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Vu de la place Victor-Hugo - Page 604

  • L'acharnement judiciaire autour de Nicolas Sarkozy

    L’acharnement judiciaire autour de Nicolas Sarkozy

    A l’évidence, cet éditorial n’est pas partisan, même si à quelques heures de mon vol pour Genève où je dois animer un dîner-débat, je résume mon propos de ce matin en ces termes lapidaires : Nicolas Sarkozy acculé à Paris et acclamé à Genève.

    De quoi s’agit-il ? Eh bien, d’une démarche que n’a connu aucun président de la République après son départ de l’Elysée, pas même Jacques Chirac dont l’épisode judiciaire s’est tout de même mal fini. J’étais personnellement contre, arguant qu’un homme devenu vieux ne devait pas voir sa fin de vie ternie par une condamnation. Ce fut hélas le cas. On ne rappellera jamais assez aux juges que la justice est là pour assurer une harmonieuse vie sociale. A partir du moment où la justice met le monde en pièces au lieu de l’amender, remplit elle vraiment son rôle ? L’adage latin que la justice soit, le monde dût-il en périr, ne fonctionne pas (fiat justitia, pereat mundus). Un adage d’un vieille sagesse orientale stipule que Dieu a créé son univers par le biais de son attribut de miséricorde et non par l’intermédiaire de l’attribut de la rigueur implacable du jugement)… Pour quelle raison ? Par ce que ce monde assis sur une implacable justice n’aurait pas tenu une seconde ! A bon entendeur, salut !

    Tout ceci pour dire que le quinquennat de N Sarkozy est passé à la moulinette car chaque jour que D- fait apporte son intarissable lot de (prétendus ?) scandales, d’affaires et d’accusations. La question posée est grave et touche au cœur même des institutions de la république française : existe t il toujours une séparation des pouvoirs ? Sommes nous encore loin de l’instrumentalisation de la justice ? Est ce une chasse à l’homme puisque le pouvoir en place n’a plus, dit-on, le moyen d’enrayer la dégringolade électorale qui le menace ? Franchement, je n’en sais rien. Mais je pense vraiment que l’opinion, et les avocats, sont en train de monter en puissance et d’accuser les autorités de parti pris et de main mise sur l’institution judiciaire.

    Il faut faire preuve de prudence. Tous les jours, les journaux indiquent que la côte de popularité des deux têtes de l’exécutif ne se redresse guère. Et comment cela serait il possible dans la situation actuelle ? S’acharner sur un homme (qui n’aurait pas fait mieux) n’est pas une option sérieuse et provoque l’effet inverse à ce que l’on escomptait. Le gouvernement devrait se concentrer toujours plus sur la lutte contre le chômage, le rétablissement du pouvoir d’achat sans se préoccuper du retour en grâce des battus d’hier. Il ne faut pas que N.S. obsède le sommeil des gouvernants actuels. Qu’ils montrent ce qu’ils savent faire et les Français jugeront..

    Ce qui heurte la sensibilité des gens, c’est ce tir groupé sur un homme et un parti dont on veut noircir l’image. Personnellement, je n’ai d’engagement ni avec l’un ni avec l’autre, mais ma sensibilité d’homme et de citoyen est un peu froissée par ce que je vois et entends.

    La France est un pays dont les habitants confondent souvent l’égalité et l’égalitarisme. Un ancien président de la république ne sera jamais, quoi qu’en on en dise, un citoyen comme les autres. Certes, nul n’est au-dessus de la loi mais on sait bien que le statut pénal du chef de l’Etat, même après ses fonctions, ne ressemble à rien d’autre.

    Le pouvoir a eu l’intelligence ou le réflexe de sauver l’ancien chef de l’Etat de l’abominable accusation d’abus de faiblesse, lui évitant ainsi un humiliant renvoi en correctionnelle……… Je ne sais pas ce qui se serait dans les rues des villes et des villages de France si cela avait eu lieu… Rendez vous : un homme, devenu chef de l’Etat, accusé d’avoir tirer profit de la fortune d’une vieille dame.. Je frémis à cette simple évocation, tant cela paraît inimaginable.

    On pourrait m’opposer que je remets en question l’indépendance de la justice. Non point, je ne le fais pas. Mais il ne faut pas être naïf : on n’ouvre pas un dossier à tel moment ou à tel autre par hasard. Et surtout, on ne fuite tel ou tel détail à tel moment ou à tel autre, par hasard. Cela profitera aux extrêmes qui diront comme aux années trente : tous pourris…

    Il est temps de se ressaisir. Le gouvernement actuel traverse un moment difficile et tous doivent souhaiter sa réussite car il y va du redressement de la France. Le maintien au pouvoir n’est pas une fin en soi. Il est vrai que la nature humaine est ce qu’elle est et quand on arrive au sommet, on n’est pas nécessairement un saint. Mais il faut, néanmoins, utiliser des méthodes acceptables.

    Mais ceux que D- a doté de l’intelligence du cœur devraient regarder un peu plus loin que le bout de leur nez : que se passerait-il si l’alternance se faisait en 2017 ou, avant, en cas de dissolution de l’assemblée nationale ? Assisterions nous à une chasse à l’homme à l’envers ? D- nous en préserve.

    Que la justice fasse son travail loin du tintamarre de l’information sensationnelle, loin des plateaux de télévision : tout le monde y gagnerait, l’opposition qui ne serait plus accusée abusivement et le pouvoir, qu’el qu’il soit, dont les efforts pour reconstruire ensemble, seraient effectivement reconnus.

    Mais ma formation de philosophe idéaliste ne m’interdit pas de poser la question : prenons nous le bon chemin?

  • En Crimée, Poutine ne reculera pas, la diplomatie ne suffira pas

    En Crimée, Poutine reculera pas, la diplomatie ne suffira pas

    C’est désormais programmé : la Crimée retombera dans le giron de la Russie, héritière sans vergogne de la défunte URSS. L’Europe est indirectement coupable dans cette affaire : elle aurait dû gérer la place de la Russie dans notre monde. Elle se serait épargné la terrible déconvenue sur le front syrien et aujourd’hui l’énorme défaite sur le front ukrainien. Les Russes agissent en Crimée comme leurs aînés ont agi à Prague en mai 1968 lorsque le jeune étudiant Jan Palach s’est immolé par le feu devant le monde entier. Et l’armée rouge n’a pas reculé.

    Le problème auquel M. Poutine est confronté n’est rien moins que sa survie politique. Il n y a que le pusillanime, le velléitaire B. Obama pour penser qu’on pourra léchir l’ex agent du KGB par des menaces ou des paroles. L’homme n’a pas hésité à emprisonner des adversaires politiques en Russie et à l’étranger. Des journalistes qui enquêtaient sur des sujets sensibles l’ont payé très cher. La Tchétchénie a été totalement détruite ainsi que sa capitale Gronzni. M. Poutine ne pouvait plus supporter que l’Otan campe à ses portes et redoutait un encerclement sans cesse croissant. Et voilà que la Crimée qui abrite un tier de sa flotte de guerre lui tourne le dos, chasse son président pro-russe et se tourne résolument vers l’Occident.

    Les révolutionnaires ukrainiens auraient dû calmer le pouvoir russe en lui garantissant la validité des traités signés entre eux et la Russie. Ils devraient même aujourd’hui, négocier le retrait des forces armées russes contre l’usage de la base navale de Sébastopol. Les traités signés doivent être respectés.

    Le problème est qu’aujourd’hui, on est allé trop loin, puisque même l’intervention allemande auprès de M. Poutine n’a servi à rien : les Russes ont interdit l’entrée en Crimée à la délégation de l’OSCE… Est ce étonnant ? Non point.

    Alors que faire ? Il faut forcer B. Obama à agir fermement et à ne plus se contenter de faux fuyants… … On a déjà eu l’occasion de dire ici même que le faux bond lors de la crise syrienne, alors que les cibles en Strie étaient désignées et devaient être frappées durant le week end, le président a reculé, laissant la voie à Poutine qui assiste militairement l’armée d’Assad. M. Obama ne comprend pas les régles du jeu avec V. Poutine qui n’est ni un tendre ni un enfant de chœur… On apprend qu’il envoie en Mer noire un destroyer US qui doit participer à des manœuvres militaires conjointes avec deux états de la région.. Ce n’est pas suffisant et le locataire actuel de la Maison Blanche ne l’a pas compris car il n’a pas vraiment la statue d’un homme d’Etat.

    Certes, il faut ménager V. Poutine pendant qu’il est encore au pouvoir mais que se passera t il s’il continue à redéfinir les frontières ? S’il ampute les Etats voisins de territoires entiers ? S’il se met à en envahir d’autres comme le fit Staline avec la Carélie ?

    Les milieux informés ont pourtant une idée qui devrait faire mal et provoquer à court terme la chute de l’ours russe : que M. Obama autorise les compagnies US à vendre du gaz US à l’Europe, laquelle se détournerait aussitôt de Gazprom dont les rentrées s’en ressentiraient aussitôt.

    Mais pour faire cela, il faut en avoir. Je veux dire du courage…

  • Barack Obama et Israël face à la duplicité iranienne

    Barack Obama et Israël face à la duplicité des autorités iraniennes

    Hier encore, toute la presse israélienne se faisait l’écho de l’arraisonnement en mer rouge d’un navire battant pavillon de complaisance et chargé d’armes et de munitions à destination de Gaza. Le navire a été pris par les unités navale d’élite d’Israël. La nouvelle n’a pas vraiment créé la stupeur puisque la guerre de l’ombre menée par l’Etat juif depuis plus de dix ans bat toujours son plein. Ce qui frappe dans ce cas d’espèce, c’est le rôle joué l’Iran (on ne sait pas si M. Rouhani était au courant ou si c’est un coup des Gardiens de la révolution qui restent fidèles à leur méthode d’antan et à leurs alliances avec le Hamas). On n’est même pas sûr que les armes étaient destinées  au Hamas en tant que tel ou au Djihad islamique.. Un fait demeure, c’est que les sourires et les offres de paix et de coopération ne consonnent pas vraiment avec une telle attitude et jette une lumière crue sur les différents centres de pouvoir à Téhéran, les Gardiens de la révolution continuant de se comporter comme un Etat dans l’Etat (Status im statu).

    Si le rôle de l’Iran des Ayatollahs en tant que trafiquant d’armes était connu depuis longtemps, on remarque que le Soudan continue de servir de plaque tournante à ce détestable trafic et que, fait plus surprenant, l’Irak, chiite et allié de l’Iran, a fermé les yeux lors du transit de cette cargaison d’armes dans son territoire. Sans oublier la Syrie, laquelle avance étendard pro iranien déployé devant elle, n’ayant plus rien à perdre. Selon les dépêches d’agence, le périple de cette cargaison d’armes dangereuses, dont des missiles chinois ou de fabrication iranienne avec une portée de près de 200 km, fut bien compliqué afin de déjouer les activités de surveillance satellitaire ? Or, la CIA et le Mossad ont fonctionné main dans la main, même si c’est l’état-major de Tsahal qui a gardé la haute main sur toute cette affaire.

    Quelles leçons tirer de cet incident qui est très grave ? D’abord, concernant l’Iran, centre nerveux du terrorisme, le pouvoir du nouveau président n’est pas incontesté puisque des cercles puissants dans le pays déploient une activité diplomatique et militaire parallèle… A moins, ce qu’il ne faut pas exclure, que les amis de M. Rouhani eux-mêmes jouent double jeu, une sorte de politique à la Janus : une face souriante en public et plus grimaçante en privé, dans les coulisses. Dans ce cas, il ne faudrait faire aucune confiance aux pourparlers de Genève, ne jamais lever les sanctions contre l’Iran, pas même d’un millimètre, puisque ces gens ne sont définitivement pas fiables…

    Le cas de l’Irak, pourtant aidé et soutenu par les USA, est plus surprenant et plus inquiétant. Quand on pense que certains scénarii d’intervention israélienne contre le nucléaire iranien incluaient une violation de l’espace aérien irakien avec la complaisance des autorités, on réalise qu’on est vraiment loin du compte : l’Irak serait donc devenu une sorte de satellite de l’Iran, donnant consistance à cet arc chiite que même le roi de Jordanie redoutant… La CIA, bien implantée en Irak, ne peut pas ne pas avoir pris bonne note de cette affaire.

    Mais le Soudan est impliqué lui aussi ; et ce n’est pas la première fois puisque l’aviation israélienne avait déjà pulvérisé des convois d’armes en territoire soudanais. En fin, la mer rouge sert de point de ralliement puisque le navire a été arraisonné dans ses eaux.

    La dernière leçon qui s’impose porte sur les relations entre l’Etat juif et l’Amérique de M. Obama qui ne pratique plus une politique de franche amitié et de soutien à l’égard d’Israël. Certes, son mandat touchera bientôt à sa fin et les efforts qu’il déploie pour renouer avec l’Iran et faciliter la paix avec les Palestiniens n’iront pas bien loin. Les USA se désengagent du reste du monde, ce qui les intéresse aujourd’hui, c’est l’Asie où ils surveillent la Chine comme son surveille le lait sur le feu. Ils n’ont presque plus besoin de pétrole,  ils ont chez eux de quoi faire. Le Proche Orient n’a plus qu’un problème à régler : le conflit israélo-arabe… Etc…

    Mais cette vision est à court terme car la crise ukrainienne vient nous le rappeler opportunément. M. Poutine réécrit et redéfinit les frontières en Europe. Du jamais vu. On voit bien que les analyses de M. Obama sont hâtives et qu’il est temps pour les USA de revenir sur les devants de la scène.

    La crise ukrainienne est inquiétante et n’a aspect positif : John Kerry va devoir, de longs mois durant, relâcher la pression sur Israël et exercer son ingéniosité diplomatique qui est si grande, ailleurs qu’au Proche Orient.. C’est déjà de gagné.