Ce que révèle «l’affaire» Patrick Buisson
Dans cette affaire, encore une juste avant des élections qui s’annoncent périlleuses pour le pouvoir en place, ce qui retient notre attention, c’est le dépérissement des mœurs politiques, la baisse du niveau des échanges au sein d’une démocratie et le recours à des méthodes que l’éthique réprouve. Dès qu’une élection approche et qui pourrait être l’occasion d’exprimer un mécontentement ou un malaise profond, il y a toujours quelque chose qui vient brouiller les pistes, gâcher la sérénité, bref détourner l’attention.
En fait de quoi s’agit-il, même s’il est encore trop tôt de fournir une appréciation globale de ces enregistrements présentés comme un scoop de journalistes ? Cela me rappelle une phrase de Hegel : il n’ y a pas de grand homme pour le valet de chambre… Celui qui fait couler son bain, lui tend son peignoir, lui sert ses repas, connaît ses petites manies, ses goûts, ses phobies et tout cet ensemble ne reflète pas vraiment les capacités ou l’importance de ce grand homme qui n’en reste pas moins un être humain comme les autres, avec ses craintes, ses envies, ses désirs et ses passions.
Que vous soyez un grand philosophe, un très important homme d’Etat ou un très grand capitaine d’industrie, vous avez nécessairement des petits côtés qui étonneront, voire scandaliseront vos contemporains, vos administrés ou vos employés quand ils en prendrons connaissance…… C’est comme si on nous montrait le film de l’entrevue orageuse entre François Hollande et Valérie Trierweiler lors de l’annonce de la rupture et la scène dramatique qui s’ensuivit dans le bureau présidentiel… Que n’aurions nous pas dit !
En fait, dans les allées du pouvoir comme dans tous les autres sites d’activité humaine, il y a des paroles off, des déclarations qui n’ont pas vocation à être rendues publiques, mais que l’on jette en pâture à l’opinion des petits que nous sommes pour exciter notre curiosité et surtout pour faire vendre des journaux.
De manière plus sérieuse, ces phénomènes de créations médiatiques masquent mal le degré zéro de la politique. Les citoyens se disent que le roi est nu et que l’exercice du pouvoir s’apparente plus à ce que Françoise Giroud avait appelé la comédie du pouvoir.
En fait, les événements s’accélèrent et les positions se clarifient. Il est évident que certains, tant dans la majorité que dans l’opposition, pensent déjà à 2017 au lieu de se concentrer sur la situation actuelle qui est loin d’être rassurante. On a eu le mariage pour tous, l’affaire M’bala M’bala, à présent c’est l’affaire des enregistrements… Qui sait ce qui surgira demain, à l’avant-veille des élections municipales. Alors qu’ne saine approche des choses devrait se concentrer sur la lutte contre le chômage et la préservation du pouvoir d’achat…
Quand je pense que certains s’étonnent du taux croissant d’abstention et de bulletins blancs…