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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1093

  • réflexions sur notre judaïsme contemporain… quel avenir pouvons nous espérer ?

    ALLOCUTION PRONONCÉE À GENÈVE LE 10 MAI 2010 DEVANT LE CONGRÈS ANNUEL DES RABBINS LIBÉRAUX ET MASSORTIS D’EUROPE FRANCOPHONE

    réflexions sur notre judaïsme contemporain…

    quel avenir pouvons nous espérer ?

    Mesdames et Messieurs les Rabbins,

    C’est un honneur pour moi de prendre la parole devant vous qui êtes réunis ce jour à Genève pour votre congrès annuel. Je vais développer devant vous, pour la première fois dans ma carrière, des idées propres sur le judaïsme contemporain. Pour la première fois, je ne parlerai ni du Moyen Age, ni de la renaissance, ni des XVIII-XIXe siècles… Mais du temps présent et de l’avenir.

    Est-il nécessaire d’ajouter que ces pensées hâtivement mises sur le papier ne se veulent qu’un point de départ pour une réflexion plus fournie, grâce aux observations et remarques que vous ne manquerez pas de faire.

    Il me semble que l’essentiel de nos réflexions doit porter sur la manière de sortir d‘un judaïsme de l’exil, en vigueur depuis près de deux millénaires, pour favoriser l’émergence d’un judaïsme post exilique qui prenne en considération des perspectives d’avenir.

    Ce n’est pas une tâche facile car la chose la plus difficile à préserver n’est autre que le continuum de la tradition juive et de préserver l’unité doctrinale du judaïsme d’aujourd’hui.

    Introduction : la démographie

    Le paysage du judaïsme mondial se présente comme un phénomène inséré dans trois grands blocs : l’Etat d’Israël, les USA et l’Europe. On a tendance à passer sous silence le tarissement[1] des anciens centres juifs d’Afrique du Nord et du monde arabo-musulman en général. Pourtant, cela représente la disparition d’un énorme réservoir humain ; c’est aussi une menace pesant sur le renouveau ou le simple maintien de ces traditions ancestrales qui remontent au moins à Saadya Gaon (Xe siècle) et qui se sont poursuivies jusqu’à l’expulsion des Juifs d’Espagne, dont le célèbre Moïse Maimonide, grand auteur judéo-arabe, s’il en est, est l’incarnation la plus connue. Le judaïsme est donc en passe de perdre l’une des langues qu’il a créées, parallèlement au yiddish et au ladino… Pourtant, cette langue est encore pratiquée à certaines occasions festives, notamment le second séder de Pessah au cours duquel les juifs séfarades, d’Orient et d’Afrique du Nord, lisent la version judéo-arabe du récit de la sortie d’Egypte que leurs enfants et petits enfants, hélas, ne comprennent plus, voire ne prisent guère.

    On ne compte plus que sur ces trois grands centres puisque le judaïsme, jadis retenu prisonnier dans l’ancienne et désormais défunte URSS, a été absorbé soit par Israël, soit par les USA, soit, enfin par la RFA. Il n’existe donc plus de réserves. En plus de l’incommensurable drame humain qu’elle représente, la Shoah constitue aussi une saignée à blanc (Léo Baeck), une irrémédiable atteinte à l’évolution démographique du judaïsme Or, nous savons que la religion juive est la seule à perdre régulièrement des adeptes et ne pas pouvoir maintenir le même taux de reconstitution que les deux autres confessions monothéistes.

    I.L’origine des différentes obédiences ou orientations au sein du judaïsme contemporain.

    Dans le judaïsme, tout part de la Bible et tout finit par y revenir. C’est une façon de dire que même si l’on s’occupe d’un état de lieux contemporain, on doit nécessairement remonter plus loin dans le passé. Nous ne retomberons pas dans l’historicisme de la Wissenschaft des Judentums en nous focalisant sur ce qui est derrière nous, encore qu’il faille toujours tirer les enseignements de ce qui nous a précédés…

    Notre réflexion sur la situation actuelle peut se nourrir des sagaces pensées d’un éminent rabbin allemand du XIXe siècle, Zacharias Frankel (1801-1875), fondateur avec ses disciples préférés, Jacob Bernays (1824-1881) et Heinrich Grätz (1817-1891), du fameux Séminaire juif de Breslau qui a les mêmes initiales que le JTS de New York dont l’emplacement institutionnel dans le judaïsme américain actuel est incontournable. Lors de l’inauguration de ce séminaire rabbinique à Breslau en 1851, Frankel a prononcé des paroles frappées au coin du bon sens où il reconnaissait à la science des droits sur le judaïsme et au judaïsme la nécessité de participer à la culture universelle. Ce sont des paroles qu’on aimerait entendre aujourd’hui de la bouche de certains guides spirituels de France, par exemple. Helléniste, ayant achevé un long cycle universitaire parallèlement à ses études rabbiniques proprement dites, Frankel s’offrit le luxe d’écrire en hébreu au moins trois ouvrages : Mavo la-Mishna, Mavo la-Yerushalmi et Darkhé ha-Mishna. Mais ses travaux sur la Bible des Septante furent rédigés en allemand.

    Cette idéologie qui pourrait s’apparenter au fameux mot d’ordre de Samson-Raphaël Hirsch (1808-1888) (mais dans un sens plus ouvert, moins intransigeant) de talmud Tora ‘im dérékh éréts (l’étude de la Tora et la culture contemporaine), fut réaffirmée avec plus de force encore lorsque Isaac Heinemann, l’un des successeurs à la tête de ce séminaire (Jüdisch-Theologisches Seminar de Breslau, l’actuelle Wroclaw) prononça un beau discours à l’occasion du 75e anniversaire de cette institution. Il insista sur la nécessité de réconcilier la tradition et la modernité, la religion juive et la culture européenne[2]. Heinemann finit ses jours comme professeur à l’Université Hébraïque de Jérusalem était ; comme Frankel, il fut à la fois un excellent hébraïsant et un remarquable helléniste, ainsi que l’attestent ses travaux sur Philon d’Alexandrie.

    Aujourd’hui, les successeurs de ce judaïsme historique qui revendiquait le concours de l’examen critique seraient les communautés orthodoxes modérés, dites conservative au sens américain du terme.

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  • A CRISE DE L’EURO : NOTRE ARGENT EST IL EN SECURITE DANS LES BANQUES DE LA ZONE EURO ?

    LA CRISE DE L’EURO : NOTRE ARGENT EST IL EN SECURITE DANS LES BANQUES DE LA ZONE EURO ?

    L’euro est en crise, cela dépasse le cas grave qui ne fut qu’un symptôme, le plus voyant, étant entendu qu’une chaîne craque là où le maillon est le plus faible. Les gouvernants ont compris l’étendue de la crise systémique et c’est pour cela qu’ils travaillent d’arrache pied, même le week end pour colmater la brèche et montrer aux spéculateurs et aux marchés que l’euro sera défendu. Malheureusement, Monsieur Jean-Claude Trichet (que je connais et aime bien ) n’a pas dit ce qu’il aurait dû dire : nous sommes prêts, nous la BCE, à injecter des centaines de milliards pour sauver notre monnaie européenne. En revanche, M. Trichet l’avait fait pour sauver les banques : il ne faut plus attendre…
    J’ai entendu dire que la faute, le retard de l’intervention en faveur de l’euro, était imputable à la Chancelière allemande, Me Angela Merkel. Ce n’est pas juste de dire cela. Cette dame, fille de pasteur, née dans l’ancienne RDA, a jugé que les Grecs nous avaient menti et trompés (belogen und betrogen) et qu’il convenait de les punir pour cette raison. Elle a raison. Les Grecs, berceau et fondement de notre civilisation, nous ont toujours menti, notamment pour le coût des jeux olympiques. IKls nous ont trompés pour ce qui est de leur  déficit et de leur endettement.
    Certes, parler de punition en matière de gouvernance économique n’est pas très fin, mais sur le fond, cette femme a raison.
    La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : faut-il recourir à des recettes conventionnelles ou prendre des mesures exorbitantes (comme les Américains en 2008/9) qui multiplièrent par trois le bilan de leur banque centrale qui racheta tous les actifs pourris afin d’assainir…
    Seule une mesure aussi radicale découragera les spéculateurs dont certains se disent que le sort de l’Euro est scellé (en allemand : besiegelt)…
    Et qu’adviendra-t-il de l’argent des honnêtes gens dans les banques de la zone euro, en cas (improbable, je l’espère) d’effondrement ?
    Il nous faut une gouvernance économique de la zone euro.

  • RETOUR SUR LE CURIEUX APPEL DE JCALL

    RETOUR SUR LE CURIEUX APPEL DE JCALL

    Quelle joute oratoire ! Que de passions autour de cette note sur l’appel de juifs européens, souhaitant changer la politique israélienne ! J’ai donc jugé bon de revenir sur cette question.
    Il faut savoir qu’aux USA, contrairement à notre vieille Europe, il existe une profession, parfaitement honorable, légale et reconnue de tous, celle de lobbyiste. Il y a là-bas des lobbys parfaitement admis et intégrés dans le cadre de l’action politique. On commence à voir le même  phénomène prendre de l’ampleur à Bruxelles où les mœurs américaines s’imposent graduellement.
    On a vu que l’élection de M. Obama a tendance à changer la donne vis-à-vis d’Israël qui se voit appeler à plus de souplesse. Or, le lobby pro israélien est hyper puissant et aurait tendance à s’aligner de manière inconditionnelle sur la position israélienne, qu’elle soit de droite oud e gauche. Pour donner un exemple de la puissance de ce lobby, rappelons que plus de deux tiers des Sénateurs US ont récemment adressé une véritable mise en garde à M. Obama qui a dû modérer ses ardeurs et reconnaître que le lien avec Israël est intouchable (the link with Israel is unbreakable).
    Les têtes pensantes de la Maison Blanche, dont la plupart sont juifs et ont même la nationalité israélienne, ont suggéré d’user de manœuvres stratégiques, au lieu de prendre le taureau par les cornes. Ils incitent certains juifs démocrates ou de gauche à peser sur le gouvernement de M. Netanyahou afin de disposer d’un allié en cas d’affrontement avec Israël ? En somme, ils suscitent un lobby pro israélien modéré, susceptible de conseiller à M. Netanyahou d’assouplir sa position… Voilà pourquoi il y a eu dans la presse européenne cette campagne de publicité et de signatures.
    Les personnalités emblématiques du mouvement sont assez hétérogènes et leur éclectisme dissimule mal certaines rancœurs, certaines évictions et certaines mises à l’écart…  Quand on lit certaines personnes ayant servi Israël dans l’armée et à l’étranger, dire que son attitude est suicidaire, on se demande dans quelle mesure, ce n’est pas la déception, le désamour qui prennent la parole… Mais c’est ainsi, la nature humaine est ainsi fait et ses aléas sont connus.
    Comment vois-je la suite des événements ? Fort simplement. Dans à peine quelques moi,s les USA vont commencer à s’occuper de la campagne présidentielle. Je m’interroge sur els chances du président actuel et pense que son parti qui voit en lui son candidat naturel ne tardera pas à lui dicter la prudence. Est-ce que le lobby sioniste va rester inerte ? Je  crains que non, car, entre-temps, le parti républicain s’est ressaisi et a l’embarras du choix pour mettre en difficulté le président actuel.
    Enfin, il faut bien comprendre que le seul allié fiable, puissant et démocratique des USA dans la région est et demeure Israël. Aucun voisin régional n’a réussi à séduire les USA ni à importer durablement ses valeurs humanistes et démocratiques… Je crains fort que toute cette agitation ne soit qu’une manœuvre de diversion.
    Tant que les Arabes n’auront pas accepté réellement l’existence d’Israël et son installation incontestée sur la terre de ses ancêtres, la paix n’avancera pas.
    Quel dommage ! Imaginons ce que serait le Proche Orient ces cinquante dernières années si la paix avait régné… Pour cela il faudrait que certains ne pratiquent le déni du réel… La Realpolitik fera-t-elle un jour souche en Orient ?