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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1002

  • LES PUISSANCES FACE AUX INTEMPERIES : DES COLOSSES AUX PIEDS D’ARGILE

    LES PUISSANCES FACE AUX INTEMPERIES : DES COLOSSES AUX PIEDS D’ARGILE

    Depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, on ne parle que de conditions météorologiques et les écologistes doivent se frotter les mains. Ils sont heureux de constater que c’est la nature elle-même qui remet l’homme à sa place. C’est un sérieux rappel à l’ordre : l’homme se croyant maître de l’univers alors qu’il n’est que le diadème de la création, se trouve immobilisé et doit attendre : ses plus beaux avions ne peuvent plus prendre l’air en raison d’un ciel trop bas, ses plus puissantes voitures ne peuvent même plus emprunter les autoroutes en raison de l’enneigement et quand elles le peuvent elles avancent comme des tortues, à cause de quoi ? D’une fine couche de glace qu’on appelle le verglas ! Curieux…
    Napoléon lui-même, à la tête de la fameuse grande armée avait d$u capituler devant le général hiver. Aujourd’hui, Paris, Londres, New York et Moscou peuvent tout juste refaire décoller leurs avions : à Moscou, l’aéroport a dû fermer, à New York une tempête de neige a provoqué l’annulation de centaine de vols intérieurs, à Londres, l’aéroport a connu des difficultés pires qu’à Paris. Quant à Moscou, n’e parlons même pas.
    Mais ce qui est encore plus frappant, c’est ce qu’on pourrait appeler le talon d’Achille ou les pieds d’argiles des grandes puissances : savez vous que l’on manque presque partout de sel de déneigement ? Vous rendez vous compte qu’à Roissy on manquait de ce fameux liquide indispensable pour dégeler les ailes et les réactions des avions ?
    Ceci, ce petit, cet infime défaut de la cuirasse me fait penser à quelque chose : savez vous ce qui qui provoque la mort des éléphants ? Ce sont de herbivores qui, en pricnipe, ne feraient pas de mal à une mouche… Eh bien, pour mâcher les dizaines de kilogrammes d’herbes et de racines ingéréesc chaque jour, ils ont des dents mais celles-ci finissent par tomber, l’âge venant. Et c’est la mort : quand on voit de tels mastodontes dont le maintien en vie dépend de petites dents…
    C’est, toutes proportions gardées, un peu la même chose pour nous : Pour deux produits, somme toute, communs, nos plus grandes installations ont été hors d’état de marche… Certains gouvernement, britannique notamment, entendent prendre des sanctions contre des lampistes auxquels  ils reprochent une prétendue impéritie… C’est juste, mais les causes sont plus profondes : elle touchent à l’orgueil de la science humaine. Nous devons réapprendre à vivre, sans touner le dos au progrès. Nous devons réapprendre à être patients. Souvenez vous de Goethe qui dénonçait au début du XIXe siècle la velocitas…

  • LES BENEVOLES DU SECOURS CATHOLIQUE ET DU SECOURS POPULAIRE

    LES BENEVOLES DU SECOURS CATHOLIQUE ET DU SECOURS POPULAIRE
    Vu ce matin sur BFM TV : des équipes de bénévoles qui organisent des maraudes pour venir en aide à des sans domicile fixe par ces temps de fêtes mais surtout de grands froids. On les a vus notamment en Lorraine où il a fait jusqu’à moins dix, parcourir les routes et  les rues des villes pour demander à ces pauvres gens s’ils voulaient un hébergement ou de la nourriture. Sans aucune contrainte ni familiarité, ils s’adressent à ces accidentés de la vie pour les aider, les convaincre des dangers, parfois mortels, qu’ils courent.
    Un bénévole a expliqué comment se passe le processus de glaciation entraînant la mort : on se sent gagné par un sommeil trompeur qui est en fait le couloir de la mort car les terminaisons nerveuses de ces pauvres gens ne sentent plus le froid qui engourdit ses victimes. L’hypothermie fait le reste et l’issue est généralement fatale. C’est dire le mérite des bénévoles qui pensent aux autres et, comme le disait le philosophe français Emmanuel Lévinas, ont le souci des autres. De l’autre. Car mon moi, disait-il, ce sont les autres.
    Est ce un  hasard ou une simple coïncidence si les fêtes de Noël et du nouvel An tombent en hiver, au cours d’une saison où la nature est hostie et les conditions de vie plus dures que le reste de l’année ? Je ne sais, mais je pense qu’il faudrait étendre la tradition judéo-évangélique portant sur Pâques à la fête de Noël pour les chrétiens.
    Les Evangiles mais aussi le Talmud nous apprennent qu’à Jérusalem, tous les visiteurs ou les nécessiteux étaient cordialement invités dans les maisons de la cité du roi David afin d’y célébrer la fête : ne pourrait-on pas en faire autant pour cette fête de Noël si importante ( à juste titre) aux yeux des Chrétiens ? Evidemment, in ne s’agit pas d’imposer qui que ce soit à qui que ce soit, mais on pourrait éviter le désespoir de gens, comme cette jeune femme lorraine qui disait ce matin combien c’était dur pour elle d’être exposée aux intempéries, surtout en cette période de fête. Elle se sentait encore plus abandonné qu’à l’ordinaire. Ne l’oublions pas.
    Et surtout rendons grâce à ces hommes et à ces femmes, tous bénévoles, qui se portent au secours de leurs frères humains, quelle que puisse être leur origine.

  • L’ADMIRABLE COURAGE DES SCHOLL, MARTYRS DES NAZIS EN 1943

     

     

    L’ADMIRABLE COURAGE DES SCHOLL, MARTYRS DES NAZIS EN 1943

    Voici un livre que j’aurais dû recenser depuis de longs mois mais qu’un surcroît de travail m’a fait remettre à plus tard. Mais comme on dit en allemand, aufgeschoben ist nicht aufgehoben… Ce qui est remis à plus tard n’est pas supprimé purement et simplement.
    Le traducteur Pierre Emmanuel Dauzat n’a pas seulement bien rendu les textes allemands des lettres et des journaux intimes, il a aussi rédigé une belle introduction puisant aux meilleures sources dont celles signées par un grand spécialiste, Saül Friedlander.
    Comment une frère et une sœur bien intégrés dans ls société allemande de leur temps ont ils pu braver un si terrible danger et et organiser des distributions  de tracts dans les rues et à l’université, voire même des envois postaux, pour dénoncer Hitler comme ce qu’il était, à savoir ein Massenmörder, un tueur en masse.
    Dans ce recueil de lettres et d’extraits de journaux intimes du frère et de la sœur, guillotinés alors qu’ils n’avaient pas même 25 ans, on sent monter leur inquiétude qui se mue en indignation. Leur pureté, leur innocence, leur ignorance encore du monde des adultes -bien qu’ils fussent des étudiants (Hans se préparait à être médecin tandis que sa sœur Sophie faisait elle aussi des études supérieures- expliquent peut-être un peu leur inconscience : comment avoir osé poser des tracts dans le grand hall de l’université de Munich ? La Gestapo était déjà sur leurs traces car ils avaient envoyé par la poste des centaines de tracts anti-hitlériens qui n’étaient pas parvenus à leurs destinataires, preuve qu’ils avaient été interceptés et que les services de sécurité enquêtaient…
    Il y a aussi le rôle bénéfique joué par la culture humaniste allemande avec des figures de proue telles Goethe et Schiller. On rapporte qu’une femme juive déportée et promise à la mort avait écrit avant son supplice «c’est à nous qu’il appartient de sauver Goethe» , c’est-à-dire l’héritage  classique du Sage de Weimar, l’incarnation de l’esprit libéral dans l’Allemagne de la fin du XVIIIe et du premier tiers du XIXe siècle.
    Le petit réseau de résistance , monté par Hans et Sophie, s’appelait la Rose blanche.  Il  me semble que le 19 avril 1941 marque un tournant dans la prise de conscience de Hans qui livre ce jour là à son amie Rose le long compte rendu d’un cauchemar où tout se mêle, ses visions, ses craintes, ses prévisions, son propre avenir : il se destine à la médecine, mais dans ce rêve qu’il raconte à Rose, il fait irruptions dans une infirmerie sordide et les malades lui demandent ce qu’il fait là… Il répond qu’il est médecin. Les malades, hilares, se moquent de lui et se demandent ce que peut bien faire un médecin dans un tel lieu… C’est le signe même du désespoir, de la perte de confiance en soi : si même un médecin dans l’Allemagne nazie perd toute crédibilité, toute légitimité, si même des patients décrètent qu’ils n’en veulent pas, que reste-t-il de saint dans cette Allemagne dévoyée ? Plus rien. Ce rêve revêt une importance particulière.
    Entre-temps, le jeune homme progresse dans ses études de médecine, accomplit son service militaire, a même maille à partir avec la justice et participe à la guerre. Il se rend à Vienne, désormais sous Anschluss, à Paris et rend hommage à la solidité des infirmières parisiennes qui sont fidèles au poste.
    L’autre point tournant dans l’esprit de Hans est marqué par le texte publié dans un forum de discussion en novembre 1941 : il y est question de l’autre rive et de l’impossibilité d’y accéder. La rivière est sombre, profonde et son début est rapide. Donc un cours d’eau dangereux, pas une étoile ne brille,  pas de pont, pas de sentier, rien. En fait, c’est le constat d’un blocage complet. Que faire contre le régime ? Sinon l’action de résistance…
    Lorsque le frère et la sœur comparaîtront devant leurs juges, le procureur demandera à Sophie si elle avait eu l’intention d’attenter aux jours de Hitler… La jeune fille répondit sans hésiter : oui. Dès lors, le sort des deux accusés était scellé.
    C’est entre  le 27 juin et le 12 1942 que Hans et Sophie rédigèrent leurs quatre tracts. Les deux jeunes appellent un chat un chat. Ils tentent tout d’abord d’éveiller la conscience humanitaire de certains intellectuels de Munich contactés par voie postale. Le second texte dénonce les atrocités anti-juives des Nazis et condamnent sans appel une telle extermination.  Dans le troisième tract, les auteurs dénoncent la tyrannie nazie et appellent au sabotage. Le quatrième tract présente la Rose blanche comme la mauvaise conscience de l’Allemagne.
    De Russie où il a été envoyé, Hans invoque Dieu dans son journal :  O Dieu d’amour, aide moi à triompher de mes doutes. Oui, je vois la Création qui est ton œuvre et qui est bonne. Mais je vois aussi l’œuvre de l’homme, notre œuvre qui est cruelle, qu’on appelle destruction et désespoir… Pourquoi la souffrance est elle si injustement infligée ?
    Hélas, le 22 fevrier 1943 furent exécutés à Munich. La sentence de mort fut exécuté l’après-midi même de leur condamnation. Ce frère et sa sœur sont la conscience morale d’une Allemagne qui en avait été privée par Hitler. Gloire à leur mémoire !