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Vu de la place Victor-Hugo - Page 398

  • François Hollande, sifflé, hué, appelé à démissionner au salon de l’agriculture : le debut de la fin ?

    François Hollande, sifflé, hué, appelé à démissionner au salon de l’agriculture : le debut de la fin ?

    Quel désolant spectacle ! Un président de la République, tout juste revenu d’un long séjour à l’autre bout du monde, qui est presque conspué par des jeunes agriculteurs en colère, lui tournant le dos, revêtus d’un tee-shirt avec l’avertissement suivant : je meurs..

    Les affiches suspendues au-dessus des stands appellent à la démission du président. Un président qui avance entouré d’une nuée de gardes du corps, inaccessible, protégé par des policiers qui le coupent de ceux auxquels il est justement venu rendre visite. Et cela ne fait que commencer puisqu’à neuf heures le public sera admis dans l’enceinte et là le pire est à craindre… Le mieux serait que François Hollande rentre sagement à l’Elysée et abandonne enfin cette technique mitterrandienne consistant à tenter de passer entre les gouttes.

    Sans faire preuve de partialité, j’ai vraiment l’impression que ce n’est plus une manœuvre de journaliste, Fr Hollande a battu des records d’impopularité, il est certain que sa côte de popularité, ou ce qui en reste, va en prendre un coup après ce que nous avons vu sur tous les écrans de télévision…

    Ces scènes ont produit un effet désastreux dont le principal intéressé devrait tirer la leçon. J’exclus un départ immédiat, mais une nouvelle candidature serait suicidaire. En moins de 13 mois, jamais il ne pourra remonter la pente. De tous côtés la colère gronde : l’aéroport des Landes, le mécontentement agricole, le monde salarié dans sa totalité vent debout contre la loi dite El Komry, le chômage, les retraites, les déficits, et je ne parle même plus de la sortie violente et virulente de Martine Aubry…

    Certains vont jusqu’à dire que le bilan destructif de Fr Hollande bat tous les records, il est allé bien au-delà de tous ses prédécesseurs ; hier soir, je suivais une émission politique à la télévision et j’ai entendu de vieux militants socialistes dire que le quinquennat a commencé avec un slogan (mon ennemi c’est la finance) et s’achève avec une loi anti-salarié, digne du XIXe siècle… Et ces vieux militants disaient qu’ils avaient rendu leur carte et ne voteraient plus jamais pour Hollande.

    Il y a donc le feu à l’intérieur et à l’extérieur. Certains instituts envisagent même l’implosion du PS.

    Regardons les choses plus objectivement : il est indéniable que Fr. Hollande pratique une politique en tout point aux antipodes de ce qu’il avait avancé. Il a perdu 4 ans ! Aujourd’hui, il précipite la cadence à des fins personnelles car il songe à se représenter. C’est humain, mais ce serait une erreur lourde de conséquences de sa part car il fera perdre son camp. C’est donc une façon de s’accrocher au pouvoir. Certes, il a fait ce qu’il a pu mais il s’est trompé sur la situation réelle du pays. Il n’a jamais anticipé avant de prendre enfin conscience de l’imminence des problèmes… Dommage.

    Tous les experts dont je ne suis pas sont d’accord pour dire que même au sein de l’exécutif, on se demande qui commande vraiment, qui décide. Valls donne l’impression de s’imposer au président. Cela fait penser à une phrase d’un journaliste US du temps de Nixon et Kissinger. Nixon commande en suggérant tandis que Kissinger suggère en commandant. Or, certains socialistes commencent à se demander s’il ne faudrait pas changer de premier ministre, offert en sacrifice expiatoire à un électorat déçu et en colère. Mais par qui le remplacerait-on ?

    Martien Aubry ? Impossible, elle vient de brûler ses vaisseaux. François Bayrou ? Il refuse de s’embarquer sur le Titanic. Reprendre Jean-Marc Ayrault ? Quel aveu de faiblesse et d’impuissance ?

    La seule alternative est d’envoyer des signaux de non candidature pour 2017. Personne, à l’exception de Dieu (qui ne compte pas en politique), ne pourra recréer des conditions favorables pour les mois qui restent. Le camp présidentiel avait compté sur l’esprit unitaire de janvier où la popularité de Fr Hollande avait repris des couleurs. Hélas, cela n’a pas duré et les vrais problèmes sont toujours là…

    Fr. Hollande devrait cesser de se prendre pour un Mitterrand. Il suffisait de voir les traits crispés de son visage, ce matin même, sa mâchoire serrée et celle de son ministre de l’agriculture pour voir où nous en sommes vraiment.

  • Fin de partie pour François Hollande ?

    Fin de partie pour François Hollande ?

    Cette fois-ci, la guerre est vraiment déclarée. Martine Aubry est sur la ligne de départ, je veux dire sur le sentier de la guerre. Certains socialistes serviles ont cru la contredire en disant qu’elle avait mal digéré sa défaite aux primaires… Du coup, elle exige désormais que François Hollande s’y soumette lui aussi, s’il venait à se présenter pour 2017. Or, précédemment, elle estimait qu’il n’ avait pas, en tant que président sortant, à passer par la case des primaires.

    On s’interroge un peu sur ce couple improbable de l’exécutif : un premier ministre tout en nervosité, réagissant au quart de tour, ne laissant rien passer au point que les frondeurs du PS dénoncent son côté martial, et en face ou à côté un président tout en rondeurs, lent à réagir, arrondissant les angles et laissant retomber les tensions…

    Cette tactique est peut-être bonne quelques fois mais pas en état d’urgence. Le PS est entré dans une phase de décomposition avancée. Fr. Hollande ne s’émeut pas, il n’est pas lié au PS par un mariage catholique, qu’à cela ne tienne, il formera une nouvelle majorité d’idées ou au cas par cas. Mais le problème est que la colère gronde et que certains députés PS menacent même de voter une motion de censure pour faire tomber le gouvernement dont ils abhorrent le chef.

    La goutte d’eau qui a fait déborder le vase et a mis fin à la patience des socialistes n’est autre que cette loi dite Khomri. Des centaines de milliers de personnes ont signé des pétitions contre cette loi.

    Dans certains états majors on pense que Hollande sacrifie les idéaux socialises à son intérêt personnel : comme il veut se représenter à tout prix et qu’il a conditionné sa candidature à la baisse du chômage, il met tout en œuvre pour parvenir à ses fins.

    Le problème est que son départ et sa non-candidature ne sont plus un tabou dans les rangs socialistes ; même le premier secrétaire ne bouge plus. Le PS est vraiment mal en point. Il y a quelques semaines les socialistes se gaussaient des Républicains, aujourd’hui c’est l’inverse.

    Marine Le Pen leur dit merci.

  • Ankara, Beyrouth, Damas, Moscou, Ryad, Téhéran, Tel-Aviv, etc…

    Ankara, Beyrouth, Damas, Moscou, Ryad, Téhéran, Tel-Aviv, etc…

    Un nouveau Proche Orient se dessine sous nos yeux sans qu’on s’en rende vraiment compte, c’est une région où la situation d’Israël n’est plus la seule à nourrir les inquiétudes, je dirais même que la situation de l’Etat juif s’améliore considérablement en raison des rivalités régionales et ethniques internes à la culture islamique. Qu’est ce à dire ? Tout simplement que le conflit israélo-palestinien après avoir été israélo-arabe, est en train d’être éclipsé par des confrontations internes opposant entre eux la plupart de ses voisins, sans qu’Israël y soit pour quoi que ce soit…

    Nous sommes en présence d’un incroyable renversement de situation au point que certains des ennemis d’hier se muent en amis, suivant l’adage suivant : les ennemis de nos ennemis sont nos amis.

    C’est peut-être une retombée positive de ce qui fut abusivement appelé les printemps arabes ; ce sont des journalistes occidentaux victimes de paresse intellectuelle qui ont fait un rapprochement avec ce qui s’était passé en Europe contre la loi d’airain du régime communiste. En fait, les secousses qui ont ébranlé le monde arabo-musulman sont plutôt des révoltes sociales dont aucune n’a vraiment porté ses fruits.

    Ryad et Téhéran s’affrontent en Syrie par groupes armés interposés. L’Arabie ne se cache même plus et accuse ouvertement Téhéran de menées subversives et de tentatives de déstabilisation. Pire encore, elle suspend les livraisons d’armes à l’armée libanaise au motif que cela profiterait au Hezbollah, allié de l’Iran, un Hezbollah qui paralyse la vie politique libanaise : à preuve la récente démission du ministre libanais de la justice, je crois, qui s’en plaignit publiquement. Donc, une confrontation entre des chiites et des sunnites… qui fait des dizaines de morts chaque semaine !

    Mais ce n’est pas tout, Ryad a établi un axe avec Ankara qui a d’ailleurs accueilli ses avions de chasse dans une de ses bases aériennes, proche de la frontière syrienne. Ryad et Ankara ont les mêmes objectifs en Syrie : affaiblir les Iraniens et leurs alliés locaux, et notamment chasser Bachar du pouvoir. Ce qui apparaît désormais très incertain.

    Et dans ce contexte, ils vont se heurter à la Russie qui semble avoir tout misé sur Bachar même si, sous peu, elle aura des problèmes avec l’Etat islamique sur son propre territoire. Poutine essaie donc de calmer provisoirement le jeu sur le terrain mais reste prêt à en découdre. L’objectif est d’affaiblir l’ennemi et de le contraindre à siéger à la table des négociations.

    Le torchon brûle donc dans le camp arabo-musulman, ce qui marginalise grandement le cas du Hamas de Gaza lequel commence à être sérieusement contesté sur place. Il n’est donc pas exclu qu’il provoque l’armée d’Israël à la seule fin de se remettre en selle. Pour l’instant ses amis et ses protecteurs, les Emirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie l’en dissuadent fortement et lui font espérer un port à Gaza à condition qu’il se démilitarise complétement, ce qui conduirait Israël à lever le blocus. Evidemment, des puissances étrangères fiables contrôleraient ce qui se passera dans ce port… Est ce réaliste ? Pour l’instant, pas vraiment car la raison d’être du Hamas est justement la lutte armée ; et dans ce cas comment lui demander d’y renoncer ? Ce serait un auto-reniement, mais il faut bien savoir que l’esprit de Descartes n’a pas encore atteint cette région où certains arrangement font penser à une quadrature du cercle réussie… On estime à des millions de dollars les fortunes de certains hauts cadres du Hamas…

    Cette évolution lente mais inexorable de la région montre que le problème majeur n’est plus le conflit avec Israël, pays hyper puissant et très avancé au plan technologique, mais bien les antagonismes locaux. La seule nouveauté est représentée par la Russie de Poutine qui n’a jamais rompu ses liens avec Israël où vivent plus d’un million et demi de Juifs russes. Ces Israéliens d’un type nouveau ont leur presse, leurs télévisions, leurs écoles et entretiennent des relations avec ceux des leurs familles restés au pays.

    Un dernier point concernant l’activité russe dans cette région du monde. C’est le risque de confrontation avec la Turquie. Ceux qui connaissent Poutine disent qu’il fera payer très cher à Erdogan la destruction de son avion et la mort de l’un des deux pilotes…

    La seule tache au tableau est représentée par l’Etat Islamique ; il est presque certain que les bombardements russes lui ont porté un coup fatal. D’un autre côté, Obama a enfin compris qu’il fallait l’endiguer en Libye où il migre, ne pouvant plus supporter les coups de boutoir de ses ennemis. Mais même en Irak, ses positions sont très menacées. La grande bataille de Mossoul se prépare et cette capitale régionales, forte de deux millions d’habitants, ne restera pas éternellement aux mains de Daesh…

    Les pays du Proche Orient sont en ébullition, traversés par des antagonismes locaux. Et pour une fois, Israël n’y est pour rien, j’entends par là qu’on ne ressort plus la thèse du complot sioniste, responsable de tous les maux sur terre…. Ce qui prouve sans conteste que l’Etat juif a, durant toutes ces années, en fait depuis sa création, servi d’exutoire à des malaises et à des tensions qui n’étaient pas de son fait.

    Un détail significatif : alors que l’Egypte d’Al-Sissi ne cache nullement sa ligne dure et sa collaboration sécuritaire avec Israël (l’Egypte a même prié Israël de ne pas alléger le blocus de Gaza), d’autres pays arabes collaborent avec Israël, mais sans le dire… Et Benjamin Netanyahou leur a récemment demandé à la Knését de se déclarer, de faire une sorte de coming out politique, cette fois…

    Tribune de Genève du 25 février 2016