Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 273

  • Les deux corps du roi par Ernst Kantorowicz, juif de Posnanie (Les Belles Lettres)

     

    Les deux corps du roi par Ernst Kantorowicz, juif de Posnanie (Les Belles Lettres)

    Dans nos pays d’Europe et du monde civilisé, il n’existe pas une seule personne qui n’ait jamais entendu parler, au sujet de l’essence propre à chaque monarque, de cette différence majeure, entre l’aspect normal, banal et ordinaire d’un simple mortel qu’est le roi, et le corps sacré, l’entité charismatique ; elle échappe à nos instruments de mesure et d’appréciation du roi, lequel semble provenir d’une région inaccessible au commun des mortels que nous sommes… D’où cette dissociation entre les deux corps du roi… Il y a là une sacralité dont l’auteur, E. Kantorowicz, a tant parlé dans sa biographie de ce monarque atypique que fut Frédéric II Hohenstaufen.

    Les sociologues, les politologues, les anthropologues ont tous adopté cette différenciation établie par ce petit Juif autodidacte, originaire d’un petit patelin de Posnanie mais qui, à force de travail et de persévérance, a tout de même fini son existence dans la peau d’un éminent professeur de Princeton. Cette judéité se révéla être un véritable boulet. Ce Juif né dans l’aire culturelle germanique à laquelle, comme tant d’autres avant lui mais aussi après lui, a voulu devenir enfin un Allemand comme tous les autres, tout en étant et en restant l’adepte d’une autre religion … Vers la même époque, un autre Juif allemand, son exact contemporain, Gershom Scholem ne commettra pas ce leurre de soi-même et comprendra clairement que la socio-culture germanique n’était pas disposée à accueillir généreusement en son sein les fils et les filles d’une autre «tribu», celle d’Israël.

    Lire la suite

  • La Pologne redevient-elle antisémite?

    La Pologne redevient-elle antisémite?

    A notre profonde tristesse, la question peut vraiment se poser. Certes, il y a, pour commencer, plus de maladresse que de malice ou de volonté de se montrer hostile aux Juifs et à Israël, sans même parler des USA où vivent tant et tant de descendants des victimes de l’Holocauste. Or, si les USA se mettent de la partie, et je pense que les Polonais ont négligé cet aspect des choses, pour la Pologne une seule possibilité sera alors envisageable ; la capitulation en rase campagne. Mais nous n’en sommes pas encore là.


    Voyons rapidement l’arrière-plan historique de cette question si sensible, les relations judéo-polonaises à travers non point l’Histoire mais plus modestement à travers les temps les plus récents, ce qui, en matière d’Histoire mondiale, peut englober plusieurs siècles…

    Lorsque les croisades s’abattirent sur les communautés juives d’Europe, notamment dans toute la vallée du Rhin, traversée par des hordes de croisés qui se firent la main sur les communautés juives traversées, les victimes qui se sacrifièrent par centaines, voire par milliers, afin de ne pas abjurer leur foi sacrées, une foi qui comptait plus que leur vie à leurs yeux, migrèrent plus à l’est et au centre de l’Europe, afin de se soustraire aux vagues d’exterminateurs sanguinaires. Je n’exagère point. Il suffit de feuilleter les chroniques de témoins visuels, réunies dans un Memorbuch intitulé Sefer Guesérot Tsarfat we-Askénaze (Tel Aviv, Editions Habermann, 1947/48), pour voir l’incroyable bestialité et l’inimaginable cruauté des croisés qui tuaient, violaient, brûlaient tout sur leur passage, au nom du … Christ ! Au motif que les Juifs l’auraient jadis crucifié.

    Lire la suite

  • Stefan Zweig, Les heures les plus riches de l’humanité …. Et Lettre d’une inconnue ou La longue complainte d’une agonisante

                         Stefan Zweig, Les heures les plus riches de l’humanité ….   Et

                   Lettre d’une inconnue ou La longue complainte d’une agonisante

    Voici un grand écrivain qui, sans avoir reçu le prix Nobel de littérature, en raison probablement de son suicide soudain en 1942 au Brésil, et qui aurait pu être couronné peu de temps après, comme le furent Hermann Hesse et Thomas Mann, ne tombera jamais dans l’oubli, ce qui serait, d’ailleurs, largement injuste et immérité. On ne se lasse pas de le lire et de le relire et les éditions Gallimard poursuivent avec constance la publication systématique de ses merveilleuses nouvelles, un genre dans lequel l’auteur du magnifique écrit, Vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, excellait. Gallimard vient de rééditer une belle nouvelle, excellemment présentée par Jean-Pierre Lefebvre, Lettre d’une inconnue sur laquelle nous reviendrons plus bas.

    J’ai principalement en vue ici le volume paru en l’an 2000 aux éditions Belfond et qui s’intitule Les très riches heures de l’humanité (Die Sternstunden der Menschheit). De quoi s’agit-il ? Eh bien une préface à la fois succincte et très dense de l’auteur lui-même nous l’explique : l’Histoire, ce mystérieux atelier de Dieu (Gœthe), ne connaît pas des périodes prolongées d’éclat et de génie mais plutôt des secousses telluriques brutales, et de très courte durée, des éruptions soudaines, inattendues, des séquences, des segments, au cours desquels des personnalités uniques, des génies incomparables voient le jour, marquent leur temps et façonnent l’Histoire où ils laissent des traces indélébiles. Zweig a toujours affectionné les romans historiques et a largement pratiqué ce genre dans son œuvre. D’ailleurs, le présent recueil l’illustre largement.

    Lire la suite