Que va devenir la Tunisie ?
C’est la journée de tous les dangers qui commence aujourd’hui dans ce petit pays d’Afrique du nord, en proie à de graves troubles intérieurs. En deux ans, la vie politique n’a pas avancé d’un pouce. Et au fond, les électeurs de ce pays récoltent ce qu’ils ont semé. Ils ont donné le pouvoir au parti islamiste d’ An-Nahda de Rached Ghannouchi et ne peuvent donc pas s’étonner de ce que ce gouvernement fait.
On ne le répétera jamais assez : la religion n’a rien à faire dans le domaine politique, tous les pays du monde doivent le savoir et tous les pays du monde qui veulent avoir une économie prospère et un processus politique apaisé veillent jalousement à une séparation hermétique entre ces deux secteurs. Malheureusement, les pays de tradition musulmane ne l’ont guère compris, ce qui explique en partie les graves difficultés qu’ils traversent.
Aujourd’hui, même le premier ministre tunisien, issu des rangs islamistes, reconnaît son échec et a dissous le gouvernement pour le remplacer par des technocrates apolitiques, chargés de redresser la situation. Et comble de la division, voici qu’il est désavoué publiquement par son propre parti : aux graves difficultés viennent s’ajouter des dissensions internes non moins graves… Sur les banderoles brandies hier à Tunis par les manifestants, on pouvait lire les mêmes slogans que ceux proférés contre l’ancien président Ben Ali : Arhal (dégage) al chaab yorid soukout al-nidam (le peuple veut la chute du régime). Rendez vous compte : deux années pleines pour aboutir à ce résultat.
La Tunisie devrait tirer les leçons de ces tourments : dissoudre le parlement et appeler à de nouvelles élections qui verront la défaite des islamistes qui ont fait la preuve de leur échec. Les Tunisiens voteront alors bien mieux. Mais que feront les islamistes dans l’opposition ? Resteront ils sagement à leur place ? C’est peu probable.
Ce petit pays dont les habitants sont, à l’origine, descendants des Carthaginois, devrait revenir dans l’orbite occidentale comme il l’a toujours été et ne s’occuper que de ses affaires intérieures.