La démondialisation : le pari fou d’Arnaud Montebourg
Il y a quelque chose de tragi-comique dans le cirque qui entoure désormais (mais pour combien de temps ?) le troisième candidat du PS. Celui-ci, ivre d’arrogance et d’assurance de soi, devrait se méfier et méditer les larmes amères de Ségolène, une femme qui, il y a moins de cinq ans, parvenait, elle, à la deuxième place dans une élection en grandeur nature. Et qui aujourd’hui est remerciée sans ménagement, dans les oubliettes de l’Histoire.
Que s’est-il passé en réalité et à quelle situation devons nous faire face ? Nous sommes en présence d’un petit avocat qui confond arguments de plaidoiries et enjeux politiques issus de grande programmes. Cet homme qui n’est ni porteur d’un projet ni animé d’une vision (comme l’est François Hollande qui a étonné tout le monde) s’est choisi un créneau, délaissé par les autres candidats. Il a donc parlé au nom de tous les mécontents, des chômeurs et des laissés pour compte de la crise. Ne méprisons pas ces gens, ils sont droit à notre estime et à notre aide. Mais M. Montebourg a opté pour eux en leur adressant un discours sur mesure qui reste, toutefois, impraticable. Et aujourd’hui, se croyant propriétaire de leurs voix, il entend devenir un faiseur de rois !
Qu’il se méfie car dimanche 16, ces mêmes journalistes qui l’accompagnaient partout, tendant leurs micros et griffonnant sur leurs calepins, ne le reconnaîtront plus et n’auront plus d’yeux que pour le vainqueur, très probablement François Hollande, le seul socialiste qui sache raison garder et ne cède pas vraiment à la surenchère de son camp : à qui dépensera le plus ?
Les deux candidats restés en lice devront se garder de faire allégeance à l’avocat de Bourgogne qui vit son quart d’heure de gloire présentement. Je préfère nettement Manuel Valls qui n’est pas tombé dans le populisme : comment oser proposer sérieusement la dé-mondialisation dans un univers qui devient chaque jour un peu plus un village planétaire ? Les voix recueillies par M. Montebourg émanent de gens auxquels la mondialisation a porté préjudice et il faut y remédier. Mais de là à prétendre mettre au pas la finance internationale quand on est un simple élu socialiste local, c’est faire preuve d’infantilisme politique et d’une naïveté abyssale.
François Hollande, qui, semble-t-il, a de grandes chances de l’emporter ne se couchera pas devant un personnage qui entend dicter sa loi aux vainqueurs, un peu comme un avocat est payé après avoir déposé ses conclusions, qu’il gagne son dossier ou qu’il le perde.
La politique doit reprendre de la hauteur. Ceux qui s’abaisseraient pour glaner quelques voix, incertaines, du reste, pourraient être victimes d’un retournement de situation.
Quant au héros du jour, nous verrons s’il est toujours si courtisé par les médias le 16 octobre au soir…