LA SUISSE ET L’UNION EUROPEENNE
Ce titre pourrait étonner, tant j’ai pour habitude de ne pas faire du nombrilisme helvétique, mais d’élargir les centres d’intérêts afin d’entendre battre le cœur du vaste monde : Proche-Orient, révolutions arabes, politique des USA, religion, philosophie etc…
Et si j’évoque brièvement ce thème, celui des relations entre l’ilôt suisse et le vaste océan européen, c’est parce que cette confédération a fait le bon choix en refusant de s’intégrer dans un magma dont personne ne sait à quoi il ressemblera demain. Un certain nombre de points militent, hélas, dans ce sens :
a) les graves incertitudes économiques et monétaires : la Suisse a une monnaie forte, qui reflète la vraie richesse du pays et a même servi de valeur refuge lorsque l’Euro fut sérieusement attaqué. Partant, intégrer la zone Euro ressemblerait au mieux à de la folie, au pire à un véritable suicide.
b) L’absence d’une gouvernance économique en Europe : la Suisse est une confédération, mais les dossiers les plus régaliens, dirais-je, dépendent de Berne et non de Genève ou de Zurich. Aujourd’hui, l’Europe a une monnaie commune mais c’était folie de vouloir faire marcher l’Allemagne et la Grèce (ou le Portugal et l’Espagne, ou l’Italie, voire même la France) au même pas.
c) L’immigration et l’insécurité : venant à Genève par le train ou par la route presque chaque semaine, je me rends compte du nombre de douaniers et de policiers qui contrôlent les entrées dans le pays. L’Europe est malheureusement ouverte aux quatre vents, ce qui, dans la situation actuelle, renforce le réflexe sécuritaire et renfloue au plan électoral les partis extrémistes…
d) La crise économique : l’intervention télévisée du chef de l’Etat français, ce soir, montre à l’envi, l’extrême fébrilité qui s’est emparée des citoyens des pays européens, en attente d’une élection importante. Et on se demande si la montagne ne va pas accoucher d’une souris.
La Suisse serait donc bien inspirée à conserver son statut d’îlot de sécurité, d’indépendance et de prospérité (relative) dans cet océan houleux qu’est devenue l’Europe des vingt-sept.
Vu de la place Victor-Hugo - Page 831
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LA SUISSE ET L’UNION EUROPEENNE
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Les regrets de Nicolas Sarkozy
Les regrets de Nicolas Sarkozy
Les grands hommes politiques sont-ils crédibles lorsqu’ils confessent leurs erreurs et leurs fautes ? Seront-ils plus crédibles, plus fiables et plus sincères ? Je ne sais que penser mais je dois bien reconnaître que même dénuée d’arrière-pensées politiques, cette confession du chef de l’Etat ne laisse pas de me surprendre. Et tous ceux qui me lisent dans ce journal depuis plus de cinq ans, savent que je l’ai, à une ou deux exceptions près, toujours très bien traité, non seulement eu égard à ses fonctions éminentes (cf. Ernst Kantorowicz, 1895-1963 et sa thèse des deux corps du roi) mais aussi en raison d’une réelle admiration et d’une grande proximité avec certains de ses plus fidèles lieutenants, encore à ses côtés.
En plus de ses sempiternelles apparitions à la télévision qui en firent le président le plus cathodique de la Ve République, de l’hyper président qui ne laissait pas respirer son Premier Ministre, le qualifiait publiquement de collaborateur avant d’en arriver à une bien meilleure appréciation de la situation, Nicolas avait commis une grave faute d’appréciation concernant son propre fils. Un enfant peut se tromper, un père ne le doit jamais, car il est censé guider son fils. C’est peut-être l’aspect le plus émouvant et le plus sicnère de cette confession publique.
Alors faut-il admettre en sa créance cette petite confession du chef de l’Etat ? Pourquoi pas, à condition qu’il tire les enseignements de ce qu’il qualifie lui-même comme ses propres erreurs, au premier rang desquelles se trouvent certaines nominations. Je ne parle pas ici des nominations à de hautes fonctions, je parle précisément de l’entrée au gouvernement de certaines personnes qui n’auraient jamais dû en faire partie.
Comme il s’agit notamment de deux ou trois dames, et qui plus est, de gens issus de l’immigration, de minorités dites visibles ou de la diversité (deux termes que j’abhorre tant ils sont maladroits et constituent une sorte de stigmatisation), je n’aurai pas la cruauté de pointer du doigt leurs insuffisances… Mais ce qui est, à mes yeux, l’abomination de la désolation (livre biblique de Daniel), c’est l’interférence du politico-familial dans la constitution d’un gouvernement.
La politique est vraiment un art très difficile qui ne s’apprend ni à l’ école ni dans aucun livre mais que seuls quelques hyper doués réussissent à maîtriser, mais jamais complètement : voyez de Gaulle, voyez Churchill, plus proche de nous Margaret Thatcher. Tous furent renvoyés à la maison en dépit de grands, voire de très grands services rendus…
Changer la politique reviendrait à changer l’être humain, chose absolument impossible, relevée par Platon et Aristote, et bien avant eux par la Bible. Mais ne soyons pas trop rigoureux, la vie l’est déjà assez avec ces hommes et ces femmes qui entendent nous gouverner.
La Bible dans son livre des Proverbes relevait déjà il y a plus de 2250 ans ceci : Celui qui dissimule ses fautes ne réussit pas. Mais celui qui
les confesse et les délaisse trouve de la compassion » (Pr 28 :13)
J’approuve entièrement mais ce n’est pas là la meilleure recette pour gagner l’élection à la présidence de la République. Or, tel est bien l’enjeu.
Maurice-Ruben HAYOUN
TDG du 28 janvier 2012 -
Le duel François Hollande / Alain Juppé
Le duel François Hollande / Alain Juppé
Il est probablement encore difficile de départager les deux débatteurs d’hier soir, mais on peut livrer un première appréciation, susceptible d’évoluer au fur et à mesure des réactions émanant des commentateurs spécialisés.
Il semble que François Hollande maintienne son statut provisoire de candidat favori dans l’opinion, dû au seul fait que Nicolas Sarkozy laisse encore pour quelques semaines le champ libre à son adversaire, car il veut présider le pays encore, purement et simplement.
Cependant, le chiffrage du programme socialiste et les vigoureuses réparties d’Alain Juppé ont tout de même placé son adversaire sur la défensive. On déplore un grand absent dans le programme économique du candidat du PS, c’est la croissance, les recettes pour la faire renaître et après, la stimuler et la fortifier.
Toutes les dépenses, et D- sait qu’il y en a, seraient, en cas de victoire de Fr. Hollande, financées par des ponctions, des redéploiements et des réaffectations. Pourquoi une telle méthode ? est-ce une attitude générale dictée par le réalisme, l’argent manquant de toutes parts, ou est-ce simplement une vieille habitude socialiste consistant à faire du social à tour de bras afin de glaner des suffrages ?
Comment peut-on espérer relever, redresser la France en taxant toujours plus ce que l’on nomme les riches, en fermant des niches fiscales, en supprimant la défiscalisation, en instaurant des taux d’imposition à la carte, etc… ?
On n’est plus en 1981. Cette époque là ressemble à un âge néolithique où l’interventionnisme, le dirigisme économique étaient de mise, avec un Parti Communiste surpuissant et sa courroie de transmission, la CGT, une redoutable centrale syndicale, déclenchant des grèves plus vite que la foudre…
Il est vrai que la société française souffre de plus en plus, et à des degrés divers, mais toujours réellement. Il est vrai qu’on aurait pu avoir d’autres mesures, mais il ne faut pas tout charger sur le dos d’un seul homme qui avait commencé son quinquennat sous le signe de «travailler plus pour gagner plus»… La crise mondiale en a décidé autrement.
Mais les deux courbes des intentions de vote ne vont pas tarder à se rapprocher et peut-être même à s’inverser. La France de 2012 doit faire face à des défis d’une autre dimension. Il faut des recettes nouvelles.