Israël et la menace d’un boycott
L’actualité internationale qui va des massacres en Centrafrique aux jeux olympiques d’hiver à Sotchi a quelque peu déplacé notre attention d’un problème très grave qui se profile à l’horizon et qui risque d’avoir des conséquences autrement plus préoccupantes que tous les conflits que nous vivons présentement. Je pense évidemment aux velléités de l’actuel secrétaire d’Etat US John Kerry qui exerce des pressions assez fortes sur Israël afin que ce dernier assouplisse sa position dans les négociations avec les Palestiniens. Et cette pression a pris une tournure aussi inattendue qu’inquiétante puisqu’une campagne d’une très vaste ampleur commence à se dessiner visant à rejeter, à boycotter les produits israéliens fabriqués dans les territoires dont les instance internationales ne reconnaissent pas la souveraineté israélienne.. Cette menace risque de se concrétiser et notamment aux yeux de l’Allemagne qui semble avoir pris une position en flèche dans cette affaire.
Un mot de l’attitude de l’Allemagne : les différents gouvernements de ce pays ont toujours appuyé et soutenu l’Etat d’Israël pour des raisons historiques évidentes. Mais l’arrivée d’un gouvernement de grande coalition et l’occupation de l’auswärtiges Amt par un social-démocrate a provoqué un infléchissement de la politique extérieure allemande. Certes, ce pays ne pratiquera pas une politique anti-israélienne mais du fait de sa position au sein de l’Europe, son exemple risque d’être suivi…
Le gouvernement israélien prend cette affaire très au sérieux. Car si l’Union Européenne fait mine de soutenir ce boycott des produits d’Israël, même partiellement, même sélectivement, cela aura des conséquences graves sur l’économie locale : M. Lapide qui occupe le ministère de l’économie a rappelé que l’Etat juif fait 33% de ses échanges avec l’U.E. Mais nous n’en sommes pas encore là. Toutefois, si cela devait se préciser, un certain nombre d’Israéliens se retrouverait au chômage..
Je pense que les gouvernements de la planète ne réalisent pas très bien ce que représente la menace arabe sur et pour Israël : c’est un problème de survie et l’attachement du peuple juif à chaque centimètre carré de la Terre sainte a résisté à tout, y compris à l’épreuve du temps. L’existence, la renaissance de l’Etat d’Israël a défié toutes les lois de l’évolution historique. Si les règles de l’Histoire s’étaient appliquées sans exception, ce peuple aurait dû disparaître, comme ont disparu les Philistins (qui donnèrent tant de fil à retordre au roi David). Et les Amorhéens, les Cananéens, les Hittes, etc… ont tous disparu . Comme on vient de le montrer, pas un peuple, pas une nation, pas une ethnie n’a pu se conserver ni se maintenir en vie dans le Proche-Orient ancien, excepté ce peuple d’Israël qui a placé la préservation de ce lien avec la terre ancestrale au dessus de tout.
Quel est l’objet du débat, le corpus delicti ? Quelques arpents de terre sablonneuse, abandonnés de tous, laissés en friche des siècles durant et dont l’étendue ne dépasse pas la superficie d’environ deux départements français de aille moyenne… Des pionniers, nommés à tort des colons (le mot hébraïque mitnahalilm signifie ceux qui entrent en possession de leur héritage) ont asséché les marais, ils sont morts victimes de la malaria, ils ont tout laissé derrière eux pour faire refleurir le désert, leur désert, celui de leurs ancêtres et voilà qu’on leur conteste le droit de poser le pied chez eux. Qui peut prouver que la banlieue de Jérusalem, Ma’alé Adoumim, n’appartient pas aux Israéliens ? Mais, croyez vous que cette affaire se limite à un simple conflit territorial et qu’une répartition nouvelle de territoires réglerait le problème ? Si tel avait été le cas, l’affaire aurait été réglée il y a bien longtemps. C’est une question de survie, de pérennité de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif, qui se cache derrière cela.
Voyez la crispation (légitime) d’Israël au sujet de la vallée du Jourdain : qui serait assez naïf pour croire que cette cuvette regorge de pétrole, d’or et de diamants dans son sous sol ? Tout son intérêt est stratégique. Tout le territoire israélien est enclavé et à portée d’une artillerie ennemie à longue portée. Les adversaires d’Israël ne font aucun effort pour accepter une fois pour toutes l’existence de cet Etat qui a une logique de développement sans pareille au monde. Et, à mon sens, ce n’est pas une menace de boycott qui exercera une pression suffisante sur Israël.
Pour que ce pays fasse des concessions, il faut que le climat de la région change. Prenez l’exemple éclairant de Gaza. Imaginez qu’une entité hostile y installe des fusées ou des missiles à longue portée, capables d’atteindre l’aéroport international de Loud, ce serait catastrophique !
En tout état de cause, l’énervement de M. John Kerry ne servira pas la cause de la paix. Même les états arabes modérés se rapprochent silencieusement d’Israël ( regardez une récente déclaration d’un prince saoudien de la famille régnante concernant l’Iran) et l’on ne comprendrait pas que l’on isole Israël alors que l’Iran voit se rapprocher la perspective de la levée des sanctions… Ce serait un curieux signal envoyé au reste du monde !
Un ministre canadien faisait récemment remarquer que les ouvriers palestiniens employés par l’usine controversée de Ma’alé Adoumim recevaient un salaire nettement supérieur à celui de leurs collègues de Ramallah ou de Djénine. On peut être d’accord ou ne pas être d’accord avec cela.
Mais une idée ne laisse pas d’être intéressante : des intérêts économiques reliant Israéliens et Palestiniens changerait le cours des choses. Au fond, les Palestiniens sont bien seuls aujourd’hui : la Syrie est en proie à une atroce guerre civile, la Libye ne va guère mieux, la Tunisie a tant à faire avec son économie, l’Egypte se débat encore dans des troubles intérieurs sans nom, l’Irak fait même de nouveau appel aux mercenaires US pour lutter contre les attentats et l’Iran, lui-même, se rapproche des Occidentaux à petits pas..
N’est ce pas le meilleur moment pour agir en faveur d’une paix véritable ? J’ai dit agir et non parler. Car on en parle depuis des décennies. Sans résultats tangibles.