Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vu de la place Victor-Hugo - Page 595

  • Les Turcs contestent le régime islamiste actuel

    La Turquie s’emporte contre le régime autocratique de son premier ministre

    En effet, des émeutes ont éclate hier et avant-hier dans les grandes villes de Turquie lorsque la nouvelle de la mort d’un tout jeune homme fut connue. Ce jeune garçon a été atteint par le tir direct d’une grenade lacrymogène. Au terme d’une longue hospitalisation, il est mort et son enterrement a donné lieu à d’immenses rassemblements. En fait, ce n’est pas la mort de cet enfant (que nous déplorons tous, évidemment) qui a mis le feu aux poudres, ce n’est que la goutte d’eau qui fit déborder le vas : une majorité de Turcs ne veulent plus de ce gouvernement islamiste autoritaire et qui les désarçonne par ses changements brutaux et sa conduite  désordonnée des affaires. On a déjà eu l’occasion de parler des changements inattendus en matière de politique étrangère et sers interventions inavouables dans la vie privée de ses concitoyens.  Aujourd’hui, ce sont les juges et les policiers qui paient pour avoir débusqué des malversations dans le cercle intime du pouvoir. N’oublions pas la condamnation à la prison à vie de l’ancien chef d’état major de l’armée turque, une mesure qui ne laissera pas indifférent la haute hiérarchie militaire du pays sur la base d’informations plutôt incomplètes.

    Bref, le mécontentement grandit en Turquie dont l’économie donne des signes de faiblesse et la monnaie perd de sa valeur. Et que fait l’actuel Premier Ministre ? Il crie au complot international. Mais ce qui va compromettre l’avenir politique du premier ministre, c’est le vaste scandale politico-financier qui éclaboussé ses proches. Au parlement, l’opposition a réclamé sa démission, du jamais vu.

    Il y a aussi, ne l’oublions pas, la guerre en Syrie qui obère l’avenir de la Turquie : 800 km de frontière avec un pays à feu et à sang dont les habitants fuient les horreurs de la guerre. Et M. Erdogan a échoué sur deux fronts de politique étrangère : il n’arrive pas à se faire admettre en Europe et on le comprend car l’Europe n’est pas seulement un continent, c’est une culture dont M. Erdogan ne partage pas les valeurs fondamentales. Et enfin, sa tentative de prendre la tête du monde arabo-musulman en instrumentalisant les Palestiniens et en rompant avec Israël a échoué : les Arabes se souviennent encore de la domination ottomane dans la région…

    Si l’homme avait été plus calme et plus pondéré, il aurait cherché à retrouver un second souffle, se serait rapproché de Washington et de Jérusalem, reconnaissant ainsi ses erreurs. Eh bien, il a fait tout le contraire et le résultat des élections municipales risque d’en apporter la preuve tangible. Visiblement, dix ans de pouvoir ont émoussé la capacité de l’exécutif turc.

    Il serait bon qu’une impulsion nouvelle fût donnée et que la Turquie, grand pays, renouât avec une vieille tradition de tolérance, d’amitié et de coopération. Cela paraît difficile avec le régime actuel.

  • Fête de Pourim ou jour de Mardochée?

    Eu égard à la nullité de l'actualité politique et étant donné l'approche de la fête de Pourim (carnaval), j'ai préféré vous soumettre cette étude.


    Fête de Pourim ou  jour de Mardochée ?

     

    Quelles sont les vraies origines de cette célébration extra biblique (comme Hanoukka et Tisha be-av) qui a si fortement conquis la sensibilité juive au point que personne ne se pose même plus la question ? Pourim (ou le jour de Mardochée pour parler comme les Evangiles) ne figure pas dans les calendriers liturgiques prévus par le chapitre 23 du Lévitique, et en dépit de cela, même la tradition talmudique, généralement incarnée par des sages à l’esprit rassis, affirme qu’à l’époque messianique, tous les textes de la Tora auront perdu leur valeur prescriptive, à l’exception du Pentateuque et du rouleau d’Esther ! Bien plus tard, après la clôture de la littérature talmudique, le fondateur du mouvement hassidique HaBaD, Shnéour Zalman de Liadi (ob. 1812) a jugé qu’à l’époque messianique, l’obscurité sera transformée en lumière. En termes plus clairs, il jugeait miraculeux le basculement du roi Assuérus qui était passé de la haine exterminatrice à l’attitude la plus favorable et la plus conciliante à l’égard des juifs de son immense empire. Un peu comme on dit de Dieu qui prouve ainsi à un être humain l’amour qu’il lui porte : il transforme ses ennemis en amis.

     

    Je pense que c’est là tout le mystère et le message de ce rouleau d’Esther qui ne laisse pas de nous étonner et dont la canonicité n’allait pas de soi puisque les Sages du talmud n’ont pas manqué de s’interroger sur son degré de sainteté : rend-il les mains impures (metammé et ha yadayim) oui  ou non ? Un autre détail qui a, selon moi, toute son importance : pour quelle raison ce rouleau d’Esther est il le seul des vingt-quatre livres à ne pas figurer dans la bibliothèque de Qoumran ? Nous savons pourtant que le judaïsme hellénistique en a gardé trace dans deux versions et que les Septante adoptent une version qui ne coïncide pas mot pour mot avec le texte massorétique que nous déclamons à la synagogue pour le 14 Adar…

     

    La fête de Pourim ou le jour de Mardochée (qui s’est comporté comme un véritable exilarque : resh galouta) puisque c’est bien lui qui l’institua (sans même prendre conseil avec les autorités de Jérusalem ou du Temple) vise un but : montrer qu’au moment où le sort des juifs de la capitale Suze  et de tout l’immense royaume multiethnique et multilinguistique perse semblait scellé, une opération de type providentialiste, en d’autres termes, la divine providence peut confier à d’humaines mains, celles d’une jeune orpheline juive de fort belle prestance, le soin de déjouer le funeste projet d’un courtisan orgueilleux et anti-juif et de retourner contre lui et les siens ses noires arrière-pensées.…

     

    L’action est un modèle du genre dramatique que l’auteur domine avec une maestria  de très haut niveau. D’abord, on n’est pas dans l’empire perse proprement dit. C’est une belle fiction littéraire, même si l’on use de multiples expédients (faste de la cour perse, literies d’or et d’argent, le vin qui coule à flots, les banquets qui durent des semaines, emploi récurrent de termes persans, noms des protagonistes tirés de cette même aire culturelle, etc). Il s’agit d’un esprit hellénistique, vivant certainement à la fin du IIIIe siècle ou au début du IIe avant notre ère à Alexandrie et qui se sert des schémas classiques de l’historiographie perse (comme l’a montré de manière convaincante Arnoldo Momigliano) pour sa mise en scène en l’honneur du destin juif . Et bien que le nom du Dieu d’Israël ne soit pas cité une seule fois, oui, pas une seule et que celui du roi Assuérus le soit un peu moins de deux cents fois, (sur cent soixante- sept versets que compte le rouleau)  c’est bien le Dieu d’Israël qui est ici à la manœuvre. Il y a cependant un acte de contrition et d’expression de piété spécifiquement juive qui est mis à contribution, c’est le jeûne de trois jours que la jeune Esther demande d’observer afin que son entreprise de sauvetage réussisse et qu’elle puisse trouver grâce aux yeux du roi. Or, cette humilité, cette soumission n’ont de sens que si elle s’adresse au Dieu d’Israël qui doit, ainsi, étendre sur son peuple sa main protectrice.

    Lire la suite

  • L'acharnement judiciaire autour de Nicolas Sarkozy

    L’acharnement judiciaire autour de Nicolas Sarkozy

    A l’évidence, cet éditorial n’est pas partisan, même si à quelques heures de mon vol pour Genève où je dois animer un dîner-débat, je résume mon propos de ce matin en ces termes lapidaires : Nicolas Sarkozy acculé à Paris et acclamé à Genève.

    De quoi s’agit-il ? Eh bien, d’une démarche que n’a connu aucun président de la République après son départ de l’Elysée, pas même Jacques Chirac dont l’épisode judiciaire s’est tout de même mal fini. J’étais personnellement contre, arguant qu’un homme devenu vieux ne devait pas voir sa fin de vie ternie par une condamnation. Ce fut hélas le cas. On ne rappellera jamais assez aux juges que la justice est là pour assurer une harmonieuse vie sociale. A partir du moment où la justice met le monde en pièces au lieu de l’amender, remplit elle vraiment son rôle ? L’adage latin que la justice soit, le monde dût-il en périr, ne fonctionne pas (fiat justitia, pereat mundus). Un adage d’un vieille sagesse orientale stipule que Dieu a créé son univers par le biais de son attribut de miséricorde et non par l’intermédiaire de l’attribut de la rigueur implacable du jugement)… Pour quelle raison ? Par ce que ce monde assis sur une implacable justice n’aurait pas tenu une seconde ! A bon entendeur, salut !

    Tout ceci pour dire que le quinquennat de N Sarkozy est passé à la moulinette car chaque jour que D- fait apporte son intarissable lot de (prétendus ?) scandales, d’affaires et d’accusations. La question posée est grave et touche au cœur même des institutions de la république française : existe t il toujours une séparation des pouvoirs ? Sommes nous encore loin de l’instrumentalisation de la justice ? Est ce une chasse à l’homme puisque le pouvoir en place n’a plus, dit-on, le moyen d’enrayer la dégringolade électorale qui le menace ? Franchement, je n’en sais rien. Mais je pense vraiment que l’opinion, et les avocats, sont en train de monter en puissance et d’accuser les autorités de parti pris et de main mise sur l’institution judiciaire.

    Il faut faire preuve de prudence. Tous les jours, les journaux indiquent que la côte de popularité des deux têtes de l’exécutif ne se redresse guère. Et comment cela serait il possible dans la situation actuelle ? S’acharner sur un homme (qui n’aurait pas fait mieux) n’est pas une option sérieuse et provoque l’effet inverse à ce que l’on escomptait. Le gouvernement devrait se concentrer toujours plus sur la lutte contre le chômage, le rétablissement du pouvoir d’achat sans se préoccuper du retour en grâce des battus d’hier. Il ne faut pas que N.S. obsède le sommeil des gouvernants actuels. Qu’ils montrent ce qu’ils savent faire et les Français jugeront..

    Ce qui heurte la sensibilité des gens, c’est ce tir groupé sur un homme et un parti dont on veut noircir l’image. Personnellement, je n’ai d’engagement ni avec l’un ni avec l’autre, mais ma sensibilité d’homme et de citoyen est un peu froissée par ce que je vois et entends.

    La France est un pays dont les habitants confondent souvent l’égalité et l’égalitarisme. Un ancien président de la république ne sera jamais, quoi qu’en on en dise, un citoyen comme les autres. Certes, nul n’est au-dessus de la loi mais on sait bien que le statut pénal du chef de l’Etat, même après ses fonctions, ne ressemble à rien d’autre.

    Le pouvoir a eu l’intelligence ou le réflexe de sauver l’ancien chef de l’Etat de l’abominable accusation d’abus de faiblesse, lui évitant ainsi un humiliant renvoi en correctionnelle……… Je ne sais pas ce qui se serait dans les rues des villes et des villages de France si cela avait eu lieu… Rendez vous : un homme, devenu chef de l’Etat, accusé d’avoir tirer profit de la fortune d’une vieille dame.. Je frémis à cette simple évocation, tant cela paraît inimaginable.

    On pourrait m’opposer que je remets en question l’indépendance de la justice. Non point, je ne le fais pas. Mais il ne faut pas être naïf : on n’ouvre pas un dossier à tel moment ou à tel autre par hasard. Et surtout, on ne fuite tel ou tel détail à tel moment ou à tel autre, par hasard. Cela profitera aux extrêmes qui diront comme aux années trente : tous pourris…

    Il est temps de se ressaisir. Le gouvernement actuel traverse un moment difficile et tous doivent souhaiter sa réussite car il y va du redressement de la France. Le maintien au pouvoir n’est pas une fin en soi. Il est vrai que la nature humaine est ce qu’elle est et quand on arrive au sommet, on n’est pas nécessairement un saint. Mais il faut, néanmoins, utiliser des méthodes acceptables.

    Mais ceux que D- a doté de l’intelligence du cœur devraient regarder un peu plus loin que le bout de leur nez : que se passerait-il si l’alternance se faisait en 2017 ou, avant, en cas de dissolution de l’assemblée nationale ? Assisterions nous à une chasse à l’homme à l’envers ? D- nous en préserve.

    Que la justice fasse son travail loin du tintamarre de l’information sensationnelle, loin des plateaux de télévision : tout le monde y gagnerait, l’opposition qui ne serait plus accusée abusivement et le pouvoir, qu’el qu’il soit, dont les efforts pour reconstruire ensemble, seraient effectivement reconnus.

    Mais ma formation de philosophe idéaliste ne m’interdit pas de poser la question : prenons nous le bon chemin?