Le pape Benoît XVI s’en va… Herr Professor Dr Ratzinger revient…
L’annonce hier peu avant midi a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un beau ciel bleu. Ce fut tout d’abord un sentiment d’incrédulité. Le secret avait été bien gardé car peu de proches, de très proches avaient été mis dans la confidence. On a parlé du propre frère du pape, Georg, qui savait et s’attendait à ce que son frère prît cette décision exceptionnelle.
Tout en respectant les motivations personnelles du saint Père qui se trouve seul face à sa conscience et qui a dû peser longuement le pour et le contre, on a le droit de passer en revue les conséquences d’une telle décision pour la vie de l’Eglise et l’institution pontificale.
Il me semble que la première cause a certainement été le souvenir, vécu à bout portant , à proximité immédiate, de l’agonie insupportable de son prédécesseur. Esprit germanique, c’est-à-dire carré, ne se dissimulant guère les conséquences éventuelles d’une décadence physique et morale, Benoît XVI a préféré interrompre son pontificat, sentant ses forces le quitter. Il n’a pas eu peur d’ouvrir un chapitre encore inédit dans l’histoire de l’Eglise (à une exception près remontant, dit on, à 1295) en démissionnant de son poste. Rien ne l’a arrêté : ni le problème posé par son futur statut, ni l’émoi causé par sa décision. Dès que l’appel s’est présenté devant lui, il a agi. N’écoutant que sa conscience.
Après ces motivations strictement personnelles il y a eu certainement des dysfonctionnements au Vatican qui ont montré à ce saint homme que «notre sainte mère l’Eglise» pratiquait parfois, à son corps défendant, des méthodes que l’Evangile dont elle a la garde, réprouve… Il suffit de penser à quatre ou cinq crises qui ont puissamment ébranlé l’institution Vaticane durant ce pontificat. Il serait injuste de les attribuer à je ne sais quelle négligence ou incurie du pape actuel ; cela faisait partie de l’héritage, non point du prédécesseur mais de l’institution.
Il faut aussi parler des clans, des petits groupes qui luttent pour le pouvoir afin d’imposer leurs vues et leur conception de la vie chrétienne. N’oublions pas que l’Eglise catholique représente la catholicité, c’est –à-dire le monde… Et vous ne dirigez pas un tel équipage comme une équipe de football ou de rugby.
Quelle conclusion pouvons nous tirer de cela ? Le pape a considéré qu’il ne devait pas rester s’il n’était plus en mesure d’exercer ses fonctions dans leur plénitude. On aimerait donc que certains hommes d’Etat ou élus politiques s’inspirassent d’un si haut exemple.
D’une certaine manière, Benoît XVI a voulu moderniser l’Eglise en lui imposant un changement inédit par le haut, c’est-à-dire le touchant lui-même. Il part rejoindre ses chères études alors que généralement on est renvoyé à ses chères études lorsqu’on est congédié.
Ne faisant pas partie de son Eglise, je n’en admire pas moins ce saint homme qui va pouvoir reprendre le cours de ses méditations et de ses lectures. Il nous manquera mais nous le lirons.
Benoît XVI s’en va mais Herr Professor Dr Josef RATZINGER revient. Herzlich willkommen