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Vu de la place Victor-Hugo - Page 403

  • L’exil et sa signification dans le judaïsme

     

                                 L’exil et sa signification dans le judaïsme

                                Conférence à la mairie du XVIe arrondissement le 21 janvier 2016 à 19heures

     

    Introduction :

    Le drame de l’exil, c’est d’être là où on n’a pas prévu, ni choisi d’être       L’exil dans la Bible :

    II Rois chapitres 23-24, 25. Josias, sa réforme et la fin de la monarchie davidique.

    L’exil et la Bible : La défaite de 586 et le départ en exil ont conduit au Remaniement de la Bible. Donc, ce fut un tournant décisif.

    La construction de l’histoire juive : Martin Noth : l’introduction à ce Geschichtswerk : Deutéronome, Josué, Juges, Samuel I et II, Rois I et II

    Menace de l’exil. On thématise l’exil.

    On fait de l’exil un drame national à défaut d’être une légende nationale.

    LE DEUTERONOME :

    A partir du chapitre 4 on entre dans le vif du sujet, l’observance stricte des lois divines. On notera les occurrences du verbe LMD apprend, enseigner.

    Un autre concept clé revient sans cesse, notamment dans les précédents chapitres, c’est le terme héritage (Yeroucha)

    On note aussi dans chapitre deux occurrence du terme BERIT, l’alliance.

    Dt 4 ;26 : je prends à témoin contre vous les cieux et la terre : vous serez vite balayés de cette bonne terre que l’Eternel vous offre… Dieu vous dispersera (Héfits : TEFOUTSOT). Donc il vivait déjà l’exil ce rédacteur qui feint de prédire l’avenir, qui est en réalité un douloureux présent.

    DEUT 28 ; 63 : être dispersé d’un bout à l’autre de l’univers

    Léhém tsar u mayim lahats : le pain de tribulation et l’eau d’angoisse. (Isaïe 30 ;20)

     

    Quand on pense à cette notion d’exil qui connote l’idée de déracinement, d’arrachement à un environnement et à un univers familiers, le cas du peuple juif dans ses différentes variantes (ashkénaze et séfarade) s’impose à nous. En effet, il est incontestable, au plan historique, que ce peuple est l’unique groupe ethnique à avoir conservé dans sa mémoire le souvenir lancinant de la terre ancestrale, la Terre promise par Dieu à un peuple qu’il a tenu à distinguer d’une grâce particulière. Mais on commettrait un grave oubli en négligeant les références à l’exil chez Platon, Lucrèce, Sénèque et quelques autres auteurs de la mythologie antique. Même une nature aussi profondément religieuse que Saint Augustin aborde le sujet de façon poignante dans ses Confessions.

    Avant d’entrer in medias res, c’est-à-dire d’analyser les différentes formes d’exil, vécues par la diaspora juive dans son ensemble, disons un mot de la Bible hébraïque, car aucun autre exil n’a duré aussi longtemps que celui du peuple juif, près de deux millénaires, imprimant à la religion et à la spiritualité d’Israël des marques quasi-indélébiles. Le judaïsme pré exilique n’est pas le même que le judaïsme postexilique. Mais l’aspect miraculeux tient au fait suivant : ce peuple a toujours évoqué sa rédemption dans ses prières, dans ses solennités et même ses néoménies. Au moins trois fois par jour, il a prié pour le rassemblement des exilés, éparpillés aux quatre coins de la planète.

    Il y a donc une relation dialectique entre l’exil et la rédemption. (Rosenzweig)

    Dans la Bible hébraïque, certains veulent lire cette tragédie de l’exil et de l’expulsion dès les tout premiers chapitres de la Genèse : c’est à travers les personnes d’Adam et Eve, l’humanité tout entière qui a été exilée du paradis. C’est le couple paradisiaque qui a provoqué son exil et sa condamnation à vivre dans ce qui est ce bas monde où l’humanité, devenue mortelle, a trouvé refuge… Israël qui va, en tant que peuple, subir un sort analogue, goûter l’amertume de l’exil, ne l’a pas vraiment initié.

    Dans le livre du Deutéronome, le dernier du Pentateuque de Moïse, les Hébreux sont menacés de la pire des sanctions pour leur inconduite et leur indiscipline ; et quelle est cette sanction, la pire et la plus redoutée de toutes ? L’exil, la déportation. Il faut relire ces versets des derniers chapitres du Deutéronome dont on sait qu’il fut écrit à l’époque de l’exil justement et qu’il inaugure les six livres de l’historiographie biblique ; livre de Josué, des Juges, les deux livres de Samuel et les deux livres des Rois. Dans toute cette littérature on parle de l’exil comme d’un mal à venir alors qu’il était effectivement vécu par les historiographes de cette même époque.

    LE DEUTÉRONOME EST LE PRODUIT DE L’EXIL.

    Dans la mythologie grecque nous trouvons que la notion d’exil joue chez Platon un rôle important. Mais il ne s’agit plus d’exil géographique, consécutif à une invasion étrangère ou à une défaite militaire ; il s’agit de l’âme, originaire des régions supérieures, qui sombre dans le secteur ténébreux des corps où elle sera retenue prisonnière. C’est l’exil psychologique, la dichotomie entre l’âme et le corps, l’esprit et la matière. Sénèque lui-même, envoyé en relégation en Corse entre l’an 41 et 49 sous la prétendue accusation d’adultère, fait état de la douleur ressentie lorsqu’on est coupé de ses racines. Saint Augustin prie Dieu de lui accorder d’être là où il doit être et non où il est, alors qu’il aspire à être ailleurs. Un peu comme la plante qu’on arrache à son terreau pour la replanter ailleurs sous d’autres cieux avec d’autres conditions qui ne sont plus celles pour lesquelles elle a été créée.

    N’oublions pas que vers l’an 45 avant l’ère chrétienne, Cicéron avait rédigé, deux ans avant son assassinat par des adversaires politiques, un écrit sur la sagesse et l’acquisition du bonheur. Le livre V de cet ensemble porte le titre suivant : Le bonheur dépend de l’âme seule… Les éditions Gallimard viennent de rééditer la traduction de ce texte, fournie par Emile Bréhier en 1962. On y trouve aussi un paragraphe consacré à l’exil qui est considéré comme le mal suprême. Voici ce qu’écrivait Cicéron il y plus de vingt et un siècles :

    Si l’on méprise les honneurs et l’argent que reste-t-il à craindre ? L’exil, je pense, que l’on tient pour un des plus grands malheurs. (pp 85-86 de l’édition de 2015)

    Le drame de l’exil, c’est d’être là où on n’a pas prévu, ni choisi d’être. Mais nous verrons plus bas que les êtres les plus aguerris savent faire leur profit de toute adversité. Hegel parle lui aussi de la formidable positivité du négatif : par une adroite dialectique, l’homme, victime d’un exil, mérité ou immérité, cherche à le transcender avec succès. Il fait alors d’une épreuve une force !

    Songez à l’exil subi par le prophète Jérémie au VIe siècle avant notre ère. Ce prophète avisé a permis à son peuple d’éviter l’aliénation, qui est la sœur jumelle de l’exil. Si vous ne vous adaptez pas à votre nouveau milieu, surtout quand il vous a été imposé, vous sombrez dans la dépression, votre instinct vital vous abandonne et la mort survient à plus ou moins brève échéance. Dans le chapitre XXIX de son livre, Jérémie nous livre une véritable charte de l’Israël en exil : bâtissez des maisons et habitez y, donnez des épouses à vos fils, prenez des époux pour vos filles, plantez des vignes et consommez en les fruits, enfin, priez pour le bien-être de l’état où Dieu vous a exilés car par sa paix vous aurez aussi la paix.

    Quelle lucidité politique ! Quelle belle vision de l’avenir ! Quel optimisme ! L’Histoire a donné raison à ce prophète abusivement assimilé à des complaintes, au point d’avoir donné naissance au terme de … jérémiade ! En son chapitre XXXI, il persiste et signe : il intime à la matriarche Rachel de cesser de pleurer pour ses fils, il faut sécher tes larmes, lui dit-il, il y a un espoir pour ta fin et tes fils rentreront chez eux… Là encore, l’Histoire lui a donné raison. Au lieu de passer son temps à pleurer sur les rivières de Babylone comme le rapporte le Psalmiste, Jérémie a dressé un programme politique, garant de la survie d’un peuple en exil. Jérémie est donc un bon disciple (sic) de Hegel, il a illustré deux mille ans avant lui la fameuse positivité du négatif…

    Le peuple juif a développé une véritable métaphysique de l’exil, et ce grâce à la conscience qu’il a pu en prendre. Car l’âme d’Israël n’est pas morte en exil ; elle a, certes, subi de profondes mutations, car qui nous dira à quoi aurait ressemblé le judaïsme aujourd’hui, sans la cuisante défaite de l’an 70, le sac de Jérusalem, la destruction du Temple et l’exil et la déportation ? Y aurait il eu des Juifs séfarades et des Juifs ashkénazes ? On ne le saura jamais car on ne peut pas faire que ce qui s’est produit ne le fût point ni que ce qui ne s’est pas produit se soit effectivement produit…

    Exilé de sa terre, arraché à son environnement, le peuple juif n’a, de fait, produit sur sa terre ou dans ses environs, que la littérature biblique. Ce qui n’est pas si mal. Mais l’immense dépositoire de sa spiritualité fut le produit né dans des terres étrangères. Il dut se confronter à d’autres idées, à d’autres cultures et à d’autres croyances, monothéistes ou polythéistes.

    Moïse de Léon est l’auteur de la partie principale du Zohar, mis en circulation vers 1270, si l’on en croit la datation des premières citations de cette littérature par d’autres. Un petit siècle auparavant on a connaissance du Sefer ha- Bahir dont le caractère gnostique est bien plus prononcé. Mais celui qui va révolutionner la situation n’est autre que le jeune Isaac Louria, dit le ARI ha-qadosh, le saint lion de la confrérie. Il a donné son nom à la kabbale de Safed.

    Le Maharal de Prague, Juda Löw (1512-1609) a donné à l’un de ses écrits majeurs le titre suivant : Béér ha-Goal, le Puits de l’exil. Au cours de toutes ses pérégrinations, le peuple d’Israël a appris des choses, s’est enrichi au contact des autres et a pu fortifier son essence propre qui en fait le peuple élu par Dieu pour incarner sa règle éthique et religieuse.

  • Marine Le Pen, Présidente de la République

     

    Marine Le Pen, présidente de la République…

    Marine Le Pen présidente de la république ? C’est la question qu’on peut se poser depuis ce matin après avoir suivi l’interview sur I-Télé de Nicolas Bay, secrétaire général du Front National . Il vient d’effectuer un remarquable rétropédalage en ne parlant plus d’une sortie brutale de l’Euro (sic) et en préconisant plutôt des aménagements progressifs, visant à redonner à la France une souveraineté monétaire qu’elle avait perdue en s’inféodant entièrement à Bruxelles.

    C’est absolument nouveau. Il y a encore quelques semaines, les porte-paroles patentés du FN martelaient que cette sortie de l’Euro était vitale et constituait la pierre de touche du programme économique de ce parti. Et justement c’était cet article, absolument insensé et irréalisable, qui détournait du FN des centaines de milliers d’électeurs potentiels, notamment les plus de soixante ans, retraités et attachés à une garantie de leurs revenus…

    Pendant longtemps, on se demandait comment le FN pouvait préconiser une sortie brutale de la monnaie unique ! C’eût été la ruine et la misère pour le pays et ses 65 millions d’habitants. Du jour au lendemain, la nouvelle monnaie eût perdu environ 40% de sa valeur., les exportations s’en seraient durement ressenties, on se demande aussi dans quelle monnaie serait alors libellée la dette de la France, etc… Bref, tant que ce verrou subsistait, Marine Le Pen n’aurait fait que de la figuration. Si les propos du secrétaire général se confirment, c’est un pan entier de l’électorat qui serait susceptible de se reporter sur la candidats du FN lors de l’élection présidentielle.

    Comment s’explique ce revirement qui prive les adversaires du FN d’un argument vraiment majeur, à savoir l’inconsistance de son programme économique ?

    Pour remporter l’élection à venir il n y a pas plusieurs solutions. Il fallait trouver des alliés en vue d’un périlleux second tour. Or, le FN ne peut rien espérer de plus que le débauchage de quelques députés LR, proches de ses propres idées. Mais cela le ne suffirait pas. Il faut quelque chose de plus robuste.

    Il ne restait plus que l’attraction de nouveaux électeurs qui, jusqu’ici, se détournaient du FN en raison de son immaturité économique. Il répétait ad nauseam qu’il fallait sortir du carcan de l’Euro (sic). Aujourd’hui, à moins que tout ne trompe, il recule prudemment tout en prétendant le contraire. C’est de bonne guerre.

    Ce qui change totalement les données du problème. L’élection présidentielle est donc jouable victorieusement si les partis traditionnels, de droite comme de gauche, ne prennent pas la mesure de cette révolution copernicienne du FN…

    Après les attentats de novembre et face aux dangers représentés par l’immigration massive de populations non européennes, une grande part de l’électorat a rejoint les thèses du FN. Et si le programme économique de ce parti redevient attractif, alors il n’existe plus d’obstacle infranchissable.

    Contrairement à son père qu’elle a entièrement marginalisé, Marine Le Pen peut nourrir les plus grands espoirs pour son avenir…

  • De certaines retombées positives liées à la chute du prix du baril de pétrole

     

    De certaines retombées positives liées à la chute du prix du baril de pétrole

    Le monde entier applaudit des deux mains, sauf, évidemment, les producteurs de pétrole qui voient leurs rentrées fondre comme neige au soleil. Les pays consommateurs, et nous le sommes tous, ne s’ay attendaient pas : comparez donc ! Il y a un peu plus d’un an et demi, le prix du baril dépassait les 100 dollars et certaines agences de notation avançaient que le baril atteindrait un jour le double ! Un véritable cauchemar qui ne s’est finalement pas concrétisé.

    Les spécialistes qui ne font que se tromper selon les règles, comme tous les experts , nous expliquent aujourd’hui que la crise, le ralentissement de la croissance et certains changements politiques (comme la guerre au Yémen, en Syrie et en Irak) sans oublier la rivalité Iran / Arabie Saoudite ont orienté les prix vers la baisse. L’Arabie voudrait aussi démolir la compétitivité du gaz de schiste afin de décourager les Américains qui l’exploitent massivement. Et puis il y a l’arrivée du pétrole iranien sur le marché et l’Arabie qui veut à tout prix freiner l’expansion de son puissant rival. Tout ceci a contribué à créer une situation que personne n’avait vraiment prévue.

    Les conséquences les plus inattendues sont les déficits des pays producteurs qui étaient assis sur un tas d’or, leur permettant d’acheter les perles de l’industrie occidentale, des équipes de football, de débaucher les meilleurs entraîneurs et de vivre comme des nababs. L’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats, le Qatar et toutes ces monarchies pétrolières vivant selon les valeurs d’un autre âge sont désormais contraints de réduire considérablement la voilure. Et les Occidentaux ne sont plus réduits à se traîner à leurs pieds et à fermer les yeux sur leurs violations répétées des droits de l’homme.

    On a tout permis à ces monarchies du Golfe : on a changé pour elles certaines lois, elles ont acheté les meilleurs établissements des capitales européennes, on leur a vendu des armes super sophistiquées dont on se demande ce qu’elles vont bien en faire, surtout en cas d’instabilité du régime en place, rien ne prouve qu’elles ne tomberont pas en de très mauvaises mains : souvenons nous des armes françaises vendues à la Libye et qui ont servi ensuite contre les soldats français !

    Ces pays ne pourront donc plus peser lourdement sur les décisions de l’UE ni sur celles des Etats pris isolément. Prenons l’exemple de la France : elle n’ose rien dire à l’Arabie au motif que celle-ci a acheté des avions de chasse, qu’elle finance les mistral et les avions commandés par l’Egypte… Bref, la vente d ‘armes a largement éclipsé la défense des valeurs qui gisent au fondement de notre civilisation et que ces gens ignorent, eux qui décapitent moins de cinquante hommes en une seule journée… La baisse du pouvoir d’achat de ces pays s’accompagnera d’une baisse sensible de leur influence.

    Les diplomates de l’ONU se sont longtemps demandé pour quelle raison la France s’entêtait à réclamer le départ de Bachar avant toute chose… La raison en était que les Saoudiens et quelques autres régimes de la région l’exigeaient comme préalable… Certes, Bachar n’est pas un saint mais il a réussi, cyniquement, à se rendre incontournable, alors qu’il à sur la conscience la mort violente de centaines de milliers d’hommes, sans compter les millions de personnes déplacées…

    Et lorsqu’on prouvera que certains de ces pays financent le terrorisme, il sera plus facile de les accuser devant les juridictions internationales et de faire condamner leurs dirigeants.

    C’est là la retombée la plus positive de la chute du prix des hydrocarbures. L’Europe et le monde civilisé retrouveront leur pleine autonomie, on ne fréquentera plus des tyrans sanguinaires, comme on l’a fait jusqu’ici depuis de longues années… On ne couvrira plus leurs crimes abjects. Et surtout, on redeviendra fier de son pays puisqu’il défendra une certain morale et surtout les droits de l’homme…

    N’oublions jamais cette phrase de Lénine, déjà citée maintes fois ici même : vous verrez les capitalistes finiront nous vendre même la corde pour les pendre…

    Terrible prédiction.