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Vu de la place Victor-Hugo - Page 509

  • Vive Noël, son sapin sa crèche, ses santons

    Vive Noël, vie son sapin et ses santons…

    Je commencerai cette note par une référence à mon regretté collègue Bruno Etienne, grand politologue de l’université d’Aix en Provence. Il disait, en parlant de la laïcité, que la France est un pays catho-laïque. Ni entièrement catholique ni entièrement laïque. Et il avait bien raison. Je suis très étonné de voir que certains se retranchent derrière le dogme d’une laïcité fermée et obtuse pour réclamer l’éloignement des sapins et des crèches des édifices publics en France. Noël fait partie de notre culture, quand les lumières et les étoiles et les sapins ornent nos rues et nos immeubles, ce n’est plus un symbole religieux mais un fait culturel. Il ne faut pas oublier que la religion a été la première éducatrice de l’humanité. Cela même Averroès et ses commentateurs médiévaux l’avaient admis. Carl Schmitt l’a bien expliqué dans sa Théologie politique, recueil de quatre conférences tenues au début du XXe siècle dans son pays. La religion a sécrété une culture dont les valeurs sacrées se sont graduellement transformées en principes humanistes. Noël ne fait de mal à personne. Le christianisme n’a pas apporté que des mauvaises, il a aussi transformé notre monde par son évangélisation. C’est lui, malgré toutes les fautes commises, qui a tiré les Barbares de leurs barbarie. Cette fête des lumières, si bien enracinée à Lyon a quelque chose à voir avec la fête juive de Hanoukka dont l’intérêt majeur, par-delà le fait religieux est de couper l’obscurité de l’hiver, de mettre dans nos cœurs cette lumière qui nous manque durant les mois de novembre et de décembre. Donc pourquoi ce faux procès qui va encore diviser la France dont les racines judéo-chrétiennes sont incontestables ? Les familles françaises se réunissent la veille du 25 décembre pour un dîner convivial mais qui sont ceux qui pensent à la nature religieuse de ces joyeuses agapes ? Ils sont très peu nombreux. Ce qui risque de se passer, c’est une nouvelle ligne de démarcation entre les Français : ceux qui y tiennent et ceux qui n’y tiennent pas. Et je peux vous dire que les premiers formeront l’écrasante majorité. Le drame est qu’on va les assimiler à des gens extrémistes, des xénophobes, des racistes et ainsi de suite. Mais laissez donc les gens vivre comme ils l’entendent. Quand je vais dans un restaurant étoilé, je ne demande pas que l’on écarte de la carte ou du menu les mets interdits par ma religion. Ceux que la vue de la crèche ou du sapin révulse n’ont qu’à fermer les yeux. C’est valable tant pour Noël que pour Hanoukka. La concierge de mon immeuble va bientôt installer un sapin dans le hall, c’est bien. Elle le fait chaque année. Et une bonne majorité des occupants des lieux ne sont pas chrétiens…

  • La charge de V. Poutine contre l'Occident

    La charge de Vladimir Poutine contre l’Occident

    Dans son discours, sorte d’allocution annuelle sur l’état de la nation, M. Poutine a donné de la situation actuelle de la Russie dans le monde une image très personnelle et très subjective. L’affaire n’est  pas simple : ce qui s’est passé en Ukraine ne pouvait pas ne pas provoquer ce type de réaction de la part d’un homme comme Poutine qui considère que le jour le plus triste de l’histoire récente fut celui de la dissolution de l’URSS. Enfin, tous les anciens pays satellites ont rejoint l’OTAN, donnant à Moscou l’impression réelle ou supposée d’être encerclée. Et Poutine a réagi comme il a réagi en voyant que les accords destinés à sauver Janoukovitch n’avaient pas été respectés et que la CIA et l’OTAN ont orchestré cette fameuse nuit d’émeutes au cours de laquelle l’ancien président corrompu a dû prendre la fuite, laissant la voie derrière lui. Moscou n’a pas apprécié. Il ne faut pas oublier ce que Kiev a toujours représenté pour Moscou : en plus du grenier à blé de la métropole, c’est le berceau même du peuple russe, de sa religion orthodoxe et de sa culture. Dire que l’Ukraine allait tourner le dos à la Russie, adhérer à l’OTAN et rejoindre l’Europe était inacceptable pour la Russie et surtout pour un homme comme Poutine qui ne croit qu’aux rapports de force. Et la réaction ne s’est pas fait attendre : il a suscité des menées séparatistes dans l’est de l’Ukraine, a armé et recruté des combattants venus de son pays, a financé la rébellion, monté des opérations de bombardement et de fausses avancées humanitaires pour introduire séparatistes et armement en Ukraine, bref un véritable travail de sape, digne de la politique de l’ancienne URSS. Il suffit de voir la peur panique des républiques baltes et même de la Pologne qui a sérieusement renforcé son budget militaire pour comprendre la peur des anciens pays satellites de l’ex URSS. Le coup de force en Crimée sonne comme un rappel, voire un terrible avertissement. Les Finlandais en savent quelque chose, eux qui ont perdu la Carélie, sans aucun espoir de retour. Depuis, tant d’eau a coulé sous les ponts de la Volga. Les sanctions occidentales commencent à faire mal. Poutine l’a admis a demi mot, arguant que l’Occident aurait de toute façon agi ainsi, même sans le problème ukrainien. A ce rythme, le rouble ne pourra pas tenir et il faudra sortir encore des milliards de devises étrangères fortes pour qu’il ne perde plus de sa valeur. Poutine croit peut être qu’en prenant des mesures de rétorsion, il va mettre à mal la résolution des Occidentaux. Il se trompe. Il a commis un acte inqualifiable, modifier par les armes les frontières héritées de la seconde guerre mondiale. C’est inouï et je me demande pourquoi l’OTAN N’a pas réagi autrement. C’est donc un relent de guerre froide auquel on assiste. Le calcul des Occidentaux est clair : la meilleure manière de faire partir Vladimir Poutine est de ruiner l’économie russe, faire chuter le rouble, faire baisser le prix du pétrole, renforcer les sanctions en tout genre, etc… Les oligarques, se voyant menacés dans leur juteuse activité feront le nécessaire pour déposer Poutine en douceur mais très efficacement.

  • Pour la paix à Jérusalem

    Pour la paix à Jérusalem

    Cette pétition de principes peut passer pour un vœu pieux. Cela fait si longtemps que les prières d’hommes et de femmes du monde entier ne parviennent pas à faire entendre raison à ceux qui ne rêvent que de guerre et de confrontation. Il m’est déjà arrivé de rappeler dans ces mêmes colonnes que Dieu parle et comprend toutes les langues et qu’il exauce toutes les prières. Et le Psalmiste spécifie : de tous ceux qui l’invoquent en vérité. Le peuple juif, le peuple d’Israël n’a jamais coupé les liens qui l’unissaient et l’unissent toujours à la ville sainte, la cité du roi David. Dans toutes les prières juives, qu’elle soient quotidiennes ou destinées aux grandes occasions de l’existence (mariage, naissance, enterrement, solennités ou fêtes de pèlerinage, etc…) Jérusalem n’est jamais absente de l’esprit d’Israël. Tous les Juifs du monde entier ont prié pour la reconstruction de cette ville, pour son bien-être et pour la paix. Et ce peuple d’Israël fut privé de cette cité où se trouvait son temple, durant près de deux mille ans. Une fois la ville retrouvée, les Juifs du monde entier y affluent pour renouer avec leur passé glorieux. Mais dans cette ville, d’autres confessions se sont installées, les Chrétiens tout d’abord et ensuite les musulmans. Ces trois fils d’Abraham prient le même Dieu quoique de manière différente, mais leurs buts respectifs sont les mêmes. S’élever au dessus de notre existence matérielle, adhérer à l’esprit, voire s’unir à l’esprit saint. De tels objectifs doivent en principe bannir la violence, la mort et la haine. Or, c’est un tel déferlement que nous voyons se produire. Comment faire pour y mettre fin ? La primauté d’Israël ne devrait pas être synonyme d’exclusivisme : le fait que la religion d’Israël, le monothéisme biblique, soit le tronc commun d’où sont issues les deux autres grandes dénominations religieuses, n’est pas négligeable mais il ne doit pas constituer un obstacle insurmontable. Il faut réunir, rassembler, rapprocher et non repousser, exclure et bannir. Toutefois, ces souhaits se révèlent très difficiles à réaliser. Alors, que devons nous faire ? Ce conflit n’est ni territorial ni politique, il porte sur le partage de la sainteté, une notion qui ne se laisse pas aisément expliquer, chacun revendiquant pour soi, et pour soi seul, tout le reste. Il faudrait instiller une certaine dose de relativisme dans toute cette affaire et s’adjoindre les services de quelques philosophes-théologiens qui sachent vider les mots de leur charge explosive. A ce jour, on n’y est pas arrivé à cause de l’intolérance et du fanatisme. Peut on continuer sur cette même voie ? C’est peu probable.