Les manifestations anti-israéliennes au Caire
Ce qui s’est passé hier après-midi et dans la soirée au Caire, autour de l’ambassade d’Israël est gravissime. Non point pour Israël, mais pour l’Egypte et, bien au-delà pour les pays arabo-musulmans en général.
Le premier point est l’obligation internationale de protéger coûte que coûte les légations étrangères sur le territoire national, et les généraux égyptiens ont, une fois de plus, failli à leurs obligations. Les ambassades sont inviolables, à moins d’être les Ayatollahs d’Iran qui ignorent le principe d’extraterritorialité
Le second point nourrit l’inquiétude concernant l’opportunité de signer des accords avec de tels pays, quand on mesure leur validité à l’aune des événements d’hier en Egypte : 32 ans après la signature d’un traité de paix avec Israël, alors que n’existe plus aucun conflit territorial avec l’Egypte ni de contestation d’aucune sorte, une telle flambée de sentiments anti-israéliens fait redouter le pire : comment demander aux Israéliens de faire confiance à leurs voisins et d’établir avec eux des relations normales ? Quand on voit qu’au bout de trois décennies de calme, la haine ressurgit à la première occasion.
On pourrait relier cette flambée de violence à la mort accidentelle et éminemment regrettable de cinq policiers égyptiens à la frontière entre Israël, l’Egypte et Gaza : un hélicoptère de combat de l’Etat juif a tué par erreur cette escouade de policiers croyant qu’il s’agissait de terroristes palestiniens, responsables d’une attaque le jour même sur la route d’Eilat, qui a fait huit morts en Israël.
Mais tout en déplorant cette perts en vies humaines, on peut aussi dire que les Egyptiens ne surveillaient plus le Sinaï devenu une véritable passoire pour les Bédouins frondeurs et les membres d’al-Quaida. Jamais, du temps de Hosni Moubarak, une telle incursion n’aurait pu se produire.
En somme, l’Egypte et ses généraux sont en train de régresser et de susciter la défiance. Les USA, principal bailleur de fonds des rives du Nil, et leur président Obama, ont adressé une sévère mise en garde aux généraux les appelant à se conformer à la règle internationale.
Par ailleurs, sans l’aide du Pentagone, l’équipement de l’armée égyptienne serait obsolète en très peu d’années. Et nous nous abstenons de parler de l’état de l’économie. La révolution en Egypte n’en était pas vraiment une. Ce fut un simple soulèvement d’un peuple qui n’en pouvait plus à force d’oppression et d’absence de liberté.
Israël sert d’abcès de fixation, voire de véritable exutoire. C’est un principe d’explication bien commode (Eklärungsprinzip) que l’on ressort chaque fois que cela est possible.
En somme, pour les gouvernements de toute cette région, si Israël n’existait pas, il faudrait l’inventer……