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Vu de la place Victor-Hugo - Page 931

  • Stéphane Taponier, Hervé Ghesquière et Gilad Schalit : même combat

    Stéphane Taponier, Hervé Ghesquière et Gilad Schalit : même combat

     

    Toute la presse en parle, la France, le monde s’émeut de cet abject commerce des otages que des gens, toujours les mêmes, pratiquent de manière éhontée.

    D’un côté, un jeune soldat israélien détenu depuis plus de 48 mois, sans aucune visite de la Croix Rouge, sans courrier, sans lien avec qui que ce soit, si ce n’est avec ses geôliers qui menacent de le tuer à chaque instant.

    De l’autre, deux journalistes français partis en reportage dans la vallée de Caprissa, l’une des plus dangereuses d’Afghanistan, et qui furent capturés par les talibans qui veulent les échanger contre d’importantes sommes d’argent et obtenir la satisfaction de leurs revendications politiques : libération de terroristes, évacuation des troupes d’Afghanistan opérant sous mandat de l’ONU, etc… On comprend que les puissances concernées hésitent avant de s’engager car si on donnait son accord, on serait confronté chaque jour que D- fait à ce type de chantage.

    C’est un dilemme moral insoutenable, un débat quasi cornélien ! Que faire ? Je ne sais, si ce n’est qu’il faut déployer des trésors d’ingéniosité diplomatique pour tirer ces pauvres captifs de leur lieu de rétention. Mais au plan philosophique, comment juger les preneurs d’otages ?

    Leur combat, leur cause, si sacrées soit-elle à leurs yeux, ne saurait justifier un tel acte, à la fois abject et barbare. On connaît le principe de la philosophie morale occidentale (mais que d’autres méconnaissent gravement) : la fin ne justifie pas les moyens. On connaît aussi le principe de la philosophie morale kantienne selon lequel on ne peut pas utiliser un être humain comme un moyen car il est une fin en soi. Il n’existe pas une seule doctrine morale qui permette de briser une volonté humaine pour la soumettre à la sienne propre.

    Inféoder une volonté humaine, intrinsèquement autonome, à des choix hétéronomiques vous place eo ipso à l’extérieur de l’humanité civilisée. La question qui se pose alors est la suivante : faut-il négocier avec les ravisseurs ? Ma réponse va en choquer quelques uns : non ! Car les criminels qui bafouent les règles les plus élémentaires de la morale récidiveront à l’infini. Il faudrait plutôt tenter un jour prochain un vaste coup de main pour détruire les ravisseurs ou enlever l’un de leurs chefs. Ceci contredit peut-être ce que j’écrivais un peu plus haut, mais là bas il s’agissait d’une attitude théorique, ici d’une attitude pratique, hic et nunc.

    D’aucuns diront que l’on se met au même niveau, que ce serait une victoire pour les barbares, etc… Certes, mais les principes philosophiques guident parfois nos actions. Ils ne sauraient s’y substituer.

  • Le 900. anniversaire de la mort du théologien musulman Al-Ghazali

    Le 900. anniversaire de la mort du théologien musulman Al-Ghazali

     

    En cette année 2011 nous commémorons le neuf centième anniversaire de la mort du grand théologien mystique musulman Abuhamid al-Ghazzali qui se distingua par ses profondes spéculations religieuses et ses attaques contre la philosophie gréco-musulmane de son temps. Il attaqua sévèrement le legs intellectuel d’Aristote chez les falasifa. Il se gaussa aussi des allégoristes qui vidaient le Coran de sa substance et les traita de borgnes car, disait-il, ils ne voyaient que d’un œil. Il rédigea à ce propos une réfutation en règle contre ces penseurs qui déparaient, selon lui, le message islamique originel. Le titre arabe de ce traité est Kitab al-rad fi-fadayih al-batiniyya) Réfutation des scandales des allégoristes.

    Cet homme vit ses écrits traduits et commentés en hébreu, notamment par le grand philosophe averroïste juif Moïse de Narbonne (1300-1362). Il a aussi joui d’une certaine postérité en milieu chrétien médiéval où on le nommait al-Gazel.

    En cette année 2011 il convient de rendre hommage à un homme qui, certes, avait la dent dure contre les juifs et les chrétiens, mais dont l’œuvre atteste d’un profond amour de la vérité. La sienne. Il était donc juste que le spécialiste que je suis lui rende hommage.

    Au sein de la philosophie uive, le penseur qui lui ressemble le plus n’est autre que Juda ha-Lévi qui fut, à sa manière un adversaire très lettré et très érudit e la philosophie néo-aristotélicienne de son temps.

    Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous renvoie à La philosophie juive (Collection U, Armand Colin, 2004) ; Geschichte der jüdischen Philosophie (WGG, Darmstadt, 2005) ; Petite histoire de la philosophie juive (Ellipses, 2008) ; La philosophie et la théologie de Moïse de Narbonne (Tubingen, JCB Mohr, 1989) ; L’exégèse philosophique dans le judaïsme médiéval (Tubingen, JCB Mohr, 1991)

    ABUHAMID AL-GHAZALI (1058-1111)

    Al-Ghazali perdit son père à un assez jeune âge. Avant sa mort, celui-ci avait confié la garde ses deux fils à un ami soufi, d’où l’orientation future d’Abuhamid qui fut placé dans un pensionnat où il put, en compagnie de son frère, poursuivre de solides études en matières traditionnelles. Auteur fécond, il rédigea une autobiographie intitulée Al-munqid min al-Dalal[1] (littéralement : ce qui nous préserve de l’erreur). Ainsi que nous le verrons infra, toute l’action de cet homme consistait à parvenir à la certitude, à bannir le doute et avoir de Dieu la plus grande science possible qui fût…

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  • Et si le printemps arabe était le constat d’avoir fait fausse route ? La situation dans la Syrie actuelle

    Et si le printemps arabe était le constat d’avoir fait fausse route ?

    La situation dans la Syrie actuelle

    Il est un point dont la presse parle très peu. Est ce une auto censure

    ou simplement un oubli ? Je penche pour la première solution car cet fai touche le soutien réel ou prétendu, apporté par la quasi totalité des peuples arabo-mlusulmans à la cause palestinienne. La marche désespérée de tous ces pays vers un peu de démocratie revient en fait à reconnaître qu’ils ont fait fausse route en privant leurs citoyens de tous les droits fondamentaux de l’homme en arguant de la nécessité vitale de combattre «l’ennemi sioniste». Comme si la présence de quelques millions de juifs sur quelques arpents de terre sablonneuse, berceau de leur civilisation ancestrale et lieu de naissance du christianisme, constituait une menace pour toute cette nation…

    Et dans ce contexte, le cas de la Syrie est emblématique ! Savez vous que l’on s’approche du millier de morts en quelques semaines ? Savez vous que l’on tire à l’arme lourde et au char d’assaut dans les villes de Homs, de Dera’a et de Banias ? Savez vous ( les USA l’ont dit publiquement) que l’on refuse là-bas de soigner les blessés, que les conditions de détention sont inhumaines, que les gens sont torturés et que le ratissage se fait maison par maison ?

    Et malgré tout cela, l’ONU se contente de tenir des discours au lieu de prendre des mesures énergiques.

    Il est vrai que la situation pourrait bien être pire si ce pays pivot venait à être déstabilisé. Car, ne nous voilons pas la face, son maintien arrange tant de pays : la Chine et la Russie sont ses alliées au Conseil de sécurité, Israël est tranquille sur le Golan, même si la Syrie alimente le Hamas et le Hezbollah en armes et en missiles.

    Mais l’impunité ne durera pas éternellement. Un jour ou l’autre, ce régime rendra des comptes comme d’ailleurs celui de Khadafi en Libye où les rebelles, restructurés et encadrés par des officiers US et de l’UE avancent et reprennent du terrain. Espérons seulement qu’ils ne seront pas noyautés par al-Quaida. C’est ce qui explique la réticence de l’Occident à leur livrer des armes qu’ils pourraient retourner demain contre leurs alliés d’aujourd’hui