L’office de kppour au palais des congrès à Paris
Quelle belle prière ! Que la liturgie juive est belle pour ceux qui la comprennent et la suivent avec patience et persévérance ! Quel savant dégradé qui nous conduit depuis la gravité du Kol Nidré de la veille (annulation de tous les vœux formés sous la contrainte) jusqu’aux confessions finales chantées presque allegro, car le but n’est pas d’angoisser les pauvres pécheurs que nous sommes mais de nous donner l’espoir qu’ils seront pardonnés, qu’il repartiront du bon pied afin d’être plus justes, plus équitables, plus généreux et plus droits..
Comme chaque année beaucoup de people au Palais des congrès : j’ai même parlé quelques instants avec DSK et son épouse Anne Sinclair, le couple n’a rien perdu de sa popularité. Les gens ont sauté au cou de DSK pour lui crier leur amour. DSK était en forme, il a gardé la barbe, m’a paru un peu éprouvé, un peu voûté, mais plein d’allant et le regard droit et fixe…… Je lui ai souhaité shana tova très sincèrement, et après tout c’est kippour, le jour de la rémission des péchés après un repentir sincère.
La religion juive est une religion axée sur le culte des ancêtres (avoténou : nos patriarches) et voit toujours en D- le père, le roi et le protecteur. La plus belle prière qui tient en quelques mots, en une phrase, anu ‘ammékha wé atta malkénu : nous sommes ton peuple et tu es notre roi. Oui, le seul et vrai roi d’Israël c’est le Seigneur, créateur des cieux et de la terre. Le monarque n’est que le calife le stathouder de D- sur terre
Quel spectacle, voir cette salle de près de 4000 personnes, couvertes par des châles de prière (taleth) qui écoutent pieusement le son du shofar, marquant la fin de la solennité. Quel recueillement peu auparavant lorsque nous avons les prières de Yzkor, pour nos chers disparus.
Le chœur était parfait comme d’habitude. Il y eut des discours, notamment ceux du rabbin Williams et celui du nouveau président Bensahel qui rendit hommage à son éminent prédécesseur M. Bloch et salué très dignement l’assemblée à laquelle il a exposé en termes clairs et précis son programme pour les années à venir. Beaux discours, donc, l’un teinté d’humour très british, l’autre, sincère, direct, plein d’intelligence du cœur..
Je regrette une seule chose, c’est qu’on ait permis cette année encore de faire d’une chaire synagogale une tribune politique : venir parler de politique, d’Etat palestinien, d’une manière si peu approfondie, si banale, alors que l’assemblée a atteint le point culminant de la spiritualité juive, est dommageable, voire regrettable. Les discours d’analphabètes ne sont jamais bons, surtout pas dans un lieu où prient ces gens d’une même confession, certes, mais pas nécessairement d’une même sensibilité politique.
Kippour est le moment d’éternité, même en ce bas monde, où le peuple juif prie à la fois pour lui et pour l’ensemble de l’humanité : ne réduisons pas cet esprit visionnaire à des considérations d’un tout autre niveau.
Il est vrai, cependant, que même ce péché devrait être pardonné, à condition qu’il ne se reproduise pas. C’est bien l’esprit du jeûne et c’est ce que dit le prophète que nous citons maintes fois en ce jour unique : mekhassé pecha’aw lo yatsliyah u-modé we-ozev yerouham (Celui qui cache ses péchés ne réussira pas mais celui qui les reconnaît et les arrête sera gracié…