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Vu de la place Victor-Hugo - Page 952

  • Maimonide était-il un hérétique ?

    Maimonide était-il un hérétique ?

     

    Mon ami, Monsieur Walter HAGG, Ambassadeur d’Autriche à Dublin a bien voulu me faire parvenir un long article paru dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung en date du 23 mars 2011 signée par une de mes anciennes étudiantes à Heidelberg Susanne Klingenstein. J’ai pris connaissance avec intérêt de cet article, sobrement écrit et qui met surtout l’accent sur la biographie de deux hommes Nahum Norbert Glatzer et le célèbre Léo Srtauss. Il s’agit de passer en revue leur amitié nouée à la fin des années vingt et le milieu des années trente. Et aussi leur émigration vers le Royaume Uni et ensuite les USA. Un détail piquant : c’est Carl Schmitt qui intrigua pour que Léo Strauss obtienne une bourse d’études aux USA… Un éminent juriste qui s’éait compromis avec les Nazis permet à un savant juif allemand de sauver sa vie et de fuir l’Allemagne hiltérienne…

    L’idée, révolutionnaire selon Susanne Klingenstein et qu’elle croit révéler au grande public, est que, selon Léo Strauss, grand spécialiste de Thomas Hobbes, du droit naturel, de l’islam philosophique médiéval et de Maimonide, ce dernier tenait pour incompatible toute union du judaïsme et de la philosophie. Partant, l’auteur du Guide des égarés qui se présente lui-même comme un philosophe parachevé n’aurait été en fait qu’un hérétique et un incroyant. Ce qui est un contresens absolu.

    Cette thèse avait déjà été explicitée par Léo Strauss dans différentes études publiées mais aussi dans son introduction à la traduction anglaise du Guide des égarés (Chicago, 1963) par Shlomo Pinès, intitulée How to begin the study of the Guide… Mais déjà en 1952 Strauss avait faire paraître lors de son professorat aux USA une brillante étude intitulée, en traduction française, Persécution et l’art d’écrire.

    Il y expliquait clairement que certains philosophes médiévaux, dont Maimonide et Averroès mais aussi ibn Badja et ibn Tufayl avaient scrupuleusement masqué leurs pensées profondes afin de ne les destiner qu’au public averti et choisi, formé au plan philosophique. C’est d’ailleurs ce que fait Maimonide clairement dans son introduction au Guide… lorsqu’il énumère les sept principes de la contradiction dont le cinquième et le septième sont utilisés dans cette œuvre. Il va jusqu’à mettre en garde quiconque commenterait son Guide par écrit car cela reviendrait à le mettre à la portée de milliers de lecteurs probablement impréparés. Le risque étant pour eux d’en perdre la foi sans, pour autant, être devenus des adeptes de la spéculation philosophique.

    Strauss avait développé ces mêmes idées dans un autre ouvrage, désormais traduit lui aussi en français, intitulé Philosophie et loi : essai d’interprétation de Maimonide et des précurseurs. Dans ce texte, Strauss s’en prenait à l’œuvre maîtresse de Julius Guttmann, Die Philosophie des Judentums (Munich, 1933, traduite chez Gallimard sous le titre Philosophies du judaïsme.

    En fait, ce qu’il y a de sensationnel dans la relation Strauss / Glatzer, c’est l’effet provoqué sur le second par les résultats des recherches du premier. Retirer Maimonide à la théologie juive, était pire que les rumeurs diffusées par les Arabes selon lesquels Maimonide se serait converti à l’islam. Or, Glatzer était issu d’un milieu très orthodoxe et était un savant talmudiste…

    En réalité, ce qu’il y a de pertinent dans toute cette affaire et qui n’amoindrit en rien la croyance en Dieu de Maimonide, c’est la séparation hermétique entre les masses et les élites, deux discours parallèles dont Maimonide a toujours admis l’existence dans ses œuvres.

    Mais grâce à Madame Klingenstein, on saura désormais qui était Léo Strauss, qui était Nahum N. Glatzer et dernier mais non moindre, qui était vraiment Maimonide : un adepte sincère d’un judaïsme philosophique fortement intellectualisé.

  • Quel avenir pour la Libye après Kaddafi ?

    Quel avenir pour la Libye après Kaddafi ?

     

    Il ne faut pas se féliciter de la guerre mais on assiste toujours à la chute d’un tyran sanguinaire avec soulagement. Le malheur est que ces gens là ne tombent jamais sans entraîner un peuple d’innocents dans leur chute.

    Les avions de la coalition ont fait merveille : ils ont acquis la supériorité aérienne sans coup férir ou presque : il est vrai que l’aviation de Kaddafi n’est pas l’armée de l’air syrienne, bien que cette dernière n’ait pas fait le poid face à Tsahal. Mais tout de même, les avions des nations occidentales ont prouvé qu’une armée qui n’en est pas une, même dépenaillée, même sans commandement ni système de ravitaillement, pouvait gagner si elle était souverainement soutenue dans les airs. Les colonnes de blindés du guide libyen n’ont pas pu faire face à ce déluge de feu qui s’est abattu sur eux. Toutes les villes perdues par les insurgés ont été reprises, et à présent certains songent à foncer sur Tripoli où le Guide s’est retranché. Sauf arrangement diplomatique de dernière heure, ce sera très difficile pour la Libye nouvelle.

    Parlons en : à qui va ressembler la nouvelle Libye ? Grâce au ciel et aux alliés, elle ne sera pas islamiste ni un nouveau bastion d’al-Qaïda. Après ce que lui a fait subir le Guide elle ne sombrera pas dans une dictature militaire puisque l’armée nationale libyenne n’a jamais eu de développement digne de ce nom, le Guide ne lui faisant pas confiance et redoutant qu’elle fasse un coup d’Etat contre lui… Ce que lui-même avait fait en 1969.

    On a peine à croire que des dictatures qui paraissaient indéracinables s’effondrent comme des châteaux de cartes en Egypte, en Tunisie, au Yémen, et ailleurs. Les nouvelles de Damas ne sont guère bonnes et le président a beau multiplier les concessions, c’est désormais son départ, voire sa mise en jugement, que les citoyens réclament. Il fallait parcourir les articles de la presse arabe, libanaise ou autre, ce matin, pour voir ce qui se dit de la torture dans les geôles syriennes

  • APRES LA LIBYE DEVONS NOUS INTERVENIR AUSSI EN SYRIE ?

    APRES LA LIBYE DEVONS NOUS INTERVENIR AUSSI EN SYRIE ?

    La question se pose sérieusement au vu du nombre de victimes de la répression dans le pays de Bachar el Assad. Le régime syrien ne pourra pas s’amender ni même simplement se réformer. En outre, les citoyens de ce pays, instruits des tristes exploits de la famille régnante, savent que celle-ci ne reculera devant aucun crime pour se maintenir au pouvoir. Pourtant, le régime a lâché un peu de lest en libérant des prisonniers politiques en relâchant des personnes arrêtées lors des manifestations de ces derniers jours. Visiblement, cela n’a pas suffi à calmer l’ardeur combative des opposants.
    Nul n’a oublié la sauvage répression de la révolte de Hama au cours de laquelle le frère du défunt présent Rifa’at el Assad a causé la mort de plus de 25000 êtres humains, après que les Frères musulmans s’en étaient pris à quelques dizaines de cadets d’une école militaire.
    Alors, doit-on intervenir ? Si les choses s’aggravent oui, mais est ce possible ? El-Assad n’est pas Kaddafi. C’est un médecin spécialiste, élevé à Londres d’où son père le rappela après le décès accidentel de son frère aîné Bazel. Au début, faisant ses premiers pas, Bachar a hésité et voulu libéraliser le régime. Un grand naïf comme Jacques Chirac l’en crut capable… Le jeune président fut aussitôt repris en main par le clan de sa mère et la vieille garde héritée de son père.
    Au moins trois pays sont fortement intéressés par ce qui se passe dans ce pays où sévit l’état d’urgence depuis 1963 : l’Iran, le Liban et Israël.
    Si Damas chute, l’Iran se retrouve seul et le Hezbollah aura perdu son parrain régional. Un Iran sans son allié syrien n’aurait pratiquement plus d’influence au Proche Orient. Quant au Hezbollah, il serait automatiquement privé de ses sources d’approvisionnement. Il reprsénetrait une proie facile, non seulement pour Israël mais déjà pour le Liban qui le neutraliserait sans coup férir. Que de bouleversements ! Je vous le dis…
    Je me demande vraiment si(l n y a pas une main invisible à l’œuvre dans ce chaudron en ébullition qu’esst devenu le monde arabe.