Le dangereux double jeu du Qatar
La cinquième chaine vient de publier un long et passionnant reportage sur ce petit pays du Golfe aux ambitions aussi démesurées que ses ressources gazières. C’est absolument sidérant, stupéfiant. Comment ce petit pays qui n’en est pas un, mais une petite ville, assis sur tas d’or, grâce aux plus grands gisements sous marins de gaz naturel a –t-il pu jouir d’une si grande influence,, jouer les puissances les unes contre les autres, créer une télévision arabe al-Djazeera, véritable CNN du monde arabe et faire tomber les uns ou soutenir les autres dans toute la zone arabo-musulmane.
Pour une fois, on a pu voir clair dans le jeu sinistre du Qatar qui a su profiter de l’amitié assez irréfléchie de certains leaders occidentaux, au point d’influencer leur politique étrangère et de les contraindre à se lancer dans des opérations militaires assez délicates. Ce qui frappe aussi, c’est l’opposition frontale du petit émirat à l’égard du puissant voisin saoudien, qui était jadis maître du jeu mais que son autoritarisme et son fanatisme wahabites forçaient à tourner le dos au progrès et à l’avenir. On a pu voir que jusqu’à l’arrivée au pouvoir du jeune prince héritier, suite à l’abdication de son père l’émir al-Thani, la politique étrangère de ce petit état était résolument anti-saoudienne mais qu’aujourd’hui tout a changé et le premier voyage officiel du nouvel émir se fit en Arabie Saoudite, reconnue comme étant le puissant voisin.
On a aussi vu avec quelle dextérité l’émir avait délogé l’Arabie de son poste de meilleur allié des ISA dans la région pour obtenir le rapatriement des troupes américaines sur place. En effet, l’ancien émir qui a cédé le pouvoir à son fils, avait été traumatisé par l’agression irakienne au Koweït et se cherchait désespérément un protecteur qu’il finit par trouver en la personne de l’armée US. Bon choix mais choix dans lequel l’émir se réservait une certaine autonomie : c’est ainsi que les Américains ont été furieux de voir que la télévision qatarie se transformait en radio Ben Laden et qu’ils la bombardèrent maintes fois car elle nuisait à leurs intérêts. On apprend aussi que le Qatar abritait le cerveau des attentats du 11 septembre, Cheikh Mohammed et que la CIA comptait l’arrêter.. Mais prévenu par l’émir, le futur terroriste d’Al-Quaida se volatilisa..
Ce n’était pas la première fois ni la dernière que le Qatar jouait un double jeu et ne roulait pour personne d’autre que lui-même. Lorsque l’armée française est intervenue au Mali, deux avions gros porteurs du croissant rouge qatari ont atterri au nord Mali pour exfiltrer des chefs d’al-Quaida locale, serrés de près par les parachutistes tricolores. Quel jeu jouait la Qatar ? Comme d’habitude, à plusieurs bandes, ce qui força François Hollande à envoyer Jean-Yves Le Driant, ministre de la défense de l’hexagone, à porter une lettre à l’émir l’invitant sèchement à clarifier sa position et à cesser de soutenir les ennemis de la France.
En fait, il n’existe pas de cartésiens au Qatar, on peut avoir plusieurs fers au feu et on peut parler au monde entier, jouant ainsi les utilités et servant d’intermédiaires. Voyez deux exemples édifiants ; l’attitude envers la Syrie et la Libye. Au début, le Qatar a joué les intermédiaires avec la Libye pour ensuite armer ses pires ennemis. Pour la Syrie, ce fut l’ émir qui força Nicolas Sarkozy à accueillir à Paris Bachar el Assad avant d’armer à son tour ses pires ennemis… Quel double langage, cet art de la takkiya est sidérant.
Mais tout ceci montre que la félonie et la duplicité ont une fin. Le nouvel émir semble l’avoir compris puisqu’il a donné 48 heures à son oncle, l’ancien homme fort du régime, pour tout laisser et partir à Londres. Mais tout de même ! Quand on pense que ces gens ont acheté les plus beaux joyaux de l’industrie et de la puissance des plus grands pays d’Europe. Et qu’ils ont 5% du capital de Total… Et le PSG. Et qu’à cause d’eux on a eu une émeute à Paris place du Trocadéro, alors que la police avait déconseillé ce site ! Il y eut tant de destructions et de dégâts.. Mais que voulez vous, le Qatar voulait avoir la tour Eiffel dans le cadre. Heureusement, la France n’est pas à vendre.
Il faut espérer que les gouvernements occidentaux seront moins éblouis par les fastes (mal acquis) de l’Orient et ne s’aventurent plus dans des opérations que la morale réprouve.