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Vu de la place Victor-Hugo - Page 509

  • Pour ou contre la torture?

    Pour ou contre la torture ?

    Les dernières déclarations, assez ambigües, il faut bien le reconnaître, d’une responsable politique française ont fourni à la presse, une certaine presse avide de se plonger dans l’écume des jours, l’occasion de focaliser l’attention du public sur un point qui, lui, est tout sauf artificiel : comment l’Occident judéo-chrétien doit il combattre le terrorisme, sans trahir ses propres valeurs ? Comment doit il faire face à des organisations qui, comme l’Etat islamique, s’est affranchi de toute règle morale ? Devons nous pratiquer les mêmes atrocités qu’eux, en d’autres termes, tout mettre en action, tous les moyens pour faire parler ceux des terroristes tombés entre les mains des autorités, et ce, afin de sauver des vies et prévenir des attentats ? C’est un vieux débat qui rappelle des dilemmes plus anciens, du genre : pas de liberté pour les ennemis de la liberté ? Les démocraties doivent se défendre mais elles subiraient une effroyable défaite morale si elles en étaient réduites à pratiquer les mêmes horreurs que les terroristes. Ce serait alors pour ces derniers une incroyable victoire morale (si tant est que cette épithète ait encore un sens pour eux)… Il faudrait donc, en toute logique, capturer lorsque cela est possible, les terroristes, les présenter à la justice, leur commettre d’office un avocat défendant leurs droits et appliquer les condamnations, après que les coupables auront épuisé toutes les voies d’appel et de recours. Telle est la loi, telles sont les règles de la vie démocratique. Face à cette situation purement théorique nous trouvons d’autres gens qui pensent autrement. Ils considèrent à juste titre que les victimes de tel ou tel attentat atroce auraient pu être sauvées, leurs familles préservées des affres du deuil et de la souffrance, si l’on avait au préalable utilisé tous les moyens disponibles pour faire parler les terroristes. Le débat fait rage aux USA après la publication d’un long rapport accusant la CIA d’avoir pratiqué la torture, voire même d’avoir menti aux autorités. L’Agence na pas tardé à réagir, soulignant que grâce à des moyens peu recommandables mais qui ont prouvé leur efficacité, tant d’attentats ont pu être évités, épargnant des vies américaines. Le débat est bien posé : doit-on respecter le droit en toutes circonstances ou doit-on se laisser guider uniquement par l’impératif catégorique suivant : sauver des vies… J’avoue qu’il est très difficile de trancher. Mais imaginons que le meurtrier présumé Nemmouche ait pu pénétrer sur le territoire avec son AK 47 et ses chargeurs et qu’il ait fait un carnage à Marseille ou ailleurs. Imaginons que l’un de ses acolytes ait été interrogé par la police ou les services spécialisés : fallait il le traiter calmement ou encore le brutaliser pour lui arracher des informations ? Un autre cas d’espèce peut nourrir notre réflexion : selon le Navy Seal qui a tué Ben Laden à bout portant à Abbottābād, ce sont des renseignements arrachés à un détenu de Guantanamo qui ont permis de localiser et de neutraliser le terroriste en chef, responsable des attentats du 11 septembre : que fallait il faire ? Attendre calmement ou agir ? C’est trop compliqué : je veux que des vies soient épargnées, que la dignité humaine même du pire des terroristes soit considérée, mais je ne peux pas supporter que le respect strict de la loi cause une terrible effusion de sang. Ce cas de figure est plus dur qu’une antinomie kantienne. Derrière cette équation insoluble se cache le problème de la violence sous toutes ses formes. Hegel disait que le propre de la philosophie est de remplacer la violence par la parole et par le concept. Il a même introduit une notion des plus subtiles : la patience du concept. Mais sa philosophie politique est assez contradictoire : rompant avec les idées universalistes de l’époque de Goethe, il enseigne que l’Etat est l’accomplissement de la marche triomphante de la Raison sur terre, et dans ce sillage, il divinise l’état prussien. Il a même fait le lit de la conception de Bismarck et de l’historien Léopold von Ranke. Sa thèse est que l’individu doit s’effacer devant le groupe et le peuple, la nation devant l’Etat souverain qui prend le pas sur tout. Et si, demandons nous, l’Etat recourt à la torture ? Je n’ai pas l’impression que Hegel le lui reprocherait. C’est un débat autour de la place de l’éthique et de la raison d’Etat (Staatsräson). Que faut-il faire ? Martin Buber disait qu’il n’existe pas deux types de morale : l’une à l’intérieur des synagogues ou des églises, l’autre dans la rue et la vie de tous les jours. En fait, ces débats profonds ne sont pas traités ici, dans la presse en général, avec la sérénité nécessaire. Les militants n’ont jamais donné de bons philosophes ni de pénétrants moralistes. Notre époque est confrontée à tant de situations qui s’apparent à des oxymores. Mais en tout état de cause, l’Etat de droit doit respecter le droit. Sinon il sape irrémédiablement ses propres bases. Et de quel droit pourrait)-il alors se prévaloir pour défendre ses propres principes ? Quid juris ? Qu’en en est il en droit ?

    Hegel a discuté un vieux principe latin : fiat justicia, pereat mundus : Que la justice soit, le monde dît il en périr… Mais cela s’oppose au principe même de la loi morale qui consiste à assurer à l’homme un minimum de bonheur sur cette terre.

    Permettra-t-il la destruction de la vie à la seule fin de sauvegarder la pureté des principes ?

  • Voter en faveur des lois Macron

    Les lois Macron passeront elles à l’Assemblée Nationale ?

    Il faut le souhaiter, mais cela est loin d’être gagné. Pourquoi ? Parce qu’il y va de la définition même que le PS acceptera de donner de son idéologie. Il semble que cette fois ci, il faudra toute la détermination et l’énergie du Premier Ministre pour convaincre les troupes de la majorité devoter ce texte. Lequel se veut un véritable tournant du quinquennat. Pourquoi un tel enjeu ? C’est que deux conceptions du socialisme s’affrontent : l’une qui veut un dirigisme économique, avec règlements et contrôles, l’autre qui sourit au libéralisme et veut désentraver l’économie. Ce pays est trop longtemps resté sous la tutelle assez pesante de l’Etat qui devrait se retirer de nombreux secteurs où il n’a pas sa place. Le travail de nuit, le travail le dimanche, la flexibilité dans l’emploi et les licenciements et bien d ‘autres choses, ne sont pas encore acceptées par la majorité des Français. Le PS sait qu’il joue ici sa survie et que son passage au pouvoir peut lui coûter la pureté de sa doctrine politique. Il faut reconnaître que la crise est d’une gravité inouïe et que tout autre parti n’aurait pas fait vraiment mieux. Notamment en ce qui concerne le chômage. Certaines maladresses ont été commises par le pouvoir, c’est indéniable mais sans ces fameuses lois Macron, le problème de la réélection de François Hollande pourrait bien se poser dans des conditions pas très favorables pour le PS. Au fond, il ne faut pas seulement conquérir le pouvoir, il faut aussi lui survivre en restant soi-même. Or, c’est une épreuve qui reste d’être fatale au PS… Que se passer a t il si le PS vote contre ou s’abstient ? Irions nous vraiment vers la dissolution ? Je ne le pense pas car si cela se produisait, il n y aurait plus que 50 députés PS à l’Assemblée. Une écrasante majorité de jeunes députés PS sont totalement inconnus et leur implantation est trop faible. Il est possible que le contenu de ces lois soit édulcoré pour le rendre acceptable aux yeux de certains. Attendons de voir. Nous ne manquerons pas d’être édifiés.

  • La situation politique en Israël

    La situation politique en Israël

    Que se passe t il en Israël ? Et pourquoi donc le premier ministre Benjamin Netanyahou a t il renvoyé six de ses ministres et convoqué des élections anticipées ? Y a t il vraiment urgence ou s’agit il d’une manœuvre politique en vue de briguer un nouveau mandat ? En Israël, aucun gouvernement n’a été monocolore, tous ont été des gouvernements de coalition et fort peu de législatures sont parvenues à leur terme normal. En Israël, on fonde de nouveaux partis chaque jour que Dieu fait, chaque semaine et chaque mois. C’est sans fard une structure d’accueil dès que l’on sent la lassitude des électeurs à voter pour des partis traditionnels. En gros, il y a à droite le likoud qui est un conglomérat de petits partis de droite, une droite qui a tendance à se diversifier. Il y a à gauche un parti travailliste qui s’est fossilisé car il est resté au pouvoir trop longtemps et aucun nouveau leader ne s’est imposé pour remplacer les grandes figures historiques de la gauche israélienne. Il y aussi des partis religieux, spécialistes de la charnière, qui s’allient au mieux offrant, notamment quand il s’agit de voter le budget de l’éducation, de l’enseignement dans les écoles religieuses. Dans ce contexte, B. Netanyahou veut changer de majorité, évacuer la gauche modérée et le centre pour se recentrer autour d’Avigdor Libermann et de Naphtali Bennet. Et il a de fortes chances de l’emporter car depuis l’affrontement à Gaza et les attentats en plein cœur de Jérusalem et de Tel Aviv, la population désespère de la paix et veut un régime fort. Le problème est que l’appétit s’aiguise aussi à droite et certains anciens alliés de B. Netanyahou se verraient bien à sa place… Mais les politiciens israéliens nous ont habitués à d’imprévisibles pirouettes au lendemain des élections : les soi-disant ennemis d’hier se rassemblent et constituent une majorité à la Kenését… Le problème majeur qui explique cette grande instabilité gouvernementale est sans conteste l’état de guerre larvée entre Israël et ses voisins qui devraient comprendre que ce n’est pas l’Etat juif qui est leur ennemi, c’est Daesh et les extrémistes arabo-musulmans qui le sont. Il semble que cette idée s’impose graduellement en Arabie Saoudite et dans les émirats, le Qatar excepté car sa politique en zigzag est indéchiffrable.  Pour ce qui est de l’Egypte, le maréchal-président en est absolument convaincu, lui qui réprime dans son pays des attentats quasi-quotidiens contre son ennemi intérieur. Chaque fois que l’on parle de ce Moyen Orient, on se souvient de la phrase du général de Gaulle : Vers l’Orient compliqué, je voguais avec des idées simples. Et cela reste vrai. Cette phrase prophétique est celle d’un visionnaire.