président de la République avec l’attention que l’on devine et je me suis demandé ce qu’il pouvait bien s’être fixé comme objectif à long terme, par-delà toutes ces importantes mesures annoncées sur la dépendance, la réforme (tant attendue) de la fiscalité, la justice, l’immigration etc.. Je n’insinue nullement qu’il n’était pas clair ni convaincant. Bien au contraire. Je veux dire simplement que ce président, parvenu au delà de la seconde moitié de son mandat, se heurte aux mêmes problèmes que ses prédécesseurs : comment remédier à cette fracture qui accable notre société depuis la Révolution française.

    J’ai don pensé au général de Gaulle qui déplorait dans ses Mémoires cette division intime des Français allant jusqu’à parler des «ferments de la discorde». L’homme du 18 juin 40 avait fort bien senti la nécessité de rapprocher le monde du capital du monde du travail et prôné cette fameuse participation, censée se tenir à égale distance des extrêmes : y est-il parvenu ? Ce n’est pas sûr puisque son lointain successeur est confronté aux mêmes questions demeurées sans réponse.

    Le type d’émission d’hier soir relève d’un genre convenu et obéit nécessairement à un rituel presque immuable : les journalistes doivent paraître éloignés de toute complaisance. Pour recueillir l’agrément de leur corporation, ils doivent chercher à mettre le chef de l’Etat en difficulté, faute de quoi leurs confrères le leur reprocheront à longueur d’éditoriaux leur supposée mansuétude, voire leur connivence…

    Mais l’essentiel n’est pas là : le président a visiblement changé, combatif sans être pugnace, sûr de lui sans être cassant, il a appris et a décidé de changer de posture tout en appliquant la même politique. Une sorte de force tranquille, nouvelle mouture. Et je dois dire, tout en faisant droit aux critiques de l’opposition, qu’il n’a pas tort. Loin de là. On aura noté aussi le rééquilibrage de la relation avec le Premier Ministre, et l’hommage appuyé qui lui est rendu, un homme compétent, a-t-il dit, travailleur, venu du même horizon politique et appartenant à la même génération. Une mention tout aussi élogieuse est adressée à son rival moins heureux (pour parler comme M. Giscard d’Estaing) mais le président prend bien soin de dire : il n’y a qu’un seul Premier Ministre.

    Sans même parler de l’exemple allemand que le Président prend pour modèle et il a raison, il est un point nodal, au-delà de l’abandon prévu du bouclier fiscal et de la suppression de l’impôt sur la fortune, dont faut parler. C’est le devenir de la France et de son identité nationale. A mes yeux, c’est le passage le plus prégnant, le plus lourd de conséquences de l’intervention du chef de l’Etat. Et qui pèsera dans sa décision de se représenter en 2012.

    Nicolas Sarkozy a évoqué les malentendus expliquant l’omission des termes «identité nationale» pour ne laisser place qu’à l’immigration, désormais placée sous l’autorité du ministère de l’intérieur car il dispose des moyens nécessaires pour réguler, voire inverser les flux migratoires. Sans chercher à être trop précis pour ne pas paraître prendre pour cible telle immigration plutôt que telle autre, le président a jugé que l’on avait accueilli trop d’étrangers sans pouvoir les intégrer convenablement. La référence aux déclarations du pape étaient bienvenues ainsi que celle, plutôt fameuse d’un ancien Premier Ministre socialiste.. Mais le message était clair : ceux qui viennent en France doivent être animés de la volonté de s’intégrer et d’un esprit de domination et de conquête. Le président a été très convaincant en montrant qu’il fallait concilier deux impératifs assez contradictoires ; poursuivre la politique d’accueil et de générosité de notre pays tout en veillant à ce que les Français se sentent, comme ils l’ont toujours fait, chez eux en France, sans que des département entiers ne deviennent des ghetti…

    Un dernier point longuement évoqué par le chef de l’Etat et qui se rapproche, quoique indirectement, de cette question d’une immigration bien maîtrisée : c’est le problème de la dépendance et donc du vieillissement de la population européenne. C’était un problème qui n’était jamais mentionné il y a une cinquantaine d’années (sauf par le clairvoyant Michel Debré qui prônait une politique fortement nataliste) mais qui se pose aujourd’hui avec une acuité certaine : il nous faudra dans les décennies à venir quelques millions d’hommes et de femmes qui viendront s’intégrer, s’incorporer à la France. Mais pour devenir français il faut, tout en restant soi-même, incarner les valeurs de la France avec loyauté. Toutes les vagues d’immigration l’attestent. On y est parvenu jusqu’ici. Il faut continuer en montrant aux autres qu’on n’a pas de haine de soi et que nous sommes heureux d’être nous-mêmes.

  • L’Euro en sursis ?

    L’Euro en sursis ?

    Oui, la menace n’est pas imaginaire, il se pourrait fort que l’Euro ne fût plus là dans quelques années, dans peu d’années, vers la mi 2013, lorsque l’Allemagne, le bon élève de la classe européenne, cessera de jouer les banquiers renfloueurs des cancres monétaires de la dite zone.

    On a parfois été surpris par la virulence de certaines déclarations de la chancelière Angela Merkel et de son ministre des finances, M. Schäuble. Notamment lorsque la presse allemande a utilisé un anagramme peu flatteur pour désigner ceux qui risquaient de faire tout le bateau monétaire européen : les PIGS pour Portugal, Ialien, Griechenland, Spanien. Je pense qu’aucune traduction n’est nécessaire.

    Pourquoi les craintes deviennent-elles soudain plus vives ? Parce que des pays comme l’Irlande, non contents de menacer notre équilibre monétaire, nous font des poussées de fièvre nationaliste et refusent de reconnaître publiquement l’évidence : ils sont au bord de la faillite et risquent tout simplement la cessation de paiements… On en est arrivé à un scénario tragi-comique : c’est Bruxelles qui insiste pour que Dublin accepte une avance du fonds de solidarité, arguant que l’Irlande peut encore tenir et n’a guère besoin d’être renflouée… On croit rêver.

    Il faut sanctionner les mauvais élèves et au besoin, les exclure, surtout si’ls menacent l’ensemble de l’édifice. Le Portugal ne fera probablement plus partie de la zone Euro dans quelque temps. Pourtant, il a pris les mesures nécessaires à temps et les conduit jusqu’au bout. La Grèce n’est toujours pas rassurante malgré l’apport chinois, quant à l’Espagne, le gouvernement socialiste actuel est à bout de souffle. Comme disent les éditorialistes de la presse allemande, Unter roten Fahnen kommt man in die roten Zahlen, les drapeaux rouges conduisent toujours dans le rouge..

    Nos amis britanniques furent bien inspirés de ne pas abandonner leur vénérable livre Sterling qui a fait ses preuves.

    Quant à la France, il semble qu’elle ait enfin pris le bon chemin, même si son taux d’emprunt sur les marchés financiers internationaux atteint des niveaux préoccupants. Le président Sarkozy a donc décidé de réduire fortement les déficits.

    En conclusion, il faut sélectionner qui reste dans la zone Euro et qui doit absolument en sortir. Encore une fois, lorsque l’Allemagne refusera de renflouer les caisses, que se passera-t-il ?

    Dans le livre de la Genèse, on nous parle des dispositions prises par le patriarche Jacob pour parer à toute attaque de son frère Esaü, furieux de s’être fait voler son droit d’aînesse, sorte de primogéniture. Il divise son camp en plusieurs sections en disant ceci : Si Esaü s’en prend à l’un des camps et l’extermine, eh bien les autres camps seront sauvés !

    La même chose vaut de l’Euro : si l’Irlande ne veut pas qu’on l’aide, qu’elle parte, sans mettre en danger notre monnaie.

  • François Fillon ou la consécration, salaire de la persévérance…

    François Fillon ou la consécration, salaire de la persévérance…

     

    Après une si longue attente, ce qui allait de soi a fini par s’imposer : le président de la République, fin stratège, n’a peut-être jamais vraiment hésité, tout en donnant l’impression que différentes possibilités s’offraient à lui. La politique est un art bien difficile avec des sinuosités assez tortueuses. Car, au fond, comment remercier un Premier Ministre, aimé de l’opinion, adoubé par la majorité de l’Assemblée Nationale, et qui est loin d’avoir démérité ? Sans même parler de son bilan qui est d’une incontestable consistance.

    Comment se passer d’un homme qui a tenu le cap pendant ces huit dernières semaines, traversées par pas moins de huit journées d’action afin d’entraver l’adoption de la réforme du système des retraites dont le pays avait tant besoin ? Certains penseront peut-être que je suis de parti pris, mais on devrait se souvenir de l’épisode de 1995 quand le Premier Ministre de l’époque a dû partir… Cette année avec M. François Fillon, un tel scénario n’a jamais été envisagé.

    On a évoqué en titre la persévérance, intelligente et pleine de discernement de M. François Fillon, ce point mérite au moins un petit développement : alors que les commentateurs se gaussaient d’un Premier Ministre qui n’aurait été qu’un simple faire-valoir du chef de l’Etat, François Fillon a constamment maintenu le cap, cru en lui-même, insensible aux critiques injustifiées. Les Français, peuple assez ingouvernable mais tout de même pétri de bon sens, ont su reconnaître en lui un parfait honnête homme : le voici redevenu un Premier Ministre exerçant ses fonctions dans leur plénitude, pour reprendre une expression de Raymond Barre. Certes, les débuts ont dû être difficiles, mais c’est le métier qui veut cela.

    François Fillon a aussi tordu le cou à deux idées que l’on présentait comme des faits d’expérience : le locataire de Matignon deviendrait inéluctablement le rival de celui qui l’a nommé à ce poste et quand il quitte ses fonctions, il serait usé jusqu’à la corde, vidé, épuisé.. Regardez le Premier Ministre, il n’a même plus mal au dos et je ne l’aperçois plus, à un jet de pierre de la Place Victor Hugo…

    Il faut aussi dire un mot d’une double vertu cardinale, si rare en politique, la fidélité, synonyme de loyauté. Si vous interrogez les Français, ou même les citoyens d’autres pays démocratiques dans le monde, ils vous diront que la pratique politique évoque hélas le dévoiement et le cynisme, et ce n’est pas le philosophe, auteur de ces lignes, qui les démentirait…

    François Fillon me semble trancher avantageusement par rapport à cela car il incarne de vraies vertus. Certes, il ne faut pas être trop tendre en politique, mais croire en des valeurs, notamment sociales (et il en a car il se revendique de son mentor, le regretté Philippe Séguin) ne nuit pas. Bien au contraire.

    Avec adresse et efficacité, sans jamais dire publiquement de paroles brutales ou offensantes contre qui que ce soit, François Fillon, bien entouré et très bien conseillé, a obtenu ce qu’il souhaitait, moins de deux semaines après exprimé sa volonté de rester à son poste. Mais Seigneur, pourquoi ne l’a-t-il pas fait un peu plus tôt ?

    Bonne chance, Monsieur le Premier Ministre !