Il faut aider Bachar et ensuite le faire partir
Le gouvernement français, par la voix de son président, vient de comprendre que l’action actuelle contre Daesh n’était pas suffisante et qu’elle n’arrivait même pas à affaiblir cette organisation terroriste qui campe sur près de la moitié du territoire syrien et occupe de larges portions de l’Irak voisin.
François Hollande a donc enfin décidé de poursuivre ces terroristes partout où ils se trouvent et a donné l’ordre de frappes en Syrie alors que jusqu’ici il se cantonnait à l’Irak, conformément aux vœux du gouvernement de ce pays.
Mais une question se pose avec une insistance accrue : comment éviter que l’affaiblissement de Daesh ne profite à Bachar ? Et surtout comment faire pour ne pas pactiser avec lui, échanger des informations sensibles, alors qu’on s’en prend au même ennemi ?
La conscience morale, pas seulement en Europe, mais dans le monde entier, s’insurge à l’idée d’une coopération, même une coopération qui ne dirait pas son nom, avec un homme devenu le boucher de son peuple, un dictateur sanguinaire qui n’a pas hésité à utiliser des armes chimiques contre de pauvres civils.
Mais voilà quel est le pire de tous les ennemis, Bachar ou Daesh ? Les Occidentaux et le reste du monde civilisé ont choisi : il faut tout faire pour écarter le danger que représente Daesh et c’est seulement après que Bachar sera neutralisé.
Mais une nouvelle question, aussi préoccupante que la précédente, se pose : comment gérer l’Iran qui, lui aussi, lutte contre Daesh aux côtés de Bachar ? Cette situation inextricable fait que l’Occident est devenu de facto l’allié de deux régimes infréquentables, l’Iran et Bachar…… Et je n’oublie pas le Hezbollah.
En Iran, la dyarchie au sommet de l’Etat, ne facilite pas les choses : on a affaire à un président élu par ses concitoyens qui semblent (je dis bien qui semble) vouloir normaliser les relations avec le reste du monde, et face à lui il y a un Guide suprême dont les relations avec des milieux orientés différemment sont bien connues… Alors à qui faire confiance ?
L’opinion publique se demande pour quelle raison M. Obama n’envoie pas une division mécanisée en Irak qui, en moins d’une semaine, viendrait à bout des djihadistes. La réponse n’est pas difficile à trouver : depuis le règne désastreux de Nouri al-Maliki, l’Irak est devenu un protectorat iranien, ce qui veut dire que si on débarrassait l’Irak de Daesh, on ouvrirait un boulevard aux Iraniens qui peinent justement tant en Irak qu’en Syrie à vaincre ou simplement à contenir cet ennemi.
C’est du cynisme mais les Etats sont des monstres froids.
C’est pour cette raison que les Iraniens reprochent aux Américains leur inaction sur le terrain et qu’Israël soigne à l’occasion tous les blessés qui se présentent à sa frontière sur le Golan…
Le monde est devenu un village planétaire ; on se souvient de la phrase : le battement d’ailes d’un papillon en Chine provoque une tornade à l’autre bout du monde. J’avais lu cela jadis dans Die Zeit (Der Flügelschlag eines Schmetterlinges in China…)
Je veux dire ceci : les massacres en Syrie ont provoqué un véritable ras de marée de réfugiés dans nos pays. Et c’est pour le tarir que la France s’engage désormais en Syrie. C’est prendre le mal à la racine ou saisir le taureau par les cornes.