La fin de la mission de M. Lakhdar Brahimi
Toute la presse, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Syrie, les avis sont unanimes : la mission Brahimi a pris fin et la trêve est enterrée. Ce n’est pas faire offense à ce grand diplomate que de dresser ce constat d’échec : c’est le principe de réalité qui nous dicte ce jugement : en quelques jours, ceux là mêmes où devait avoir lieu cette trêve (houdna) tant espérée, l’observatoire syrien a enregistré près de quatre cents victimes et presque autant de blessés.
Pourquoi les puissances occidentales ne font-elles rien pour mettre un terme aux massacres ? Probablement en raison de l’accroissement des djihadistes islamistes qui combattent, de leur côté, l’armée du régime et qui sont nettement mieux armés et mieux organisés que les insurgés. Les Occidentaux sont hantés par une image : que les islamistes arrivent les premiers au palais présidentiel de Bachar et qu’ils hissent leur étendard avant le drapeau des insurgés syriens.
Cette crainte nourrit aussi les hésitations des grandes capitales qui ne veulent pas armer suffisamment les rebelles car les armes finissent par se retrouver dans d’autres mains auxquelles elles n’étaient pas destinées. IL suffit de jeter un coup d’œil sur ce qui s’est passé en Libye où les arsenaux de Kaddhafi ont été pillés par des islamistes qui s’en servent pour occuper le nord u Mali.
Et le dernier point est la contagion aux autres pays de la zone : le Proche Orient est une véritable poudrière, le régime syrien le sait et cherche à déstabiliser ses voisins. Il n’ose pas encore lancer de provocation à Israël dont les canons à longue portée pourraient réduire en cendres la capitale syrienne. Mais s’il n’a pas d’autre alternative, il le fera.
Il y surtout le Liban et le Hezbollah : hier soir sur al-Arabiya, j’ai suivi la revue de presse internationale qui insistait sur les remous au sein même du parti chiite libanais. Certains au sein même de cette organisation se demandent s’il ne faut pas abandonner Bachar à son triste sort. Or, la tenue des prochaines élections donnera sûrement la majorité au parti de M. Saad Hariri qui ne résistera pas à l’envie de régler ses comptes avec le Hezbollah..
L’agenda des forces anti-Bachar au Proche Orient est clair : provoquer la chute du régime syrien, tête de pont de l’Iran dans le secteur, isoler ensuite le Hezbollah au Liban qui sera coupé de son soutien à Damas et de ses sources d’approvisionnement. C’est alors que le Proche Orient cessera d’être un point chaud. Et du coup, les USA pourront se concentrer sur leur adversaire de demain, la Chine.