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Vu de la place Victor-Hugo - Page 396

  • L’Europe face à la Turquie d’Erdogan : défendre ses idéaux ou défendre ses intérêts ?

    L’Europe face à la Turquie d’Erdogan : défendre ses idéaux ou défendre ses intérêts ?

    Ce sera l’enjeu majeur de cette réunion de lundi à Bruxelles avec les autorités turques dont on a déjà dit et redit qu’elles jouaient double jeu, faisaient flèche de tout bois, bombardaient plus le PKK que l’Etat islamique et ne faisaient pratiquement rien pour stopper l’exode vers l’Europe ni combattre les passeurs ! Ce sont là des affaires sérieuses. Ile ne faut pas, néanmoins, n’instruire qu’à charge : la Turquie reçoit sur son territoire près de deux millions de réfugiés de toutes sortes, lesquels bien que tous arabo-musulmans, ne veulent pas intégrer les riches pays arabes de la région mais jettent leur dévolu sur l’Europe, au risque de leur vie, une Europe qui se déclare incapable de les recevoir et commence à envisager de renvoyer tout ce petit monde d’où il vient. Mais la Turquie a absolument droit à une aide de quelques milliards pour subvenir aux besoins des réfugiés, leur réserver un accueil décent. Sur ce point, il n y a rien à dire, mais bien sur tout le reste, et ce reste est considérable. D’abord, je ne crois pas que l’Europe ait jamais envisagé sérieusement d’accueillir ce pays au sein de l’Union ; même Jacques Chirac avait assorti cela d’un référendum du peuple français ; et je laisse de côté des pays foncièrement catholiques qui refuseraient d’avoir dans l’UE près de 90. 000 000 de musulmans chez eux, ce qui bouleverserait définitivement les équilibres. Ces mêmes pays barrent l’accès à leur pays au motif qu’ils veulent rester chez eux entre eux.

    Que fera l’Europe demain ? Va t elle s’indigner verbalement qu’on ferme un journal Zaman et qu’on embastille ses journalistes ? Va t elle exiger du sultan qu’il cesse de se comporter en satrape oriental et qu’il respecte la liberté d’opinion, et notamment celle de la presse ? Ou va t elle au contraire, tout céder pour obtenir un point majeur : la rétention des réfugiés sur place et le retour d’où ils viennent… Le tout assorti de quelques milliards qui seront nécessaires s’ils sont bien utilisés, c’est-à-dire remis aux réfugiés pour les nourrir, les vêtir, les éduquer, les soigner, etc… Donc défendre ses intérêts avant tout. Car, comment voulez vous que l’Europe devienne le réceptacle d’un déversoir ? Si la moitié de la population syrienne ou irakienne suivait Madame Merkel, que diront les Allemands ?

    Mais même si les Turcs se décidaient enfin à jouer le jeu, à bloquer les passeurs, saisir leurs embarcations de fortune et garder les réfugiés sur place, ce sera un remède cosmétique. Ce qu’il faut, c’est prendre le problème à la source : faire régner le calme en Syrie, réduire l’EI et supprimer les causes qui entraînent cette conséquence majeure : l’émigration, l’exil.

    Et cela, malheureusement, nous échappe en Europe, cela repose entre les mains du dirigeant du plus grand et plus puissant pays, les USA. Si Barack Obama avait fait un autre calcul, en quelque semaines, avec l’envoi de quarante mille hommes, il aurait réglé la question. A l’inverse, il bombarde indéfiniment et l’EI a trouvé la parade, il se terre. Certes, il cesse d’avancer et de conquérir de nouvelles parcelles de territoire…… Mais il est à Mossoul en Irak et contrôle une part non négligeable du territoire syrien.

    Pendant tout ce temps, des Syriens meurent, se noient, ont froid et faim. Mais un jour, l’Histoire rendra son verdict qui sera alors sans appel.

    Les Allemands ont un très beau proverbe, le voici : Gottes Mühlen mahlen langsam, langsam aber fein ; les moulins de Dieu moulent lentement, lentement, mais finement.

  • La démocratie en Turquie et la liberté de la presse : le cas Erdogan

    La démocratie en Turquie et la liberté de la presse : le cas Erdogan

    Les choses ne s’arrangent pas en Turquie avec Monsieur Erdogan qui ne supporte plus la moindre critique, clame haut et fort son mépris de l’institution judiciaire de son pays, fait embastiller les journalistes qui osent le critiquer, et administrer par d’autres la rédaction, et surtout ne respecte plus la liberté de la presse. Je rappelle qu’il a dit publiquement n’avoir pas de respect pour une décision de la cour suprême qui ne lui plaisait pas, car elle exigeait la libération immédiate de deux journalistes.

    Tout le monde sait que la Turquie joue double ou triple jeu dans la crise syrienne. Tout le monde le clame sur les toits. Récemment encore, donc cette semaine, j’entendais le président d’une importante fondation le dire. Pire, la Turquie utilise la gêne occasionnée aux Occidentaux par les réfugiés pour soutirer des sommes astronomiques à l’Union Européenne, et tenter de faire avancer de force les négociations sur l’adhésion à l’U.E.

    Ce serait une erreur fatale de céder sur ce point et je ne pense pas que les négociations de ce lundi à Bruxelles pousseront les feux dans cette direction. On changerait les équilibres gravement et de manière irréversible en accueillant ce pays dans notre UE. On a déjà laissé entrer en Europe des millions de réfugiés qui vont pouvoir essaimer non seulement en Allemagne mais partout dans l’espace Schengen. L’UE a commis une folie sans nom : si l’on abat les frontières intérieures il faut qu’au préalable les frontières extérieures soient étanches ou au moins bien gardées. Or, depuis des années, ce n’est pas le cas. Les terroristes, et il y en a sûrement parmi les réfugiés, ont pu se déplacer tranquillement d’un pays à l’autre.

    Certes, la Turquie accueille sur son territoire des millions de réfugiés, mais cela la regarde en tant que puissance régionale. Disons aussi qu’elle ferme les yeux sur le transit des membres de l’Etat islamique dont les blessés sont soignés dans les hôpitaux. Dans certains milieux diplomatiques on n’est pas loin de penser que la Turquie fait pression sur l’UE de manière à peine dissimulée : ou vous nous aidez ou on ouvre les vannes et vous êtes débordés du jour au lendemain par des millions de réfugiés syriens et irakiens. Cela rappelle une menace de Kadhafi : sans moi, disait il, l’Europe serait un continent noir…

    L’identité culturelle de l’Europe mérite d’être préservée. Ceux qui veulent s’assimiler sans réserve à notre système de valeurs pourraient être, par petits groupes, accueillis et intégrés. Il leur faudra après cela s’assimiler à la socio culture européenne. Il ne faudrait pas que la génération suivante présente des exigences inconciliables avec la culture européenne.

    La France de M. Hollande commence à le comprendre en prenant conscience de l’étendue des territoires perdus par la République, les banlieues notamment. Le président français n’accueillera pas plus de 30.000 réfugiés, ce qui est fortement contesté par de larges franges de l’opinion. C’est pour cette raison que l’unanimisme de façade entre la France et l’Allemagne ne trompe personne… Les besoins sont asymétriques, au-delà du Rhin on manque de bras et la natalité est en berne, de ce côté ci du fleuve frontière les choses sont différentes.

    En gros, l’Europe fait face à de sérieux problèmes et la Turquie de Monsieur Erdogan est l’un de ceux là…

  • Hollande, Macron, Valls…

    Hollande, Macron, Valls…

    Ce n’est pas la trinité mais une simple trilogie qui risque de voler bientôt en éclats, si l’on en croit certaines indiscrétions savamment fuitées de la presse. On a vécu bien des turbulences dans le champ politique français ces dernières semaines. Un certain nombre d’initiatives législatives semblent relever du mystère même aux yeux d’amis du gouvernement actuel. On est dans l’avant-dernière année du quinquennat, étant entendu que l’année de l’élection ne compte guère. Et voici qu’on présente une véritable loi sur le travail qui se veut une gigantesque réforme d’un Code du travail devenu anarchique tant les lois y furent empilées au fil des années. La ministre chargée de présenter cette importante loi a du mal, c’est visible, sans faire preuve de mauvais esprit ni de misogynie : c’est trop pour elle. Alors, on voit la pointe de Matignon en dessous de ce projet et certains vont jusqu’à dire que c’est le Premier Ministre qui a forcé la main du président lequel aspire à restaurer le calme et à tenter de se représenter en 2017 ; il n’a donc guère besoin de troubles ni de manifestations des jeunes. Certains commentateurs avertis de la chose politique tiennent des raisonnements alambiqués sur ce trio qui ne semble plus aussi uni qu’avant : on prête au Premier Ministre la volonté de prendre du champ et de ne pas couler avec le Titanic tant la France est rétive aux réformes et tant la situation socio-économique est explosive. Si la loi est présentée et qu’elle est refusée par le Parlement, le gouvernement pourrait être censuré et Valls en profiterait pour tirer sa révérence … Du côté de E. Macron, ses dénégations ne convainquent personne lorsqu’il proclame qu’il ne sera pas candidats en 2017… Certains maintiennent que si Fr Hollande n’y allait pas, il grillerait la politesse à Valls avec lequel il est en concurrence. Et en plus il a dix ans de moins. Sa cote de popularité grimpe en flèche alors que celle des deux têtes de l’exécutif donne d’inquiétants signes de faiblesse.

    Le problème avec la France, c’est qu’elle est toujours en campagne électorale alors que seul copte l’élection présidentielle.