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Vu de la place Victor-Hugo - Page 603

  • Un ancien président de la république fran!çaise est il un citopyen comme les autres?

    Un ancien président de la république française est il un citoyen comme les autres ?

    Non point, telle est la réponse qui s’impose à tout esprit clair et ordonné, et c’est bien ce qui aurait dû s’imposer au pouvoir s’il avait su prendre l’exacte dimension des choses. Faute de l’avoir fait, il se retrouve sur le banc des accusés alors qu’il permet aux juges de travailler indépendamment, sans interférence, semble t il des autorités.

    Mais pourquoi donc a t on persévéré dans cette voie et pour quelles raisons précises le Premier Ministre a t il fourni une version différente de sa ministre de la justice ? Il est certain que les jours de la garde des sceaux place Vendôme sont comptés, quand ce ne serait qu’en raison du remaniement que chacun annonce pour avril.

    Certains journalistes pointent l’inexpérience de la plupart des membres de ce gouvernement qui ne sont ni organisés ni vraiment dirigés. Sans porter de jugement de valeur sur ce état de choses, il faut bien reconnaître que l’affaire des écoutes de N. Sarkozy a été mal engagée. Certes, les juges travaillent indépendamment du pouvoir mais ils doivent respecter les règles du droit. Or, il se trouve d’éminents juristes pour contester la méthode employée : un ancien président de la République n’est pas, concrètement, un justiciable comme les autres.

    Les esprits moyens vont bondir en arguant que nul n’est au-dessus des lois. Dont acte, mais chacun sait que lorsque des personnages haut placés ont un problème, même de santé, ils ne vont pas urgences comme tout le monde mais au Valde grâce où ils font l’objet de soins particuliers.

    En soi, cela ne me gêne pas personnellement car je me souviens de la phrase de Goethe (Wir sind nicht gleich, noch können wir es werden : nous ne sommes pas égaux ni ne pourrons le devenir…) Il fut savoir faire le départ entre les citoyens lambda que nous sommes tous et les personnalités, les élus, les riches industriels, les grands savants et ainsi de suite. Mais dans la patrie des droits de l’homme ; on a tendance à confondre égalité et égalitarisme..

    Et ce n’est pas tout, maints très hauts fonctionnaires vous le diront sous le sceau du secret : en France, on n’a pas quitté la monarchie. Les pouvoirs du président de la république (depuis de Gaulle) sont sensiblement équivalents à ceux d’un monarque républicain.

    Comment voulez vous que dans ce cas, les anciens présidents soient traités comme tout le monde ? Exception française oblige 

  • Les Turcs contestent le régime islamiste actuel

    La Turquie s’emporte contre le régime autocratique de son premier ministre

    En effet, des émeutes ont éclate hier et avant-hier dans les grandes villes de Turquie lorsque la nouvelle de la mort d’un tout jeune homme fut connue. Ce jeune garçon a été atteint par le tir direct d’une grenade lacrymogène. Au terme d’une longue hospitalisation, il est mort et son enterrement a donné lieu à d’immenses rassemblements. En fait, ce n’est pas la mort de cet enfant (que nous déplorons tous, évidemment) qui a mis le feu aux poudres, ce n’est que la goutte d’eau qui fit déborder le vas : une majorité de Turcs ne veulent plus de ce gouvernement islamiste autoritaire et qui les désarçonne par ses changements brutaux et sa conduite  désordonnée des affaires. On a déjà eu l’occasion de parler des changements inattendus en matière de politique étrangère et sers interventions inavouables dans la vie privée de ses concitoyens.  Aujourd’hui, ce sont les juges et les policiers qui paient pour avoir débusqué des malversations dans le cercle intime du pouvoir. N’oublions pas la condamnation à la prison à vie de l’ancien chef d’état major de l’armée turque, une mesure qui ne laissera pas indifférent la haute hiérarchie militaire du pays sur la base d’informations plutôt incomplètes.

    Bref, le mécontentement grandit en Turquie dont l’économie donne des signes de faiblesse et la monnaie perd de sa valeur. Et que fait l’actuel Premier Ministre ? Il crie au complot international. Mais ce qui va compromettre l’avenir politique du premier ministre, c’est le vaste scandale politico-financier qui éclaboussé ses proches. Au parlement, l’opposition a réclamé sa démission, du jamais vu.

    Il y a aussi, ne l’oublions pas, la guerre en Syrie qui obère l’avenir de la Turquie : 800 km de frontière avec un pays à feu et à sang dont les habitants fuient les horreurs de la guerre. Et M. Erdogan a échoué sur deux fronts de politique étrangère : il n’arrive pas à se faire admettre en Europe et on le comprend car l’Europe n’est pas seulement un continent, c’est une culture dont M. Erdogan ne partage pas les valeurs fondamentales. Et enfin, sa tentative de prendre la tête du monde arabo-musulman en instrumentalisant les Palestiniens et en rompant avec Israël a échoué : les Arabes se souviennent encore de la domination ottomane dans la région…

    Si l’homme avait été plus calme et plus pondéré, il aurait cherché à retrouver un second souffle, se serait rapproché de Washington et de Jérusalem, reconnaissant ainsi ses erreurs. Eh bien, il a fait tout le contraire et le résultat des élections municipales risque d’en apporter la preuve tangible. Visiblement, dix ans de pouvoir ont émoussé la capacité de l’exécutif turc.

    Il serait bon qu’une impulsion nouvelle fût donnée et que la Turquie, grand pays, renouât avec une vieille tradition de tolérance, d’amitié et de coopération. Cela paraît difficile avec le régime actuel.

  • Fête de Pourim ou jour de Mardochée?

    Eu égard à la nullité de l'actualité politique et étant donné l'approche de la fête de Pourim (carnaval), j'ai préféré vous soumettre cette étude.


    Fête de Pourim ou  jour de Mardochée ?

     

    Quelles sont les vraies origines de cette célébration extra biblique (comme Hanoukka et Tisha be-av) qui a si fortement conquis la sensibilité juive au point que personne ne se pose même plus la question ? Pourim (ou le jour de Mardochée pour parler comme les Evangiles) ne figure pas dans les calendriers liturgiques prévus par le chapitre 23 du Lévitique, et en dépit de cela, même la tradition talmudique, généralement incarnée par des sages à l’esprit rassis, affirme qu’à l’époque messianique, tous les textes de la Tora auront perdu leur valeur prescriptive, à l’exception du Pentateuque et du rouleau d’Esther ! Bien plus tard, après la clôture de la littérature talmudique, le fondateur du mouvement hassidique HaBaD, Shnéour Zalman de Liadi (ob. 1812) a jugé qu’à l’époque messianique, l’obscurité sera transformée en lumière. En termes plus clairs, il jugeait miraculeux le basculement du roi Assuérus qui était passé de la haine exterminatrice à l’attitude la plus favorable et la plus conciliante à l’égard des juifs de son immense empire. Un peu comme on dit de Dieu qui prouve ainsi à un être humain l’amour qu’il lui porte : il transforme ses ennemis en amis.

     

    Je pense que c’est là tout le mystère et le message de ce rouleau d’Esther qui ne laisse pas de nous étonner et dont la canonicité n’allait pas de soi puisque les Sages du talmud n’ont pas manqué de s’interroger sur son degré de sainteté : rend-il les mains impures (metammé et ha yadayim) oui  ou non ? Un autre détail qui a, selon moi, toute son importance : pour quelle raison ce rouleau d’Esther est il le seul des vingt-quatre livres à ne pas figurer dans la bibliothèque de Qoumran ? Nous savons pourtant que le judaïsme hellénistique en a gardé trace dans deux versions et que les Septante adoptent une version qui ne coïncide pas mot pour mot avec le texte massorétique que nous déclamons à la synagogue pour le 14 Adar…

     

    La fête de Pourim ou le jour de Mardochée (qui s’est comporté comme un véritable exilarque : resh galouta) puisque c’est bien lui qui l’institua (sans même prendre conseil avec les autorités de Jérusalem ou du Temple) vise un but : montrer qu’au moment où le sort des juifs de la capitale Suze  et de tout l’immense royaume multiethnique et multilinguistique perse semblait scellé, une opération de type providentialiste, en d’autres termes, la divine providence peut confier à d’humaines mains, celles d’une jeune orpheline juive de fort belle prestance, le soin de déjouer le funeste projet d’un courtisan orgueilleux et anti-juif et de retourner contre lui et les siens ses noires arrière-pensées.…

     

    L’action est un modèle du genre dramatique que l’auteur domine avec une maestria  de très haut niveau. D’abord, on n’est pas dans l’empire perse proprement dit. C’est une belle fiction littéraire, même si l’on use de multiples expédients (faste de la cour perse, literies d’or et d’argent, le vin qui coule à flots, les banquets qui durent des semaines, emploi récurrent de termes persans, noms des protagonistes tirés de cette même aire culturelle, etc). Il s’agit d’un esprit hellénistique, vivant certainement à la fin du IIIIe siècle ou au début du IIe avant notre ère à Alexandrie et qui se sert des schémas classiques de l’historiographie perse (comme l’a montré de manière convaincante Arnoldo Momigliano) pour sa mise en scène en l’honneur du destin juif . Et bien que le nom du Dieu d’Israël ne soit pas cité une seule fois, oui, pas une seule et que celui du roi Assuérus le soit un peu moins de deux cents fois, (sur cent soixante- sept versets que compte le rouleau)  c’est bien le Dieu d’Israël qui est ici à la manœuvre. Il y a cependant un acte de contrition et d’expression de piété spécifiquement juive qui est mis à contribution, c’est le jeûne de trois jours que la jeune Esther demande d’observer afin que son entreprise de sauvetage réussisse et qu’elle puisse trouver grâce aux yeux du roi. Or, cette humilité, cette soumission n’ont de sens que si elle s’adresse au Dieu d’Israël qui doit, ainsi, étendre sur son peuple sa main protectrice.

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