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Vu de la place Victor-Hugo - Page 430

  • Russes et Américains en Syrie...

    Russes et Américains en Syrie…

    Les atermoiements incompréhensibles de Barack Obama qui s’est entêté, durant des années, à ne pas déployer la puissance militaire de son armée, l’ont condamné à jouer les seconds rôles en Syrie. Il a été détrôné en trois semaines par un Vladimir Poutine qui s’est redressé de manière spectaculaire au point de ravir la première place à l’hyperpuissance US. Un tel désastre diplomatique et militaire ne peut s’expliquer que par l’impéritie et la posture idéologique d’un président issu du parti démocrate.

    Allons donc in medias res : depuis plusieurs années, Obama se refuse, contrairement aux avis de la haute hiérarchie militaire, à envoyer des troupes au sol, et ce pour deux raisons au moins : la première parce qu’il ne veut pas s’embourber en Irak comme son prédécesseur en Afghanistan et redoute de se voir reprocher une infidélité caractérisée à ses promesses lors de la campagne électorale ; la seconde raison est plus subtile et n’est pas dépourvue d’arrière-pensée stratégique : extraire l’Irak ou la Syrie des griffes de l’Etat islamique reviendrait à ouvrir un boulevard  aux Iraniens qui ont transformé l’Irak en protectorat chiite et la Syrie en satellite de leur pays. Même les Iraniens se plaignent en privé de l’inaction et de l’inefficacité US, face à des adversaires qui lui donnent du fil à retordre.

    Mais le président Obama n’a pas prévu que Poutine profiterait du conflit syrien pour se redresser, rompre l’isolement dans lequel on l’avait confiné et faire oublier ce qu’il a fait en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.

    La suite, chacun la connaît : en moins de trois semaines, la Russie a fait plusieurs centaines de sorties aériennes, neutralisant  des centaines de terroristes et mettant sur pied des offensives combinées de l’armée syrienne qui redresse la tête et reconquiert des villes et des villages. Poutine ne fait pas les choses à moitié : il a fourni à l’armée loyaliste des armes nouvelles, accompagnées par des instructeurs (dont trois sont morts au combat) et le tout avec des offensives terrestres, au point que les rebelles modérés ou pas cherchent à s’unir pour faire face à l’inattendu. A ce rythme, l’affaire pourrait être réglée vers la fin de l’année…

    En clair : le champ de bataille est en train de changer au profit de Bachar tandis que Paris et Washington s’entêtent à répéter qu’ils n’aideront jamais le boucher de Bagdad. Même dans ce contexte politique et diplomatique, les Russes ont montré leur supériorité : recevant Bachar au Kremlin dans la plus grande discrétion (les images n’ont été divulguées qu’après le retour de Bachar à Damas, pour d’évidentes raisons de sécurité), Poutine lui a bien fait comprendre qu’après le nettoyage du pays il faudra une solution politique. Certains dans la partie russe ont même dit qu’ils n’étaient pas mariés avec Bachar, en termes clairs, une fois l’affaire réglée, il faudra qu’il prenne du champ.

    Et tout porte à croire que les Russes, accrochés à ce morceau du Proche Orient (le seul qu’il leur reste) veulent une solution politique du conflit afin d’aborder une longue période de stabilité et de paix. Conclusion : contrairement à Obama, les Russes sont porteurs d’un projet et animés d’une vision, contrairement à Paris qui persiste à suivre, même sans le reconnaître, Washington aveuglément.

    La logique diplomatique eut commandé l’attitude suivante : on se débarrasse de l’EI qui menace tout le monde et ensuite le problème Bachar se réglera de lui-même : la Syrie qui émergera de la fin du conflit ne ressemblera en rien à celle d’avant. Ce qui veut dire que Bachar et son clan n’y seront plus en position dominante…

    Cela, les Russes l’ont compris. Mais ce n’est pas le cas de Obama qui a commis des erreurs impardonnables dont la plus grave est bien celle d’avoir dépensé près d’un demi milliard de dollars pour former des combattants anti EI qui sont allés se jeter dans les bras de leurs adversaires, leur remettant armes et munitions. Que des militaires US et des membres de la CIA se soient laissés berner de la sorte est incroyable.

    Comment la meilleure armée a t elle pu se faire circonvenir de la sorte ? Il est temps qu’une nouvelle impulsion soit donnée à la tête de l’exécutif US qui aura assimilé , je l’espère, la leçon suivante : le statut de grande puissance n’est pas compatible avec une stratégie de repli.

    Un dernier rappel : le jugement d’un grand homme, Henry Kissinger, sur les présidents démocrates qu’il a bien connus. Parlant de Jimmy Carter, voici ce qu’il disait en substance : tous les présidents US ont voulu changer le monde mais le président Carter se conduit comme si c’était lui qui l’avait créé…

    Les grands hommes d’Etat ne se trouvent pas de l’autre côté de l’Atlantique.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 22 octobre 2015

  • Israéliens et Palestiniens...

    Israéliens et Palestiniens…

    Ma première constatation portera sur le rappel et le récit des faits qui se déroulent actuellement en Israël, et plus précisément à Jérusalem et en Cisjordanie. Alors qu’on gonfle démesurément les incidents, parfois très graves puisqu’il y a mort d’homme, sur place, la situation est plus détendue.

    Certes, les journalistes d’ici et d’ailleurs ont pour mission d’attirer l’attention et de capter l’intérêt des gens puisque nous vivons sous le régime dictatorial de l’audimat. Mais revenons au cœur du sujet.

    Ces troubles causés par des Arabes israéliens ont éclaté parce que les assaillants craignent un changement unilatéral des règles régissant les lieux saints musulmans, notamment la zone située entre le mur occidental du temple juif et la mosquée d’Al-Aqsa. En principe, seuls les musulmans ont le droit d’y prier et quelques juifs peuvent, au compte-goutte, visiter ce lieu qui revêt pour eux une sainteté inégalée, le har ha bayit, la colline du Temple.

    Or, et ce n’est pas le fruit du hasard, les troubles ont commencé début septembre, au moment même où débutaient les grandes solennités juives de Tichri. Les orants juifs affluent en ces moments là vers le mur du temple et les Arabes se sentent menacés sur un espace qu’ils nomment l’esplanade des mosquées.

    S’il y avait eu un minimum de confiance, de tels troubles n’auraient jamais dû se produire . Par ailleurs, la liberté de culte doit être générale et universelle : si les Arabes ont le droit de prier dans un lieu saint pour eux, il faut le même droit aux Juifs… Mais voilà, chaque fois que l’Etat d’Israël entreprend des fouilles archéologiques dans ce lieu si vivement convoité, les habitants arabes se dressent contre ces recherches. Il est vrai que si des découvertes importantes étayaient la cause israélienne, en mettant au jour des vestiges prouvant l’ancienneté de leur appartenance juive, les Arabes se sentiraient affaiblis. Pourtant, personne que je sache, ne veut s’en prendre à un lieu de culte, quel qu’il soit.

    Les Arabes israéliens ont souvent marqué leur attachement à l’Etat juif dans des sondages : à plus de 90% ils ont dit préférer rester sous la bannière de l’étoile de David, même si un Etat palestinien voyait le jour.

    C’est pourquoi nous pensons que ceux qui nourrissent la haine en sacrifiant la jeunesse de leur peuple, les forçant à s’en prendre à des Israéliens, civils ou militaires, devraient leur ouvrir d’autres perspectives.  L’Etat d’Israël est suffisamment fort pour réduire ce semblant de soulèvement. Certes,  c’est un mouvement violent mais il n’est pas organisé et va simplement provoquer une répression plus forte.

    Il n’est pas faux de dire que les Palestiniens sont seuls : aucun pays arabe ne vole à leur secours, ni n’épouse leur cause. Abbas est bien seul… La Syrie est en pleine déliquescence, l’Egypte ruinée et sous la dictature, la Jordanie est au bord du collapsus en raison de l’afflux de réfugiés, l’Irak est dirigée par un gouvernement paralysé par ses divisions internes et par l’Etat islamique, la Libye n’a plus d’Etat, l’Arabie Saoudite est enlisée au Yémen qui est lui-même en ruines,, l’Algérie, jadis championne des causes tiermondistes fait face à une réduction drastique de la manne gazière et pétrolière et s’attend à des troubles sociaux, ne parlons même pas du Maroc et de la Tunisie… Quant au Liban et au Hezbollah, la Syrie voisine mobilise tous leurs moyens dans des guerres qui ne sont pas près de s’achever.

    La seule perspective qui s’offre aux Palestiniens est de négocier avec Israël des accords économiques et de libre circulation de travailleurs. Même les USA d’Obama ne semblent pas se soucier autre mesure de ce qui se passe. John Kerry verra une visite de courtoisie aux deux dirigeants, mais son esprit est ailleurs : il gère les derniers mois d’Obama.

    Et le Hamas ? A part les rodomontades, il se tient sagement à distance de ce qui se passe. N’ayant pas encore surmonté la grande défaite de l’été dernier, il place la survie de son régime au-dessus d’une improbable intifada, sachant que Tsahal lui fera payer encore plus cher toute incartade.

    Haroun al-Rachid, l’ancien Calife de Bagdad au IX-Xe siècle avait raison de dire que les démarches sages et politiques étaient supérieures aux machines de guerre ((al-kiyassa wa l fhama yaghlaboun harakat al harb…

  • France: interrogations sur l'autorité de l'Etat

    France : Questions sur l’autorité de l’Etat

    Revenu d’Israël où la situation intérieure n’est guère plus rassurante, je scrute les derniers événements qui secouent la France. Hier, c’était le président de la République qui se faisait copieusement huer par les habitants des banlieues, je veux dire des cités et des quartiers, lesquels avaient pourtant vu en lui le sauveur, la planche de salut, l’homme providentiel qui allait les arracher à  la misère et au mépris. Hier, pas un seul seul n’a dit qu’il revoterait pour François Hollande…

    Hier encore, en Isère, dans une bourgade (Moisan), ce sont les gens du voyage qui ont mis à feu et à sang ce lieu dit, au motif qu’un juge avait refusé d’accorder une permission de sortie à un jeune homme incarcéré, afin qu’il puisse assister aux obsèques de son frère/ On se souvient qu’un incident de même nature s’était produit il y peu de temps et que la justice, et donc l’Etat, avait dû céder…

    Aurais-je la cruauté de revenir sur les incidents honteux qui émaillèrent la réunion du comité d’entreprise d’Air France ? Devrais-je rappeler que le gouvernement avait appuyé les décisions de la direction, avant de se raviser et de bloquer les licenciements annoncés ? J’ajoute, comme je l’ai déjà fait, qu’un licenciement n’est jamais agréable aux yeux de ceux qui le subissent, mais que les agressions dont furent victimes les cadres d’Air France sont honteux et inacceptables.

    En somme, ces quelques incidents marquent un délitement de l’autorité de l’Etat. On en vient même à se demander si ceux qui gouvernent savent où ils vont. Et je ne parle même pas de la crise des migrants qui suscitent de graves oppositions, ni des interruptions de discours du premier ministre et de son ministre de l’économie, traité de licencieur par une dame tout ce qu’il y a de plus français. Il ne s’agit plus de populations récemment immigrées dans le pays.

    Et pour le bouquet final, des associations font comparaître devant un tribunal correctionnel la président d’un grand parti politique, depuis peu le premier parti politique de France.

    Tout ceci fait désordre et l’autorité de l’Etat en prend un coup.

    Il est vraiment dommage que les plus hautes autorités de l’Etat n’aient pas recouru à un gouvernement d’union nationale allant de la gauche à la droit parlementaire et au centre.

    Maintenant, il est trop tard.