La stratégie de Vladimir Poutine en Syrie
Plus aucun doute sur la politique que V. Poutine entend suivre en Syrie. Il va soutenir le régime sans pour autant donner une assurance-vie à long terme à Bachar. Il a déjà déployé des avions de guerre et des troupes de commandos sur place afin d’éviter l’effondrement de son allié . Damas est menacée par les rebelles de l’Etat Islamique et sa chute ferait tache d’huile. La souveraineté de l’EI s’étendrait alors à Bagdad, à Amman et pourquoi pas à Beyrouth, ce qui provoquerait immanquablement une réaction terrible d’Israël et de son allié US. Mais ce qui fait le plus peur à Poutine, c’est ce qui se trame en sous main dans les républiques musulmanes du nord Caucase dont certains groupes ont déjà fait allégeance soit à al-Qaïda soit à l’EI. Or, une telle chose ferait éclater la fédération de Russie. Le plan de Poutine est clair : on se met à la tête d’une grande coalition arabo-occidentale, avec même le soutien discret de Tsahal pour vaincre l’EI, le réduire à sa plus simple expression et ensuite gérer l’après Assad, lequel commence à se plaindre de la pesante main mise de l’Iran des Mollahs sur son pays.
Il est certain que le maître du Kremlin qui a déjà réduit les Tchéchènes n’hésitera pas à envoyer des troupes au sol car il sait que c’est la seule façon d’en finir avec l’EI. Et évidemment, les autres alliés occidentaux lui emboiteront le pas. L’Occident n’a pas réussi à faire en Syrie ce que l’Arabie Saoudite est en passe d’accomplir au Yémen : réduire drastiquement les forces des rebelles chiites, derrière lesquels se cache l’Iran et reconquérir l’ensemble du territoire : c’est déjà le cas d’Aden et une grande offensive terrestre se prépare contre la capitale Sanaa. C’est une question de semaines, la coalition arabe ne s’embarrassant pas de scrupules d’ordre moral… Ce qui serait impensable pour les Occidentaux.
Il y a aussi une possibilité d’entente des Russes et des Iraniens contre un ennemi commun, les Sunnites de l’EI. L’Iran ne parvient visiblement pas à ramener à la raison des rebelles encadrés par d’anciens officiers de Saddam. Même l’Arabie, hantée par le spectre iranien ne s’opposera pas à cette coalition hétéroclite, parrainée par la Russie.
Est-ce que V. Poutine a raison d’agir de la sorte ? Il est sûr qu’il ne met pas sur pied une coalition qui veut défendre la veuve et l’orphelin. Sa conduite lui est dictée par un intérêt d’ordre stratégique et un autre relevant de la politique intérieure : d’abord, il tient à une présence pérenne en Méditerranée orientale, dans des abris du littoral situé en milieu alaouite ; ensuite, il craint l’effet de contagion au sein des frontières de la fédération de Russie. Il ne veut pas d’une nouvelle Tchétchénie chez lui.
Il n’est pas impossible que les USA marchent avec lui car les intérêts des deux puissances convergent sur ce point précis. Après, c’est autre chose. Une fois l’EI définitivement neutralisé, les Russes seront assez forts pour évincer Bachar et lui offrir l’immunité au sein de leurs frontières. Ce serait alléchant pour un grand criminel, accusé d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Lorsque Bachar ne sera plus là, se posera le délicat problème de la présence iranienne dans la zone. L’Arabie ne veut pas en entendre parler, considérant que le pays des Mollahs a introduit un puissant ferment de la discorde au Proche Orient.
Décidemment, cette région où Dieu a choisi de révéler à l’humanité est une oubliée de la paix et de la fraternité. A moins que ce même Dieu ne décide enfin d’y accomplir un miracle…