Connaissez vous le grand magasin MANOR de Genève ?
Après toutes ces années vécues à Genève dans le quartier dit de la vieille ville, j’ai enfin eu l’occasion de visiter ce grand magasin Manor, qui est une véritable institution dans la métropole helvétique. Le magasin reflète la propreté et l’ordre si chers aux Helvètes, des qualités dont le grand pays voisin devrait utilement s’inspirer. Ce qui m’a le plus frappé, c’est le l’étage supérieur, le quatrième où l’on surplombe le reste de la ville et où les gens peuvent, par beau temps, occuper la terrasse en dégustant un jus d’orange pressé ou faire ce que j’ai fait, prendre son petit déjeuner.
Condamné à ne pas aller dans mon hôtel préféré où l’accueil et le service sont autres, j’ai préféré traverser la rue et me réfugier chez Manor sur les conseils du Monsieur qui m’avait invité à donner une conférence sur mon dernier livre, Martin Buber, M. Moïse A. J’ai été ébloui par cet étalage de victuailles, de bons produits venus du monde entier. Et surtout, sociologiquement, cela m’a tant intéressé car les consommateurs représentent une Genève en miniature. A chaque tablée ou presque les gens parlaient des langues différentes : l’arabe bien sûr, le kurde, le sri lankais, l’iranien, un peu d’hébreu et d’autres langues que je n’ai pas pu identifier. Cela tombait bien, la veille, lors de l’excellente émission Genève à chaud de Pascal Décaillet, un invité, délégué d’un parti politique local, m’avait parlé de la «multiculturalité» de Genève.. Je crois qu’on dit multiculturalisme, mais cela revient au même.. J’étais resté sur l’idée que les Suisses étaient peu accueillants, qu’ils voulaient rester chez eux et entre eux (et ils n’ont pas tort) et voilà que je découvre, de visu, qu’ils hébergent, en tout cas à Genève, tout ce que le monde compte de réfugiés, de fuyards, etc. mais aussi de gens richissimes.
Ou alors, c’est <Genève qui fait bande à part et se singularise par son goût de l’universel. En revanche, ce qui m’a déplu, c’est l’afflux de mendiant qui s’installent dans l’embrasure des portes de Globus ou d’ailleurs.., un endroit que j’aime fréquenter en dépit du bruit mais qui est grouillant de monde et représente aussi un Genève en miniature, mais plus choisi, plus représentatif de la population locale.
Revenons au quatrième étage de Manor : en contemplant cette population, je me suis fait la réflexion suivante : alors qu’en France, se dessine une tentation de renvoyer chez eux toutes ces populations allogènes ou inassimilables (sic) et que le FN culmine, grâce à ce phénomène de rejet et de replis sur soi, à près de 25% (premier parti de France !!!) Genève, elle, tout en restant elle-même, en ayant une bonne police et un bon ordre, respire plus tranquillement et sans secousse.
Même la communauté juive, si bien intégrée et exemple d’une grande réussite, se compose de gens venus de tous les pays du monde. Genève reste Genève.