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Vu de la place Victor-Hugo - Page 272

  • La question corse: de la dignité de Madame Erignac à la fermété d’Emmanuel Macron

    La question corse: de la dignité de Madame Erignac à la fermété d’Emmanuel Macron

    Ceux qui ont entendu le digne discours de la veuve du regretté préfet Claude Erignac ne pouvaient que saluer la noblesse d’une dame qui a évoqué la mémoire de son défunt mari, lâchement assassiné, alors qu’il se rendait sans protection spéciale à une représentation ou à un concert. Cette femme a parlé sans haine ni acrimonie alors qu’elle aurait légitimement pu le faire. Elle a d’ailleurs dit, fort calmement, que cette journée affreuse avait fait d’elle une veuve et de ses deux enfants des orphelins… Et j’ajouterai que de mémoire d’homme on n’avait jamais vu cela : l’assassinat de sang froid d’un préfet, d’une haut représentant de la République.

    Pudeur et dignité, deux valeurs, en perte de vitesse et dont on fait peu de cas aujourd’hui, où la réussite individuelle, recherchée à tout prix, ne recule devant aucune bassesse ni aucun compromission. Une grande dame, l’autre jour, revenait en Corse pour la première fois depuis ce drame, et le président de la République a fait preuve d’une profonde solidarité en la laissant parler en premier pour évoquer la mémoire de son défunt mari, mort dans l’exercice de ses fonctions. Et quand on pense que cet homme a été tué de deux balles dans le dos et d’une dernière dans la tête, on se demande s’il existe encore dans cette région française des hommes d’honneur. Il faut dire qu’on entend si souvent parler d’honneur pour excuser, voire légitimer des actions qui en sont à des années-lumière …

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  • Bible et méditation (Aryeh Kaplan, Albin Michel): Comment devient on prophète?

    La méditation de la parole divine conduit-elle à la prophétie?

                    Bible et méditation (Aryeh Kaplan, Albin Michel)

    En dépit de quelques imperfections, dues plus à l’inexacte traduction française de certains termes techniques hébraïques qu’à une quelconque impéritie de l’auteur, ce livre américain, opportunément réédité en français par les éditions Albin Michel, pose une vraie question, celle des rapports entre la Bible et la méditation, une activité qui est l’apanage exclusif de l’espèce humaine.

    Le terme technique qui connote l’idée même de méditation en tant que telle ne me semble pas, dans sa forme propre, faire partie du corpus biblique. Certes, il y a le verbe hébraïque présent dans le livre de Josué (wé-haguita bo yomama wa layla : tu le méditeras ou l’étudieras jour et nuit).

    Nous voulons parler de la hitbodédout. La racine est effectivement biblique et définit même, selon le livre du Deutéronome, le statut spécial et l’essence particulière du peuple d’Israël, un groupe ethnique qui réside seul (donc en solitaire) et qui n’est pas décompté parmi les nations. Il s’agit donc de la racine trilitère BDD qui a donné l’épithète et l’adverbe badad et le verbe à la forme pronominale mitbodéd (s’isoler, s’esseuler). Dans la philosophie médiévale juive, pour traduire le titre arabe d’un traité du philosophe andalou Ibn Badja (l’Avempace des Latins), premier penseur à avoir contesté la philosophie politique d’Aristote à son époque, intitulé Le régime du solitaire, en arabe Tadbir al-mutawahid, et en hébreu Hanhagat ha-mitbodéd, on a eu recours à cette même racine… Et dans ce sens précis on trouve l’idée d’un esseulement, commandé par la nécessité de la méditation. Le traducteur anonyme de ce traité (longtemps, on a cru à tort que Moïse de Narbonne qui en a donné un résumé en était aussi le traducteur) a donc eu recours à cette racine hébraïque plutôt qu’à une autre…

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  • Les Juifs au miroir des sources chrétiennes anciennes…

    Les Juifs au miroir des sources chrétiennes anciennes…

    Voici un sujet qui retenait mon attention depuis un certain temps et qui vient d’être magistralement traité dans le dernier numéro de l’excellente revue SENS (416, janvier-février 2018 par le Père Dominique Cerbelaud).

    Je me souviens encore des leçons du regretté et très érudit Bernard Blumenkranz qui s’était spécialisé dans les relations entre juifs et chrétiens au temps de la première croisade (1096) mais qui avait, au lendemain de la seconde guerre mondiale, présenté une thèse de doctorat en allemand à l’université de Bâle sur la prédication d’Augustin concernant les Juifs (Augustins Judenpredigt)= «il ne fallait pas tous les tuer afin que leur misérable condition et le sort peu enviable portât témoignage de leur refus du message du Christ…»

    Comme le note l’auteur de cette belle étude parue dans SENS, cette position ne laisse pas d’être paradoxale : d’un côté, elle imputait aux Juifs une faute qu’ils allaient traîner avec eux durant des siècles, de l’ autre, elle préservait un peu la vie de certains d’entre eux…

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