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Vu de la place Victor-Hugo - Page 867

  • Quel avenir pour la Syrie de l’après Bachar el Assad ?

    Quel avenir pour la Syrie de l’après Bachar el Assad ?

    Au fond, les tyrans ne sont pas toujours bien servis par leur progéniture. Le père du président syrien avait jadis tenu son peuple d’une main de fer, ne respectant rien, ni les hommes ni les lois, écrasant tout ce qui osait se mettre sur son chemin, infligeant aux puissances occidentales de terribles pertes au Liban, ce qui les conduisit à quitter ce pays avec armes et bagages, sans demander leur reste. Et le terrorisme international ! Ne reculant devant rien, Hafez el-Assad a réduit en cendre la ville de Gama avec son frère Rifaat el-Assad au motif qu’elle s’était soulevée contre son régime : environ 25000 morts sans que l’Occident ne lève le petit doigt.

    Mais aujourd’hui, la situation n’est plus la même : on a parlé ici aussi, hier, de la décision de la Ligue arabe qui, sous l’influence du Qatar, a exclu la Syrie, et le roi Abdallah II de Jordanie a carrément conseillé à Bachar de quitter le pouvoir. Même le ministre des affaires étrangères Muallem, diplomate chevronné, n’en menait pas large hier à la télévision, en promettant une prochaine sortie de crise. Le phénomène de décomposition est venu du nombre croissant de déserteurs. L’armée syrienne est profondément divisée et ne veut pas tirer sur le peuple en révolte. Pire, des dizaines de morts sont recensés depuis hier car ce sont des forces armées qui s’affrontent désormais.

    Ne minorons pas les dessous politiques : les pays arabes modérés en ont assez de ce régime qui introduit le danger iranien au Proche Orient et entrave tout règlement définitif avec Israël. Le monde arabo-musulman, confronté au printemps des peuples, ne peut pas se battre sur deux fronts ; l’un extérieur et l’autre niché en son propre sein , comme un vers dans le fruit. Le régime de Bachar ne sert plus à rien, ou pour parler comme les Américains, it has outlived its efficiency..

    Non seulement Bachar va tomber et la Syrie va traverser des lendemains difficiles (menace de partition, de démembrement, de dépècement, car c’est une mosaïque) mais elle va entrainer dans sa chute les mouvements terroristes de la région qu’elle soutient. Et surtout, les USA vont avoir les mains libres pour s’expliquer avec l’Oran des Mollahs.

    Les événements internationaux ont éclipsé une mystérieuse explosion, la seconde en moins d’un an, dans un dépôt de munitions des Pasdarans, le bras armé de la République islamique. Un important général y aurait perdu la vie ainsi qu’une vingtaine de ses subordonnés. Les rumeurs les plus folles aliment le mystère, sans oublier les nouvelles sur l’imminence d’une attaque US contre le régime des Mollahs. La chute de Bachar pourrait, dans les prochaines semaines offrir une fenêtre de tir aux Américains qui voient en cette république un grave danger.

    Ce monde ne connaîtra-t-il jamais la paix ?

  • Silvio Berlusconi va nous manquer

    Silvio Berlusconi va nous manquer

    On a beau dire que Berlusconi a ruiné l’Italie, fait d’elle la risée de l’Europe et du reste du monde, une chose demeure : ce sont les Italiens qui l’ont élu et gardé à la tête du pays pendant deux décennies. Ce qui signifie qu’il existe une correspondance entre les électeurs et leur élu, entre le génie national et le caractère d’un leader.

    Berlusconi est comme les Italiens, que personnellement j’aime beaucoup. Mais je ne leur confierai jamais rien de sérieux, sauf à des Italiens du nord à des ressortissants de la Suisse italienne. Pourquoi ? Parce que leur conception de la vie et du monde est certes belle mais largement irresponsable.

    Cela fait des années que Berlusconi nous fait tous rire, cet ancien vendeur d’aspirateurs qui a su capter l’attention de ses compatriotes, a connu une ascension fulgurante et a pu donner à son pays une stabilité gouvernementale inconnu jusqu’ici. A quel prix, certes, mais il y est arrivé.

    Je le dis et le répète ; tous les pays d’Europe font naturellement partie de l’Union Européenne, qu’ils y soient déjà ou qu’ils cherchent à y entrer ; mais tous ne peuvent pas faire partie de la zone Euro qui est devenue une Euro-Mark. Avec la rigueur germanique qui convient et qui est très bien, je m’empresse de la dire…

    Quant à l’Italie, on a changé le capitaine mais pas l’équipage puisque le parti de Berlusconi dispose de la majorité dans les deux chambres. Mario Monti est donc à sa merci. Et je gage que lors de prochaines élections après l’intermède technocratique de Mario Monti, l’Italie adorera de nouveau Berlusconi car il incarne, qu’on le veuille ou pas, une partie d’elle-même.

  • Honneur à la Ligue arabe !

    Oui, vous avez bien lu, je ne suis pas tombé sur la tête. Pour une fois, je me vois heureux de tresser des couronnes à la Ligue Arabe qui a enfin pris la décision de suspendre la Syrie et qui va sûrement exclure prochainement le régime syrien actuel. Certes, ce sont l’Arabie Saoudite et ses alliés émiratis qui étaient à la manœuvre (d’où le saccage de l’ambassade saoudienne à Damas), désireux évidemment d’affaiblir au sein de la région un régime allié de l’Iran des Mollahs et d’où partent un certain nombre d’éléments inquiétants. Mais la Ligue Arabe va plus loin…

    Aiguillonnée par l’Arabie, alliée solide des USA, la Ligue a décidé de recevoir l’opposition syrienne et envisage déjà une transition vers un autre régime . C’est le début du processus qui a mené Kadhafi et son clan à leur perte. Du coup, la voie vers le Conseil de sécurité est grand ouverte. Cette dernière instance n’hésitera plus à prendre des sanctions et on voit mal la Chine et la Russie opter pour un régime que tout le monde désavoue, y compris le monde arabe.

    Ainsi donc, la Ligue arabe renoue avec une tradition démocratique et humaniste qu’on ne lui connaissait pas. En son sein, seuls le Liban et le Yémen ont fait cause commune avec le régime de Bachar el Assad.

    Hier soir j’ai regardé en direct l’ambassadeur syrien auprès de la Ligue arabe au Caire faire une conférence de presse pour stigmatiser la décision de cet aréopage. IL a tenté de se draper dans un panarabisme éculé pour dire que son Syrie s’est toujours trouvé aux avants postes de la lutte.

    Le monde a changé, cela ne fonctionne plus. Ce monde a vécu durant des décennies dans des illusions plus ou moins fortes d’où personne n’a réussi à le sortir. Et là, miracle, il se réveille et estime que 3500 morts en Syrie, cela suffit et c’est trop. Or trop, c’est trop.

    Donc, honneur à la Ligue Arabe. En espérant qu’elle étendra cette étonnante et nouvelle lucidité à d’autres dossiers aussi brûlants de la région.