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Vu de la place Victor-Hugo - Page 835

  • Le cas grec et le drame syrien

    Le cas grec et le drame syrien

    Hegel a écrit en substance ceci : les années de bonheur de l’humanité sont les pages blanches de l’Histoire… En d’autres termes plus familiers, les gens heureux n’ont pas d’histoire !

    C’est pour ctete raison que la Grèce et la Syrie ne quittent pas, pour des raisons hélas très différentes, nos écrans radars. La Grèce ne parvient toujours pas à s’entendre pour faire des économies. La classe politique dans son ensemble est à blâmer : tant la droite que la gauche ont menti, maquillé les comptes de la nation, fermé les yeux sur la fraude fiscale massive, accepté les pratiques économiques et financières les plus blâmables. Aujourd’hui, on en voit les désastreux résultats : suppression massive d’emplois de fonctionnaires, réduction des retraites de près de vingt pour cent… Et ce n’est pas fini. En fait la Grèce est déjà hors de la zone Euro. Et ce sera très bien si elle la quittait officiellement, l’Europe n’a pas besoin de menteur ni de tricheur d’Etat.

    Pour ce qui est la Syrie, chaque jour apporte son lit d’horreur : on nous apprend ce matin la milice privée al-Chabbiha, mutile et achève blessés et médecins dans les hôpitaux de fortune, voire même dans les hôpitaux de campagne. Le clan d’Assad ne se rend pas compte qu’il ne peut pas écraser tout un peuple qui se soulève courageusement contre la tyrannie.

    Mais il y a pire, il y a le summum du cynisme criminel, celui de M. Poutine qui soutient qu’il faut laisser les Syriens régler leur différend entre, en d’autres termes s’entretuer sans témoin. La Russie et ses dirigeants actuels portent une lourde responsabilité devant l’Histoire. Il est vrai que dans l’esprit de M. Poutine, le spectre d’un soulèvement en Russie même est très réel : il redoute une intervention extérieure au sein même d e son pays et le cas syrien l’incite à la prudence. Mais guète à la solidarité humaine avec des gens qui souffrent et qui se font tuer.

  • le soutien criminel de la Russie à Bachar el Assad

    le soutien criminel de la Russie à Bachar el Assad

    Il est indéniable que la Russie porte une lourde responsabilité dans les événements sanglants qui secouent la Syrie depuis plusieurs mois et qui se sont nettement aggravés depuis une semaine, car les morts se comptent désormais par centaines. Sans même parler de la Russie, il est affligeant de voir que les instances internationales censées stopper de tels massacres ne font rien : il faut revoir ces images d’amateur filmant les femmes et les enfants fuyant éperdument leurs habitations afin d’échapper aux obus et aux missiles. Quand on voit ces hommes, ces femmes et ces enfants fuir dans les rues afin de sauver leur vie, on se demande où peuvent bien être ces terroristes que Bachar entend combattre. En réalité, c’est le peuple qui se dresse contre un régime tyrannique et corrompu.

    Mais la Russie n’a-t-elle pas mieux à faire que de protéger ce régime ? Il est vrai qu’elle a avec lui des relations qui remontent au moins au milieu des années soixante, le fournit en armes et en munitions et utilise, grâce à lui, le seul port militaire lui donnant accès à la Méditerranée. Autant d’atouts qui ne sont pas négligeables. Mais quand on voit le prix à payer pour cela, on ne retient plus son écœurement. Tant de victimes qui tombent sous les obus des chars et de hélicoptères de combat ! Ce ne sont pas des opérations de police, mais bien des actes de guerre commis contre un peuple qui ne veut plus du régime qui l’opprime.

    Je pense que la Russie de W. Poutine n’échappera pas à un discrédit qui la poursuivra durant des décennies. Je pense que le peuple syrien, une fois libéré, se souviendra de cette action criminelle d’un pays, la Russie, responsable du massacre commis, grâce à son appui.

    Les Russes devraient se ressaisir, c’est un grand peuple, cultivé, muni d’une grande tradition et ennemi de la barbarie. Qui pourrait faire confiance à Bachar ? Personne.

    La Russie a un main une carte majeure : c’est elle qui a formé l’armée syrienne, qui l’ équipe et l’entraîne. On sait que quelques généraux de Bachar sont taraudés par l’idée qu’ils s’entretuent avec leurs anciens compagnons d’armes. Ils réalisent enfin que le principal obstacle n’est autre que Bachar. Et après tout on peut l’envoyer dans une Datcha finir le reste de ses jours quelque part au bord de la Mer noire

    Les Russes sont les seuls à pouvoir mettre en œuvre une telle opération. Qu’ils ne laissent pas passer cette opportunité.

  • Le nouveau procès d‘intention fait à Claude Guéant…

    Le nouveau procès d‘intention fait à Claude Guéant…

    Le tintamarre médiatique artificiel provoqué par des affirmations prétendument scandaleuses, du ministre français de l’intérieur, M. Claude Guéant, nous ont tenus en haleine depuis ce week end, sans raison valable. Le discours que l’on peut lire dans son intégralité ( un peu moins de trente mille signes) a été tronqué par des esprits peu objectifs qui s’en prennent à ce ministre chaque fois qu’ils veulent atteindre, sans succès, le chef de l’Etat en personne.

    Arracher une ou deux phrases à leur contexte originel est peu glorieux et porte un nom: solliciter un texte. En parlant des civilisations ou des cultures, Cl. Guéant était bien dans le sujet qu’il entendait traiter et qu’il annonçait d’emblée : la France, ses valeurs et sa civilisation. Il ajoute que la prochaine élection présidentielle n’est pas une consultation électorale anodine mais déterminera même le choix de la France que nous voulons. Il se place, ce qui est son bon droit, aux côtés du futur candidat Nicolas Sarkozy : est-ce si étonnant puisqu’il œuvre à ses côtés sans le moindre incident depuis plus de dix ans : Place Beauvau, Bercy, l’Elysée et de nouveau Place Beauvau.

    Est-il surprenant qu’un si intègre serviteur de l’Etat, animé par des convictions spirituelles profondes et tellement proche de Nicolas Sarkozy, avance, étendard déployé, clamant ses convictions et son soutien à un homme qu’il a toujours secondé et accompagné dans ses plus grands combats politiques ?

    Si l’on veut bien me permettre une brève appréciation personnelle, le ton du discours est gaullien et m’a bien plu: son auteur trouve que la France dont il exalte à juste titre la grandeur, non seulement passée mais actuelle, n’est pas suffisamment mise en avant. Partout dans le monde, rappelle-t-il, les nations parlent de leur passé, de leur culture, de l’avenir de leur mode de vie. Sauf en France, curieuse version de l’exception française ! Claude Guéant est un homme qui ressent comme un honneur son appartenance à la nation française et à ses valeurs. Qui pourrait le lui reprocher ?

    Il stigmatise, sans la nommer ainsi, cette haine de soi qui affecte insidieusement le pays et ses habitants, les frappe soudain de langueur lorsqu’il s’agit de se confronter à son passé qui est loin d’être déshonorant et d’évoquer son avenir qui ne sera pas moins radieux que celui de ses voisins.

    Dans le même paragraphe, le ministre de l’intérieur français définit sa vraie conception de la patrie française, accueillante, n’exigeant pas de ses filles et de ses fils de sortir d’un même moule, leur laissant leurs convictions spirituelles et religieuses, sans tenir compte de la race ni du sang, leur demandant simplement d’adhérer à ses valeurs humanistes. Il n’y a là rien de scandaleux, quand on pense qu’en Amérique, un patriotisme sans faille est exigé de tous les nouveaux venus, tenus de se fondre dans le melting-pot national. La civilisation, ou plutôt la culture française (ces deux termes sont parfois interchangeables dans certaine langues européennes, notamment en allemand) est l’une des plus universalistes au monde. Elle fut la première lors de son acte fondateur de 1789 à insister sur la notion d’humanité universelle, d’égalité entre tous, octroyant à tout un chacun les mêmes droits et les mêmes devoirs. Devons nous en rougir ? Il faudrait une forte dose de cette fameuse haine de soi pour le faire…

    La sociologie de la France a beaucoup changé ces dernières années. Cette mutation a commencé depuis au moins trois décennies et l’on fait mine de la découvrir seulement aujourd’hui. Une immigration massive non européenne, livrée à elle-même, victime d’une politique de la ville sans discernement mais attirée par des industriels parfois peu scrupuleux, a fortement nourri un sentiment de frustration et d’abandon au sein des deuxième et troisième générations de ces hommes, venus chercher dans notre pays les clefs d’un avenir meilleur. Pour eux-mêmes et pour leurs descendants.

    Mais la France de ces années là était profondément divisée et envahie par ce sentiment de haine de soi qui la conduisait à renier son passé et à douter de son avenir. Quiconque manifestait alors le moindre sentiment patriotique était curieusement regardé, et se voyait taxé de nationalisme, quiconque en appelait à la grandeur de ce pays était considéré comme un demeuré. C’est contre toutes ces attitudes que Cl. Guéant s’insurge à juste titre : est-ce un crime ou une faute que de croire en son pays, en sa grandeur et en son avenir, ou de chanter la Marseillaise ?

    L’épine dorsale de la France a, depuis la Révolution, consisté en la séparation entre ce qui relève de Dieu, d’une part, et de César, d’autre part. C’est ainsi que ce pays a permis à des gens d’origines différentes de vivre ensemble et d’édifier une nation à la fois solide et solidaire. Dois-je rappeler que si Johann Gottlieb Fichte a rédigé ses célèbres Discours a la nation allemande afin de résister à Napoléon, plus pacifiquement, Ernest Renan s’est lui aussi interrogé sur l’essence de la nation, environ une décennie après la défaite de la France en 1870. Dans cette brillante conférence prononcée en Sorbonne devant un auditoire nombreux et attentif, le célèbre professeur d’hébreu et d’araméen du Collège de France, le collègue de Victor Hugo à l’Académie française, a évoqué ce lien spirituel, invisible mais Ô combien présent, qui relie certains hommes les uns aux autres et leur donne l’envie de vivre ensemble dans la liberté et l’harmonie. Ce fameux lien spirituel n’est autre que cet ensemble de valeurs dans lesquelles nous nous reconnaissons tous.

    Une nation, cl. Guéant le rappelle en termes simples mais clairs, n’est pas une étoffe bigarrée, faite de bric et de broc, sans lien entre ses différentes fibres, c’est un tout qui s’adapte, s’intègre et enfin s’assimile. Le ministre l’avait déjà écrit dans un bel article paru dans le journal Le Monde, il y a quelques mois. Le problème est que des nouveaux-venus habitent la France tout en refusant au fond d’eux-mêmes d’y vivre ou de s’identifier à son histoire. Or, il y a une différence fondamentale entre vivre dans un pays et y habiter, autant de différence qu’il y a entre l’intégration volontaire et harmonieuse, d’une part, et l’encapsulement, l’isolement, d’autre part. Je précise que le ministre a souligné que cette intégration ne saurait se faire au prix de ses croyances religieuses ou de ses convictions spirituelles.

    Mais chacun doit savoir qu’il est impossible de constituer ce que les Romains nommaient un status im statu (un Etat dans l’Etat) … Et c’est toujours cette même haine de soi, de sa propre culture et de ses propres origines, qui est à l’œuvre quand certains compatriotes refusent catégoriquement de défendre leurs valeurs, comme s’ils en avaient honte… Ce qui les incite à admettre ces comportements indignes que sont l’exclusivisme religieux, la mise sous tutelle de la femme, la privation de ses droits, le refus qu’elle soit examinée , enceinte ou malade par un médecin homme… Et de dire que cela est admissible dans certaines cultures ou civilisations…

    C’est alors qu’intervient la fameuse phrase qui fait débat : qui oserait soutenir que les talibans afghans (pour ne citer qu’eux) qui brûlent des jeunes filles, leur coupent les doigts car elles ont verni leur ongles, exécutent dans des stades pleins à craquer des femmes soupçonnées d’adultère, ont la même conception de la vie et de la dignité humaines que nous ? Il est évident que notre culture, la culture occidentale, notre civilisation, au sens le plus large du terme, tranche avantageusement par rapport à ce qui s’apparente à de la barbarie. Est-il interdit d’en parler ?

    Cela semble bien être le cas puisque quiconque ose le dire se voit accuser de xénophobie, voire de racisme…

    Quand on a des valeurs, on se mobilise pour les défendre. Et les valeurs républicaines et laïques de la France lui font honneur depuis au moins deux bons siècles.

    Quel mal y’a-t-il à le rappeler ?

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 7 février 2012