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Vu de la place Victor-Hugo - Page 748

  • Titre de la noteLa France est-elle malade ?

    La France est-elle malade ?

     

    La question peut hélas être posée. Les semaines se suivent et se ressemblent. Les journaux télévisés commencent par une énumération de faits divers : des lycéens qui poignardent un ou une professeur et les collègues qui réagissent légitimement en cessant d’enseigner. Des lycéens qui se poignardent mutuellement pour une banale affaire sentimentale… Une mère d’enfant qui agresse violemment une enseignante, etc…

     

    Et aujourd’hui, c’est la découverte de cellules terroristes qui n’hésitent pas à commettre des attentats sur le sol national et ne contentent plus d’aller faire le djihad ailleurs, en Syrie, en Afghanistan ou au Pakistan…

     

    Et à tout cela s’ajoutent les affres de la crise qui n’’épargne plus personne. Le gouvernement, mû par la louable volonté de redresser une situation catastrophique a opté pour une hausse des impôts. Certains lui reprochent de se concentrer sur ce seul point et de ne pas s’en prendre aux dépenses publiques, en d’autres termes aux dépenses sociales.. C’est la fameuse dialectique entre le verre à moitié vide ou à moitié plein.

     

    Mais l’élément le plus préoccupant reste ces cellules terroristes dormantes, animées par des gens nés en France, donc sur le territoire national. Ces criminels se sont convertis au djihad et n’hésitent plus à commettre des attentats et à en projeter d’autres. Leur détermination s’avère lorsque l’un d’eux accueille les policiers les armes à la main et vide sur eux son chargeur…

     

    Comment en sommes nous arrivés là ? Ceux qui sont nés dans le pays ont pu bénéficier du système scolaire et leurs parents n’ont pas été secondarisés par les institutions. Alors que s’est il passé ? C’est probablement le passage de ces gens dans l’univers carcéral qui est en cause. Il ne faut pas permettre au zèle convertisseur de ces gens de se développer dans les prisons. Ce n’est pas la première fois que de telles conversions s’opèrent dans cet univers de la détention.

     

    Il faut prendre ce problème à bras le corps. Cela Marine Le Pen l’a compris. Elle l’a prouvé dimanche en début de soirée sur la 3e chaîne de télévision française.

     

    Les autorités françaises devraient consacrer un peu plus d’attention à ces problèmes. La France doit retrouver sa bonne santé et profiter de ses atouts.

  • Ce que le jour doit à la nuit d’Alexandre Arcadie

    Ce que le jour doit à la nuit d’Alexandre Arcadie

     

    Hier soir, à Deauville, j’ai vu le film d’Arcadie. Il a duré deux heures.

    c’était un peu longuet et à la fin tous les restaurants de Deauville étaient

    fermés. Pourtant, nous avions passé une bonne soirée.

    Que penser de ce film ? Je ne suis plus aussi positif, tant le plan du film s’est trop soumis au script de Yasmina Khadra. Je n’ai rien contre ce romancier algérien, mais il demeure prisonnier de conceptions et de visions qui méritent une bonne psyanalyse : c’est toujours cette image de la France, mère et la femme à la fois qu’on rêve d’aimer physiquement mais dont on demande aussi l’image maternelle tutélaire… Ce qui explique peut-être les relations passionnelles entre la France et l’Algérie. Ceci transparait immédiatement dans la première scène où une femme d’âge mûre, symbole avérée de la France, est attirée par un tout jeune homme, symbole du colonisé d’Algérie. Cela se passe bien, mais le jeune homme y prend goût et ne suit que son instinct.

     

    Et c’est la douche froide : la Française d’âge mur le remet à sa place, elle parle d’un égarement, d’une grosse bêtise qu’il faut oublier au plus vite et lui enjoint de ne plus venir à l’improviste chez elle, comme  s’il était chez lui… Terrible désillusion dont le jeune homme, futur amoureux de la propre fille de cette adulte dévergondée, fera les frais. On peut le dire ; plaisir d’amour ne dure qu’un instant, chagrin d’amour dure toute une vie !

     

    L’auteur du roman a une sensibilité islamo-  algérienne, à ses yeux, l’union physique entre la France et l’Algérie, la femme mûre et le jeune Arabe (comme l’appellent ses amis) ne parvient pas sublimer, à dépasser son complexe. Et le film n’aurait pas dû le suivre, car, jusqu’au bout, le spectateur moyen que je suis ne parvient pas à comprendre pourquoi il y a un drame…… La jeune femme eût elle pu vivre avec un tel homme ? Lui-même, brillant et doué, aurait-il pu oublier d’où il venait ? Au fond, qu’est ce que l’individu ? Demandez donc à Sören Kierkegaard !

     

    Hautement symbolique est l’image du vieil homme qui se recueille sur la tombe de celle  qu’il a toujours aimée mais dont tout le séparait : les préjugés de la société coloniale, la religion, les mœurs, les origines, tout, absolument out. Et c’est bien là, alors qu’elle est dans le monde de la vérité, qu’il lui dit : je t’aime ! Quelle tristesse ! Seule la mort pouvait transcender tout cela et rapprocher ceux que la vie déparait indéfiniment.. Et c’est peut-être en cela que repose la grandeur du film. Ces deux là s’aimeront dans l’éternité dans le jardin d’Eden, dans Gan Eden biblique

     

    Mais il ne fallait pas mettre deux heures à le dire.

  • Titre de la noteLa fête de Simhat Tora, ce soir, clôture de soukkot.

    La fête de Simhat Tora, ce soir, clôture de soukkot.

     

    On a déjà eu l’occasion de parler de la joie de soukkot qui succède à l’austérité, voire à la gravité du jour des propitiations et du Nouvel An. Mais il y a une joie à la joie, celle de la Tora pour laquelle, de génération en génération, les juifs se sont faits tuer. Ils ont supporté toutes ces souffrances avec un incroyable stoïcisme. Déjà dans les écrits bibliques, probablement dans les Psaumes et le livre de Samuel, il est dit que les Hébreux sont emmenés pour Dieu à l’abattoir tous les jours (ki aleikha horagnou kol ha yom)…… Plus loin, il est même dit : nous sommes comme le bétail emmené à l’battoir (hayyinou ka-tson la-tévah youval…)

     

    Et voilà que ces mêmes juifs tués à cause de leur Tora dansent à n’en plus finir avec, dans les bras, cette même Tora pour laquelle on les a si cruellement persécutés. Curieux paradoxe comme seul un peuple aussi étrange peut en vivre…

     

    Pourquoi le destin juif est il si cruel ? Ernest Renan a dit dans son Histoire d’Israël que le peuple juif avait été chargé d’une mission extraordinaire qui présupposait sa propre disparition : écrire l’histoire des autres, l’histoire de l’humanité. Et pour ce faire, ajoutait le titulaire de la chaire d’hébreu et d’araméen au Collège de France, le peuple d’Israël devait disparaître… Curieux raisonnement pour expliquer un paradoxe non moins paradoxal.

     

    Notre explication est différente : le peuple d’Israël a été chargé de rédimer l’humanité tout entière en lui montrant le droit chemin et en lui exposant les commandements de la Tora. Comme ces commandements heurtent la sensibilité ordinaire des hommes, ces messagers furent punis en raison du message dont ils étaient porteurs.

     

    Mais alors pourquoi les juifs dansent –ils avec dans leurs bras l’objet de tous leurs malheurs ? C’est probablement en raison de leur foi inébranlable en Dieu.  Un passage talmudique met en relation les souffrances d’Israël et sa foi en Dieu. Il dit que les mérites d’Israël ne tiennent pas à sa fidélité à la législation divine ni au respect des préceptes mais au fait suivant : quelle qu’ait été la férocité de leurs persécuteurs et l’atrocité de leurs souffrances, ils n’ont jamais douté de leur Dieu. Même lors de la première catastrophe nationale, la destruction du Temple de Jérusalem en -586, les fils de Sion n’ont pas songé un seul instant à abandonner le Dieu de leurs père pour se ranger sous l’aide protectrice du Dieu babylonien…

     

    C’est là peut être le mystère de la joie de la Tora, une joie souvent tempérée par une foule d’interdictions austères et un réseau très dense d’interdits.

     

    C’est bien là l’imploration d’Israël qui tient en ces termes : et malgré tout cela, ton NOM nous ne l’avons pas oublié ; de grâce ne nous oublie pas (ou-be-khol zot chimekha lo shakhanou, na al tishkahénou !-)

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 8 octobre 2012