La Turquie s’emporte contre le régime autocratique de son premier ministre
En effet, des émeutes ont éclate hier et avant-hier dans les grandes villes de Turquie lorsque la nouvelle de la mort d’un tout jeune homme fut connue. Ce jeune garçon a été atteint par le tir direct d’une grenade lacrymogène. Au terme d’une longue hospitalisation, il est mort et son enterrement a donné lieu à d’immenses rassemblements. En fait, ce n’est pas la mort de cet enfant (que nous déplorons tous, évidemment) qui a mis le feu aux poudres, ce n’est que la goutte d’eau qui fit déborder le vas : une majorité de Turcs ne veulent plus de ce gouvernement islamiste autoritaire et qui les désarçonne par ses changements brutaux et sa conduite désordonnée des affaires. On a déjà eu l’occasion de parler des changements inattendus en matière de politique étrangère et sers interventions inavouables dans la vie privée de ses concitoyens. Aujourd’hui, ce sont les juges et les policiers qui paient pour avoir débusqué des malversations dans le cercle intime du pouvoir. N’oublions pas la condamnation à la prison à vie de l’ancien chef d’état major de l’armée turque, une mesure qui ne laissera pas indifférent la haute hiérarchie militaire du pays sur la base d’informations plutôt incomplètes.
Bref, le mécontentement grandit en Turquie dont l’économie donne des signes de faiblesse et la monnaie perd de sa valeur. Et que fait l’actuel Premier Ministre ? Il crie au complot international. Mais ce qui va compromettre l’avenir politique du premier ministre, c’est le vaste scandale politico-financier qui éclaboussé ses proches. Au parlement, l’opposition a réclamé sa démission, du jamais vu.
Il y a aussi, ne l’oublions pas, la guerre en Syrie qui obère l’avenir de la Turquie : 800 km de frontière avec un pays à feu et à sang dont les habitants fuient les horreurs de la guerre. Et M. Erdogan a échoué sur deux fronts de politique étrangère : il n’arrive pas à se faire admettre en Europe et on le comprend car l’Europe n’est pas seulement un continent, c’est une culture dont M. Erdogan ne partage pas les valeurs fondamentales. Et enfin, sa tentative de prendre la tête du monde arabo-musulman en instrumentalisant les Palestiniens et en rompant avec Israël a échoué : les Arabes se souviennent encore de la domination ottomane dans la région…
Si l’homme avait été plus calme et plus pondéré, il aurait cherché à retrouver un second souffle, se serait rapproché de Washington et de Jérusalem, reconnaissant ainsi ses erreurs. Eh bien, il a fait tout le contraire et le résultat des élections municipales risque d’en apporter la preuve tangible. Visiblement, dix ans de pouvoir ont émoussé la capacité de l’exécutif turc.
Il serait bon qu’une impulsion nouvelle fût donnée et que la Turquie, grand pays, renouât avec une vieille tradition de tolérance, d’amitié et de coopération. Cela paraît difficile avec le régime actuel.