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Vu de la place Victor-Hugo - Page 508

  • La France et le problème de l'immigration

    La France et le problème de l’immigration.

    Commençons par nous poser la question suivante : depuis combien de temps la venue et l’installation d’étrangers sur le sol français ont elles commencé à constituer un problème de plus en plus grave pour le gouvernement et la société de ce pays ? Et de quel type d’immigration s’agissait il alors ?

    La réponse à ces deux questions est assez simple : c’est depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 qu’une certaine immigration a afflué en métropole créant les graves probablement que l’on sait. Le boom économique de l’après-guerre battait son plein, la croissance était au rendez-vous, le chômage était inexistant et la main d’œuvre recherchée avec entrain. Le patronat de l’époque pressait les gouvernements de l’époque de libéraliser la venue en France d’étrangers pouvant travailler à bas prix dans les usines. Enfin survint le tournant qui allait générer de très graves conséquences : la loi du regroupement familial de 1974 qui allait se révéler un véritable déluge dans les bidonvilles et les banlieues. Des centaines de milliers de ressortissant des pays du Maghreb et d’Afrique noire, dont les registres d’état civil étaient parfois imprécis ou simplement inexistants sont arrivés en France. Laquelle a dû leur servir une multitude de prestations sociales dont ils n’avaient pas idée chez eux. A aucun moment il n’y eut de politique de la vile digne de ce nom, à aucun moment on n’a pensé à former ces gens qui firent souche et dont les enfants et les petits enfants causent à la France tant de problèmes qu’on aurait pu éviter aujourd’hui. Une génération sans racines vit le jour. N’appartenant plus ni à leur milieu d’origine ni à la société française. Ces déracinés étaient des Français malgré eux, ballotés entre des traditions familiales incomprises en France et une socio-culture française qui refusait de les assimiler clairement.

    Que fallait il faire ? Tout sauf ce qui fut fait ou tous les abandons qui furent commis.

    Comparons cette immigration aux vagues successives d’immigrants qui virent s’installer en France, l’enrichir de leur diversité, la fortifier de leur patriotisme, lui exprimer leur reconnaissance de les considérer comme ses filles et ses fils. Les immigrants de ces années là venaient d’Europe centrale ou orientale, sans oublier l’Europe du sud : je me souviens d’une ville de Paris intra muros où tous les concierges des beaux quartiers, je dis bien tous, étaient originaires d’Espagne et du Portugal. Il y avait même des sketchs d’humoristes à ce sujet, on imitait de façon savoureuse ces gentilles femmes et leurs maris. Mais on faisait partie de la même sphère d’influence, de la même culture, l’Europe judéo-chrétienne. Pas de problèmes de fêtes, de jours fériés, de nourriture, ni de ghettos dans les banlieues, comme c’est hélas le cas aujourd’hui.

    Si vous ouvrez un annuaire du Collège de France, du CNRS, de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, vous y trouvez les noms aux origines les plus diverses. Et ce sont ces hommes et ces femmes qui firent la France.

    Pourquoi la situation a t elle changé du tout au tout ? Hier encore,  on nous apprenait que désormais il sont plus de 60% les Français qui placent l’immigration non européenne au premier plan de leurs préoccupation. Le changement est incroyable.

  • La chancelière ANgela Merkel, superwoman en France

    La chancelière Angela Merkel, superwoman en France

    A en croire des sondages divulgués ce matin sur I-TELE, la chancelière fédérale, Angela Merkel, serait une personnalité politique étrangère plébiscitée par les Français. C’est un résultat doublement étonnant quoique réjouissant car j’avoue que la montée insidieuse d’un sentiment anti-allemand dans ce pays commençait à me préoccuper. Les Français, c’est-à-dire l’opinion publique se sépare donc des scandaleux points de vues de gens comme Jean-Luc Mélenchon, ou pire encore, comme Arnaud Montebourg qui traitaient la chancelière de façon fort irrespectueuse, dénonçant sa main mise trop lourde sur les affaires de l’Union Européenne. Même des courants dits souverainistes n’ont pas fait dans la nuance, accusant nommément la chancelière de chercher à «s’emparer économiquement de l’Europe.» Mais ces sondages, bien que réjouissants à mes yeux, ne laissent pas d’étonner : comment l’image de la chancelière fédérale a t elle pu évoluer à ce point ? Est ce le pessimisme ambiant qui caractérise la situation sur les bords de la Seine qui explique un tel revirement ? Les gens tiennent-ils désormais le raisonnement suivant : la France est empêtrée dans des difficultés économiques, sociales et financières sans fin. Cette situation menace de virer à la crise morale. Mais en face, il y a un pays qui sut prendre, il y a plus de dix ans, les mesures nécessaires. Et ces mesures produisent aujourd’hui leurs fruits, leurs bienfaits. Pourquoi ne pas en faire autant ? Surtout, si au bout de nos années d’effort et d’économies, il y a le ciel bleu de la reprise économique, la baisse du chômage, la progression du pouvoir d’achat, etc… C’est probablement le raisonnement que se tient au fond de lui-même l’homme de la rue qui réalise que la situation empire si on ne fait rien. Et qui constate que toutes les élections partielles ont été perdues par le pouvoir : celle qui se passe aujourd’hui dans l’Aube, à la suite du passage au Sénat de Monsieur Baroin, a même vu l’élimination du candidat PS dès le premier tour. Quant au siège à pourvoir de M. Moscovici, il est à craindre que le scénario soit le même. Je vous laisse deviner ce qui se passerait si François Hollande se voyait contraint de dissoudre : plus de 100 députés FN arriveraient à l’Assemblée Nationale et le groupe socialiste, fort de plus de trois cents députés, ne serait plus que l’ombre de lui-même… C’est probablement cette projection angoissée dans un avenir incertain qui motive et explique le changement de perception de Madame Merkel par les Français. Mais une question demeure : peut-on appliquer en France avec des Français ce que Angela Merkel fait en Allemagne avec des Allemands ? C’est là toute la question. Que nos concitoyens plébiscitent la dirigeante d’un pays voisin qui vient d’être triomphalement réélue à la tête de son parti la CDU, c’est bien, mais cela ne garantit pas que ce modèle soit exportable en France. La recette n’est pas du tout la même. Il faudra des années et des années d’effort pour redresser ce pays. Un exemple devrait suffire : le gouvernement ne parvient pas, malgré une bonne volonté touchante, à économiser 21 milliards, alors que la dette publique excède les deux mille milliards… Il faudra bien un jour ou l’autre se mettre à l’école allemande, man wird endlich bei den Deutschen in die Schule gehen müssen… Je ne l’écris pas de gaieté de cœur (frohen Herzens). Mais c’est ainsi.

  • Emmanuel Macron face à une classe politique rétive aux changements

    Emmanuel Macron  face à une classe politique rétive aux changements

    Lorsque E. Macron  avait quitté l’Elysée sans être propulsé à la tête de je ne sais quel grand organisme public ou entreprise d’Etat, comme cela est généralement le cas, la classe politique française ne se doutait pas que François Hollande avait en tête une petite arrière-pensée aux conséquences majeures : organiser le retour en force du partant, sans tambour ni trompette, et lui donner le portefeuille ministériel d’un membre du gouvernement qui commençait à être très embarrassant pour la politique que le chef de l’Etat entendait mener désormais.

    Si je commence cet éditorial pour cette remarque faussement anodine, c’est parce que cette nomination et les premières manifestations politiques du nouveau promu prouvent  que le chef de l’Etat et ses plus proches conseillers n’ont dévoilé que le premier étage de la fusée Macron. Il ne faut pas être grand clerc ni subtil talmudiste pour comprendre que François Hollande, au terme de presque trois années, difficiles, voire ardues, de gouvernement, a réalisé qu’il fallait rajeunir l’exécutif et prendre le taureau par les cornes. C’est exactement ce que fait le nouveau ministre qui tient bien le choc et ne craint pas de dire urbi et orbi qu’on «ne gouverne pas à l’applaudimètre.» Traduisez en clair : l’impopularité ne nous dictera pas de changer de politique, surtout si cette même politique, temporairement impopulaire, ne tardera pas à donner des fruits…

    Si l’on considère les premiers pas de ce jeune ministre et leur impact dans l’opinion, on relève que ceux qui ont suscité, voire inspiré sa nomination, ont fait preuve d’un grand flair politique. Le ministre de l’économie, nouveau venu en politique, est nettement plus populaire et plus apprécié que son collègue des finances, pourtant très expérimenté et plus rompu aux subtilisé de l’exercice du pouvoir. Plus personne n’évoque son passé de banquier, comme si exercer cette profession avait quelque chose d’infamant !

    Les lois dites lois Macron semblent recueillir l’agrément des Français, si l’on en croit un sondage de ce samedi matin ; et notamment les mesures qui hérissent fortement une partie du PS, à savoir l’élargissement de l’activité salariale (le travail dominical et nocturne). En effet, les Français font enfin preuve de maturité politique, comprenant qu’on doit s’adapter aux situations et faire preuve de flexibilité. Et c’est ici qu’apparaît un fossé entre une classe politique attachée à des habitudes héritées du passé et un jeune ministre qui a les yeux fixés sur l’avenir. Les salariés français sont parmi les mieux protégés au monde mais certaines modifications s’imposent car elles sont porteuses de bienfaits qui ne tarderont pas, en principe, à se faire sentir.

    Certes, il faut veiller à ce que certaines clauses de la loi soient effectivement respectées et préserver la vie familiale. Il ne faut pas que des femmes soient contraintes d’assumer un service dominical ou nocturne contre leur gré.

    Par delà cet aspect humain, les lois Macron bousculent fort heureusement un certain nombre de rentes de situation, de privilèges et de blocages dont la société française, fidèle à ses archaïsmes, s’est accommodée jusqu’ici.. Et les autres pays européens, en l’occurrence la Suisse, regardent avec une perplexité croissante ce qui se passe ici. Aucune réforme n’est jamais acceptée de gaieté de cœur. Aucun changement ne survient de manière indolore. Tout doit rester comme avant. Et quand on veut passer en force, des millions de manifestants défilent dans les rues des grandes villes. On a parfois l’impression que règne ici une sorte de monolithisme granitique digne de l’Egypte pharaonique.  C’est le régime de «l’irréversibilité des avantages acquis» (pour reprendre une expression inventée par M. Yvon Gattaz, le père de l’actuel patron du Medef.) Et si l’Assemblée Nationale française venait à donner un coup d’arrêt à de telles réformes, ce serait le pire des signaux qu’elle enverrait au monde extérieur.

    On nous parle souvent du modèle social français. Mais ce socle social est soumis, comme toutes les réalités sublunaires, aux lois d’airain de l’évolution historique.  L’ignorer ne servirait à rien. Ce serait compromettre les chances d’un redressement tant espéré : certains experts prévoient même que la France pourrait, si elle consentait à se laisser réformer, devancer l’Allemagne dans… quinze ans ! Il est vrai, sans mauvais esprit de ma part, que c’est bien un grand philosophe allemand, en l’occurrence Hegel, qui a dit : l’espoir fait vivre…  Alors, eséprons.

    Ce pays est pris, comme tous les autres, dans le tourbillon de la mondialisation. Et dans ce monde nouveau, la soi-disant exception française (acceptable en matière culturelle, et encore pas vraiment) pèse d’un tout petit poids dans le monde économique et financier.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 13 décembre 2014 (TDG)