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  • Qu’est ce que le harcèlement sexuel ?

    Qu’est ce que le harcèlement sexuel ?

    Voici un thème qui fait couler tant d’encre en France malgré l’entrée de la campagne présidentielle dans sa phase décisive. Il s’agit d’une décision du Conseil Constitutionnel, instance judiciaire suprême, qui examine si la législation en vigueur est conforme aux principes républicains. Et voici que cette autorité juridique absolument indépendante décide d’annuler la loi sur le harcèlement sexuel au motif qu’elle ne détermine pas avec suffisamment de netteté le champ d’application de la mesure. Du coup,  toutes les affaires en cours d’enquête et de procès disparaissent. On comprend l’émoi des associations féministes et des victimes, réelles, celles-là, qui voient leurs agresseurs profiter d’une mesure qui ne visait pas d’intention première à les amnistier…

    Qu’en est-il au juste ? Et pourquoi donc le Conseil a-t-il pris cette mesure, dans l’attente que le gouvernement fasse une autre proposition au parlement ? Autant il faut punir sans retenue les gens qui agressent d’autres personnes, femmes ou hommes, autant il faut être sûr de son fait. C’est là que la bât blesse. Hélas, la mesure qui se veut plus juste entraîne tout d’abord une injustice à l’endroit des victimes véritables. Car il y en a, même beaucoup, et ces victimes voient leurs tourmenteurs acquittés, que dis-je ? même dispensés de procès.

    Le Conseil a été sensible aux injustices entraînées par cette loi. A travers une affaire récente, on a vu des femmes dire, à tort ou à raison, qu’elles avaient été victimes de viol et de harcèlement sexuel. Ces plaintes sont malheureusement fondées, mais il arrive aussi que de prétendues victimes se jurent la perte d’un homme ou d’une femme, ruinant ainsi sa carrière et sa vie, au seul motif qu’ils ou qu’elles n’ont pas pu de lui ou d’elle ce qu’elles voulaient… Souvenons nous de ce petit fils accusant injustement son propre grand père, avant de se rétracter quelques années plus tard ! Même quand c’est le cas, l’opprobre reste indélébile, comme la malédiction de Caïn.

    Il arrive qu’un professeur qui ne note pas bien une personne, un médecin qui délivre pas le médicament qu’on veut, un avocat qui n’agit pas comme on le veut, se voient accusés d’un tel harcèlement. Je me souviens aussi du cas d’un grand chercheur, accusé par sa collaboratrice de harcèlement. Le tribunal l’a acquitté, mais une autre cour aurait pu agir autrement. On connaît la caractère aléatoire des décisions de justice.

    On connaît bien moins les dégâts irréparables qu’elles causent…

  • Les conséquences du choix de François Bayrou

    Les conséquences du choix de François Bayrou
    On se demandera jusqu’au bout, et même au-delà, ce qui motive cette détestation, cette haine recuite de François Bayrou à l’égard de Nicolas Sarkozy, aux côtés duquel il a pourtant siégé au gouvernement. Leader jadis respecté du centre, Fr Bayrou s’est retrouvé tout seul après que Nicolas Sarkozy lui avait en 2007 ravi ses troupes, le transformant en un général quitté par son armée. C’est probablement ce cuisant souvenir qui a motivé sa décision, une décision non partagée par les troupes de l’électorat centriste qui est laissé libre de se déterminer.

    Il n’en demeure pas moins que le bulletin de Fr Bayrou, glissé dans l’urne dimanche prochain, aura une énorme valeur symbolique : l’ancien chef du centre, de l’ancienne UDF, quitte le candidat de la droite et se reporte sur celui de la gauche qui l’accueille plutôt froidement…
    Ce dernier a évité le piège que pourrait lui faire courir un tel soutien qui n’a rien d’un ralliement : le front de la gauche unie pouvant considérer comme un impardonnable crime cette acceptation d’un tel vote, Fr Hollande s’est empressé de le remettre dans ses vraies dimensions, à savoir très limitées ! Il n’a pas l’intention de modifier son programme qui demeure un programme de gauche, il n’a pas, non plus, l’intention de faire rentrer Fr. Bayrou dans son gouvernement.

    Il faut prendre acte de la décision de Fr Bayrou, même si cela semble s’apparenter à un suicide politique. Mais la haine partisane (pour reprendre un terme allemande comme Parteihader) prend des proportions inimaginables ! Vous prendre vos voix et vos députés, bref vous émasculer politiquement, c’est bien pire que de vous prendre votre femme… Pardon pour cette comparaison très osée. Je pense vraiment, que, comme dans la mythologie germanique, reprise par Wagner, le héros, condamné par le destin, ne lutte plus contre la fatalité et brûle ses vaisseaux comme le fameux complexe de Hagen … Mais même moi qui ne suis que philosophe, je sais que l’on ne peut faire du ressentiment le socle d’un projet ou d’un combat politique.

    Alors quelle sera la suite des événements ? Sans vouloir prophétiser, je doute qu’un tel écart puisse être rattrapé en quelques heures, à moins que se produise le miracle de la brindille sauvée des flammes, ou celui de hanoukka où une fiole d’huile a brûlé dans le temple, détruit par les Romains, huit jours au lieu d’un seul….
    Restent pour NS les législatives. Si le résultat de l’élection de dimanche est presque immuable, peut-être pourrait il y avoir une cohabitation…

    Maurice-Ruben HAYOUN
    In TDG du 4 mai

  • Le débat d’hier entre Nicolas Sarkozy et François Hollande,

    Le débat d’hier entre Nicolas Sarkozy et François Hollande,

     

    Ce débat a dû battre des records d’audience, pourtant il fut trop long, confus et entre coupé d’interruptions et de réparties mal équilibrées. Au-delà des deux finalistes, les journalistes responsables de la conduite du débat n’ont peut-être pas été à la hauteur.

     

    J’ai l’impression qu’on a changé d’époque : c’est une habitude bien française, héritée de la république des professeurs et des avocats, de croire qu’une telle confrontation d’idées peut apporter la lumière, décider les électeurs et rendre le champ de manœuvre plus visible. Ce ne fut pas le cas.

     

    On n’en est plus à l’époque des débats entre François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, ni à l’opposition François Mitterrand et Jacques Chirac. Certaines formules ou réparties de ce temps là sont entrées dans l’histoire… C’est une ère nouvelle, aujourd’hui, les problèmes ont changé de nature, le champ politique s’est diversifié, le parti communiste a disparu, la droite lepéniste s’est rudement fortifiée et l’écologie a fait son apparition. En une phrase, ce n’est plus le même monde.

     

    Pourtant, on sent bien que c’est l’avenir du pays qui se joue, la forme que prendra ou ne prendra pas son identité, sa place en Europe et dans le monde. En une phrase, le bien-être ou la ruine de ses habitants, c’est-à-dire la pérennité du modèle français auquel, personnellement, je ne crois plus vraiment. Je repense à une expression ancienne de VGE, évoquant in petto une forme de société duale»

     

    Et ceci met en cause les élites. Il ne s’agit de désigner un coupable qui servirait de victime expiatoire. Nous n’en sommes plus au temps du règne d’une sorte de culte sacrificiel. Mais il y a un hiatus entre les classes sociales en France. Hier un important diplomate allemand me confiant son admiration pour les élites de notre pays. Il avait raison, mais ces mêmes élites devraient irradier davantage sur le reste de la population qui représente tout de même 95% … Usons d’un euphémisme : ce n’est pas une quantité négligeable !

     

    Alors que je pensais le contraire, je vais finir par croire qu’au fond le débat d’hier n’a pas fondamentalement changé la donne, même si rien n’est joué et que les électeurs se détermineront seuls dans le secret de l’isoloir. Cependant, je n’exclus pas un resserrement de l’écart.

     

    Le seul facteur déterminant, celui qui pèsera lourdement dans la décision finale des votants, c’est la crise. Ceux qui penchent en faveur du candidat du PS ne voient qu’une chose : la crise, l’incertitude de l’avenir, le saut dans l’inconnue et les bouleversements que cela implique pour la vie de chacun. Cette préoccupation est légitime. Mais ce qui l’est moins, c’est (encore une réponse très française) de confondre la crise avec les gouvernants du moment et de leur en imputer la responsabilité. Ceci est injuste.

     

    Mais qui se préoccupe de justice et de vérité ? Dieu certainement, mais pas les forces politiques.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In TDG du 3 mai 2012