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Vu de la place Victor-Hugo - Page 789

  • L’élection d’un islamiste en Egypte, ce n’est pas la fin du monde…

    L’élection d’un islamiste en Egypte, ce n’est pas la fin du monde…

     

    Dans les pays arabo-musulmans, rien ne se passe ni ne doit s’interpréter comme c’est l’usage en Occident. Et l’élection de M. Mohammed Morsi à la présidence de son pays en fait partie.

     

    Tout d’abord, les militaires disposent du pouvoir véritable, avant comme après l’entrée en fonctions du nouvel élu. Et les protestataires de la fameuse Place Tahrir ne sont pas plus contents de choix que les autres. A leurs yeux, M. Morsi ne présente qu’un avantage, celui d’avoir écarté un homme, le général Chafik, représentant à leurs yeux de l’ancien régime.

     

    Ce sont les militaires qui transmettront à M. Morsi le pouvoir ou ce qu’il en reste. Ils se sont déjà arrogés le pouvoir législatif et économique. Ils vont y ajouter le pouvoir sécuritaire. En fait, le nouveau président islamiste ne dispose plus que d’une coque vide, ce qui risque de poser des problèmes dans un avenir relativement immédiat.

     

    En réalité, les problèmes de l’Egypte, de la Tunisie, entre autres, sont de deux ordres : la pesanteur sociologique et religieuse, et aussi la chômage, la déshérence sociale. Et ce n’est pas D- qui peut résoudre ces deux problèmes. On peut être croyant et faire confiance à ses propres forces sans que ce soit assimilé à un comportement hérétique ou athée.

     

    Il est vrai que la cohabitation entre l’armée et le nouveau président ne sera pas de tout repos. Ce qu’il faut craindre, ce sont les réactions de la rue qui risque de manifester bruyamment et violemment ses frustrations.

     

    Mais ici aussi, ce sont les problèmes économiques qu’il faut résoudre en priorité. La politique étrangère, Israël, Gaza, tout ceci ne vient qu’après.

  • L’incident frontalier entre la Syrie et la Turquie

    L’incident frontalier entre la Syrie et la Turquie

     

    Même si la tension peut, dans les jours qui viennent, atteindre son paroxysme, il n’y a pas vraiment de raison de s’inquiéter. D’ailleurs, la réaction des Turcs, généralement dotés d’une sensibilité à fleur de peau, est largement modérée. En fait, il n’est pas exclu que cet avion dont on déplore sincèrement la destruction ainsi que la disparation de ses deux pilotes, ait été envoyé en mission afin de tester et de repérer les systèmes de défense anti-aérienne du pays voisin. Il convient de ne pas perdre de vue que la Turquie est membre de l’OTAN et que cette organisation était intervenue en Libye par la voie aérienne. Toutes les options étant sur la table pour la régler la crise syrienne, on ne peut pas exclure que les militaires aient sciemment voulu provoquer une réaction syrienne. Cela leur a permis de localiser avec assez de précision l’emplacement des batteries de missiles sol-air et de la DCA.

     

    Les états majors savent que le régime syrien se bat le dos au mur, ils savent aussi que ces gens finiront par tomber comme un fruit mûr. Aucune arme ne peut supporter une telle guérilla à un rythme aussi soutenu, sans pouvoir souffler. La rotation des divisions chargées de la répression se fait mal, les massacres sont de plus en plus révoltants et il ne se passe plus de jours sans que des soldats, voire des officiers généraux, n’aillent grossir les rangs des rebelles. J’écoutais hier soir sur al-Jazeera des journalistes demandant aux déserteurs s’ils avaient traversé la frontière avec leurs armées… La réponse fut effectivement négative mais il est évident que la frontière turque est une zone de repli et un lieu où se regroupent les rebelles pour repasser la frontière et s’en prendre aux forces du régime.

     

    Le fait que la Turquie ait demandé une réunion de l’OTAN à Bruxelles était peut-être la visée majeure de cet incident. L’Otan entre officiellement dans le jeu. Il fallait bien un prétexte et il le tient. La Syrie ne pouvait pas agir autrement, dans la logique qui est la sienne depuis le début des troubles. Si elle n’avait pas réagi, ses adversaires auraient interprété son inaction comme un signe de faiblesse. Il semble donc que cet acte ne soit pas isolé et qu’il ait fait partie d’un plan préétabli.

     

    Après tout, ce sont les Kriegsspiele des états majors…

  • L’élection de M. Mohammed Morsi à la présidence de l’Egypte

    L’élection de M. Mohammed Morsi à la présidence de l’Egypte

     

    Hier soir, en direct sur Al-Jazeera, j’ai suivi le discours du nouveau président. L’homme est dépourvu de tout charisme mis son texte dont il s’est éloigné maintes fois, se voulait très consensuel. Il a dit et redit qu’il se voulait le président de tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, qu’il était là par la volonté du peuple et de Dieu et qu’il tenait la main à tous, sous entendu, y compris à ceux qui ont voté pour le général Chafiq.

     

    Il a tenu à citer toutes les principautés, toutes les circonscriptions, une à une, sans oublier aucune, et surtout il a dressé un message de paix à l’ensemble de la planète. Fait significatif, il adressé in petto un message d’allégeance à l’armée et aux USA en soulignant que l’Egypte resterait fidèle à ses accords internationaux.

     

    Il a aussi dit un mot de l’économie et de la situation générale de son pays sur ce plan là. Le nouveau président a peut-être compris qu’il ne convient pas de se lancer dans d’aventureuses équipées auprès d’alliés improbables comme le Hamas ou le Hezbollah. Il a médité le cas syrien et sait que les jours de ces mouvements sont comptés.

     

    La question que je me suis sans cesse posé durant ce long discours assez monotone et monocorde est la suivante : est ce vraiment le programme des Frères musulmans, ou est ce simplement de la poudre aux yeux ? Il est vrai que l’armée est là, qu’elle a vidé la fonction présidentielle de toute substance, fait dissoudre le parlement et détient le seul pouvoir qui compte en Égypte : la force armée (al kuwwa al-musallaha).

    J’ai la faiblesse de penser que les USA ont eu tort de forcer la main aux généraux leur intimant l’ordre de laisser les Ikhwane, pensant les assagir ou les démystifier aux yeux de leur propre électorat. Je me demande si les USA ne sont pas en train d’ajouter une nouvelle ligne à la longue liste d’échecs qui ont jalonné leur diplomatie ces trente dernières années.